02-14-2005, 08:53 AM
Dépassant en courant la foule des badauds qui faisaient la queue devant la discothèque, Erick plongea à l'intérieur... avant d'être violemment jeté dehors par deux des videurs qui l'avaient attrapé aux épaule. Il roula sur le bitume dans l'hilarité générale, se redressa d'un bond, griffes brandies en avant, prêt à frapper. Il se ravisa en remarquant les armes à peine dissimulées sous les longs manteaux des videurs : batte cloutée, pistolet mitrailleur, sabre japonais...
"- Dégages, merdeux."
Erick grogna mais recula. D'abord lentement puis plus vite, pour échapper à ces rires qui le vexaient au plus haut point mais aussi à l'air surchargé des odeurs de tabac et d'autres substances moins aisément identifiables. Lorsque l'entrée de la boîte ne fut plus qu'une source de bruit vaguement indistinct, Erick s'arrêta pour refléchir. Son esprit était vide, sa mémoire enfuie. Qui était-il et que faisait-il là ?
"-Erick..."
Cette voix... Il la connaissait, il en était sûr. Mais elle venait de si loin, comme si elle résonnait de l'intérieur de son être. C'était une femme, il le savait, une femme qui avait beaucoup compté pour lui. En un éclair, il la revit devant lui. Ses longs cheveux noirs tombant en mèches rebelles sur ses épaules si frêles, sa peau, blanche et douce, ses yeux sombres qui dévoraient son visage si fin...
"- Sarah ? Sarah, c'est... c'est vraiment toi ?
- Oui...
- Où es-tu, je t'entends, mais je ne te vois pas. Je t'en prie, ma chérie, reviens-moi...
- Je ne peux pas...
- Quoi ?
- Je ne peux pas revenir...
- Pourquoi ?
- Je ne suis plus de ce monde, Erick, je suis morte...
- Non ! Quand es-tu morte? Comment ?
- Tu étais là Erick, tu m'as vue mourir...
- NON !"
Alors il replongea en enfer... Il s'appelait Erick Olsen. De nationalité française mais américain par sa mère, il habitait New York et travaillait dans la succursale locale d'un consortium de banques françaises. Il avait une petite amie dont il était très amoureux. Ils vivaient ensemble et leur existence était douce, même si Mathilda, la petite soeur de Sarah, était constamment collée à leurs basques. Sauf ce soir-là.
Ils voulaient être un peu seuls alors ils l'avaient laissée chez eux avec Jeannot, le lapin nain de Sarah, prétextant que celui-ci était malade. Ils étaient sortis du cinéma un peu tard et ils flanaient le long de la rue, profitant de la douceur d'un soir de printemps sans pluie. Ils n'avaient rien vu venir, oublieux du monde et de la noirceur humaine alors qu'ils se sentaient si heureux.
Ils étaient 5 ou 6, hispaniques, portoricains peut être. Ils surgirent de la nuit et s'emparèrent brutalement du couple pour l'attirer dans une ruelle sombre et éloignée des grandes artères. Ils le rouèrent de coups et la violèrent, à plusieurs reprises. Chacun des voyous passa alternativement de l'une à l'autre de ces deux activités, jusqu'à ce qu'ils soient tous repus. Ils auraient abandonnés là nos deux tourtereaux brisés, désespérés, martyrisés et ivres de malheur mais Erick eut une réaction d'orgueil : il attrapa la jambe de l'un d'entre eux et lui cracha dessus, lui promettant qu'il le retrouverait, qu'il paierait un jour.
