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Le Cycle de l'Homme de Venise se compose des récits suivants,
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Immac-sur-sable - 2008 - Prologue aux Origines.
Pacifique ouest - 1941 - Récit des Pacifiques du Pacifique.
Terre d'Espagne - 1937 - Chronique des Ames Féériques.
Londres - 1881 - Mémoires - L'Affaire Moriarty.
Isles de Tahiti - 1789 - Les Révoltés du Bounty.
Conquista - 1534 - Le Témoignage de l'Espiritu Santo.
Venise - 1499 - Chronique de l'Homme de Venise.
Immac-sur-sable - 2008 - Epilogue
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Ne vous laissez pas abuser, il n'en fera même pas la moitié.
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Situation - Prologue aux Origines
Lieu - Immac-sur-sable
Une Epoque - 2008
Comme tous les Samedi matin et comme convenu par Contrat de remise de peine avec l'Administration, se tenait l'animation du Cours de Kendô pour les enfants. A partir de neuf heures trente, jamais plus tard, le professeur dévérouillait la salle du Gymnase et selon la saison mettait le chauffage ou aérait le site. Ceci pour assurer le confort des marmots qui eux arriveraient généralement pour dix heures quinze. L'usage voulait néanmoins que l'on attende les retardataires jusqu'à dix heures trente, par convention.
La suite tenait du rituel. Surveiller à ce que le niveau de chahut ne soit pas trop important pour ne pas gêner la concentration mais aussi pas trop bas pour ne pas brider l'entrain et la passion. Aider ces petits bouts à s'échauffer les poignets et les mollets, puis les faire galoper un peu pour éliminer les heures de playstation, de Wii et autres activités sédentaires. Eventuellement, en profiter pour leur rappeler qu'on pouvait manger des fruits autrement que dans un yahourt ultra-lacté ou dans une confiture méga-sucrée. Ensuite, selon une procédure bien rôdée, l'on prenait quelques instants pour que la petite Julie mette son chouchou, sous les quolibets de ses petits camarades. Enfin, l'on pratiquait le Kendô, peut être pas avec un Grand K, mais avec plaisir et assiduité, pendant une bonne heure, avant de rendre les marmots à leurs parents, enchantés de les retrouver après avoir été ravis de s'en décharger pour une heure et demi à l'autorité bienveillante de l'animateur.
Nhömas Scylle, car c'est de lui dont il s'agissait, observait les enfants avec bienveillance, tenant la porte du Gymnase tel un Cerbère ayant fréquenté Olivier un peu trop longtemps. Il encouragea le petit Milan dans ses efforts, réconforta Ester pour un bobo qu'elle avait reçu à la main - en montrant à ses copains comment faire l'arbre droit et pas pendant le cours - et passa sa main dans les cheveux déjà ébourrifés d'Antonin - le fils de la famille Fibert, pas le stagiaire de la C.I.A - avant de refermer le cadenas de la porte dans un CLAC sonore.
Ca, c'était fait.
Il passa ensuite au Centre et traita les affaires juridiques courantes, s'assurant qu'Antonin fasse son travail - sans toutefois le réprimander pour ses bêtises mais en se renseignant de-ci, de-là, pour mettre quelques coups de correcteurs avant que le Directeur ne lise ses rapports - puis rangea ses affaires selon un double ordre, à la fois géométrique dans l'espace et thématique dans le classement. Accessoirement, il prît le temps de s'assurer de quelques formalités qu'il n'avait pas encore pu boucler, au chapitre desquelles nous pourrions cîter : " Plan de coupe et directives de forge" à l'attention de l'Agent Cyr, "Recette du Maki aux Mirabelles" à l'Agent Haubert, "Liste des Cheats Code de GH III" à l'Agent Armezel... Il expédia "Au bonheur de ces Dames" à l'Agent San Antonio, une tentative de polar noir qu'il avait bouclé il y a peu et "L'insoutenable légèreté de l'Etre" à la stagiaire, Cara.
Accessoirement, pour faire plaisir au Directeur, il lui expédia aussi un message personnalisé, à savoir la liste des circulaires mises en conformité avec les nouvelles Lois de l'Inspection des Services Angéliques.
Il referma son portable d'un mouvement calculé et contourna son bureau pour passer à l'Espace Bibliothèque. Il en retira le Gris-Moire, cet ouvrage manuscrit qui lui tenait lieu de Grise Mémoire, d'incarnation en incarnation. Il l'ouvrit au hasard d'une page plus retorse que les autres et se permit d'en lire le contenu.
