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Martine à la Montagne
#4
JOUR 1 : Oh la vache !

L’endroit était une pièce au sol boueux. Les murs étaient faits de taules ondulées et la seule ouverture présente était la porte qui ne laissait qu’à peine entrer de faibles rayons lumineux. Malgré tout, les onze mètres carrés n’étaient pas si sombres que cela car une petite lampe à pétrole était suspendue au dessus du lit sur lequel gisait Cool T, à demi dans les vapes. La flamme vacillait au gré des courants d’air et semblait donner vie au sommaire mobilier dont les ombres étaient projetées sur le bas des murs. Le démon essaya d’abord d’ouvrir les yeux tant bien que mal, faisant naître un léger mal de tête. Au bout de quelques minutes d’essais, ses yeux furent parfaitement ouverts et habitués à la lumière environnante. Il s’assit alors sur le bord du lit. Ses pieds nus en contact avec le sol poisseux lui indiquèrent qu’il ne devait pas faire très chaud là où il était. D’ailleurs il remarqua rapidement que son souffle laissait s’échapper des nuages de vapeur. Se frottant les tempes, il fouilla son esprit encore et encore afin de se rappeler s’il avait déjà visité cet endroit ou un autre de la sorte, mais en vain. Une odeur de poisson pourri embaumait la pièce et bien qu’elle était aussi appétissante que celle d’un chat en état de décomposition avancée, elle lui rappela qu’il avait faim. Cherchant la source de ce putride parfum, il remarqua un plateau repas posé sur une petite commode de bois dans un coin. Il se leva alors pour voir ce qu’il y avait dedans. Son pas lent fit clapoter la boue dans laquelle il s’enfonçait légèrement. En chemin il manqua trébucher sur ce qui s’apparentait à une paire de chaussures. Il se baissa alors pour les ramasser, puis après une brève identification de l’objet, il en conclut que ceci était bien des chaussures, même plus que cela puisqu’elles étaient les sienne. Les lançant sur les draps froissés du lit, il continua sa progression jusqu’au plateau : il était composé d’une assiette contenant du poisson cru ainsi qu’un morceau de pain rassis et un verre d’eau gelé. Finalement, il prit uniquement le couteau qui avait été laissé a disposition et l’enfila au niveau de la ceinture, sous l’élastique de son short. Au passage il remarqua que sa chemise était déchirée à de multiples endroits. Au moins pour se consoler il se dit qu’on lui avait laissé ses habits.

Etant bien décidé à savoir où il était et qui étaient ces mecs qui l’avaient eu comme des lâches, il s’engagea alors sur le chemin de la sortie. La main sur la poignée, il appuya légèrement. Un grincement métallique se fit alors entendre et la porte s’ouvrit sans trop de résistance. Le démon pensa qu’il y avait connu pire comme détention, ou qu’alors ses kidnappeurs avaient une confiance aveugle en leur système de sécurité. L’ouverture donnait sur long un couloir étroit au plafond dardé de trous causés par la rouille. De part et d’autre se trouvaient d’autres portes, donnant probablement accès à d’autres pièces telles que des chambres semblables à celle que le démon du froid venait de quitter. Au bout du couloir de trouvait une porte paraissant un peu plus massive que les autres. Au dessus un écriteau « EXIT » était éclairé par une ampoule qui grésillait. Cool T reprit alors sa progression vers cette porte là. Un vent glacé s’infiltrait dans les lieux et sifflait à ses oreilles. C’est alors que lorsqu’il franchit cette deuxième porte, il n’en cru pas ses yeux.

