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Stagiaire un jour, stagiaire toujours
#1
Quote:Affaire: A-513-361-WX2

Ange Beretta,

votre demande a été examinée auprès de nos services et votre requête a été validée. Vous pouvez dès à présent vous rendre auprès du centre le plus proche. N'oubliez pas de terminer les démarches nécessaires à votre complément de formation. Nous sommes persuadés que vous en sortirez transformé comme l'ont été de nombreux autres anges, grâce à notre programme révolutionnaire qui a été validé par les meilleurs spécialistes du domaine.

Coordonnées du centre le plus proche:
CAPOUÉ
Hammac sur Lie
Département Communication et Sociologie
Bureau E5CBA8F9-85B0, 5ème sous sol


Dans l'attente de vous voir,
Le responsable de formation.

Beretta regardait avec appréhension le bout de papier. Après tout, c'est elle qui l'a demandé après l'ènième altercation avec un ange. Mais elle avait comme un mauvais pressentiment. Elle mit un peu d'ordre dans son bureau avant de partir, essayant le plus possible de gagner du temps avant l'inéluctable. Elle confia les entretiens à venir à sa secrétaire, lui faisant plus confiance qu'elle ne le devrait. Puis elle referma doucement la porte et serra les dents.

Ca va aller, ce n'est qu'un mauvais moment à passer ...



Vraiment ?
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#2
L'ange regarde pensivement le billet. Un bref moment de déjà vu ... à moins que ce ne soit le manque de sommeil. Elle le range dans sa poche et regarde le ciel, puis prend une longue inspiration avant d'entrer dans le bâtiment principal noté "Accueil".

La secrétaire à l'entrée la toise avec un air suspicieux, tend la main en direction de sa poche: pas de temps à perdre, elle veut les documents, elle a déjà vu trop longtemps ta tête d'enterrée. Elle tapote quelques instants sur son ordinateur. Pas de bonjour, pas de merci, pas d'au revoir, rien. VDM.

Mais retournons en arrière. En fait, Beretta n'est pas encore entrée dans le bâtiment. Elle est juste en train de flipper sur le perron ...
- Elle fumerait bien une clope mais elle n'est pas fumeur.
- Elle s'empirerait bien de glaces mais c'est mauvais pour la ligne.
- Elle défoncerait bien une bagnole sur le parking mais c'est puni par la loi locale.
- Elle fouterait bien des baffes au sale gosse qui lance des cailloux depuis le pont, mais elle a la flemme de frapper ensuite la mère pour lui apprendre à éduquer ses mômes. De toutes façons ce n'est pas son genre, la violence est inutile la plupart du temps.

Mais purée, qu'est ce que ça la défoulerait !

La voila à présent qui compte les minutes sur l'horloge du perron. Merveilleuse invention que l'horloge.


Quote:On analyse une horloge comme un système physique doté d'un nombre fini d'états, supérieur ou égal à deux, dont l'un est considéré comme l'origine. C'est un phénomène répétitif qui se traduit pour nous par des états précis et repérables. On mesure le temps en comptant le nombre de passages par ces états, en considérant conventionnellement qu'entre deux, la durée écoulée est fixe. Si le but est de se synchroniser avec une autre horloge ou phénomène, on peut ajuster et concevoir le système de telle sorte que la durée entre passages à l'origine corresponde à la durée du phénomène visé [...]

Ouais en fait, ça me saoule les horloges.



Elle entre finalement pour de vrai dans le bâtiment. Si si je vous jure, c'est possible ! Après tout, entre la foi et les foies il n'y a que 2 lettres de différence.
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#3
Le hall d'entrée est plutôt grand et bien éclairé. Les gens s'affairent dans tous les sens, on y croise pèle-mêle gens en costard, infirmiers, professeurs, personnel de nettoyage et même un jardinier. Aucun ne fait attention à la personne qui se rend en crabe jusqu'au poste principal. Cachée derrière une plante verte artificielle du plus bel effet, elle décide finalement de se mettre à découvert et toussote faiblement pour attirer l'attention avant de lancer un salut ! à mi chemin entre l'animatrice de colonie de vacances et une hystérique qui a gagné 100 000 € dans une émission de télévision.

Excusez moi, j'ai un chat dans la gorge ... je viens pour, enfin, voila. J'ai rendez-vous quoi.

La demoiselle remet un papier sur lequel elle a inscrit ses coordonnées, avec des pattes de mouche en bas de page. La secrétaire regarde sans sourciller la feuille puis répond tout naturellement:

Bonjour ! C'est la première fois que tu viens ici ? Par contre, où sont tes parents ?

