01-31-2008, 02:45 PM
Il y avait certains jours comme ça.
La journée avait été triste et morne. Une fine bruine tombait depuis deux heures maintenant, et la nuit commençait à tomber, tôt comme il était de coutume en cette fin du mois de janvier, sur le centre commercial Ouest. Dans une rue peu passante, sous la clarté blafarde d'une enseigne au néon hésitant, qui semblait menacer de s'éteindre à tout instant, était assise une forme sur laquelle les regards des rares passants glissaient d'une façon tellement habituelle à notre époque. Près d'elle, personne, à l'exception d'un chien qui fouillait les poubelles.
C'était une femme, jeune, mais qui semblait abîmée par la vie. Son teint était gris, au diapason de son humeur. Assise sur le trottoir sans bouger, elle regardait quelque chose qu'elle avait déposée à ses pieds, comme fascinée.
Un pistolet.
LBD repensait à ce qu'était devenu sa vie. Les anges. L'administration. Les services de Dominique. Tous ces cons qui ne comprenaient rien à rien. C'était ce qu'il avait pensé à l'époque. Aujourd'hui, il n'avait même plus la force d'avoir de grief.
Après l'échec de l'opération Harry Potter, dégoûté, l'ange s'était éloigné de ce monde ; il avait exercé plusieurs petits boulots : d'éboueur, de distributeur de tracts ou même d'assistante sociale, pour finir par été tentée par le crime. Elle avait commencé à gravir les échelons d'une organisation mafieuse, devenant entre autres choses son chauffeur attitré ; mais cette mafia n'était en fait pas du tout noyautée par les démons, comme elle l'avait cru de prime abord : elle avait même de très bonnes raisons de ne jamais l'être. N'ayant plus rien à y faire, elle était partie un beau jour sans laisser d'adresse, ayant jeté son téléphone dans une bouche d'égout.
Et maintenant il vivotait, sans but, sans avenir. Il avait failli tuer un type pour rien ou presque... pour au final se contenter de lui piquer ses thunes et sa R1. Et voilà qu'elle était ainsi, dans son pull élimé, elle qui avait été en tailleur Charnel, sur un trottoir. Elle n'était bonne qu'à de petits larcins, et à se faire oublier. Un rongeur d'os.
En fin de compte, tu n'as rien accompli par toi-même.
Tu n'as pas de tripes.
Tu n'es rien.
S'accablant de reproches, l'incarné tentait de trouver la force de bouger et se saisir de l'arme pour se le coller dans la bouche. Tentait d'avoir le courage d'en finir au moins une fois.
Tout à ses réflexions, il remarqua à peine le néon de l'enseigne qui clignota une dernière fois, s'éteignit un long moment ... pour, faiblement, repartir. Il s'aperçut que le chien avait délaissé les ordures. Assis à coté de l'humain, il regardait lui aussi le pistolet.
- Tu n'as rien de mieux à faire ?
L'animal jappa et remua la queue. Puis il s'en fut vivre sa vie. Lui ne regrettait rien.
LBD le suivit un instant des yeux, le regarda contourner la moto ... et remarqua un papier collé sur le pare-brise de l'engin, comme une contravention. Pourtant la rue était déserte ... Péniblement, la femme se leva, pour se saisir du papier.
Il provenait de l'administration. Des services de Christophe. Il disait qu'elle avait fait du bon boulot.
Avaient-ils encore foi en ses capacités ?
Les mâchoires serrées, l'ange chiffonna le papier dans sa main, leva la tête, et resta longuement comme cela, dans la nuit, à regarder le ciel noir et lourd sous le crachin qui ne cessait pas de tomber. Il sentait le chien mouillé, était trempé jusqu'aux os, trempé jusqu'aux yeux.
Puis, la pluie ralentit, et s'arrêta.
Lentement, la jeune femme enfourcha la moto et, après un soupir, fit vrombir le moteur avant de partir à travers les rues.
