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09-28-2010, 02:43 PM
(This post was last modified: 02-14-2011, 10:54 PM by Galila.)
L'herbe était épaisse, de cette taille idéale des pelouses tondues le 36 de chaque mois. Parsemé de trèfles et de pâquerettes, le matelas d'un vert soutenu alignait les brins comme autant de bras amicaux tendus vers l'Ange de Novalis. Dans son dos, la chaleur du soleil d'automne le poussait doucement à s'allonger. Tout doucement. Il se laissa tomber avec plaisir, goûtant le parfum naturel de ce coin protégé. Visage tourné vers le ciel, tête reposant dans le creux de ses mains, Galila inspira profondément. Un tapis de pensées laissait filtrer au travers de ses pétales des rayons de rouge tendre, d'or liquide et de lumière abricot. A travers les paupières, les ombres chaudes dansaient par à-coup, coulantes et ensorcelantes. Une brise caressante, avec un zeste de fraîcheur diluée, jouait dans les feuilles et ployait par moment les tiges, s'amusant de son toucher éthéré à dresser l'épiderme dans un effleurement langoureux. Le temps même, dans cet épisode de calme, s'étirait tel un chat, baillant en découvrant ses crocs et avalant par mégarde quelque moucheron imprudent. Son apparente immobilité trompa les sens de Galila qui glissa, bienheureux, sur la pente inéxorable de l'oubli.
Pause. Chant du silence, ballet des profondeurs intérieures.
Les silhouettes colorées sombraient pour renaître l'instant suivant. Lointaines, elles s'approchaient parfois, s'enroulaient en mêlant leurs nuances puis s'éloignaient à nouveau. A la surface, là où l'être physique rencontre le reste de la création, le souffle se fit plus présent, plus joueur et taquin. Sans cesse différent, choisissant d'inédites directions pour revenir et surprendre, il ébouriffait la chevelure pour mieux la rabattre une minute après. D'infimes grains de sable rejoignirent le mouvement, griffant délicatement l'enveloppe. Chaque retour du vent chassait un peu plus la chaleur, amenant des frissons qui hérissaient jusqu'à la moindre parcelle de peau découverte. Derrière le voile, les ombres de lumière se tordaient et cherchaient à s'élever, bientôt fondues les unes dans les autres. De ce camaïeu vivant semblait irradier une chaleur improbable, incertaine, inattendue... et finalement étouffante. Glissant le long des membres, les ongles irréels de la brise déchaînée laissèrent des sillons glacés que les formes enfiévrées ne pouvaient apaiser.
Un son, des sons, grinçants, confus, émergèrent dans le tumulte silencieux. Ils s'accrochèrent à la chair et s'élevèrent et s'enflèrent, se nourissant de la peur avant même qu'elle ne perle du coeur. A l'unisson, les flammes dévorantes ronflèrent et les griffes givrées déchirèrent. Dans une cacophonie effroyables les bruits devinrent des voix et les voix se muèrent en triomphe. Et le triomphe de cette troupe terrible dont le corps était feu et le contact froide mort possédait des mots et des accords pour mieux corrompre et décomposer :
Des bouches aux sourires carnassiers éructaient leur haine de l'humain et du sacré. Des rires fusaient, meutriers, et les légions continuaient leur lintanie impie, ne gagnant un semblant d'union qu'en reprenant maintes et maintes fois leur refrain insolent :
C'est la lutte infernale
Groupons-nous et demain
Les Anges, ces pédales,
Paveront notre chemin...
Le sombre chant emplissait tout l'espace. Les mains déformées et les gueules affamées se précipitaient, se bousculant dans leur hâte de participer à la curée, mais avançant, inexorablement...