Eh oh ma vieille, le zèle tu te le gardes pour les gens qui ont du temps à perdre, ce qui inclut accessoirement le concierge de l'ascenseur qui te fait les yeux doux depuis tout à l'heure.

Je suis majeure madame.

Et de présenter la carte d'identité, triomphante. Première épreuve passée avec brio, non mais ! Mais le petit personnel ne se fait pas impressionner si facilement, et la contre-attaque allait suivre, cinglante comme un raz de marée:

Je vois. La prochaine fois vous serez priée d'arriver à l'heure, sinon je serai obligée de vous inscrire dans les listes de radiation. Avant de commencer la formation vous devez aller voir le secrétariat. Vous prenez la troisième porte à gauche, là bas vous suivez le couloir jusqu'à la quatrième porte sur votre droite. L'ascenseur est en panne, vous prenez l'escalier jusqu'à l'étage -5, puis vous suivez le couloir de gauche jusqu'à la septième porte. Enfin vous traversez à nouveau un couloir jusqu'à la vingt-et-unième porte sur votre gauche, c'est la salle d'attente. N'oubliez pas de vous signaler 3 portes à droite pour qu'on pense à venir vous chercher. Vous avez bien compris j'espère ?

- Euh ... oui oui.


Ce n'est pas possible, je dois faire un cauchemar.

Par précaution, il serait possible au cas où d'avoir un plan, un truc de ce genre ?

- Vous n'avez pas compris ? C'est simple pourtant.

- Je préfère prendre des précautions.

- Je regrette, notre société respecte la norme ISO14001 en vertu de laquelle il nous est impossible de gaspiller du papier. Au revoir mademoiselle.


L'ange toise la secrétaire d'un air neutre. Un bref instant des idées lui traversent l'esprit, mais elle les efface aussitôt.

Je dois être gentille ...

- Pardon ?

- Non rien. Bonne journée à vous aussi, madame.




Heureusement pour Beretta, elle a un crayon bille dans son sac et la norme ne semble pas s'appliquer au papier toilette. Pas encore.
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#4
Dont acte.


Attached Files
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#5
La traversée du rez de chaussée de fait sans encombres. Après tout, ce n'est que 2 portes et 80 mètres. Cependant, une fois arrivée à l'ascenseur survient une nouvelle angoisse: et si l'ascenseur était réparé pendant qu'elle descend l'escalier ? Elle pourrait attendre un peu et gagner un temps fou. Non ? Parce que 5 étages, voila quoi.

Quote:Vous vous concentrez pour visualiser si l'ascenseur sera bientôt réparé et ...

Vous n'avez pas ce pouvoir, n'essayez pas de tricher !

Ouais, on peut toujours rêver, pour une fois que ça pouvait être utile.

A peine 2 étages plus bas, c'est l'heure de prendre une pause. D'où l'expression: "s'essouffler en moins de 2". Courir pour essayer d'arriver en bas avant que les dépanneurs ne passent pour lui faire un pied de nez n'est pas une solution finalement. Elle fait donc le reste à vitesse normale. Une fois rendue au fatidique -5, l'ascenseur est toujours en panne. Enfin cet ascenseur là. Parce que celui réservé au personnel, 2 portes plus loin, est bel et bien en service.


Ce n'est pas garanti qu'il le reste.
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#6
Le hasard fait bien les choses. En l'occurrence, l'ascenseur du personnel sera épargné car il est 2 portes à droite de l'ange en manque de patience, elle ne le remarquera donc pas pour l'instant. Le suspense fut insoutenable quant à l'avenir de cette caisse en métal actionnée par des moteurs électriques, je sais. C'est bien pour ça que j'en parle car il est évident que vous adorez les ascenseurs ! Qui n'apprécierait pas leur musique enchanteresse digne des films de série B, la proximité des personnes amateurs de charcuterie et réticents aux douches quotidiennes, les pannes omni-fréquentes ... Sans compter l'éclairage si typique, si tamisé, si rahhhh ! mettons donc fin à cette orgie descriptive et revenons à nos moutons. Ou plutôt à la demoiselle qui devient chèvre à force d'être tournée en bourrique. Car vous l'avez peut être aussi deviné, le pécu n'est pas un matériau recommandé pour les cartes. Mais que voulez vous, c'est une tête de mule, et un peu une peau de vache à ses heures.

