10-11-2005, 05:27 PM
A l'Est - une chronique de notre envoyé spécial à Brno.
C'est énorme.
La République Tchèque c'est énorme.
Bon, d'accord, les 24 heures de bus (Eurolines, mais un transporteur indépendant au nom qui bute : Vegatour) pour y aller sont relativement chiantes. Surtout lorsque vous êtes cernés : devant par un vieux tchèque qui raconte sa vie à tout le monde en parlant (tchèque) super fort, et que quand vous essayez de lui expliquer que ça ne vous intéresse que moyennement ("nerozumim" > "je ne comprend pas") il éclate de rire, et continue à vous parler tchèque, et derrière par un gros type qui ronfle comme un goret pendant les 2/3 du voyage.
Lorsque vous voyez les gens qui se trouvent à l'avant du bus, calme et silencieux, vous comprenez ce qui a pousser Murphy a établir ses fameuses lois, dites de l'emmerdement maximum, surtout qu'il n'y a qu'à vous que ça arrive. En plus, il n'y a que des bus pour nains, c'est pas possible putain d'ingénieur de mes deux qu'est pas foutu de prévoir que des gens de plus d'1,80m vont s'asseoir ici. Ouais, mais plus les places sont petites, plus on fait tenir de gens dans le bus. Donc plus de tickets vendus. C'est donc ça le capitalisme?
Bon, on traverse l'Allemagne en 5mn à peu près, du moins c'est ce qui m'arrive à chaque fois : je m'endors juste à la sortie de Strasbourg et je me réveille à la frontière Tchèque.
Et là ça commence à devenir extra : voir des noms comme Praha, Olomouc, Rajec ou Hradec Kralove sur les panneaux autoroutiers ça vous donne un petit frisson dans le dos, du genre "ça y'est j'y suis". Tout ceci se passant dans un demi-sommeil, entrecoupé par le rebord de la fenêtre qui se rappelle à votre bon souvenir en vous broyant une vertèbre lorsqu'un trou dans la route est plus gros que les autres.
Arrivée à Prague, syndrome céphalo-rectal en phase terminale, changement de bus pour une navette (avec une surprise : les places sont encore plus petites, collé dans le fond du siège j'ai les genoux dans le cendrier) qui va emprunter l'une des choses les plus ignobles, l'une des créations les plus perverses de l'esprit humain : les voies rapides tchèques.
C'est un peu le même système que les autoroutes allemandes : des dalles de ciment posées successivement, et pas une belle trainée de goudron comme chez nous. Le coté amusant de la chose, c'est qu'il y a bien sûr un joint (creux) entre ces dalles, et par un curieux caprice du hasard l'espace entre deux joints de dalles est un multiple de la distance roue avant - roue arrière d'une navette de la compagnie Vegatour. Ce qui fait que lorsque la vitesse de ladite navette dépasse les 80 km/h, elle entre en résonance avec les dalles de béton, et donc vous prenez des petits chocs dans la colonne vertébrale au rythme du camion pendant 150 bornes, c'est assez pénible mais au moins ça réveille.
Bon, ben on va regarder le paysage. En gros, la cambrousse à perte de vue, sorti des centres urbains la Tchéquie c'est plutôt vide. Mais l'avantage c'est qu'on peut apercevoir des animaux sympathiques : renards, sangliers, cerfs, faisans... Plus loin en Slovaquie ils ont même des ours et des loups. Dans un état limite entre le rêve et la pensée, je me demande s'il vaut mieux tomber par surprise face à un ours affamé ou à un skinhead bourré.
A la gare routière, ma chérie est là, je la suis comme un zombi dans un bar, un café et une petite bière en guise de p'tit dèj' et nous partons chez elle, où je dors 18 heures.
Vie et mœurs d'un français en République Tchèque.
Passés le choc et la fatigue du voyage, il est temps de s'y mettre : lundi, c'est reprise de repères en ville : le bonheur de glander en ville, de s'arrêter prendre un café, de repasser devant tous les lieux qu'ont a connu : tel club où machin a gerbé, tel autre ou la serveuse vous apporte votre vodka "poitrine au vent", les rues, les bars que nous avions exploré l'an dernier avec les Erasmus sont toujours là, youpi, je suis de retour. Allez, une binche pour fêter ça ; direction le Gotic Cafe, petit bistrot sympa ou il y a parfois des concerts, 25 kc (couronne tchèque) la pinte soit un peu moins d'un euro, c'est cool. Ma vessie me signale avec insistance qu'elle n'a pas encore intégré le passage aux normes tchèques.
