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La révolte des bouseux
#1
I’m living bad dreaaaaams !

À nouveau, il la sentait, qui le tourmentait au plus profond de sa chair. Comme à chaque fois, cela commençait par l’esprit, si faible, à l’image de la chair. Puis venait le tour de cette fameuse chair, avec ses mains qui commençaient à trembler lorsqu’il y pensait. Et puis, la salive qui se faisait plus abondante et la crainte que soudainement il bave en public. À tout cela s’ajoutait une irritabilité accrue, signe extérieur le plus manifeste de la lutte qu’il livrait avec lui-même. Il ne savait pas pourquoi il ressentait cette pulsion, mais il était certain qu’elle allait lui coûter cher et bientôt. Tout en pensant à cela, il enfilait ses habits. Dans quelques heures, à nouveau, le sang coulerait. Cela n’apaiserait pas sa soif, mais le distrairait et lui donnerait peut-être une occasion de donner une réalité matérielle à ses noires pensées. Souriant et frissonant en imaginant cette possibilité, il partit rejoindre son groupe.

Le village était des plus calmes, malgré la pluie qui commençait à tomber, les paysans s’affairaient aux champs tandis que le bruit des bottes et d’un cheval se faisaient entendre dans la rue principale.
Ils étaient une centaine d’hommes, lourdement armés, vêtus d’armures rutilantes et ruisselantes, le regard fier, déterminés. À leur tête, le Capitaine Heinrich von Schwerstein, un jeune noble, ayant obtenu ce poste par la puissance de son oncle, le duc Ludwig von Helfenstein. Les soldats le respectaient, mais plus par crainte de son oncle, réputé pour sa violence, que pour les talents militaires du jeune homme. Oh, il savait se battre, cela ne faisait aucun doute, mais il lui manquait le charisme nécessaire à un vrai chef, ce petit quelque chose qui fait qu’au milieu des pires batailles, vous le suivrez, même si cela doit vous coûter la vie, convaincu que vous ne mourrez pas pour rien.

Rapidement, un petit groupe s’approche de la troupe. À sa tête, le bourgmestre, Franck Odler, un homme d’une quarantaine d’années, ventripotent, aux cheveux grisonnants et à l’air servile, du moins en présence du Capitaine. Celui-ci, à l’opposé, était un jeune homme, dans la force de l’âge, aux cheveux noirs coupés courts, dont le regard montre une grande assurance, voire un dédain certain. Cette impression est renforcée par le fait que ce dernier reste sur son cheval, accentuant encore sa hauteur par rapport à la bassesse du bourgmestre. Les deux hommes se saluent et le bourgmestre entame la discussion, sur un ton des plus affables, où l’on pourrait presque déceler de la peur :

- Que nous vaut le plaisir de la présence de son altesse en ce lieu ?
- Patrouille de routine.
lui répond sèchement le Capitaine, comme si cela était une évidence et que son interlocuteur, tel un simple d’esprit posait une question idiote.

Mais malgré cette réponse très assurée, tous les deux savent que le Capitaine ment. En effet, un tel déploiement n’est pas une patrouille ordinaire, mais bien une force de pacification. Car le bruit cours dans le Land: les paysans se soulèvent contre leurs maîtres, refusant notamment des conditions de travail jugées trop rudes. De plus, ils sont soutenus par des religieux, issus de la Réforme, ceux-ci allant encore plus loin que Luther, en étant contre le baptême des enfants entre autres choses. On comprend donc la crainte du pouvoir, qui mobilise ses troupes, prêt à mater la révolte, à organiser des exécutions au moindre signe de ce mal dangereux, pour rappeler qui est seul détenteur du pouvoir.

Le Capitaine, sans descendre de son cheval, dit à ses hommes de commencer à fouiller les chaumières. Ceux-ci s’exécutent en souriant. Car un tel ordre veut non seulement dire qu’il va falloir chercher des armes, mais surtout, qu’ils ont en quelque sorte quartier libre. À eux les femmes et les quelques valeurs des habitations, puisque si un paysan s’y oppose, il tombera sous les coups du soudard, qui découvrira miraculeusement une arme, conduisant à encore plus de morts, de viols et de pillages. Le bourgmestre sait bien que lorsqu’un tel équipage passe, il ne reste que la désolation derrière eux et que leur passage n’est jamais hasardeux. Dans ce cas, ce sera une démonstration de force du seigneur local, pour que chacun se souvienne que c’est lui et lui seul qui détient le pouvoir, même celui de vie et de morts sur ses vassaux. Soupirant, le bourgmestre ôte son chapeau.