Beretta arrive donc à la porte finale, après la traversée d'un ènième couloir et l'énumération soigneuse d'une horde de cadres en bois encastrés dans les murs, tous agrémentés de charmants titres tous aussi illisibles qu'imprononçables. Tellement passionnant que ce qui devait arriver arriva: elle a perdu le compte. Où devait elle s'arrêter ? Elle n'avait pas un truc à faire avant, d'ailleurs ? L'ange finit par frapper à une porte qui lui semble correspondre et attend patiemment l'arrivée fatidique et inéluctable du personnel qualifié qui fera l'objet de son attention la plus particulière qui soit, elle si ravie, si aimable, si charmante, si disposée à répondre aux faveurs d'une personne au moins aussi accueillante que la grosse truie syphilitique et mal rasée, la morue qui lui a vomi à la tronche dans le stand d'accueil, l'engeance qui l'a forcée à s'avilir dans les pratiques les plus abjectes de cartographie de girl-scout du dimanche.


C'est pour quoi ? La toxicomanie c'est au 2ème sous sol. lui répond une femme dans la quarantaine, habillée en tailleur et dotée d'une haleine fécale du plus bel effet.

- Je suis majeure et j'ai une convocation. On m'attend 3 portes plus loin.

- Pas entendu parler. Vous vous êtes déclarée à l'accueil ? On ne vient pas sans le formulaire.

- On m'a dit de venir pour réclamer un formulaire.

- Vous vous trompez. Le secrétariat est 4 portes plus loin, il faut prendre un ticket là bas, la 2ème porte en face, puis attendre dans la salle située juste à côté.

- D'accord. Bonne jour...

* clac *




Voyons le côté positif de l'affaire: un peu plus et elle lui enfonçait le papier toilette dans la gorge pour la nettoyer. Il est double épaisseur, faut bien que ça serve à quelque chose !
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#7
Il y a des jours où l'on passe son temps à attendre. Heureusement elle a emmené un passe-temps: les magazines people. Que ferait on sans ces documents à la valeur si inestimable, ces concentrés de cul-ture et de vulgarisation à la portée du peuple ? L'idée ne m'effleure même pas, j'y tremble rien qu'à l'envisager. Cet interlude est toutefois de courte durée car elle est interrompue par une annonce dans les hauts parleurs du couloir. Elle prête quelques instants l'oreille, puis retourne à sa feuille de choux: aucun intérêt, à priori ils recherchent le personnel d'entretien pour un problème quelconque au rez de chaussée. Puis survient le moment fatidique où l'on vient la chercher.

Il ne s'agit pas de la femme de tout à l'heure, Beretta le repère immédiatement à son œil de Lynx (et surtout à son nez délicat), mais de 2 infirmiers. Super baraqués, tout sourire et armés d'une camisole, ils s'approchent de la demoiselle avec un air menaçant ... pour finalement ranger le tablier et accueillir d'une poignée de main musclée la victime de son imagination, quasi rassurée. Faut arrêter de psychoter ma vieille !


Bonjour, moi c'est Shag et lui c'est Shog, bienvenue.

- Gné ?

- Mademoiselle ? Mademoiselle !


Beretta est réveillée en sursaut, secouée comme un vulgaire sac de patates. L'haleine douceâtre de la secrétaire est revenue tandis que le timbre de sa voix s'ajuste pour permettre son identification. Elle rouvre les yeux: elle était avachie sur le banc. Combien de temps a t elle rêvé ? Cherchant du regard l'opportune qui l'a extirpée de son bad trip, elle se relève péniblement et bafouille des excuses inaudibles.

Vous me faites perdre du temps là. Levez vous, le responsable de la formation vous attend. Vous êtes la dernière.

- Euh, désolée.


La porte un peu plus loin est ouverte, telle une invitation à la suite. Que devait penser Neo lorsqu'il a tourné la poignée pour accéder à la source ? Que devait penser Alice lorsqu'elle s'est mise misérable à la Vodka au point d'altérer ses sens et de passer sous un porche pour nains ? Qu'a donc pensé l'agent J lorsqu'il est entré pour la première fois dans les locaux du MIB ? Et surtout, pourquoi, mais pourquoi les portes ont une poignée qui agrippe les vêtements lorsque l'on passe à côté ?

Plus que quelques mètres.

- Vous dites ça comme si c'était la ligne verte.

- Je suis un livre ouvert pour vous, n'est ce pas ?