Dans le caniveau gisait l'arme qu'elle avait oublié ...
La journée avait été triste et morne. Une fine bruine tombait depuis deux heures maintenant, et la nuit commençait à tomber, tôt comme il était de coutume en cette fin du mois de janvier, sur le centre commercial Ouest. Dans une rue peu passante, sous la clarté blafarde d'une enseigne au néon hésitant, qui semblait menacer de s'éteindre à tout instant, était assise une forme sur laquelle les regards des rares passants glissaient d'une façon tellement habituelle à notre époque. Près d'elle, personne, à l'exception d'un chien qui fouillait les poubelles.
C'était une femme, jeune, mais qui semblait abîmée par la vie. Son teint était gris, au diapason de son humeur. Assise sur le trottoir sans bouger, elle regardait quelque chose qu'elle avait déposée à ses pieds, comme fascinée.
Un pistolet.
LBD repensait à ce qu'était devenu sa vie. Les anges. L'administration. Les services de Dominique. Tous ces cons qui ne comprenaient rien à rien. C'était ce qu'il avait pensé à l'époque. Aujourd'hui, il n'avait même plus la force d'avoir de grief.
Après l'échec de l'opération Harry Potter, dégoûté, l'ange s'était éloigné de ce monde ; il avait exercé plusieurs petits boulots : d'éboueur, de distributeur de tracts ou même d'assistante sociale, pour finir par été tentée par le crime. Elle avait commencé à gravir les échelons d'une organisation mafieuse, devenant entre autres choses son chauffeur attitré ; mais cette mafia n'était en fait pas du tout noyautée par les démons, comme elle l'avait cru de prime abord : elle avait même de très bonnes raisons de ne jamais l'être. N'ayant plus rien à y faire, elle était partie un beau jour sans laisser d'adresse, ayant jeté son téléphone dans une bouche d'égout.
Et maintenant il vivotait, sans but, sans avenir. Il avait failli tuer un type pour rien ou presque... pour au final se contenter de lui piquer ses thunes et sa R1. Et voilà qu'elle était ainsi, dans son pull élimé, elle qui avait été en tailleur Charnel, sur un trottoir. Elle n'était bonne qu'à de petits larcins, et à se faire oublier. Un rongeur d'os.
En fin de compte, tu n'as rien accompli par toi-même.
Tu n'as pas de tripes.
Tu n'es rien.
S'accablant de reproches, l'incarné tentait de trouver la force de bouger et se saisir de l'arme pour se le coller dans la bouche. Tentait d'avoir le courage d'en finir au moins une fois.
Tout à ses réflexions, il remarqua à peine le néon de l'enseigne qui clignota une dernière fois, s'éteignit un long moment ... pour, faiblement, repartir. Il s'aperçut que le chien avait délaissé les ordures. Assis à coté de l'humain, il regardait lui aussi le pistolet.
- Tu n'as rien de mieux à faire ?
L'animal jappa et remua la queue. Puis il s'en fut vivre sa vie. Lui ne regrettait rien.
LBD le suivit un instant des yeux, le regarda contourner la moto ... et remarqua un papier collé sur le pare-brise de l'engin, comme une contravention. Pourtant la rue était déserte ... Péniblement, la femme se leva, pour se saisir du papier.
Il provenait de l'administration. Des services de Christophe. Il disait qu'elle avait fait du bon boulot.
Avaient-ils encore foi en ses capacités ?
Les mâchoires serrées, l'ange chiffonna le papier dans sa main, leva la tête, et resta longuement comme cela, dans la nuit, à regarder le ciel noir et lourd sous le crachin qui ne cessait pas de tomber. Il sentait le chien mouillé, était trempé jusqu'aux os, trempé jusqu'aux yeux.
Puis, la pluie ralentit, et s'arrêta.
Lentement, la jeune femme enfourcha la moto et, après un soupir, fit vrombir le moteur avant de partir à travers les rues.
Dans le caniveau gisait l'arme qu'elle avait oublié ...