Une bordée de flèches obscurcit alors encore un peu plus le ciel tandis que les projectiles se fichaient dans les corps des soldats restés à l’extérieur. Hébétés, ceux-ci ne comprirent pas immédiatement ce qui se passait. C’est en entendant un cri, qui ressemblait plus à un rugissement, que leur sang se glaça et qu’ils prirent la mesure de ce qui se passait. Car dans cette clameur ont pouvait entendre clairement les mots : « Mort au Duc et à ses sbires ! Mort au joug des puissants ! »Pendant ce temps plusieurs groupes, composés de paysans, munis d’armes rudimentaires, telles que fléaux, gourdins et fourches, fonçaient sur eux. Le Capitaine ne tarda pas à réagir, hurlant à ses hommes de resserrer les rangs et de couvrir tous les angles, tandis que d’un geste, il décapitait le bourgmestre félon. Le corps de celui-ci chut dans la boue qui commençait à rougir à mesure que des hommes tombaient, luttant pour la liberté ou pour la préservation de l’ordre.

Dans la mêlée, on pouvait distinguer un soldat, visiblement un gradé, vêtu d’une armure bien entretenue, qui pourfendait ses adversaires sans peine. Il fallait bien dire que les soldats, quoiqu’en sous-effectifs, bénéficiait d’un meilleur entraînement et d’un meilleur armement que leurs adversaires. Aussi, lorsqu’il vit un paysan des plus hideux s’approcher de lui, l’homme eut un sourire, sourire s’élargissant encore lorsqu’il vit que cet imbécile n’avait pas d’arme. De taille moyenne, roux, vêtu de loques, il faisait vraiment pitié à voir et était totalement repoussant, avec des furoncles sur une partie du visage, sa mort serait sans nul doute la meilleure chose qui puisse lui arriver. Le guerrier leva sa lame et frappa. Avec une rapidité stupéfiante, le paysan l’évita et le frappa à la gorge. Le soldat ne comprit pas ce qui lui arrivait, tandis que sa gorge lui faisait soudainement mal. Il y porta la main, cherchant désespérément à reprendre son souffle et sentit un liquide poisseux qui s’en écoulait. Hagard, il regarda sa main, couverte de sang. Le paysan avait déjà disparu tandis que la brute s’effondrait, morte.

De son côté, le Capitaine tailladait les marauds, mais force était de constater qu’en plus de leur nombre, ils étaient habités par une forme de rage qui les rendaient encore plus dangereux. Les hommes sous ses ordres commençaient à tomber de plus en plus rapidement, submergés par le nombre. Le combat semblait définitivement perdu pour le camp ducal . Avec son courage habituel, le neveu d’Helfenstein décida de fuir pour prévenir son oncle et lança son cheval au travers de la bataille. Les paysans ne purent l’arrêter et rapidement, il fut hors de portée. Il avait eu chaud, car ceux-ci étaient nombreux et avaient sans trop de problèmes vaincu une troupe considérée comme bien entraînée. C’est alors qu’au milieu du chemin, il vit un homme, seul, hideux de par ses furoncles, qui le regardait en souriant. Sans plus réfléchir, le capitaine fit accélérer sa monture et tira son épée. Sa lame rencontra le vide mais pas de paysan et le noble fut projeté à terre. Tentant de se relever péniblement, il vit que sa monture était à terre et que le paysan se rapprochait de lui en sifflotant. Le noble le supplia, demandant, la voix tremblante de peur :

- Pourquoi faites-vous cela ?
- Pour Lucifer !
Telle fut la réponse du paysan, alors que des griffes sortirent de ses mains et que celles-ci lacèrent le corps du malheureux.

Une fois sûr de la mort du capitaine, Tsevaot rejoignit le village. Profitant du fait que ses collègues dénombrait les victimes et pillaient les corps, il fit le tour des chaumières. Et dans l’une d’elle, il trouva son bonheur. Jeune, pas plus de 16 ans sans doute, les vêtements déchirés, le regard vide. Une proie si innocente et très probablement douce . Lorsqu’il eut fini, il se sentit apaisé. Comme d’habitude, elle n’avait pas crié, lui permettant d’accomplir sa besogne dans un silence quasi religieux.

Sortant, il se dirigea vers le chef de la bande de pillards, sans plus penser à la jeune femme qui lui avait permis de retrouver un semblant d’humanité, de calmer la pulsion qui le rongeait. Mais jusqu’à quand ?

