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the Infernal Ministry of Sound en concert
#20
- Épilogue -


Quelque part entre deux plans de la réalité, Malback et Uthorion goûtent un repos bien mérité…

Profitant du récent décès de leurs incarnations, grâce à Foxy, ceux qui il y a peu de temps encore répondaient au noms d’Annick et Diego sont à présent allongés côte à côte, nus comme des vers, et sous leur apparence démoniaque, dans une copie onirique de la backroom du groupe : fauteuils de cuir noir, bar fourni et bols de cocaïne a gogo.

C’est bien la cinquième fois qu’ils forniquent comme des bêtes depuis qu’ils sont ici, et à en juger par le visage mutin d’Uthorion c’est pas la dernière.


- Alors, Malback, heureux?

- Je crois bien, ouais…

Le démon se lève, passe une serviette à sa taille, débouche une nouvelle bouteille de champagne, en prend une goulée et la tend à la diablesse.
Puis il se dirige à la fenêtre et se grille une clope.


- En grande partie grâce à toi, Beauté du Diable… Tu as été la Pierre Angulaire de ce projet. Seul, je n’y serais sans doute pas arrivé.

- Bah, sans doute que si… Pourquoi dis tu cela? Et puis nous n’étions pas que deux.

- Allons, Uth’… C’est vrai que les gars ont abattu un boulot impressionnant. Franchement, on a eu une sacrée équipe sur ce coup là. Bon, le concert lui-même c’était jouable, mais le coup de malédictions, tout ça… Les potentialités énormes qui se profilent… Tu m’as ouvert l’esprit sur ce coup là. Et grâce à toi j’ai trouvé ma voie.

Uthorion s’étire sur le canapé comme un chat après la sieste. Fracture nette de l’œil droit.

- Mmmmh, ta voie? Comment ça?

- La musique, Uthorion. La musique. Voilà ma voie.

- Hum, pourtant je ne sais pas si Baal est un fin mélomane… A part les marches militaires je veux dire…

- Justement, c’est ça le truc. Baal, c’est fini.

Depuis quelques temps, déjà, je n’ai plus le cœur à combattre. Pas ici. J’ai fait un nombre incalculable de guerres, Uth’. Des carnages, des charniers, j’en ai plein le répertoire. Et j’aime ça. Courir trois semaines dans la boue, devenir sourd sous les explosions et les shrapnels, perdre 500 pauvres types pour prendre une tranchée, attendre des heures de voir sa cible dans sa lunette, ou encore sauter dans la mêlée avec son épée à deux mains, c’est ça la guerre. Celle qui te prend aux tripes, celles ou tu ne sais même plus qui tu es, sinon une machine à tuer, un prêtre de la mort implorant la Guerre. Ici, c’est différent.

Voir le mec que tu viens de buter revenir deux jours après avec ses potes pour te fraguer la gueule, je ne m’y fait pas. Et puis, surtout je ne sais pas à quoi ça sert.

Malback se rallume une clope.

D’ordinaire, quand Baal nous donne une mission, il y a un but, tu vois? Prendre une frontière, un territoire, que sais-je. Ici je ne sais pas pourquoi on se bat. Et ça me gêne.
Et je suis un guerrier à l’origine, pas un garde du corps, ni un assassin.

Uthorion s’assied, s’envoie une ligne de coke dans les narines et retombe sur le canapé, un sourire de béatitude sur ses lèvres purpurines.

- Oulà, ça sent la déprime… T’es pas le seul à te poser des questions tu sais?
Allez, continue, et Docteur Uthorion te fera un gros câlin après pour sécher tes larmes…

- Tsss….

Malback esquisse un sourire.

- Je t’ai déjà raconté ce qui s’est passé dans les 70’s? J’étais aux Etas-Unis à l’époque, et j’ai vu la montée du mouvement hippy, la naissance du hard rock. Bon sang, avant la musique était le symbole d’une génération ou d’une condition sociale (le blues, le rock’n’roll), mais jamais elle ne s’était exprimée de manière si violente. Furfur n’était pas encore Prince Démon à l’époque, et je sais pas comment les youyous se sont démerdés (Novalis avait pourtant quasiment fini son coup) lorsque ça a dégénéré.

T’as entendu parler de Charles Manson? C’est là que c’est parti en couille. Avec la drogue et la musique, on peut faire de grandes choses… Mais de manière générale, l’esprit humain n’est pas fait pour être modifié de la sorte. Je crois que c’est pour ça que c’est devenu si facile pour nous après.
Merde, un concert du Zeppelin c’était l’orgie totale! Des meufs à poil partout! Des hordes de jeunes chevelus sur des hectares et des hectares de campagne… Alors qu’il était connu que ces mecs s’en foutaient plein le pif et que Jimmy Page tripait sur la magie noire…

C’est à cette époque que j’ai commencé à m’intéresser au phénomène. Bon sang, le trip ultime : pervertir des âmes en masse, via un media grand public… Avec le développement de la radio puis de la télé, ça allait donner un truc de fou.

Et puis il y a eu Immac. Comme tu le sais, j’ai été un temps au journal avec Lamia, c’était marrant mais j’avais toujours cette idée de groupe derrière la tête. Alors je me suis barré, et j’ai monté ce groupe.

Mais j’avais comme une appréhension avant de monter sur scène. Pas le trac, non, mais ce sentiment de faire une connerie. Que Baal me payait pas pour ça.
Mais alors, sur scène… La j’ai su que j’étais où il fallait.

Ce sentiment de puissance lorsque tu es face à une foule qui reprend tes paroles à l’unisson… Lors de l’écriture même des morceaux, choisir les mots qui leur retourneront l’esprit, c’est jouissif… Je veux servir Furfur, Uthorion, je le sais à présent.

Rien à branler d’être du mauvais coté de la barrière dans leur Grand Jeu si je peux retourner sur scène. Là, tu oublies tout, les frustrations, les morts à répétition, l’Oeil d’Andromalius, tout…. Tu deviens leur Dieu… Comme a dit mon pote Charles, quand on vivait à Paris : « Qu’importe l’éternité de la damnation pour celui qui, l’espace d’un instant, a entrevu l’illumination » - ou un truc de genre, je cite de mémoire.

Uthorion se gausse et roule sur elle même, prenant une pause lascive qui ressemble fort a une invitation au voyage…

- Et tu cites souvent Baudelaire en fumant devant une fenêtre, après avoir baisé? Ca fait vachement cliché…

- Pfff, tu parles! Combien d’amants t’ont récité des poèmes avant de s’oublier dans la chaleur de tes bras?

Tout en parlant, Malback se rapproche de la démone alanguie…

Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n’est pas celui d’un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,

Je t’adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion!
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.

Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l’énigme et du secret.

Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d’un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.

Ah! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts!

Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses

Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;

Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon cœur
Ton œil doux comme la lune.

Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,

Mon âme par toi guérie,
Par toi! Lumière et couleur!
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie!



Nous jetterons un voile pudique à l’attention de nos plus jeunes lecteurs sur la suite de cette chronique…
(Uubu, va au lit maintenant ! ;-))
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the Infernal Ministry of Sound en concert - by Malback - 01-07-2006, 07:06 PM

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