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[PV] Séance ordinaire du 30 mars 2009
#1
Quote:1. Présences.

2. Approbation dernier PV.

3. Communications du Maire.

4. Débats sur des projets:

4.1 Projet de l'acquisition par l'association ACID de l'usine désaffectée en vue d'en faire un studio de cinéma.

5. Divers

Le maire entre dans la salle, salue les présents, la secrétaire n'annonce aucun absent il fait voter le dernier PV, approuvé comme toujours à l'unanimité, puis il prend la parole:

Mes biens chers collaborateurs, je déclare donc officiellement cette séance ouverte. Je commencerai par vous demander d'observer une minute de silence, à la mémoire des récentes victimes de la drogue. Le Lieutenant en charge m'a encore dit juste avant qu'il tenait une piste.

Le silence se fait, puis le maire reprend la parole.

Bien, cela étant dit, je n'ai rien d'autre à dire sur ce point. Je le clos donc. Nous passons au point 4, un membre de cette association est-il présent?

Il se tourne vers la salle, attendant une réponse.
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#2
Délaissant lentement la mine de recueillement qu'il affichait pour la minute de silence, un jeune homme d'environ trente ans vêtu d'une tenue complète de sport se lève de son siège au fond de la salle.

De taille et corpulence moyenne, le jeune homme blond typé africain parcourt l'assemblée de son regard bleu perçant. Un sourire enchanteur souligne esthétiquement les traits fins de son visage de beau gosse.

Le jeune homme, bien qu'il semble tout droit sorti de la cité, s'exprime dans un français très correct à l'assemblée.


Monsieur le Maire, mesdames-messieurs les conseillers...

Le jeune homme s'incline légèrement avec politesse.

Je m'appelle Roxan Kohnen et je représente l'Association du Cinéma Immacien pour sa Diffusion en qualité de Président. Je tiens avant tout à vous remercier au nom de tous les jeunes que j'encadre d'avoir accepté d'examiner notre projet et de me donner la chance de pouvoir vous en exposer les enjeux.

Son sourire "email diamant" inlassablement aux lèvres, Roxan se réinstalle sur son siège en silence, se contentant d'observer les diverses réactions de l'assemblée.
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#3
Le maire sourit et dit simplement:

Bien, nous vous écoutons.
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#4
Se redressant légèrement sur son siège, Roxan remercie le Maire d'un petit hochement de tête poli avant de s'adresser à l'ensemble du Conseil Municipal d'une voix posée et agréable.

Merci monsieur le Maire.

Mesdames et Messieurs les Conseillers, vous avez tous lu dans les journaux ou vu à la télévision les événements tragiques qui se sont déroulés dernièrement dans le quartier des Bas-Fonds, une terrible vague de violence qui aura coûté la vie à de nombreux jeunes et moins jeunes immaciens. Et bien que les forces de l'ordre soient parvenus à rétablir le calme après la tempête, la mort continue de frapper quotidiennement notre jeunesse. Je pense aussi à ces adolescents qui ont connu une fin tragique, d'abord touchés par la drogue puis aspirés dans une spirale de violence infernale jusqu'à son terme fatal. Ce cercle vicieux doit être brisé absolument et le plus rapidement possible.

Je suis né dans le quartier des Bas-Fond il y a 28 ans. Et comme tout à chacun, j'ai vu mes proches sombrer dans la misère : chômage, traffic de stupéfiants, d'armes, violences, meurtres, incarcérations... Mais moi je suis parvenu à sortir de cette spirale infernale par le biais de l'art, préférant vendre ma musique rock plutôt que de dealer je ne sais quelle substance nocive.

Et c'est justement parce que j'ai réussi à passer au travers de cette spirale que je veux croire qu'il existe une autre alternative à nos jeunes que la violence et la drogue. C'est dans ce but qu'est née notre association cinéphile. Nous voulons donner la chance à des jeunes défavorisés de troquer leurs armes contre une caméra, la drogue contre un script. Leur donner une chance de pouvoir s'exprimer honnêtement, de se passionner pour le 7eme art et de trouver une voie professionnelle autrement que par la criminalité.

