12-27-2004, 01:02 PM
Kiouioui ne savait où aller par cette belle nuit. Ses connaissances avaient d'autres choses à faire que réveillonner et il ne se sentait pas la force de se lancer dans une nouvelle aventure. Il alla donc se réfugier dans une encognure de bâtiment, à l'abri du vent, non loin du "Vague à Lames".
Du fait de sa stature, il pouvait entrevoir sans peine ce qui se tramait dans la petite maison qui le jouxtait, à travers une fenêtre qui laissait apercevoir les prémisces d'une fête sans prétentions. En effet, quelques instants plus tard, une famille composée d'un couple d'une trentaine d'années et de trois enfants s'installa autour de la table. Il pouvait lire dans leurs yeux une étincelle qui ne pourrait s'éteindre avant la fin de la nuit. Tous se réjouissaient à l'heure d'engloutir goulument les mets délectables que la mère savait si bien préparer une fois l'an. Ce n'était point Bizance, mais c'était visiblement très appréciable. Tous se bataillaient ardemment avec leur morceau de dinde, savamment accompagné de pommes de terre en sauce. Le benjamin, plus gourmet qu'affamé, ne cessait de lorgner la coupelle remplie de papillottes qui surplombait sa soeur.
Kiouioui retint tout à coup sa raison, à l'apparition furtive mais notable des formes troublantes d'un des 7 péchés primordiaux : l'envie. Certainement celui dont presque tous les maux découlaient : la gourmandise et la luxure n'étaient que des envies immodérées de plaisirs faciles, l'orgueil comme le besoin d'être envié et reconnu pour exister, l'avarice comme la frustration post-phénomènale de l'envie qui a trop duré et l'expression de la blessure du manque, la colère comme manifestation de l'envie d'imposer sa pensée et d'exprimer sa frustration face à un univers qu'on ne peut maitriser, seule la paresse semblait s'en extraire vraiment. Peut-être était-ce même son contraire : ne rien faire, ne rien espérer pour ne plus avoir à envier? Combattre le mal par le mal, quelle curieuse idée. L'envie apparaissait-elle dès la perception d'un univers trop grand pour soi, ou d'un corps ayant ses limites? Pas vraiment. Il n'y avait qu'à voir les querelles enragées du Grand Conseil pour comprendre que "calife à la place du calife" était souvent la meilleure raison.
Les yeux de Kiouioui s'extrairent soudainement du halo flouté qui caractérisent le regard du penseur. Il remarqua qu'il s'était arrêté sur le contour d'une lame, à travers la vitre du "Vague à Lames". Il suivit lentement le contour galbé de la sublime faucheuse. Un fier dragon était gravé sur la garde, avec ces mots, en latin : "La voie du guerrier illuminera peu à peu la portée de ses actions.". Agir, toujours agir. Laisser les questions à d'autres pour protéger ce charmant foyer et canaliser à travers soi la colère du Tout-Puissant sans s'en laisser entacher. Pour qu'un jour puisse vivre en paix ce qu'il avait cru envier tout à l'heure : un édifice d'amour et de pureté. Pourquoi envier alors que l'on peut tout simplement partager? Il ferma les yeux et se laissa emplir de cette curieuse vague de béatitude spontanée que tous appellaient : "l'esprit de Noël". Et il eut chaud.
Du fait de sa stature, il pouvait entrevoir sans peine ce qui se tramait dans la petite maison qui le jouxtait, à travers une fenêtre qui laissait apercevoir les prémisces d'une fête sans prétentions. En effet, quelques instants plus tard, une famille composée d'un couple d'une trentaine d'années et de trois enfants s'installa autour de la table. Il pouvait lire dans leurs yeux une étincelle qui ne pourrait s'éteindre avant la fin de la nuit. Tous se réjouissaient à l'heure d'engloutir goulument les mets délectables que la mère savait si bien préparer une fois l'an. Ce n'était point Bizance, mais c'était visiblement très appréciable. Tous se bataillaient ardemment avec leur morceau de dinde, savamment accompagné de pommes de terre en sauce. Le benjamin, plus gourmet qu'affamé, ne cessait de lorgner la coupelle remplie de papillottes qui surplombait sa soeur.
Kiouioui retint tout à coup sa raison, à l'apparition furtive mais notable des formes troublantes d'un des 7 péchés primordiaux : l'envie. Certainement celui dont presque tous les maux découlaient : la gourmandise et la luxure n'étaient que des envies immodérées de plaisirs faciles, l'orgueil comme le besoin d'être envié et reconnu pour exister, l'avarice comme la frustration post-phénomènale de l'envie qui a trop duré et l'expression de la blessure du manque, la colère comme manifestation de l'envie d'imposer sa pensée et d'exprimer sa frustration face à un univers qu'on ne peut maitriser, seule la paresse semblait s'en extraire vraiment. Peut-être était-ce même son contraire : ne rien faire, ne rien espérer pour ne plus avoir à envier? Combattre le mal par le mal, quelle curieuse idée. L'envie apparaissait-elle dès la perception d'un univers trop grand pour soi, ou d'un corps ayant ses limites? Pas vraiment. Il n'y avait qu'à voir les querelles enragées du Grand Conseil pour comprendre que "calife à la place du calife" était souvent la meilleure raison.
Les yeux de Kiouioui s'extrairent soudainement du halo flouté qui caractérisent le regard du penseur. Il remarqua qu'il s'était arrêté sur le contour d'une lame, à travers la vitre du "Vague à Lames". Il suivit lentement le contour galbé de la sublime faucheuse. Un fier dragon était gravé sur la garde, avec ces mots, en latin : "La voie du guerrier illuminera peu à peu la portée de ses actions.". Agir, toujours agir. Laisser les questions à d'autres pour protéger ce charmant foyer et canaliser à travers soi la colère du Tout-Puissant sans s'en laisser entacher. Pour qu'un jour puisse vivre en paix ce qu'il avait cru envier tout à l'heure : un édifice d'amour et de pureté. Pourquoi envier alors que l'on peut tout simplement partager? Il ferma les yeux et se laissa emplir de cette curieuse vague de béatitude spontanée que tous appellaient : "l'esprit de Noël". Et il eut chaud.