Elle se tourne vers la secrétaire et la toise avec un air blasé. Cette dernière hausse les épaules.

Non, pas pour moi. Mais pour lui, sans doute. Allez y.

- J'y vais ... j'y vais ... je n'ai pas le choix de toutes façons.

- C'est pour votre bien.

- Ils disent toujours ça, vous savez pour qui je bosse n'est ce pas ?

- Nous avons les dossiers nécessaires, rien de plus, rien de moins. Allez, avancez, vous n'êtes plus une gamine !

- Tiens, ça a changé maintenant.

- Bien sûr, puisque j'ai lu votre dossier. Bon vous avancez ou je vais chercher des infirmiers pour vous y aider ?

- NAAAANN PAS LES INFIRMIERS ! Euh ... je veux dire, ça va aller merci.


Quand il faut y aller, il faut y aller ... et c'est ainsi qu'elle franchit l'entrée. Un dernier regard en arrière, mais la porte est déjà fermée. On l'attend. Elle déglutit un coup et avance jusqu'à la chaise qui lui a été désignée. Devant elle, un homme en blouse la regarde avec un air bienveillant.



Je suis sûre qu'il se fout déjà de ma gueule.
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#8
Veuillez vous présenter chacun votre tour. Une remarque cependant: je sais qui vous êtes, mais ce n'est peut être pas le cas du reste du personnel. En conséquence votre nature ne sera connue que des gens présents dans cette pièce. J'espère que c'est assez clair.

L'homme qui les toise, yeux vifs, barbe grisonnante, veste impeccable, bon vivant à en juger son ventre éminent, est un mélange improbable de sérieux et d'amabilité. Il jette un regard circulaire face au groupe restreint d'anges qui ont été tous convoqués pour l'occasion. Certains volontairement ... d'autres par la force des choses.

Assis confortablement sur sa chaise devant un bureau fort encombré, il tasse une pile de papiers devant lui afin de les aligner, ajuste ses lunettes, regarde brièvement en direction d'une infirmière qui hoche de la tête et se retire dans une annexe. Elle revient peu de temps après pour distribuer à chacun un fascicule ainsi qu'un crayon bille. Il s'agit d'un questionnaire. Et pas n'importe lequel. Il est rédigé en angélique et le sceau de l'Administration atteste de sa véracité. Pas le genre de truc que l'on falsifie ou récupère facilement.


Quote:Identifiant du dossier de formation:
Etat civil de l'incarnation:
Motif de la formation:
Objectif à atteindre:

Un formulaire de 4 lignes: inutile d'en ajouter, le reste il le sait déjà ... n'empêche que cela soulève tout de même des questions chez l'ange curieuse de profession:

- Hmm, monsieur ?

- Houèle. Docteur Maxime Houèle. Ne vous inquiétez pas, tout sera bientôt plus clair. Quelqu'un désire un café ?

- Non merci.

- Je vois. Traitement de choc pour mademoiselle !

- ...

- Et vous, un café ?


Il désigne une autre personne assise 2 chaises plus loin. L'homme semble être un genre d'ouvrier qui a oublié de se changer voire de se laver. Il s'essuie gauchement le nez avec le revers de sa main avant de mater le docteur avec un air méfiant. Il finit par répondre

- Oui. On n'a pas le choix si je comprends bien.

- Je vois, traitement de choc pour vous aussi !

- Mais, mais ... je vous dis que je voulais un café !

- Pas convaincant. Suivant !


C'est vers une femme en tablier de cuisinière qu'il se tourne. Décidément, ils sont tous revenant du boulot ma parole ! Beretta n'avait pas encore fait attention à ce détail, mais il semble effectivement que la plupart sont habillés comme à leur habitude. D'ailleurs elle même est venue en tailleur. La femme interrogée répond du tac au tac au médecin, en prenant un air sûr d'elle et en souriant de toutes ses dents, impeccables au demeurant

- Avec grand plaisir !

- Vous n'avez pas besoin de moi, virez là.

- Euh ... c'est une plaisanterie j'espère, j'étais venue pour ...

- Sortez. Sinon je lâche mes clients sur vous, j'ai un ange de Joseph que je n'ai pas fini de soigner. Vous voulez voir ce que ça donne un repris des croisades ?


La femme pâlit, se lève et sort en claquant la porte

Salopards de concurrents, toujours à essayer de faire de l'espionnage industriel. Où en étions nous ? Ah oui, vous l'avez compris la question ne m'intéressait pas, par contre votre réaction beaucoup plus. Vous et vous, vous rejoignez Beretta et Praise-Purée dans la salle de formation intensive. Ce n'est pas négociable. Les autres nous allons poursuivre l'entretien en groupe, ne vous inquiétez pas ils vous rejoindront plus tard.