Notre association a commencé à se faire connaître dans le quartier et nous sommes déjà parvenu à monter une première équipe de tournage composée essentiellement de jeunes délinquants en voie de repentir et encadrés par des professionnels du spectacle issus de la musique ou du cinéma. Leur projet consiste à changer l'image que l'on a habituellement des Bas-Fonds et montrer aux immaciens que leur quartier ne se résume pas à la violence.

Leur premier tournage aura pour thème l'usine désaffectée à la fois en tant que patrimoine industriel de la ville mais aussi comme emblème d'une prospérité économique perdue depuis sa fermeture. C'est pourquoi je me trouve devant vous aujourd'hui. Nous ne voulons pas seulement obtenir une autorisation de tournage dans l'usine désaffectée, mais nous voulons aussi acquérir les locaux afin d'en faire l'élément moteur de la reconversion du quartier. Je m'explique.

A l'heure d'aujourd'hui l'usine désaffectée n'est rien d'autre qu'un squat délabré qui, tôt ou tard, finira par devenir un problème de sécurité civile pour la municipalité. Si nous obtenons un avis favorable d'acquisition, l'association s'engage, après le tournage du film, à remettre les locaux en état et à les entretenir. Cette acquisition aura pour effets positifs de mettre à disposition de l'ensemble de la municipalité un cinéma de quartier doté d'une salle de montage et d'un local associatif pour l'accompagnement de nos jeunes repentis.

Les Immaciens auront ainsi le plaisir de voir conservé et entretenu leur patrimoine industriel dans une volonté de développement durable par le loisir et la création dans le domaine du 7ème art. Nous espérons, en donnant l'opportunité à ces jeunes de se sentir exister autrement que dans la drogue ou la violence, faire baisser le taux de délinquance de notre quartier et, à termes, de parvenir à réconcilier la ville d'Immac avec ses Bas-Fonds. Transformer un squat en tremplin associatif, c'est transformer nos jeunes délinquants en jeunes actifs honnêtes et responsables.

En ce qui concerne notre fonctionnement, un contrat moral est signé entre notre association et chaque jeune volontaire, et j'insiste sur le fait qu'il s'agit de LEUR initiative. Ce contrat moral stipule qu'après parution du film, chaque jeune s'engage à son tour à encadrer ou parrainer un autre jeune délinquant afin de former une seconde équipe, puis une troisième... etc...

Mesdames, Messieurs les Conseillers, Monsieur le Maire, la jeunesse d'Immac-sur-Sable compte sur votre soutien et votre bonne volonté pour appuyer sa démarche artistique dans sa lutte contre la misère et la délinquance.


Roxan termine ainsi son exposé. Ses grands yeux bleus croisent le regard de l'institutrice et un sourire toujours aussi charmeur commence à faire son apparition. un sourire qui pourrait bien vouloir dire "hummm... t'es à croquer..."
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#5
Granvelle à l'écoute de ce projet, après le début ce permet, en sortant à peine la langue un *Prrrrrt* sonore. Devant le silence instauré ainsi il dit:

Ce projet joue clairement sur l'émotion. Je n'ai rien contre le cinéma, surtout local, mais je demande à voir. Je vote pour, à condition que nous ayons un feedback.

Puis il se renfonce dans son fauteuil, souriant.
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#6
L'institutrice ne semble même pas être effleurée par le regard de Roxan et dit donc:

Je suis contre, il y a déjà assez de choses pour les jeunes en ville et d'association pour cela.

Elle attend, l'air sévère, les autres avis.
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#7
La directrice de l'hôpital sort de son mutisme, ayant regardé longuement un dossier pendant la séance, elle lâche, laconiquement:

Je suis contre tout comme ma collègue. J'aurais d'ailleurs quelque chose pour les divers comme projet pour venir en aide aux drogués, afin que nous en discutions avant le prochain Conseil.
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#8
Le directeur de la banque a attentivement écouté les avis de ses collègues, tressaillant aux remarques des femmes.