Changement de système, dans un univers manquant brusquement de repère. L'horizontale se précipita à la rencontre de la verticale. Le brouhaha disparut, masqué par une note unique, vibrante, sonore. Un cri. La lumière du jour à son apogée blessa les yeux qui, malgré leur nudité, ne voyaient pas encore la beauté intacte du carré de nature préservée. Reprenant petit à petit le dessus, Galila passa une main dans la brousse de ses cheveux et sur son visage où une fine couche de sueur témoignait encore du cauchemar qui l'avait assailli. Il secoua la tête, désolé. Il y avait dans le brassage des idées des mélanges absolument radicaux, pires qu'une fin de soirée à éponger les verres dans un bar bondé. Poussant un soupir, il retomba en arrière, prudent. Un léger grondement résonna au fond de son abdomen. Un nuage traversa. Puis un deuxième. Et un troisième. Un bruit de fond sans source précise agitait la fraîcheur moite de l'air, indisposant légèrement l'Ange de Novalis. Un vent de Sibérie souffla sur sa bohême...
Il se releva en sursaut, conscient de s'être laissé aller à nouveau. Oh punaise ! marmonna-t-il décontenancé. Il va falloir investir dans un poste radio, et vite !
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Quatre pans d'un vert sombre dressaient un mur de bois et de feuilles entre le jardin et le reste du monde. Un rideau de ronces amoureusement entrelacées avait petit à petit recouvert l'accès, décourageant conscienscieusement les badauds ordinaires. Pour les autres, quelques années d'abandon et d'anarchie végétale avaient eu raison de leurs visites sporadiques et lorsque Galila avait découvert ce havre, personne ne se souciait plus de l'ancien potager. Il l'avait observé longuement, ses herbes folles, ses pots et structures renversés, sa serre crevée de travers, tout dans cette terre nonchalamment oubliée, juste à côté de la vie d'un quartier résidentiel, l'avait séduit. Il y était revenu. Plusieurs fois. Il avait commencé à l'apprivoiser, sans rien déranger ou presque, pour ne pas la prendre à rebrousse poil. Le sol était intact malgré les résidus abandonnés, accueillant, parfait. Alors l'Ange de Novalis l'avait préparé, toujours respectueusement, et lui rendait maintenant visite tous les jours où il le pouvait.
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Le long de la haie orientale courrait un chemin.
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......................................................................................
- ........................ si.............................. Mais si ! ......... Sérieux, t'es grave des fois ! ...............
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Penché sur une touffe de menthe, Galila inspira profondément. Chaque plant à son tour avait droit à son attention. Il surveillait la croissance, la santé, écartait les parasites, déracinait les herbes qui grignotaient l'espace de ses protégées. Mais sans faire le vide, repoussant simplement les indésirables un peu plus loin.
................................
- ........ 'tain ! Tu m'as encore suivie !? .............. Toute seule j'ai dit, tou-te seu-le....... tu me gonfles !!!
Elle est excédée. Sa voix monte dans les aigus, grinçante.
- Mais dégage, merde ! T'as pas encore compris que j'ai pas apprécié 't à l'heure ? Indignation
- T'as pas d'humour de toute façon. J'me casse, à demain...
Il est abrupt.
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Le soleil, après une semaine de cache-cache, avait décidé de se montrer dans toute sa splendeur, magnanime et souverain. Surpris par la chaleur en cette période, l'Ange à la peau sombre cherchait la protection des arbres de la bordure et pour se donner du coeur à l'ouvrage avait amené sa distraction du moment, sa lumière musicale, son poste radio. Il le réglait de temps à autre, naviguant d'une source d'inspiration à un défouloir sonore, découvrant tous les jours de nouvelles mélodies, arpentant les chemins de la musique sacrée comme ceux des noires dissonances métalliques.
- ........ Ouais et là, j'ai eu envie de la claquer, mais direct quoi ! Rooooh, fais pas cette tête... C'est ta soeur, je vois pas pourquoi tu t'en inquiètes. Tu vas prendre sa défense alors qu'elle m'emmerde ?