« Et voilà que je me sens un peu moins seul,
Cerné d’âmes jaillissant de leur linceul
Répliques d'Etres aux Gloires Anciennes,
Que la Poussière du Temps a fait sienne... »
L'Ange posa le livre le temps de se changer, tranche ouverte. Il retira son costume règlementaire, sa cravate règlementaire, ses boutons de manchettes règlementaires, sa chemise "vous aurez compris" et enfila une tenue plus appropriée à la suite de la journée. Ceci fait, il enregistra une demande anticipée de congés , qui prendrait effet dans huit minutes pour finir dimanche, en avance de douze heures sur l'horaire usuel.
Avec aisance, il passa des vêtements plus conformes à sa nature. Chemise cintrée proche du corps et pas d'une taille au dessus, comme les sélectionnent souvent les hommes, au col duquel il suspendit une cravate effilée, sombre sans être noire, un brin mâtifiée pour légèrement surbriller, au noeud élégament défait, pour paraître relaxé sans sembler négligé. Un jean's mode enfilé, ceinturé par une boucle affichant un "Born to Be Immor[T]al ", vint compléter son accoutrement. L'être divin tituba quelques instants sur la délicate question des chaussures, avant de sélectionner une paire de chaussures de ville d'une teinte cognac - que le commun des mortels désigne usuellement comme était noire et rouge zébrées", qui auraient pu déparailler sur un autre, mais guère sur lui. Il fît quelques pas dans ses quelques mètres carrés du bureau, trouvant l'équilibre du talon à la fois agréable et rassurant, allongeant sa jambe et lui donnant une toute nouvelle prestance.
Il vérifia que tout était bien en ordre en passant son manteau puis en soulevant son sac de voyage - un sac de sport Adidas, ultra Vintage - avant de se repositionner face au Gris-Moire.
« Et voilà que je me sens un peu moins seul,
Cerné d’âmes jaillissant de leur linceul
Répliques d'Etres aux Gloires Anciennes,
Que la Poussière du Temps a fait sienne... »
Il referma le livre dans un CLAC sonore.
Ca, c'était fait.
Il sortit du Centre en jetant quelques signes à droite, à gauche, observant les gens qui s'affairaient et souriant à ceux qui lambinaient. Il passa devant le Bureau de l'Agent Cyr sans se faire repérer puis passa le sas central du Centre, sortant dans le Bar PMU qui en assurait la couverture sur la Marche Terre. Il réconforta quelques fumeurs déprimés et au bord de l'asphixie, qui encaissaient à la fois les réformes gouvernementales - Que Nhömas écrivait souvent "Gouverne-le-Mental" - et les actualités sans cesse plus déprimantes que la veille.
Une fois à l'extérieur, il s'engouffra à la hate dans un Bus de ville, aidant Madame Michot à hisser ses courses à l'intérieur, direction centre ville. En l'espace de quelques stations il pénétra dans les quartiers huppés, dévisageant les tenues des gens pour passer le temps. Cesser de commenter l'actualité et les modes vestimentaires faisaient parti de ses bonnes résolutions. Fort heureusement, ne pas les suivre n'était pas péché.
L'Ange descendit le dernier du Bus quand ce dernier stoppa à son Terminus, dans un grand CLAC sonore tiré d'une suspention défaillante.
Ca, c'était fait.
Il s'orienta rapidement vers le parc de la Mairie, qu'il traversa le plus tranquillement du monde, prenant juste le temps de faire un détour pour arroser des "Rondes-Aux-Dindons" délaissés par le Jardinier. Ce qui était bien avec les jardins publics, c'est qu'il y avait tellement de véritables matières vivantes que l'on pouvait jardiner sans se tacher. Enfin bref...
Il émergea de l'autre côté du parc et traversa au passage piéton quand le petit bonhomme rigide vira au vert. Il prit la rue des Benêts-Dictins puis entra dans un sas de verre, préambule à l'un des endroits les plus hypes de la ville, le Nanti-Spam, boîte de nuit ultra private, lieu d'ébauches pour artistes, mondes désignés sur mesure pour d'importants clients, etc etc.
Il se présenta à l'acceuil, devant un homme en livrée, importé d'angleterre.
" Monsieur " livra t il, en guise d'introduction.
" Réservation au nom de Nhömas Scylle " confirma t il.