Je constate que ces dames sont toujours autant... fermées aux évolutions. Je suis pour ma part pour ce projet, avec les mêmes réserves que Monsieur Granvelle, son argumentaire m'a semblé plus convainquant.
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#9
Enfin le maire, ayant suivi les débat avec intérêt dit:

Bien, je n'ai rien à rajouter pour ma part et vous, M.Kohnen, chers collègues?

Il attend, tranquille.
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#10
Le sourire de Roxan avait peu à peu disparu de son visage au fur et à mesure que les avis tombaient. Deux voix favorables contre deux voix défavorables. Le jeune homme ne s'attendait visiblement pas à une opinion si mitigée sur un projet si social.

Lorsque le Maire demanda s'il y avait quelque chose à ajouter, Roxan se leva calmement de sa chaise et prit de nouveau la parole, d'une voix un peu plus grave.


Il s'agit en effet d'un projet basé sur l'émotion. Mais ne confondez pas le "jeu" avec les "faits" monsieur Granvelle. Quand je croise un jeune, le regard vitreux, zombifié par la drogue, ça ne me laisse pas indifférent. Quand je vois un jeune brandir une arme sur son voisin, ça ne me laisse pas indifférent.

Puis se tournant vers l'institutrice.
Quand je vois un jeune, déscolarisé, livré à la rue, ça ne me laisse pas indifférent.

Et enfin vers la directrice de l'hôpital.
Quand j'apprend la mort d'un jeune par overdose, ça ne me laisse pas indifférent.

Roxan balaie à présent le conseil de son regard océan.
Non. Quand je vois toute cette misère, chaque jour, à chaque instant, ça ne me laisse pas indifférent. Peut-être ne croyez-vous pas en ce projet. Peut-être semble-t-il dérisoire pour lutter contre la criminalité et la délinquance. Mais les jeunes que je représente y croient, eux. Ils veulent croire qu'ils ont une autre alternative que la misère. Et ils en ont le droit le plus strict. Et nous, en qualités d'adultes responsables nous avons le devoir de les aider à s'en sortir. Par tous les moyens.

Pensez également, si l'avenir de ces jeunes vous paraît si peu important, à tous les bienfaits que ce projet peut apporter à la municipalité. La reconversion d'un bâtiment en voie de délabrement en cinéma de quartier associatif dans le respect du développement durable. Pensez aux anciens employés qui apprécieront certainement de redécouvrir leur usine transformée plutôt qu'un chantier de démolition, ajoutant à la décrépitude des Bas-Fonds un nouveau terrain vague. Pensez à l'image d'Immac-sur-Sable mise en valeur dans des courts et longs métrages entièrement réalisés par de jeunes immaciens.

Nous, nous vous proposons d'alléger la municipalité d'une charge financière que représenterait l'entretien ou la démolition de l'usine en la prenant à notre propre charge et en transformant cette "verrue" en espace de loisir et de détente, mais également en tremplin pour des jeunes en difficultés.


Roxan se tourne à nouveau vers la directrice de l'hôpital.
A moins que vous ne préfériez ramasser les corps meurtris d'adolescents toxicomanes.

Le jeune homme plante un regard sévère dans celui de l'institutrice.
Ou bien vous appréciez le spectacle affligeant d'un agent des forces de l'ordre obligé d'abattre un adolescent sous héroïne.

Roxan conclue en regardant le Maire droit dans les yeux, mais sans aucune méchanceté dans le regard.
Ce sont nos enfants qui meurent chaque jour dans cet enfer. Combien de morts faudra-t-il encore avant que la municipalité ne se décide à tenter quelque chose pour enrailler ce fléau ?

Le jeune homme se tait un moment puis reprend à l'intention du businessman et du banquier.
Le script est en cours de finalisation, j'en ferai parvenir une copie au Conseil Municipal dès qu'on se sera arrêté sur une version définitive, ainsi vous aurez le script exact du film qui sera présenté aux immaciens.

Roxan se rassied ensuite sur son siège. Son sourire a définitivement disparu de son visage.
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