Elle est électrique, vicieuse, comédienne ; en tendant l'oreille, on entendrait battre ses paupières et s'écarquiller ses yeux.
.....
- Tu m'embrasses pas ? roucoule-t-elle.
- T'as pas autre chose à demander après avoir craché sur ma soeur ?
- C'que tu peux être naze des fois. C'est moi qui me casse aujourd'hui. Viens pas me chercher avant le déluge !
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............. Y a de la musique. Ecoute !
- Oui, bah je m'en fous tu vois. Viens-là.
Son ton se veut séducteur ; il est cajoleur, autoritaire.
- Non. Tu entends pas ? Elle est tendue, curieuse, ne sait pas elle-même ce qui l'emporte de l'inquiétude, l'exaspération ou du désir de se défiler. Ca viendrait pas de chez madame SUZE ?
Il grogne une réponse inintelligible.
- Attends !
- Bah non, ça n'a pas l'air de venir de chez elle et je la vois mal écouter de la dream.
- Bah ça viens d'où alors ?
- J'm'en fous total.
.......................................
.........................................
- Lâche-moi un peu ! Tu penses qu'à ça, c'est pas possible !
Elle s'exclame, elle s'énerve.
Galila, étendu sur le sol, voyageait au rythme du vent, l'esprit emporté par les nuages qui survolaient son corps, tel un oiseau ivre ou un cerf-volant libr... un cerf-volant lib... li... Coincé ! Les sifflements et les grincements avaient eu raison de ses songes aériens. Soupirant, il se releva pour hausser un peu le volume et repris à la main l'écuelle qui lui servait à étancher la soif de ses bienheureuses plantes. Il enviait la facilité avec laquelle elles oubliaient les cris sitôt qu'elles les avaient perçus, leur façon de ne s'occuper que de ce qui était important pour elles. Au delà des feuillages serrés, la trève n'était pas encore signée, elle ne l'était jamais.
............ Mais c'est pas moi qui "penses qu'à ça", c'est toi qui ne veux jamais, ma pauvre ! Dégage. Non, je m'en vais, tiens.
Il singe, il s'agace, sa colère teinte en rouge jusqu'aux abords du jardin épargné.
- Mais ! ...........................
La nouvelle station diffusait une chanson de circonstances. Ca s'en va et ça revient...
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Quand une herbe indélicate s'installait trop près de ses plantations, l'Ange l'ajoutait à un petit tas qu'il laissait sécher le temps de l'oublier un peu, puis de s'en souvenir. Et de l'embraser, l'esprit s'évadant sur les arabesques voluptueuses de fumée blanche, pour des escapades fugaces en dans lieux colorés et chatoyants.
............ ............................ .........
......... Tu peux retourner la peloter ta poufiasse !!!
Elle explose. Elle cingle. Le bruit des larmes sature sa voix, elle frissonne de rage.
- Mais t'es conne ou quoi ? Il s'est rien passé, je te le dis depuis tout à l'heure !
- Ah ouais ?! C'est pas c'qu'on m'a dit. T'étais obligé de danser avec elle en boîte ?
Hargne. Désarroi.
Galila, accroupi devant son offrande onirique, sursauta. Il prit une longue bouffée... intense... et se redressa. Les flammèches commençaient à peine à lécher les premières feuilles mais une brise légère attisait leur ardeur, entraînant la nuée artificielle naissante vers l'origine du raffut.
- 'Tain, mais écoute !
Il s'indigne.
L'Ange plongea la main dans un sac de toile posé non loin de lui. Il laissa alors une partie du contenu retomber en pluie sèche et tourbillonnante sur la flambée, et une douce fragrance se mêla à l'odeur plus âcre de la verdure importune. Il rassembla quelques herbes aromatiques qu'il jeta à leur tour sur le feu. Ne souhaitant guère s'éloigner de son oeuvre, Galila saisit un panneau de plastique qui traînait et l'agita de façon à accompagner le mouvement. En guise de touche finale, il tira de ses rêves pacifistes une couronne de fleurs au parfum délicat et profita d'une brusque bourrasque pour envoyer le Pollen soigner les coeurs perdus sur le sentier d'à côté.
