Il est où le cucul, elle est où la têtête…

[Ruby Rhod]

Le volume sonore s’élevait depuis maintenant quelques minutes dans l’antre, les uns montant dans les tours en racontant leur dernière empoignade avec les anges de cette ville, les autres narrant une histoire bien salace.
On aurait dit une petite réunion entre Gaulois… Manquait plus qu’un barde…

Après quelques secondes, l’ensemble des démons présents entend petit à petit un Brouhaha qui grandit dans le couloir. Comme si, une conversation lointaine et anodine se transformait en une magnifique ode au bordel sur fond de chierie tentaculaire.

Soudain un « Mais qu’est ce que tu fous là ?!! »
« Quoi qu’est c’qu j’fous là, TOI, qu’est c’tu fous là ?!! Moi ch’uis ici d’puis… »
« Tu tu tut tut… C’est terminé pour toi, tu te barres !! »
« Me Barrer ? Mais t’es à la masse papy !! J’me barre null’part… »
« Ah ouais, et ça c’est pour faire beau ? »
« J’vais m’torcher avec ton pa… » « …pier. Putain j’y crois pas ch’uis muté… bordel »

Et ça s’poursuit dans les tours avec une belle engueulade bien couillue.
Ouiiiii heuuu, touuut çaaa heuuu, et vas y que j’te balance du « va t’faire mettre !! »   ou encore   « et ma main dans ta gueule !! » , suivi d’un toujours agréable « Et mes couilles sur un lit d’cresson !! » , ponctué par un fugace mais efficace « Que j’te revois plus ici, gros con !! ».
Bref, un échange viril mais plutôt sympatoche.
Le bruit s’estompe finalement  et un black à la tronche d’ahuri se pointe en ouvrant la porte. Il avait cet air confiant, une impression sûre et foncièrement charismatique, suivi par une troupe de lécheurs du fion façon Marc Dorcel…



Il tenait des deux mains les revers de son costard bariolé Armano, le costume haut de gamme par excellence.
Une chevelure blonde coiffé en banane des années rock foireuses, il pouvait rappeler des souvenirs lointains à certains démons. Mais pas la moindre idée d’où ni de qui il s’agissait.

Comment c’était?

La suite bigarrée et colorée de trous du cul finis qui le talonnait parlait tous en même temps. « Oh c’que vous lui avez mis patron », « terriblement bien envoyé », « on aurait dit un lutteur grec », « vous êtes merveilleux patron, c’est fabuleux », « C’était green», …etc. pendant au moins dix secondes. Le tout prononcé en même temps, avec des intonations différentes, un énorme foutoir.

Green comment?

« Ah mais c’était super green », « green green green, on n’peut pas faire plus green », « la greenitude incarnée,  green de chez green », « dantesquement green, patron », «  Green à la puissance 10 » … et ça durait dans le compliment mièvrodégueulo navrant… Pendant au moins 20 autres bonnes secondes.
Le blondinet fit alors, un mouvement de la main pour congédier ces lapeurs de crasses, associé à un bruit assez énervant du genre… Biiizzzzzzzzzzzzzzzzzzzz Bizzzzz…
Il se tourne vers les démons présents et avance en faisant de grand pas.

Salut les p’tits loups. Vous pouvez m’remercier demain l’patron arrivera à bon port.
Alors j’compte sur vous pour qu’ça soit green, ok ? Ok