" La salle de Bal vous est reservée mOnsieur " dit il en lui ouvrant le bras, lui indiquant l'orientation à suivre pour rejoindre la fameuse salle. Par avance il prit le temps de régler l'importante addition, signant de son nom commun et en achevant sa signature par l'enfoncement du stylo dans le chèque, en un fort entrainant CLAC sonore.
Ca, c'était fait.
Lorsqu'il entra dans le vestibule précédant la pièce, il prit le temps de respirer plusieurs fois longuement.
Le plus dur... Lui... restait à faire.
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Situation - Récit des pacifiques du Pacifique.
Lieu - Océan Pacifique
Une Epoque - Automne 1942
Note de service - HA- KA-1942.
Service émetteur - Tribunal Pluri-potentiaire Dominicien, sous la bénédiction de l'Ange de Dominique Cerventes.
Acte d'accusation - "Non-respect des ordres de mission" - " Perversion des consignes " - " Infractions multiples aux codes de mission " - " Actes récidivistes ".
Peine retenue - Retrait du service actif pour examen d'âme, pour une durée de trente années standard.
Extrait des notes du Greffier
Juge Cervantes - " Vos ordres de mission étaient clair, je cite : Procédez à la pacification de l'Archipel du Sano Tori, pour permettre l'avancée des troupes de libération dans le Pacifique "
L'Accusé - " Amen. Il en fût fait conformément aux ordres.
Juge Cervantes - " Amen... nez le sur les marches, trente ans de réclusion pour Examen d'Ame"
L'Accusé - Ainsi soit il.
Sortie du Coupable.
Juge Cervantes - " Mais comment... comment avons nous pu en arriver là... "
Automne 1942 - Dans le Pacifique - Archipel du Sano Tori.
Le Lieutenant-Colonel John Geraldine se tenait parmi ses hommes, un genou à terre, distribuant ses dernières instructions à la ronde. de la pointe d'une branche de bois, il avait reproduit la zone d'affrontement, plaçant une à une les bases américaines... le champ de mines... la bordure de la forêt... la zone où était confinée les civils... et la crête, où l'élite de l'armée japonaise s'était rassemblée. De cette position, d'où ils semblaient indélogeables, l'armée japonaise distribuait un pilonnage constant et régulier, usant balles et obus à tout va.
" Il faut réagir et tenter une sortie mon Lieutenant... Toute nos bases sont en danger... " lui glissa le sergent chef Malone, un type aux allures de truand ritalo-latino, qui avait trouvé une seconde vie dans la glorieuse marine des Etats-Unis "Amen" d'Amérique.
" Pour ma part, Lieutenant, c'est pas que je rechigne à l'action... Mais je commence à avoir des crampes, je suis pas sur de pouvoir me trainer entre nos positions... " ajouta un autre gars, dont l'implication sur le terrain ces derniers mois réfutait toute accusation de trahison ou de lacheté. Il énonçait un fait, ni plus, ni moins.
Le Lieutenant-Colonel Géraldine pointa le visage de chacun de ses hommes. De bons gars... venus de tous les états... Il y avait Azhim, venu d'Al-Abama... Duncan, de l'Idaho... Tony, du Montana... et bien d'autres. Il sourit en coin, laissant s'exprimer toute la fierté et la compassion qu'il éprouvait pour ce genre d'hommes, les mettant un brin mal à l'aise.
" Il me semble que l'on a un job à finir les gars... Rejoignez les bases... Hors de question qu'un seul de ces gus ne passe notre ligne de défense... " leur dicta t il... " Je m'occupe de leur position sur la crête... " dit il en se redressant.
" ... donner autre chose à bouffer que des bananes... A chaque fois que je cours en bordure de la forêt... J'ai presqu'envie de grimper à un arbre " commenta le docteur Jones en s'éloignant au pas de course.
Le Lieutenant Colonel se saisit de son arme, en testa le poids et l'équilibre puis s'orienta vers sa position en contrebas de la crête tenue par les officiers japonais.
" Et maintenant... On va leur montrer ce qu'on sait faire... On va leur donner une petite leçon... " cria le Lieutenant Colonel à la ronde, déclenchant des rugissements de la part des soldats américains.
" ... de Base-Ball. "
Printemps 1942 - Dans le Pacifique - Archipel du Sano Tori.
C'est avec bien des regrets que le Lieutenant-Colonel John Géraldine, matricule 634-4373, officier de l'aéronavale de la marine des Etats-Unis d'Amérique, avait abandonné la carcasse déjà crépitante de son Corsair.