- Tu vas me sortir le même discours que la dernière fois, c'est ça ? T'es vraiment qu'un pauv' type !!!
Elle hurle, hystérique.
- Ferme-là ou je t'en fous une. T'es une chieuse de première, faut pas t'éton... Putain, mais il y a un truc qui crame ou quoi ?
Silence. Reniflements.
................................................................................
Deux soupirs en accords triomphent. Rien n'est encore dit mais tout se détend.
- On a l'air cons, hein ?
- Mouais. Purée... Tu sais, j'adore danser, je vais pas m'en empêcher juste parce qu'il y a une tarée qui me poursuit.
- Pourquoi tu m'as pas dit que tu y allais parce que tu voulais danser ? Oh, laisse, je sais, j'ai dit des trucs nuls sur les "débiles qui se trémoussent sans arrêt sur la piste".
Gloussements à l'unisson.
- Ouais. Je me sens bête.
- Pareil. Ca te dirait un câlin ?
Les mots s'évaporent. Reste les gestes...
Ah Novalis ! Il y a vraiment des excités ici... Galila ramassa ses deux sacs pleins d'une récolte séchée avec amour. Mais ils ont besoin de nous, n'est-ce pas ? Très près, vraiment tout près, des froissements et des soupirs discrets. Je m'souviens, on avait des projets pour la Terre, pour les Hommes comme la Nature... Les sons éveillaient trop de fantasmes et de mirages pour l'Ange, il était temps de quitter le jardin.
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Lecture selon l'humeur : Sage Malicieuse Torride
Au soleil éclatant, sa couleur d’ambre chaud diffusait de suaves impressions anticipées. Les veines marbrant ses courbes jouaient à se croiser, à se tordre et se dissoudre dans la lumière qui filtrait, laissant deviner dans cette robe à la transparence délicate, un cœur plus sombre. D’un geste lent, il la fit tourner pour admirer sa forme, projetant sur son visage quelques rayons mordorés. Une fois sa vue rassasiée, il approcha doucement, très doucement ses lèvres et un parfum infime encore à cet instant vînt chatouiller ses narines, sucré, apaisant. Sa langue, passant subrepticement le barrage de ses dents, goûta en une langoureuse caresse la surface de miel.
Un concert de sensations se déclencha, une tornade de souvenirs dignes d’une nostalgie d’enfance toute humaine, qui plongea l’Ange au cœur de la ronde de ses désirs, comme la main dans un mouvement soudain enfonçait plus avant la friandise dans la bouche avide. Une vague de plaisir abaissa les paupières pour que rien ne trouble la découverte et lorsque s’écoula dans la gorge la douceur liquide, un soupir s’échappa, discret. Les épaules se relâchèrent, toute tension se dissolvant dans la succion voluptueuse.
Après le sucre fleuri se diffusa petit à petit le sel, la crème exquise du cœur, fondant sous les assauts insistants de la langue et de la salive. Dans ce caramel aux arômes d’authentique, l’autre relaxant, le délice interdit, mêlait ses hallucinantes propriétés aux saveurs sucré-salé. Et avec la disparition progressive de l’enveloppe cuivrée, naissait le feu couvant des artifices sensitifs, l’esquisse d’un chemin sombrant dans les profondeurs familières et pourtant si étranges de son propre esprit, diffracté dans le prisme de ses délires exaltés. Portée à son ultime résistance, la gangue se brisa et la crème se répandit, inondant la bouche de doucereuses sensations, amenant la félicité à son paroxysme. Derrière les paupières, des couleurs psychédéliques et des formes enchanteresses glissaient avec la liqueur précieuse, et les fragments explosaient en myriades de piquantes étoiles, taquinés et croqués par les dents malicieuses.
