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Chroniques des Lumières Assassinées
#18
La lune a la pâleur d'un cadavre, ce soir

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Haletante, elle se laisse glisser le dos contre la porte et tente de reprendre ses esprits. Une balle lui a déchiré le flanc gauche et la blessure semble sérieuse. Son adversaire est habile. A la hâte elle se saisit d'un pied de biche et se redresse. Son antre est piégé et elle espère sans trop y croire que son poursuivant se laissera prendre. La pièce sombre dans laquele elle a trouvé refuge est l'ancien garage de cette villa du sud de la France jamais terminée ou elle a installé son laboratoire. Ni l'extérieur délabré et pourrisant ni les panneaux menaçants n'ont réussit à tromper celui qui la traque.
Elle étouffe un gémissement de douleur et de desespoir.
Des bruits de pas se rapprochent. Alors qu'il pousse la porte, elle se colle au mur et brandit son arme improvisée. Il entre à pas de loup, lui tournant le dos. Elle frappe de toutes ses forces.
Son coup est dévié par le champ magnétique qui entoure le serviteur d'Andromalius venu régler son "cas". Elle se prépare, elle, rénégate, à faire bravement face à la mort, une lueur de défi dans le regard.

Il se retourne vers elle le revolver à la main.

Lui.


Dans sa tête les images bouillonent et se bousculent. Ces années de servitude. Ces meurtres. Ce sentiment de vide. Sa souffrance. Son coeur ensanglanté. Ses rêves crucifiés. Calvin.
Une haine terrible s'empare alors d'elle, le souffle des âmes qu'il a brisé dans une ruelle obscure ou dans la chaleur enfumée d'une taverne populaire, et le feu de la vengeance envahit son bras qui se lève. Elle frappe à nouveau.
Trop lentement.
Le coup de feu la projette presque à l'autre bout de la pièce, désorientée et agonisante, vaincue.

Il vient s'asseoir à côté d'elle.


"Perdou, ma belle..."

Il la regarde hoqueter et tousser sans percevoir la haine qui consume les derniers battements de son coeur. Du sang coule sur son menton. Ses yeux roulent dans ses orbites. Il a pour elle un sourire triste, presque compatissant. Il sort une cigarette de la poche de sa chemise et l'allume, puis glisse une balle dans le barillet de son vieux Smith & Wesson calibre 22. Il souffle un nuage de fumée.

"Oune belle nouit pour mourir señorita..."

Elle respire à petites bouffées rapides et sifflantes. Il exhale de nouvelles volutes bleutées. Elle a soudain très froid.

"C'est lé destin dé tous ceux qui défient les enfers. Désolé."

Le bruit de la détonation couvre le "plop" définitif. Le silence qui s'ensuit est assourdissant.
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Chroniques des Lumières Assassinées - by Aselecina - 05-21-2006, 05:21 PM

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