Une dizaine d’autres baraquements de taules ondulées était bâtis le long d’un couloir principal à la manière d’un camp militaire. De plus, on pouvait deviner aux quatre points cardinaux des murs de barbelés sur lesquels se dressaient régulièrement des miradors menaçantes. Mais ce qui capta d’avantage l’attention du démon fût le sol blanc qui n’était autre que de la glace. Cette eau solide s’étendait à perte de vue et semblait continuer par delà les délimitations de ce camp. Le ciel était lumineux et aucun nuage n’était là pour masquer le soleil glacial qui n’arrivait pas à s’imposer. Il faisait facilement moins vingt degrés, mais cela ne dérangeait en rien le démon du froid qui était insensible à ce genre de températures. Au loin on pu soudain entendre un rythme régulier et monotone. C’était un groupe d’hommes en rang qui marchaient et étaient devancés par un autre homme, sans doute quelqu’un possédant plus de pouvoir. Il marquait la cadence d’un « un, deux, trois, quatre ! » bruyant et autoritaire. La quinzaine d’individus se dirigeait vers Cool T à vive allure, ce qui lui fit prendre conscience qu’il valait peut être mieux se cacher. Reculant d’un léger bond vers l’arrière pour entrer dans le baraquement, il heurta quelque chose de rigide et massif. Il fit alors volte face et se trouva nez à nez avec une vache. Surpris il dégaina alors son couteau et le pointa vers l’animal qui le regardait d’un air passif, ruminant. Les hommes de la section s’étaient arrêtés au commandement du gradé de tête et formaient à présent un arc de cercle autour du démon, lui bloquant toute sortie. Coincé entre une normande et des soldats en uniforme, il décida d’abaisser son couteau. L’homme de tête du régiment prit alors la parole :


- Alors qu’est-ce qui t’arrive, t’as peur de Marguerite, avorton ?

Les autres se mirent alors à rire, puis arrêtèrent immédiatement au bref signe de main du chef.

- Vous êtes qui ? Et qu’est-ce que vous m’voulez ? demanda le démon encore troublé.
- C’est notre mascotte, elle ne ferait pas de mal à un pingouin. Dis bonjour à Marguerite ! reprit l’autre.

Le démon saisit alors l’animal par le cou, posant alors la lame émoussée de son arme blanche tout contre sa gorge.

- Si vous t’nez à cette vache, alors répondez à mes questions, ou j’hésiterai pas à en faire du steak haché, lança-t-il d’un air menaçant.

Mais alors qu’il terminait sa phrase, l’animal commença à perdre consistance. Elle perdit sa forme progressivement et sa masse diminua tout autant. Au bout de quelques secondes, sous le regard incrédule de Cool T, ce qui avant était un quadrupède herbivore était devenu un homme noir, grand de deux mètres au moins. Il était nu mais le froid ne semblait pas le gêner. Il mâchait son chewing-gum tranquillement. Il fixa le démon de Crocell et alors une fois de plus quelque chose pénétra son esprit violemment. La même voix que dans la ruelle raisonna dans sa boîte crânienne :

- Je te conseille de me donner ce couteau, matricule CT-541-2 …

Puis à voix haute :

- … démon de Crocell. Tu auras des réponses en temps voulu mais d’abord laisse moi me présenter : Brotok, grade deux de Caym, capitaine de la nuée mortelle. L’administration nous a chargé, moi et d’autres gradés, d’assurer la sensibilisation au Mal et à l’Efficacité à nos forces démoniaques incarnées sur Terre n’utilisant pas leur plein potentiel maléfique.

Prononçant sa tirade qui semblait déjà avoir été prononcée des centaines de fois auparavant, le gradé fit flasher son aura. Dans un second temps, il présenta l’homme de tête du régiment qui était un grade un au service de Baal puis invita le démon de Crocell à le suivre jusqu’à un baraquement fait de pierre à l’ouest du camp. La quinzaine d’hommes quant à elle continua son chemin.

Le bâtiment était construit sur un seul niveau et n’était donc pas vraiment haut. En revanche, il était plutôt long et de nombreuses fenêtres épaisses s’inséraient dans la pierre blanche et poreuse. Brotok entra le premier, baissant la tête pour ne pas se prendre le haut de l’encadrement de la porte. Cool T le suivit.