Bien mal lui en prit. Ils revinrent sur leurs pas et les torturèrent. Ils le clouèrent sur une porte, le crucifièrent à la manière du Christ de la chaine qu'ils avaient trouvé sur lui. Puis ils le lardèrent de coups de couteau, tranchant les chairs, déchirant les muscles. Elle les supplia d'arrêter, s'offrant à toutes les perversions qu'ils purent imaginer en échange. Elle n'y gagna qu'une balle en pleine tête quand ils décidèrent finalement de s'en aller. Lui en reçut trois dans la poitrine. Tandis qu'ils partaient en riant, il mourrut lentement, en contemplant le corps de sa bien aimée et pleura en silence, car il était trop faible pour hurler au monde sa douleur. Quand les secours arrivèrent enfin, il avait déjà rendu l'âme.
Il croyait ses souffrances terminées, il avait tort.
Il fut rappelé.
"- NON ! ! !
- Si...
- Non, cela ne se peut pas..."
Ivre de douleur et de remords, Erick revivait encore et encore cette terrible nuit, cherchant des les premiers moments de bonheur un réconfort pour affronter le reste du cauchemar. Un réconfort bien éphémère et un malheur si prenant qu'à chaque fois que la scène passait devant ses yeux, il crut mourir un peu plus...
Puis il vit le fantôme.
Ce dernier se nourrissait de sa peine, aspirant lentement ses forces, sa vie et peut être même son âme. Il l'aurait tué et Erick ne pouvait rien faire contre ça mais le fantôme s'arrêta, troublé.
"- Tu n'es pas un mortel, ni même un revenant... Je ne peux arracher l'âme d'un Fils des Enfers...
- Tu n'es pas Sarah...
- Non mais tu l'as suffisamment cru pour que je m'empare de ta souffrance, ce fut un merveilleux repas. Mais je ne puis t'arracher plus, seigneur et je ne l'ai fait que parce que j'ignorais ta nature réelle.
- Seigneur ?
- Oui maître, je ne suis qu'un familier et tu es un démon, ton statut est supérieur, pardonnes cette agression je t'en prie... Je ne savais pas.
- Je ne suis rien de tout cela !!!"
La fureur remplaçant un instant la douleur, Erick frappa. Ses griffes déchirèrent le linceuil du fantôme comme un couteau entrant dans une motte de beurre tendre. Le fantôme expira en poussant un cri déchirant, avalé par le néant en quelques secondes dans un PLOP! sonore... A genoux sur le sol encore humide, Erick cru périr de chagrin. Il aurait tant voulu mourir lui aussi, expirer et oublier...
"-Sarah..."
"- Dégages, merdeux."
Erick grogna mais recula. D'abord lentement puis plus vite, pour échapper à ces rires qui le vexaient au plus haut point mais aussi à l'air surchargé des odeurs de tabac et d'autres substances moins aisément identifiables. Lorsque l'entrée de la boîte ne fut plus qu'une source de bruit vaguement indistinct, Erick s'arrêta pour refléchir. Son esprit était vide, sa mémoire enfuie. Qui était-il et que faisait-il là ?
"-Erick..."
Cette voix... Il la connaissait, il en était sûr. Mais elle venait de si loin, comme si elle résonnait de l'intérieur de son être. C'était une femme, il le savait, une femme qui avait beaucoup compté pour lui. En un éclair, il la revit devant lui. Ses longs cheveux noirs tombant en mèches rebelles sur ses épaules si frêles, sa peau, blanche et douce, ses yeux sombres qui dévoraient son visage si fin...
"- Sarah ? Sarah, c'est... c'est vraiment toi ?
- Oui...
- Où es-tu, je t'entends, mais je ne te vois pas. Je t'en prie, ma chérie, reviens-moi...
- Je ne peux pas...
- Quoi ?
- Je ne peux pas revenir...
- Pourquoi ?
- Je ne suis plus de ce monde, Erick, je suis morte...
- Non ! Quand es-tu morte? Comment ?
- Tu étais là Erick, tu m'as vue mourir...
- NON !"
Alors il replongea en enfer... Il s'appelait Erick Olsen. De nationalité française mais américain par sa mère, il habitait New York et travaillait dans la succursale locale d'un consortium de banques françaises. Il avait une petite amie dont il était très amoureux. Ils vivaient ensemble et leur existence était douce, même si Mathilda, la petite soeur de Sarah, était constamment collée à leurs basques. Sauf ce soir-là.
