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Histoire de peluche
#1
Les peluches.

Icônes douces et soyeuses dont le contact éveille vos sens, les peluches forment des compagnons de choix.
Malgré le flot de paroles qui se déverse sur elles, elles demeurent là, imperturbables.
Elles ne se plaignent pas, elles ne jugent pas. Voici l’histoire de l’une d’entre elles.


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Midi sonne.

Le train électrique s'avance, zigzaguant entre les montagnes de peluches, les ballons de baudruche, les arbres à chats et les briques de legos géantes.
Contournant une piscine à balles, le train poursuit son périple sous la garde bienveillante des étoiles fluorescentes du plafond.

Soudain c'est le drame.

Alors que le train dépassait le château gonflable, un obstacle arrête le véhicule.
Tous les occupants décèdent dans d'atroces souffrances. Ils étaient zero.


L'obstacle bouge, le tonnerre gronde.


NOUNOURS ! Tu m’écoutes plus, là !

Immobile, la peluche voit une banane s’approcher silencieusement.
Que lui veut donc cet inconnu armé d'un tel outillage?


Tu sais bien que pour ta santé, c’est sept fois par jour. Alleeeeeeez, avale !

Ne souhaitant pas coopérer avec son ravisseur, le courageux Nounours reste là, bouche fermée.
A chaque assaut, le visage de la peluche se déforme, altérant la constitution même du rembourrage.

L’individu lui présente d’autres mets avec une persistance remarquable, mais ni le miel dégoulinant, ni le yaourt onctueux ne viennent à bout de la volonté d’acier de la peluche.
Les lèvres sont closes, et le resteront.


Au bout d’un moment, l’individu s’aperçoit de l’état déplorable de son invité. C'est alors qu'un profond désarroi s'empare de lui.


Ben voilà, c’est malin, ça… Tu fais ton difficile, t’en fous partout et maintenant, t’es tout humide et collant.
Allez hop, à la douche !


Une demi-heure plus tard, les morceaux ramollis de son existence coincés dans le siphon de la vie, Nounours, lapin rose kawaï usiné depuis quelques jours, quitte ce monde.
Son corps mutilé passera pour la dernière fois le seuil de la porte, le rembourrage en lambeaux, l’œil pendant misérablement en dehors d’un sac plastique transparent.
Le pauvre a perdu la tête, et retrouve ses amis Baya l’abeille, Blinky-Winky et Mora l’exploratrice.


A l’instant même où se noue le cordon du sac plastique dans un Pouic sonore, Plume, être surnaturel à la sagacité hors du commun, réalise la portée de ses actes.

P’têtre qu’il faudrait que j’invite un démon, pour jouer à ce genre de trucs.
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