Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Réveil
#1
Une matinée déjà bien avancée quand il s'éveille enfin. Est-ce le matelas qui est si moelleux ou est-il sur un nuage ? Cette sensation de flotter l'enchante et il lui faut quelques instants avant de parvenir à rappeler à lui ses esprits et ses souvenirs. Ses souvenirs de la nuit passée qui l'ont mis dans cet état et accrochent à ses lèvres un sourire dont il ne peut se départir.

Il se redresse un peu et enfin réalise : pour seule compagnie ne lui restent que les draps froissés privés de toute la chaleur qu'elle avait dégagée dans ses bras lors de leur étreinte nocturne. Entre ses doigts il saisit un des derniers pétales de rose qui a su ne pas se faire emporter à terre comme les autres, pour le lâcher et le voir tomber virevoltant jusqu'à son torse.

Alors il sent que quelque chose à son bras le gêne ou plutôt le chatouille. Placée devant ses yeux, il admire la fine tresse de cheveux nouée autour de son poignet. Ses cheveux dont il se rappelle les caresses sur ses propres épaules et dont elle a décidé de lui faire présent, un présent simple mais qui aux yeux du démon devient un trésor sans prix.
Ses souvenirs se font toujours plus vifs, se bousculants dans sa tête comme un torrent déchaîné et lui donnant l'impression d'être l'objet d'une soif inextinguible de ces eaux furieuses. Il hume le parfum de cette mèche et réveille la mémoire de son odorat. Il passe un doigt dans le fond du pot de miel qu'ils n'ont pas complètement vidé pour raviver le goût de cette nuit.

La journée a commencé sans lui et il ne peut se permettre de la continuer à rêvasser éternellement. Il se lève donc et commence à s'habiller quand il aperçoit la robe restée à terre, surpris qu'elle ne l'ait pas emmenée, à moins qu'elle ne soit encore là mais il décide de ne pas s'accrocher à cet espoir. Elle n'a pas dû s'attarder. Elle le lui a dit, elle ne peut appartenir à un seul être. Il ramasse la robe et frissonne au contact du tissu noir, celui qui parait sa peau hier et qu'il lui a retiré avec tant de plaisir. Il dépose la robe simple sur le lit et finit de s'habiller. Dommage qu'elle ne l'ait pas emmenée tout de même, ainsi il lui aurait lui aussi fait un présent, mais il est vrai qu'elle n'était pas faite pour arpenter les rues, quoique peut-être plus que la tenue avec laquelle elle était arrivée hier et qu'elle portait sans doute encore aujourd'hui.

Le salon, lui non plus n'a pas changé depuis qu'il l'a quitté la veille, d'ailleurs la musique joue encore dans la chaîne, un peu plus bas seulement. Elle a dû baisser le volume pour ne pas le réveiller, mais ne l'a pas éteinte pour en profiter encore un peu. Il savait qu'elle aimait ce morceau, et à présent il aurait pour lui une signification particulière. C'est pour cela qu'il reste un court moment à emplir ses oreilles de ces notes avant d'y mettre fin.
A l'entrée de la pièce, le plat qu'ils n'ont pas touché et tout est froid à présent, ce curry de poulet avait pourtant l'air délicieux. Les efforts pour le préparer avaient été vains. Enfin... ce n'est pas non plus comme s'il l'avait fait lui-même. D'ailleurs il est temps...

Il se dirige tranquillement vers la cuisine et ce faisant, il change, une couleur de peau différente ainsi que celle de ses cheveux, plus grand, un peu plus rond aussi. Il ouvre la porte et à nouveau ce regard... Cette femme en chemise de nuit, assise sur une chaise dont elle ne bouge pas à cause de ces liens serrés qui l'immobilisent ici. Ce regard plein de surprise, de colère mais surtout de peur. Comment imaginer que son mari, rentré beaucoup plus tôt que prévu de son voyage d'affaires, soit arrivé en exigeant d'elle qu'elle lui prépare un repas précis et que, quand elle lui a posé des questions sur les raisons de sa présence, il ait commencé à s'énerver la forçant à obéir comme le montrait cette marque de strangulation autour de son cou, et certainement d'autres meurtrissures sur son corps. Et puis la tâche effectuée, il l'avait laissée ici seule, ligotée à cette chaise et baillonée.
Carankhen d'humeur badine aujourd'hui décide de jouer un peu :

"Bonjour ma chérie. Tu as bien dormie Anna ? Beau temps n'est-ce pas ?"

Il se retient de rire en voyant les yeux de la jeune femme prêts à lui sortir de la tête. Enfin il retire le baillon et la giffle quand elle commence à ouvrir la bouche pour hurler. Bien vite il prend les cachets qu'il a préparés, des somnifères. Il la force à les avaler, un peu plus que la dose normale, mais cela ne devrait pas la tuer, il n'a pas vraiment envie de la tuer, après tout elle a fini par le servir et la nuit malgré quelques tempêtes s'était terminée dans les vagues du plaisir.

Une fois endormie, il la délie et la transporte dans son lit. Effectivement il voit que sa compagne n'a rien emmené, rien d'autre que la tenue qu'elle avait en arrivant. Qu'Anna garde les robes, il ne va pas s'embarrasser avec ça. Il trouvera certainement un autre cadeau. Et puis, pour les marchands, c'est Anna elle-même qui a fait ces achats, qu'elle aille se plaindre et faire mener une enquête, cela aussi serait amusant.

Il jette un œil dans la salle de bain, non pas de message non plus sur le miroir, mais il sourit en repensant au tour qu'il lui a joué pour la détendre, elle qui partagerait sa nuit. Son histoire n'avait pas été bien pensée et il n'avait réussi qu'à la crisper un peu plus. Dans les échecs, il classe aussi son entrée, bien préparée pourtant elle, mais il devait être trop nerveux, il avait tout fait dans le désordre. Et ensuite la conversation avait failli tourner au drame... Enfin, les échecs n'étaient rien face au reste.

Reviendrait-il dans cette maison ? Cela faisait longtemps qu'il avait pensé à ce petit scénario, longtemps qu'il avait choisi ce couple après l'avoir étudié. Ils étaient ses instruments, surtout Anna. Le mari lui avait surtout été utile par son absence fréquente due à ses nombreux voyages, pour le travail. Enfin qui sait, peut-être serviraient-ils encore dans l'avenir.

Bien il est temps, grand temps. Il referme la porte de la maison en ne laissant rien d'important à l'intérieur puisqu'en lui les souvenirs, les sensations, l'euphorie continuent leur ronde étourdissante et à son bras la tresse lui rappelle que ces douces pensées n'ont pas été de simples rêves mais des rêves réels et éveillés.
Reply


Forum Jump:


Users browsing this thread: 1 Guest(s)