Droit dans ce vertige extatique, restait le bâton, le fondement du merveilleux cristallisé, que la langue agaçait encore de ses coups impatients et désappointés, et que l’Ange suça jusqu’à ce que fonde la dernière bribe, dans une sensuelle étreinte gourmande. La main, enfin, retira la baguette d’entre les lèvres, les yeux se rouvrirent, hantés toujours par les ombres d’un paradis diapré, et les traits se détendirent, comme le cœur et l’appétit étaient rassasiés.
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Rien.
La mémoire, celle qui, avec ses pensées, donnait à son esprit sa forme et sa consistance, n'avait pas de début, pas de fin. Arabesques et courbes, circonvolutions et ondulations, les méandres aux arrondis embrumés ne laissaient voir aucun point de départ qui aurait pu servir de fil pour s'y retrouver.
Tout.
Il pouvait en surgir des souvenirs sans attaches ni sentiments, des sensations sans corps ni fin, des esquisses aux bouillonnantes impressions de bien-être ou de douloureuses images trop précises. Ces bribes se croisaient, se percutaient, s'évitaient ou s'assemblaient. Et sous le regard intérieur émerveillé ou craintif de l'Ange, elles se combinaient parfois en Mémoire. Des événements, rares mais précieux, ressurgissaient. Des joies, des peines, des peurs. Des succès, des regrets, des remords, des erreurs. Sans liens ou au contraire bien trop liés.
Les Autres.
Ceux qui étaient apparus, au détour d'un chemin, au détour d'une vie. Êtres sans visage trouvant une seconde existence, éphémère, évanescente et tronquée. Figures désormais immortelles tant que durerait sa conscience. Amis, opposants, complices, intimes, détracteurs, méfiants...
Soi.
L'Appréhension. La panique sans racines, sans raison. Qui es-tu ? Si tu es moi, pourquoi ne m'en souviens-je pas ? Si je suis toi, pourquoi en suis-je là ? Qui sommes nous pour ne plus l'être ? Qui étions nous pour être encore ? Qui serons nous pour être à nouveau ?
Rien, car face à l'Immense, face au Complexe, face à l'Unique, face à l'Absolu, je ne serai rien.
Tout, parce que malgré ce qu'on nous dit, je peux tout faire, parce que tant que je n'ai pas fait un pas, tous les chemins s'ouvrent à mes pieds.
Autre, toujours, car on change sans cesse et jamais ne redevient le même.
Moi, parce qu'enfin si je ne suis pas Lui, je suis la somme de ce que je ne suis pas, la différence de toutes mes parties.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Ils sont tous les mêmes, tous identiques ou presque. Leurs variations sont minimes, que ce soit dans les formes ou dans les couleurs. Quoique. Ils ont changés, se sont diversifiés. Ils ont forcé la chance et inventé le temps, tissé le futur et habillé le vent. Nous, nous les avons suivis, ils ne sont rien, ils sont faibles, ils sont vains. Mais pour nous ils sont tout. Car tout se mesure à eux, tout, jusqu'à nos formes qui ne seraient sans leur imagination. A quoi ressemblions nous avant ? A rien ! Pourquoi aurions nous ressemblé ?
