"Orandum est, ut sit mens maleficum in corpore perniciosa"

[Diaoul]

Hôpital central de M'Bobo-Lha. Rwanda

Je me redresse péniblement sur mon lit d'hôpital, la tronche en vrac. Ma première sensation est cette putain de douleur corporelle. Ma parole, par toutes les chattes vérolées de l'enfer, j'ai l'impression d'être passé aux travers d'un mixeur rouillé tant le moindre de mes muscles me déchire de souffrances.
Je prends quelques minutes pour reprendre le fils de mes pensées, puis je regarde autour de moi.
Je suis dans une chambre d'hosto la plus pourave de la création, y a une blatte qui me fait de l'oeil au coin du lit (tiens, elle me rappelle une vieille copine!! elle avait le même regard nièvre) la porte de ma chambre est entrouverte et je vois passer une infirmière dans le couloir. Une black.. puis un médecin l'interpelle avec un fort accent africain.

**Putain c'est quoi ce foutoir??... où est ce qu'ils m'ont envoyé ces cons là!!? Même pas foutu de vous incarner au bon endroit... bande de baltringues!!! je suis au fin fond de l'Afrique! Merde!**

J'arrache les intraveineuses d'un mouvement rageur puis je saute du lit et je file dans la salle de bain pour voir a quoi je ressemble. Une belle carrure,un corps musculeux et puissant, j'ai l'air d'avoir écopé d'une incarnation potable...par contre je suis roux, et laid comme une vieille grole de foot ... je vais encore devoir violer si je veux baiser... enfin bon on peut pas tout avoir et puis ça me rappellera le bon vieux temps!

Le lendemain à la sortie de l'hôpital:

"c'est quand même incroyable que vous aillez survécu aux cinq balles de AK-47 qui vous ont perforé docteur Lehaen ... Vous avez un ange gardien qui veille sur vous!!"

Je la regarde avec un air cyniquement approbateur.

"Oui j'ai eu une sacrée chance vous pouvez le dire"

**Ange-gardien mon cul oui !!! si j'en croise un je lui fait bouffer ses ailes à cet emplumé!**

"Alors c'est décidé, vous nous quittez pour revenir en France?... vous savez on pourrait vraiment avoir besoin de vos compétences de médecin au Darfour ... Enfin je comprends que vous preferiez [size=8pt]prendre du recule après une telle epreuve. Moi à votre place j'aurai certainement réagis de la même manière"

Foutre de chien ce qu'elle à la langue pendue! Si cette carcasse n'était pas morte par balle, c'est le suicide qui l'attendait avec une collègue pareille... je réponds machinalement des "moui" "humhum"..."absolument"  sans vraiment écouter les encouragements de prompt rétablissement, de voyage agréable ou de bonne continuation. Bref tout ce baratin niaiseux me saoul. Je lui adresse un poignée de main soulagée et un grand sourire hypocrite quand elle se décide à enfin me lacher la grappe.

"Mais dites Moi docteur, vous reviendrez n'est ce pas?"

"Ne vous en faites pas.. partout où il y aura des guerres, je ne serais jamais bien loin"

3 jours plus tard devant l'aéroport Charles De Gaulle:

Le chauffeur de taxi se tourne vers moi et me dit avec sa face de gouailleur sentant la gauloise froide, les hydrocarbures et le jambon-beurre :

"Et Il va où ?"

**Niquer ta mère du con!**

je regarde mon passeport une fois encore.Impossible de me souvenir du nom de ce bled.

"Immac-sur-sable ... "

4 heures plus tard sur la place principale de la bourgade:

Et bien ça y est, "Immac-sur-Sable" me voila...j'ai aucune idée de ce que mon corps a put foutre ici et qui il connaissait de son vivant.. faut croire qu'il est du coin, j'ai même une baraque, c'est dire!.
J'ai plus une tune, je creve de soif, il fait un temps de merde et je connais personne! je sens que je vais "adorer" ce foutu bled paumé!!

~ soupire de résignation affligée ~

Quand soudain, au coin d'une ruelle, je sent une odeur pestilentielle de poisson pourrit. Un type marche les mains dans les poches devant moi, il chlingue à dix pas l'affreux. C'est pas humain de refouler comme ça!!  Je le suis discrètement jusqu'à l'entrée d'un bar ordinaire. Mais une fois a l'intérieur je revise fissa mon estimation. Ce bouge n'a rien d'un bar comme les autres... un vrai nids de cornus !! bon sang j'ai l'impression d'être au septième cercle. Ca ferait presque plaisir de voir leurs sales trognes.

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