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#2
La nuit commençait à tomber sur le château. À l’extérieur, les sentinelles effectuaient des rondes sur les remparts, tandis que des patrouilles munies de lanterne circulaient dans les rues à l’intérieur des murailles. La pluie avait cessé de tomber, le ciel était encore un peu couvert, mais on voyait les étoiles. L’air était lourd.
Dans les couloirs du château, l’atmosphère était malgré tout à la liesse. En effet, demain c’était dimanche. Et pas un dimanche ordinaire, non. Voyez plutôt demain, on fêterait la résurrection du Christ. Alors, on s’affairait à décorer, à préparer le festin qui s’ensuivrait. La Réforme n’avait pas vraiment changé les mœurs ici, on restait catholique et l’on serait donc bien content de pouvoir enfin festoyer. Le seigneur du lieu en personne inspecta une dernière fois la salle des fêtes en compagnie de l’évêque et les deux hommes, satisfaits, allèrent se coucher. Il était alors aux environs de 21h.

Sur le mur Est, Hans patrouillait tranquillement lanterne à la main. Il était plus que content que cette satanée pluie ait cessé. Lors de sa ronde de l’après-midi, notre brave soldat avait fini trempé et avait craint d’attrapé la mort. Depuis, il ne cessait de renifler, pestant contre ce sale temps. Mais il savait également positiver : demain, c’était Pâques. Cela signifiait qu’il y aurait de la bonne nourriture pour lui et les autres gardes. Et puis le soir, ce serait la fête. Cela lui rappela que non seulement, il serait de repos et qu’il pourrait donc aller à la taverne où la fête durerait jusqu’à tard. Depuis le temps que la petite Gretchen le tentait, il allait enfin avoir sa chance avec elle. Tout en pensant à cela, il observait les environs, vigilant. On les avait mis en garde : les paysans étaient agités ces derniers temps, encore plus que d’habitude. Il faut dire que le seigneur local, le comte Ludwig von Helfenstein, n’était guère tendre avec eux et était réputé en dehors des frontières de Weinsberg. Mais il était le gendre de l’Empereur, aussi faisait-il ce qu’il voulait. Et puis, il payait comme il faut sa milice, alors Hans n’avait aucune raison de lui en vouloir. Lui, il faisait son travail et touchait sa paye. Le reste, il n’en avait décidément rien à faire. Enfin, il arriva auprès de la tour qui faisait la jonction Nord/Sud, où était posté son collègue. Il entra dans la tour et monta les marches jusqu’au sommet. De là haut, on avait une vue imprenable sur les environs et il adorait contempler, le paysage, de jour comme de nuit. Et comme ce soir la nuit était clair, il se réjouissait. Lorsqu’il arriva à nouveau à l’air libre, il avisa son collègue, assis. Ce crétin de Friedrich allait avoir des problèmes prochainement, s’il continuait à être si peu vigilant. Hans s’approcha et lui tapota sur l’épaule. Friedrich se retourna, mais… ce n’était pas lui. À sa place, c’était un homme, plutôt grand et particulièrement hideux. Celui adressa un sourire à Hans avant de plonger ses griffes dans sa poitrine. Puis tranquillement, Tsevaot fit signe à son collègue de monter. Il prit l’uniforme de Hans, le mit et tous deux descendirent. Demain serait un grand jour, oh oui…

Alors qu’ils descendaient, Tsevaot se dit qu’avec la nuit devant eux, il avait du temps à tuer et que ce serait l’occasion de s’assurer qu’il soit pleinement concentré demain. Aussi, lorsqu’il se sépara de Kurt, décida-t-il d’aller se chercher une proie au sein du château. Ses ordres étaient d’être présent le lendemain pour le coup de force des paysans et d’y éviter les débordements, il n’avait pas de consignes pour la nuit qui précédait…