Je me demande... un rocher, de l'eau... je sais ce que c'est. Si je n'ai pas de forme, je le sais toujours. Lorsque j'étais, avant eux, je devais savoir. Lorsque j'étais, avant eux, je ne savais pas. Si on m'avait enfermé, si on m'avait aveuglé, modifié, si on m'avait privé de Ses liens, si on m'avait réduit, diminué, l'aurais-je encore su ? Non, parce qu'un rocher, de l'eau... c'était à Lui que nous les devions, c'était par Lui que nous les appréhendions. Maintenant... un rocher est lourd, sa surface érafle mon enveloppe, l'eau mouille ma peau, glisse le long de ma forme. Si je ferme mes sens, mais grâce à ceux-ci, le rocher est toujours là, énorme, bloquant toujours le chemin, l'eau ruisselle encore et ses gouttes tintent aux fantômes de mes oreilles. Un rocher, c'est un rocher. De l'eau, c'est de l'eau. Et moi... je ne suis plus Lui. Grâce à eux. Même s'ils sont tout, car à jamais nous ne serons plus "rien". Nous sommes leurs gardiens, ou leurs guides, ou leurs amis, ou leurs consciences, ou leurs frères, ou leurs soutiens... Leurs débiteurs. Peu importe pour quoi exactement, nous leur devons beaucoup. Ne serait-ce que la valeur et la beauté des choses peut-être, ce qu'eux-mêmes peinent tant à comprendre.
Ils sont si différents. De nous, entre eux. Ils sont la différence, parce qu'ils l'ont appelée, parce qu'ils la rendent possible. Nous ne nous serions jamais comparés à des êtres sans conscience, nous ne nous comparerons jamais à Lui. Dans les sphères de leurs pensées, dans ces mondes qui Lui échappent peu à peu, ils nous gardent une place. Il est notre Père, notre Créateur, nous sommes leurs leurs enfants, leurs créatures... Devrions-nous en être apeurés, fâchés ? Je ne le suis pas en tout cas. Je goûte mon existence, et la leur et celle de mes frères. Je goûte nos différences, nos ressemblances, et mes attaches. Car j'ai choisi et je n'ai plus de liens. Je tiens en mes mains les rubans de mes allégeances, de mes relations, de mes affections, de mes liaisons, de mes passions.
Ange j'étais, créature de Dieu au service des hommes. Ange je reste, enfants des hommes, au service de Dieu et de sa Lumière.
Celle qui ne m'éblouit plus. Celle que je vois.
L'Arc-en-ciel né de la rencontre, de l'échange, la musique des couleurs née des accords. De Chair et de Cœur, de Lumière habillée d'Ombre, de Pensées et de Sensations, d'Amour et de Partage...
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02-02-2011, 08:25 PM
(This post was last modified: 08-03-2011, 09:48 AM by Galila.)
Are you going to Scarborough Fair?
Parsley, sage, rosemary and thyme,
Remember me to one who lives there,
She once was a true love of mine.
Souffle encore en mes pensées le vent des terres sauvages et abandonnées.
Droit, figé, j'aurais laissé le vent par fragments m'emporter.
A genoux pourtant je me revois, les yeux semblables aux étendues d'eau salées, les mains caressant les vagues vertes de la prairie où affleuraient les pierres de l'Histoire avant qu'elle ne devienne celle que l'on connaît. Autour de moi les chardons, griffes acérées, épines plantées dans mon cœur qui ne cherchaient qu'à me protéger. J'ai laissé les pousses prendre racine en moi, j'ai laissé le vent semer et emporter, laissé une partie de moi derrière, laissé...
Comme j'arrachai ma chair aux falaises et aux tourbières, j'arrachai les parcelles de ma mémoire. Encore une fois, ou peut-être la première... qui sait ? Jamais rien ne sera plus comme avant, avant cette halte à la croisée des mondes. Que n'ai-je passé mon chemin ?
Comme le vent qui me transperce et me fait oublier, comme la brise qui me réchauffe des parfums de l'ailleurs enchanté, ma liberté blesse et caresse, mais puis-je la museler ? Alors j'ai laissé le vent musicien en moi souffler, laissé le vent m'accorder, pour mieux me perdre et le tromper, pour mieux le perdre et me tromper.