Ils voulaient être un peu seuls alors ils l'avaient laissée chez eux avec Jeannot, le lapin nain de Sarah, prétextant que celui-ci était malade. Ils étaient sortis du cinéma un peu tard et ils flanaient le long de la rue, profitant de la douceur d'un soir de printemps sans pluie. Ils n'avaient rien vu venir, oublieux du monde et de la noirceur humaine alors qu'ils se sentaient si heureux.
Ils étaient 5 ou 6, hispaniques, portoricains peut être. Ils surgirent de la nuit et s'emparèrent brutalement du couple pour l'attirer dans une ruelle sombre et éloignée des grandes artères. Ils le rouèrent de coups et la violèrent, à plusieurs reprises. Chacun des voyous passa alternativement de l'une à l'autre de ces deux activités, jusqu'à ce qu'ils soient tous repus. Ils auraient abandonnés là nos deux tourtereaux brisés, désespérés, martyrisés et ivres de malheur mais Erick eut une réaction d'orgueil : il attrapa la jambe de l'un d'entre eux et lui cracha dessus, lui promettant qu'il le retrouverait, qu'il paierait un jour.
Bien mal lui en prit. Ils revinrent sur leurs pas et les torturèrent. Ils le clouèrent sur une porte, le crucifièrent à la manière du Christ de la chaine qu'ils avaient trouvé sur lui. Puis ils le lardèrent de coups de couteau, tranchant les chairs, déchirant les muscles. Elle les supplia d'arrêter, s'offrant à toutes les perversions qu'ils purent imaginer en échange. Elle n'y gagna qu'une balle en pleine tête quand ils décidèrent finalement de s'en aller. Lui en reçut trois dans la poitrine. Tandis qu'ils partaient en riant, il mourrut lentement, en contemplant le corps de sa bien aimée et pleura en silence, car il était trop faible pour hurler au monde sa douleur. Quand les secours arrivèrent enfin, il avait déjà rendu l'âme.
Il croyait ses souffrances terminées, il avait tort.
Il fut rappelé.
"- NON ! ! !
- Si...
- Non, cela ne se peut pas..."
Ivre de douleur et de remords, Erick revivait encore et encore cette terrible nuit, cherchant des les premiers moments de bonheur un réconfort pour affronter le reste du cauchemar. Un réconfort bien éphémère et un malheur si prenant qu'à chaque fois que la scène passait devant ses yeux, il crut mourir un peu plus...
Puis il vit le fantôme.
Ce dernier se nourrissait de sa peine, aspirant lentement ses forces, sa vie et peut être même son âme. Il l'aurait tué et Erick ne pouvait rien faire contre ça mais le fantôme s'arrêta, troublé.
"- Tu n'es pas un mortel, ni même un revenant... Je ne peux arracher l'âme d'un Fils des Enfers...
- Tu n'es pas Sarah...
- Non mais tu l'as suffisamment cru pour que je m'empare de ta souffrance, ce fut un merveilleux repas. Mais je ne puis t'arracher plus, seigneur et je ne l'ai fait que parce que j'ignorais ta nature réelle.
- Seigneur ?
- Oui maître, je ne suis qu'un familier et tu es un démon, ton statut est supérieur, pardonnes cette agression je t'en prie... Je ne savais pas.
- Je ne suis rien de tout cela !!!"
La fureur remplaçant un instant la douleur, Erick frappa. Ses griffes déchirèrent le linceuil du fantôme comme un couteau entrant dans une motte de beurre tendre. Le fantôme expira en poussant un cri déchirant, avalé par le néant en quelques secondes dans un PLOP! sonore... A genoux sur le sol encore humide, Erick cru périr de chagrin. Il aurait tant voulu mourir lui aussi, expirer et oublier...
"-Sarah..."