Les 4 frères dans la souffrance sont orientés vers une autre pièce concomitante. Au moment d'allumer la lumière, l'infirmière ricane tandis que les stagiaires en plein désarroi font face à la réalité qui allait être prochainement la leur.
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#9
La pièce est garnie de chaises rappelant doucement les vieilles écoles primaires. Au fond de la salle se trouve un lecteur multimedia DVD / K7 / Réseau (on n'arrête pas le progrès !), accompagné de boites en plastiques de différentes couleurs jetées en vrac sur le sol. Fixé au mur, une toile blanche, probablement pour être utilisée avec le videoprojecteur fixé au plafond, pendouille mollement tandis qu'une image bleutée vacille sur sa surface.

Le membre du personnel assermenté (traduisez: l'odieuse infirmière qui prend actuellement son pied) se dirige d'un pas leste vers le boitier, appuie sur quelques boutons, puis l'océan électronique se retire pour faire place à un inquiétant écran noir. Une voix retentit, on dirait un interview. Les "invités" prennent place chacun sur une chaise, le plus loin possible du dragon de tissu qui crache ses flammes de lumière avec une insolente clarté.

Petits détails qui ont leur importance: le videoprojecteur est à l'abri dans une cage en fer. L'infirmière est partie et la porte derrière eux est à présent fermée à clef ...



Que la fête commence !


http://www.youtube.com/watch?v=BzQeur_-Xgw
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#10
Voyons le bon côté des choses: il est possible de changer de vidéo. Quand la précédente est terminée. En revanche ... il n'est pas possible de sortir de la pièce, ni de mettre en pause le lecteur. Un compteur est affiché en surimpression sur l'image projetée, incrémentant après chaque lecture. Mais ça sur le moment, les 4 compères s'en foutent un peu. Là, présentement, ils n'ont qu'une obsession:

SORTIR


Pourquoi moi ? Pitié ...

- Ca devait arriver, je le savais.

- Notre Père qui êtes aux Cieux, que votre ...

- C'est ... je ... j'aime bien en fait.



Cette dernière voix, c'était Beretta. C'est la seule personne assise - ne comprenez pas par là la seule personne à avoir gardé un brin de stabilité. Elle est interdite devant la fillette qui rit, qui sourit à pleines dents et qui s'étouffe à moitié dans ses cheveux façon pub de Loréal pour enfants. Elle écoute, incrédule, le discours de propagande qui accompagne la vidéo. Elle tremble un peu, mais ses yeux ne peuvent quitter l'image, hypnotisée. Une larme coule le long de sa joue, elle ne comprend pas pourquoi. Un bref instant, elle envisage même de fonder une famille.

Quelque part dans le subconscient de l'ange, une voix murmure: "je vous jure que quand l'infirmière revient je lui fais bouffer le magnétoscope par le fondement en terminant par le cable Ethernet".



Les minutes passent. Les murs ont quelques marques, des égratignures, voire quelques traces de sang, ça et là. Y'a même un des candidats qui s'est pissé dessus et se cloître actuellement dans un coin. Beretta est restée scotchée sur sa chaise, l'air absente. Les 2 derniers gambadent en jetant les cassettes en l'air et en se roulant des pelles tous les 3 mètres.

La vidéo qui passe à présent est un dessin animé. On y parle de la puissance de l'amitié, les valeurs de la persévérance, sans compter une fin triomphante et un générique digne des meilleurs films d'animation:

[Image: naruto_ending_m.png]



[i]Beretta reste littéralement scotchée devant l'écran. En regardant de plus près, il se produit même quelque chose d'inquiétant: elle est en train de sourire. Vous savez, un peu comme Mercredi Addams:


[Image: smile-4.png]



Joseph à côté de Novalis ressemble parfois à un enfant de coeur. Enfin, parfois seulement, faut pas déconner non plus. En plus ils auraient pu faire pire: il n'y a pas Dr Queen dans le bouquet audiovisuel. Quelques personnes de mauvaise langue préciseraient que c'est pour cause de restrictions budgétaires, mais c'est bien entendu totalement faux ! C'est juste parce qu'il est nécessaire pour la suite de l'expérience d'avoir un taux de pertes inférieur ou égal à 25%, tout simplement.
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