Le démon entra donc dans le château, discrètement. Son uniforme le protégeait un peu, mais pas trop, car les gardes devaient être relativement connus de la domesticité. Tsevaot préféra donc se la jouer discret, rasant les murs. Il passa la salle des fêtes pour se rendre dans le quartier des domestiques, un lieu où il trouverait certainement une ribaude à son goût. Errant discrètement dans les couloirs, il tomba soudainement sur une jeune femme, qui le regarda, visiblement surprise et lui demanda ce qu’il faisait là. Tsevaot prit le temps de la détailler : de taille et de corpulence moyenne, avec une paire de seins accueillants, blondes avec des tresses et des yeux marrons. Elle ferait l’affaire. Le garde esquissa un sourire, et répondit qu’il s’était un peu perdu et la pria de lui montrer le chemin vers la sortie. La jeune domestique, elle ne devait pas avoir plus de 17 ans, sourit et passa devant. Le démon sourit à son tour, mais pas pour les mêmes raisons. Il profita du moment où elle passait devant lui pour saisir sa tête et la cogner violemment contre le mur. Une fois, deux fois, trois fois. Lorsqu’elle eut cessé de bouger, le démon s’adonna à sa besogne. Comme toutes les autres, elle ne cria pas.

Alors qu’il se redressait, satisfait et l’esprit plus libre, il entendit des pas derrière lui. Se retournant le démon constata que la personne qui arrivait était une jeune femme, probablement une autre domestique. Sans trop réfléchir, il sortit ses griffes. L’heure n’était plus à la parole. Elle en savait trop. C’est alors qu’il s’approchait qu’il sentit comme une raideur dans ses muscles. Avec horreur, il comprit mais trop tard. Ce n’était pas une simple domestique, mais bien une saleté d’angèle. Il pouvait encore parler, mais à quoi cela lui aurait-il servi ? Il vit apparaître avec effroi dans les mains de la jeune femme une arbalète. Tsevaot ne savait pas qui elle était mais cela ne semblait pas être réciproque. En effet, juste avant d’appuyer sur la détente elle lui dit d’une voix douce des mots qu’il n’allait pas oublier : « Mon cher, c’est ici que ton règne de mâle s’achève. Désormais, les femmes cesseront d’avoir peur pour leur corps ! »

Le carreau lui perfora la tête et le démon disparu dans un *PLOP* sonore. Le Capitaine n’allait pas être content.
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#3
Peu après, en Enfer

Tsevaot entra dans le bureau. Enfin, de bureau, le lieu n’avait que le nom. Taillé dans un marbre noir comme le jais, gigantesque, bien cent mètres carrés à vue d’œil, meublé sobrement mais richement, avec tout ce qu’il faut comme alcools, objets technologiques et armes de guerre. Non décidément, Baal était du genre généreux, mais il pouvait se le permettre vu sa puissance en Enfer. Et dire que le démon de Baal ne pénétrait que dans le bureau d’un Capitaine, il y avait de quoi rêver… Mais hélas, il n’était pas là pour passer un bon moment. Certes, on passait peu de bons moments en Enfer, à moins d’être invité par un Prince ou un haut gradé ou d’être testeur de perversions pour Andréalphus, en tant que chef testeur, pas sujet de test. Mais là, ce qui attendait notre démon, c’était une grosse remontée de bretelles.
Aussi lorsque le Chevalier de Baalbérith l’avait laissé là, seul, face au Capitaine des Armées Infernales, Tsevaot s’était-il senti démuni. D’autant plus que le capitaine, depuis son trône fait en crânes de bestioles plus ou moins identifiable. Mais surtout, le Capitaine Schtzngrm sait se rendre inquiétant. Déjà, il a un nom dont la prononciation est des plus incertaines pour ceux qui ne le connaissent pas où n’ont pas été briefés. Heureusement pour Tsevaot, sa dernière incarnation ayant été allemande, il se doute bien qu’il faut tenter un truc du genre « Schützengrum », une forme bâtarde du mot signifiant « tranchées » en allemand. Le démon ignore l’apparence terrestre du Capitaine mais en Enfer, ce dernier sait cultiver son apparence. De grande taille, facilement 2 mètres, la peau violacée, des muscles saillants devinables sous sa grande toge rouge sang et visibles au niveau de ses bras, puisque sa toge n’a pas de manches. Elle comporte toutefois un capuchon d’un rouge plus sombre, comme le sang séché, avec des petits bords en or. Cela rend son visage invisible et seuls deux yeux rouges brillants sont clairement visibles.
Tsevaot déglutit et pose un genou à terre devant son supérieur en s’annonçant :

- Chevalier de l’Ordre Noir Tsevaot, au rapport Capitaine !
- Repos, Chevalier ! Relevez-vous et admirez votre œuvre !