Il fallait reconnaitre pour la défense du Lieutenant Colonel - que d'autres désignaient sous le nom de Nhömas Scylle - qu'il n'avait pas été vraiment aidé par l'Administration pour mener sa mission à terme. First, bien que son Corsair affichait une belle couleur bleutée, il fuyait d'un peu partout, telle une bête déjà agonisante. Then, même en lestant l'engin de tout ce qui pouvait faire BOOM ou TACATAC, il n'en était pas moins possible pour un zinc de couler un archipel. So, il fallait bien improviser autre chose, car de toute manière les services de Michel étaient sur tous les fronts - c'était le cas de le dire - et les agents de Daniel complètement gavés d'adrénalyne sur tous les champs de baston du monde.
L'Archipel du Sano Tori servait à la fois de base japonaise et de camp de prisonniers. Ses canons pointaient vers un canal permettant de gagner plusieurs jours de traversées mais dont l'approche était interdite sous peine de voir la marine américaine s'embourber dans un jeu de tir au pigeon dont elle n'était pas sure de sortir indemne. Aussi, quand l'armée abordait le sujet du Sano Tori, le mieux qu'elle trouvait était de rester muette comme une mouette.
Ainsi donc le Lieutenant Colonel fût fait prisonnier. La première semaine, il fut copieusement passé à tabac - ce qui était une coutûme locale semblait il - pour ensuite, être exclusivement nourri d'une nourriture saine, quoique pas tout à fait équilibrée, au menu desquels un riz amer et quelques bananes tenaient lieu à la fois d'entrée, de plat, de dessert, ainsi que de quatre heures et de réserves pour les jours où le service laissait à désirer.
Les services de renseignement angéliques lui avaient néanmoins certifié la présence d'un Démon infiltré dans la hiérarchie japonaise, peut être de Kobal ou d'Asmodée. Autant vous dire que pour un ressortissant du Prince de l'Humour Noir ou du Jeu, cette affectation devait ressembler à une terrible punition, les japonais ayant une rigueur toute militaire excluant toute forme de jeu et un sens de l'humour plutôt premier degré.
Pour attirer le poisson dans ses filets, il faut encore avoir de quoi le ferrer. Aussi l'ange organisa autour de lui un piège adapté à sa cible. Il mit en place un marché noir de pelure de bananes destinée à alimenter le jeu de la peau de banane, qui consistait à tenter de faire glisser l'un des gardes. En effet ces derniers, par fierté, marchaient d'un pas régulier et le menton un peu trop relevé pour observer leurs propres pieds. Le jeu fit fureur parmi les prisonniers. Il y eût aussi la Loterie du riz... le Championnat de Pierre-Feuille-Ciseau... Le concert de xylophone sur les côtes des plus affamés... Des projets... Des débats... Jusqu'à ce que le démon se présente, les yeux presqu'aux larmes de voir ces païens convertis aux plaisirs du jeu, plus qu'au réconfort de la prière.
Vous savez désormais qui lança l'idée d'un tournoi de Base-Ball... et dans quel but.
Vous savez aussi pourquoi l'Archipel du Sano Tori n'apparaît dans une aucune chronique d'importance relatant les affrontements de la seconde guerre mondiale. N'ayant vu aucune bataille d'importance s'y tenir les historiens se désintéressèrent de cette partie de la bataille pour d'autres récits un peu plus vendeurs.
Lorsque les navires américains passèrent le canal, tout le monde était trop occupé à suivre le match en cours. La finale du mois de septembre, si je me souviens bien.
Lorsque les avions américains passèrent dans le ciel pour la première fois, tout le monde croisa les doigts pour qu'ils ne fassent pas de trous dans le terrain que les occupants de l'île avaient fait surgir de la forêt.
Lorsque les soldats américains envahirent l'île, tout le monde semblait surtout embêté par une pénurie de bananes, qui nuisait à la bonne santé des compétiteurs.
Lorsque les agents du gouvernements emportèrent le Lieutenant Colonel sous les applaudissements du public, ils comprirent qu'ils seraient bientôt couvert de médailles.
C'était sans compter sur un proverbe angélique, encore jamais démenti.
" Tous peuvent entrer dans la compétition, mais le Dominique gagne toujours à la fin "
Ceci conclue le Récit des Pacifiques du Pacifique.
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