J'appelle des tchèques et des potes de l'an dernier : Amani et Ruba, deux frangines soudanaises sont à Prague, ça sera pour une autre fois. Je me pose dans un bar avec une blonde délicieuse du nom de Pilsner Urquell, et je croise par hasard Jana (la plus belle fille du monde, je vous jure) en speed près de sa fac d'archi, puis rendez vous avec Jan, dit Honza (les tchèques sont fans des diminutifs qui n'en sont pas) un tchèque rencontré à Brest et vlan, binche again. Bon, c'est pas grave, hein, c'est le premier jour, tout ça... Faut marquer le coup.
On retrouve ma femme et une de ses amies à l'autre bout de la ville, elle prennent un pot, on les accompagne, normal. Tiens, c'est la fête je paye ma tournée. 4 pintes de Starobrno, 1 jus d'orange, 2 cafés et 1 banana split : 8,50 euros, j'aime ce pays.
Le soir, pendant que ma douce prend un cours de français, resto avec Honza, on se trouve un chinois fort aimable chez qui on se fait péter le bide. Je n'ai jamais autant mangé dans un resto. A tel point que je me demande si la bière pour accompagner était bien nécessaire. Avez vous déjà connu cette sensation étrange de ne plus être qu'un estomac humain, comme si 99% de votre mémoire vive était allouée à la digestion, les 1% restant étant attribués aléatoirement aux fonctions cognitives et motricielles? Ben c'était ça.
Alors sans doute me ferez vous la même remarque que ma dulcinée : en gros, qu'en ce premier jour à part manger, boire, pisser, boire et dormir je n'ai pas fait grand chose, un peu comme un petit animal me dit-elle avec son accent délicieux.
Ben ouais, on peut dire ça comme ça. En même temps, m'en fous.
Pour l'instant tout ça me convient tout à fait.
Mais, seriez vous en droit de rajouter, avant que je ne termine ce petit laïus, tout ceci manque d'illustration.
Je sais, mais il faut savoir que je n'ai pas vraiment un accès super aisé au net, donc mettre des images en ligne et tout ça, c'est pour plus tard, mais j'y penserais ; j'ai des petits dessins faits en ville que je scannerais à l'occasion.
Enfin, je m'excuse auprès des gens qui "travaillent" avec Malback IG, mais mon absence risque d'être un poil plus longue que prévue, en gros le temps que j'ai un accès décent à la Matrice. Pour l'instant je suis pas chez moi, loin de la ville et des éventuels cyber-cafés, donc pas facile-facile. Bah, une pause ins-mv ne peut pas faire de mal, hein?
Hein?
En tout cas plein de bonnes choses à tous, amusez vous bien et si vous êtes de passage en Moravie faites moi signe, je connais les bonnes adresses :wink:
-M-
C'est énorme.
La République Tchèque c'est énorme.
Bon, d'accord, les 24 heures de bus (Eurolines, mais un transporteur indépendant au nom qui bute : Vegatour) pour y aller sont relativement chiantes. Surtout lorsque vous êtes cernés : devant par un vieux tchèque qui raconte sa vie à tout le monde en parlant (tchèque) super fort, et que quand vous essayez de lui expliquer que ça ne vous intéresse que moyennement ("nerozumim" > "je ne comprend pas") il éclate de rire, et continue à vous parler tchèque, et derrière par un gros type qui ronfle comme un goret pendant les 2/3 du voyage.
Lorsque vous voyez les gens qui se trouvent à l'avant du bus, calme et silencieux, vous comprenez ce qui a pousser Murphy a établir ses fameuses lois, dites de l'emmerdement maximum, surtout qu'il n'y a qu'à vous que ça arrive. En plus, il n'y a que des bus pour nains, c'est pas possible putain d'ingénieur de mes deux qu'est pas foutu de prévoir que des gens de plus d'1,80m vont s'asseoir ici. Ouais, mais plus les places sont petites, plus on fait tenir de gens dans le bus. Donc plus de tickets vendus. C'est donc ça le capitalisme?
Bon, on traverse l'Allemagne en 5mn à peu près, du moins c'est ce qui m'arrive à chaque fois : je m'endors juste à la sortie de Strasbourg et je me réveille à la frontière Tchèque.
Et là ça commence à devenir extra : voir des noms comme Praha, Olomouc, Rajec ou Hradec Kralove sur les panneaux autoroutiers ça vous donne un petit frisson dans le dos, du genre "ça y'est j'y suis". Tout ceci se passant dans un demi-sommeil, entrecoupé par le rebord de la fenêtre qui se rappelle à votre bon souvenir en vous broyant une vertèbre lorsqu'un trou dans la route est plus gros que les autres.
Arrivée à Prague, syndrome céphalo-rectal en phase terminale, changement de bus pour une navette (avec une surprise : les places sont encore plus petites, collé dans le fond du siège j'ai les genoux dans le cendrier) qui va emprunter l'une des choses les plus ignobles, l'une des créations les plus perverses de l'esprit humain : les voies rapides tchèques.