Tout en disant cela, le Capitaine lui indique d’un doigt long, décharné et orné d’un ongle noir et pointu la fenêtre donnant sur la Cité de Dis. Jusque là, le paysage était du genre désolé, puisque cette fenêtre donnait sur l’un des lieux de torture des guerriers en Enfer. Ici, on avait affaire aux lâches, ceux qui étaient morts sans honneur, planqués ou en fuite, voire se pissant dessus. Ils étaient condamnés à charger une tranchée tenue par d’autres couards, avec comme seule arme pour tous un caillou, de taille moyenne. Ceux qui refusaient le « jeu » étaient déchiquetés par de gentils démons de combat. Mais ce paysage infernal s’estompa peu à peu pour laisser place à un tout autre décor. On avait beau être au Moyen-Âge, Vapula sévissait déjà et l’Enfer était bien fourni question technologie. C’est ainsi que Tsevaot put assister en direct aux événements de Weinsberg, la montagne du vin. Sauf que là, c’était un peu un vin pré-Sainte Cène qui s’écoulait. En effet, les paysans avaient pris d’assaut le château et avaient entrepris de tuer avec application TOUS les nobles, si possible en les faisant souffrir un maximum avant cela. Membres arrachés, écrasés, nobles empalés vivants et laissés pour mort alors qu’ils agonisent durant des heures et autres actes charmants.
Puis la vision change et l’on voit des hommes, bien habillés, discuter vivement et une immense armée fondre sur ce qu’il reste du château aux mains des paysans. Ceux-ci sont rapidement débordés et mis en déroute, tandis que leur chef est tué.

Souriant, le gradé s’adresse à son subordonné, d’un ton calme et posé :

- Bien. Je pense que vous pouvez faire une croix sur vos vacances de Pâques, Chevalier. La mission que vous avait assignée le Capitaine de la Mauvaise Foi Aschloch était, d’après le parchemin en peau de chèvre T-34451a, je cite « Surveiller les événements de Weinsberg pour éviter tout débordement nuisible à la cause ».

Le Capitaine s’arrête alors, regardant son subordonné, tandis qu’un sourire mauvais peut être aperçu sous sa capuche. Tsevaot se dit que non seulement, Schtzngrm n’est pas très sympathique, mais qu’en plus, il a un humour pire que celui d’un Kobal. Ses pensées sont interrompues lorsque le Capitaine reprend :

- Donc, c’est un échec cuisant, pour ne pas dire total. Ce massacre a fédéré la noblesse et le clergé contre les paysans, ce qui promet un rapidement écrasement par les anges de ces rebelles. Mais rassurez-vous, cette échec a été étudié par Malphas lui-même. Inutile de dire que le Capitaine Aschloch ne porte plus ce titre ni que les Cuisines d’Haagenti n’ont plus de secret pour lui. Pour ce qui vous concerne, je vais vous lire le rapport vous concernant, on gagnera du temps.

S’emparant alors d’un parchemin noir comme du charbon le gradé commence à lire à voix haute :

- « Démon plutôt compétent, testé en vue de l’obtention du Grade de Capitaine. Blablala, a échoué à sa dernière mission et à oublier que ses supérieurs ont parfois la faculté de lire les pensées et que conséquemment, il n’apprécie pas qu’on ose les comparer avec des petits rigolos inutiles. Conséquemment, il a été décidé de retirer la limitation nécrophile au démon Tsevaot. »

Schtzngrm pose le parchemin, souriant, l’air satisfait. Tsevaot de son côté respire et dit, d’un ton exprimant le soulagement :

- Merci Capitaine, d’avoir pris en compte les circonstances particulières à mon cas !

À ce moment là, le démon de Baal qui lui fait fasse tremble. Tsevaot le regarde sans comprendre alors qu’un son stridant et glaçant sort de la gorge de son interlocuteur. Avec effroi, notre Chevalier comprend qu’il s’agit d’un… rire. Et les mots qu’il entend ensuite prononcé, calmement, sont autant de coups pour lui :

… de plus, le Chevalier Tsevaot est dégradé et redevient un simple grade 0, chargé d’instruire les démons sur le principe de discrétion avant leur incarnation. Sa nouvelle limitation lui sera attribuée au hasard et une nouvelle incarnation n’est pas à prévoir avant quelques siècles.

Ceci dit, le Capitaine sourit encore et conclut en regardant une horloge, sur le mur derrière Tsevaot :

- On vous attend dans 5 minutes en salle de théorie TD-437631, soyez à l’heure, démon et soyez heureux, le dernier à être passé ici, je suis assis dessus.

Tsevaot se lève, salue respectueusement et sort. L’éternité allait être longue soudainement…
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