Ils avancèrent tous les deux jusqu’à une grande pièce où se trouvaient diverses pièces de métal, un peu comme dans un atelier. Au centre était une chose recouverte d’une bâche. On pouvait imaginer que c’était probablement un véhicule vu la forme et la taille.
Le Caym tira d’un coup sec dessus l’étendue de plastique : une jeep blanche se révéla.


- Allez grimpe, avorton. Je dois t’emmener dans le camp principal maintenant que tu es réveillé.
- J’aurais le droit de récupérer mes affaires ? En fait j’aimerait bien prendre une glace, j’ai plutôt la dalle, vous en aurez une si vous voulez.

Les démons montèrent dans la jeep, le gradé démarra puis répondit :

- Ici tu n’as pas le droit de posséder quoi que ce soit. Tes affaires ont été confisquées pour le moment, tu ne les récupèreras que lorsque tu sortiras.

Il enclencha la première puis commença à accélérer, sortant du camp. Cool T reprit :

- Et je sortirais quand ?
- Quand tu seras prêt.
- Je serai prêt quand ?
- Ca dépendra de toi.
- Et je dois faire quoi exactement ?
- Tu verras en temps voulu.
- On est bientôt rendu ?
- Tais-toi maintenant.
- D’accord, mais moi j’ai faim. C’est pas grave si mon estomac fait un peu d’bruit ?
- Si.
- Ah…
- …
- Et pourquoi j’ai été kidnappé au fait ?
- C’est bien plus drôle comme ça.
- Mouais… n’empêche que vous auriez pu me demander, j’aurais ptet’ dit oui.
- J’ai dit tais-toi, tu parles inutilement.
- Bon d’accord… mais vous comprenez bien que je me pose des questions, c’est normal hein.
- La ferme.
- Très bien, je…
- TA GUEULE ! Je suis ton supérieur hiérarchique et tu me dois obéissance. C’est parce que tu agis comme ça que l’administration t’a envoyé ici, au Groenland. Tous les démons que tu rencontreras ici sont dans ton cas. Vous avez tous un certain potentiel mais vous le gâchez. L’administration sait se montrer généreuse avec les recrues comme vous, matricule CT-541-2. Mais je pense qu’elle ne vous donnera pas d’autre chance. T’as bien compris ? Alors tu la fermes et tu exécutes les ordres, point. On est bientôt arrivés au Centre de Recadrage des Démons Fouteurs de Merde, Branleurs et Anarchistes où je serai sur ton dos pendant tout ton séjour, alors t’as intérêt à te montrer obéissant où c’est des mecs moins cool que moi qui géreront ton cas par la suite.

Cool T se fit alors petit jusqu’à l’arrivée au camp. Ce deuxième lieu était identique au premier, mais en beaucoup plus grand. De plus l’activité y était beaucoup plus intense et de nombreux individus grouillaient un peu partout, organisés en petits groupes tous attelés à des tâches bien précises.

Les deux démons descendirent, le gradé accompagnant l’autre jusqu’à un dortoir. Il lui montra son lit. La journée était déjà bien entamée et rien de particulier ne se passa avant l’heure d’aller se coucher. Le démon faisait chambrée avec une dizaine d’autres mecs qui paraissaient plutôt cool en réalité. Le seul hic était qu’il n’étaient pas très bavards et semblaient avoir été réduis à l’état d’objet par les méthodes arbitraires et violentes des gradés du CRDFMBA.
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Martine à la Montagne - by Vanilla Ice - 08-14-2007, 01:48 PM
Martine à la Montagne - by Vanilla Ice - 08-15-2007, 04:39 PM
Martine à la Montagne - by Cool T - 08-19-2007, 12:54 PM
Martine à la Montagne - by Cool T - 08-19-2007, 02:10 PM
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Martine à la Montagne - by Vanilla Ice - 08-30-2007, 09:12 PM
Martine à la Montagne - by Major Longhorn - 08-31-2007, 08:43 AM

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