C'est un peu le même système que les autoroutes allemandes : des dalles de ciment posées successivement, et pas une belle trainée de goudron comme chez nous. Le coté amusant de la chose, c'est qu'il y a bien sûr un joint (creux) entre ces dalles, et par un curieux caprice du hasard l'espace entre deux joints de dalles est un multiple de la distance roue avant - roue arrière d'une navette de la compagnie Vegatour. Ce qui fait que lorsque la vitesse de ladite navette dépasse les 80 km/h, elle entre en résonance avec les dalles de béton, et donc vous prenez des petits chocs dans la colonne vertébrale au rythme du camion pendant 150 bornes, c'est assez pénible mais au moins ça réveille.
Bon, ben on va regarder le paysage. En gros, la cambrousse à perte de vue, sorti des centres urbains la Tchéquie c'est plutôt vide. Mais l'avantage c'est qu'on peut apercevoir des animaux sympathiques : renards, sangliers, cerfs, faisans... Plus loin en Slovaquie ils ont même des ours et des loups. Dans un état limite entre le rêve et la pensée, je me demande s'il vaut mieux tomber par surprise face à un ours affamé ou à un skinhead bourré.
A la gare routière, ma chérie est là, je la suis comme un zombi dans un bar, un café et une petite bière en guise de p'tit dèj' et nous partons chez elle, où je dors 18 heures.
Vie et mœurs d'un français en République Tchèque.
Passés le choc et la fatigue du voyage, il est temps de s'y mettre : lundi, c'est reprise de repères en ville : le bonheur de glander en ville, de s'arrêter prendre un café, de repasser devant tous les lieux qu'ont a connu : tel club où machin a gerbé, tel autre ou la serveuse vous apporte votre vodka "poitrine au vent", les rues, les bars que nous avions exploré l'an dernier avec les Erasmus sont toujours là, youpi, je suis de retour. Allez, une binche pour fêter ça ; direction le Gotic Cafe, petit bistrot sympa ou il y a parfois des concerts, 25 kc (couronne tchèque) la pinte soit un peu moins d'un euro, c'est cool. Ma vessie me signale avec insistance qu'elle n'a pas encore intégré le passage aux normes tchèques.
J'appelle des tchèques et des potes de l'an dernier : Amani et Ruba, deux frangines soudanaises sont à Prague, ça sera pour une autre fois. Je me pose dans un bar avec une blonde délicieuse du nom de Pilsner Urquell, et je croise par hasard Jana (la plus belle fille du monde, je vous jure) en speed près de sa fac d'archi, puis rendez vous avec Jan, dit Honza (les tchèques sont fans des diminutifs qui n'en sont pas) un tchèque rencontré à Brest et vlan, binche again. Bon, c'est pas grave, hein, c'est le premier jour, tout ça... Faut marquer le coup.
On retrouve ma femme et une de ses amies à l'autre bout de la ville, elle prennent un pot, on les accompagne, normal. Tiens, c'est la fête je paye ma tournée. 4 pintes de Starobrno, 1 jus d'orange, 2 cafés et 1 banana split : 8,50 euros, j'aime ce pays.
Le soir, pendant que ma douce prend un cours de français, resto avec Honza, on se trouve un chinois fort aimable chez qui on se fait péter le bide. Je n'ai jamais autant mangé dans un resto. A tel point que je me demande si la bière pour accompagner était bien nécessaire. Avez vous déjà connu cette sensation étrange de ne plus être qu'un estomac humain, comme si 99% de votre mémoire vive était allouée à la digestion, les 1% restant étant attribués aléatoirement aux fonctions cognitives et motricielles? Ben c'était ça.
Alors sans doute me ferez vous la même remarque que ma dulcinée : en gros, qu'en ce premier jour à part manger, boire, pisser, boire et dormir je n'ai pas fait grand chose, un peu comme un petit animal me dit-elle avec son accent délicieux.
Ben ouais, on peut dire ça comme ça. En même temps, m'en fous.
Pour l'instant tout ça me convient tout à fait.
Mais, seriez vous en droit de rajouter, avant que je ne termine ce petit laïus, tout ceci manque d'illustration.
Je sais, mais il faut savoir que je n'ai pas vraiment un accès super aisé au net, donc mettre des images en ligne et tout ça, c'est pour plus tard, mais j'y penserais ; j'ai des petits dessins faits en ville que je scannerais à l'occasion.
Enfin, je m'excuse auprès des gens qui "travaillent" avec Malback IG, mais mon absence risque d'être un poil plus longue que prévue, en gros le temps que j'ai un accès décent à la Matrice. Pour l'instant je suis pas chez moi, loin de la ville et des éventuels cyber-cafés, donc pas facile-facile. Bah, une pause ins-mv ne peut pas faire de mal, hein?
Hein?
En tout cas plein de bonnes choses à tous, amusez vous bien et si vous êtes de passage en Moravie faites moi signe, je connais les bonnes adresses :wink:
-M-