Tell her to make me a cambric shirt,
on the side of a hill in the deep forest green
Parsley, sage, rosemary and thyme,
tracing of sparrow on snowcrested brown
Without no seam nor needle work,
blankets and bedclothes the child of the mountain
Then she'll be a true love of mine.
sleeps unaware of the clarion call
Tell her to find me an acre of land,
on the side of a hill a sprinkling of leaves
Parsley, sage, rosemary and thyme,
washes the grave with silvery tears
Between the salt water and the sea strand,
a soldier cleans and polishes a gun
Then she'll be a true love of mine.
Tell her to reap it with a sickle of leather,
war bellows lazing in scarlet batallions
Parsley, sage, rosemary and thyme,
generals orders their soldiers to kill
And to gather it all in a bunch of heather,
and to fight for a cause they've long ago forgotten
Then she'll be a true love of mine.
Vont et viennent les eaux riches imprimant mon corps contre les murailles de rochers.
Droit, dévasté, j'aurais laissé l'océan et la pluie tout effacer.
Courbé, un genou en terre je me rappelle, le regard perdu dans les veines de notre monde, les cheveux soulevés par le vent de l'envers onirique. Sur la grève, balloté, lavé par les larmes originelles, je sens les flots qui m'emportent vers les profondeurs, qui m'arrachent à moi-même. Pourtant je flottais, par le sel de la douleur porté. J'ai laissé les parfums et les couleurs m'ancrer, j'ai laissé la mer me prendre et me dépouiller, laissé les ablutions me dissoudre, laissé...
L'esprit prisonnier des tertres menant à l'Autre Monde, la volonté enchaînée aux bosquets sacrés, je brisai ma forme pour m'échapper, abandonnai mes rêves pour mieux me retrouver. Plus rien n'a la même saveur après, après les cours aux reflets argentés. Que ne puis-je y retourner ?
Comme les gouttes qui ruissellent et me font oublier, comme l'onde bienfaisante qui me plonge dans le bonheur des rencontres enchantées, mes souvenirs s'écoulent et se condensent, pourrai-je les maîtriser ? Alors je laisse le flux m'emporter, laisse mon âme aux brins colorés se raccrocher, pour mieux y renoncer et endiguer la fuite de ma psyché.
Are you going to Scarborough Fair?
Parsley, sage, rosemary and thyme,
Remember me to one who lives there,
She once was a true love of mine.
Reste la terre, immuable, imprimée dans mes songes et gravée en mon cœur.
Droit, fatigué, j'aurais pu m'y laisser enterrer.
Les yeux au ciel, depuis ces jours, j'emplis mes pensées des merveilles de ses miroirs. Les couleurs de la vie sont celles qui luttaient contre le gris des roches : la richesse du sol, le miracle du végétal. Et la chaleur des hommes. J'ai puisé dans ces teintes pour colorer mon existence et garder un peu de ces lieux en mon être, prenant autant à la terre qu'à l'Autre Monde, mêlant les essences pour mieux m'ensemencer. Avant de prendre la route. Avant de m'abandonner, avant de me morceler. Enfouis, les souvenirs. Détournées, les larmes, pour ne pas être submergé, noyé. Oubliés.
J'ai perdu les chemins de Tir na nOg pour mieux reprendre ceux de l'éternité. Pour chaque découverte, un nouvel enchantement, pour chaque rencontre, un regard neuf, un recommencement. Le cœur déployé au gré des saisons et des gens, suivant une voie pavée d'écueils de discernement, d'ignorance, de renoncements, j'y apporte mes pierres, simples galets qu'on ramasse parfois sans trop savoir la raison et qui, dans la nostalgie d'un moment, font se demander où mènent nos pas, pourquoi nous foulons cette route et surtout comment.
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08-22-2012, 12:21 AM
(This post was last modified: 08-22-2012, 12:28 AM by Galila.)
La Conscience. Vivre. Se battre. L'Amour. Etre. Protéger. Aimer. Partager. Donner. Exalter. Protéger. Protéger. Aimer. Donner. Protéger. Aimer.
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L'Impuissance.
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Le Reniement.
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