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Le Beau Bar à Brian
Glorieux Georges se tourne alors vers Lapinou, une lueur de malice dans les yeux. Car Malicieux Georges sommeille en lui, tel un diablotin sortant de sa boîte pour inonder le monde de blagues et de merveille. Avec punch, bien entendu.

"Toi aussi, si tu avais une couille en moins, tu serais grincheux."


Mais voilà que déjà, la lumière vive au fond des yeux de Georges s'éteint. L'ennui le guette, et tout le monde peut le voir piaffer d'impatience. Il commence alors une série de frappe dans le vide, montrant à tous son envie de combat et de K.O. Chaque mime s'accompagne d'une série d'expiration et d'inspiration. Il s'en faut de peu pour que Glorieux Georges ne commence à courir le long des murs, en guise d'échauffement.

Il se tourne alors vers El'Ohell, suant à nouveau, et toujours aussi aigri. Visiblement, son footing ne lui a pas remonté le moral. Il est devenu Grincheux Georges.
Un lecteur attentif aura remarqué qu'il essaye alors - en vain - de se gratter discrètement les parties génitales. D'un seul côté.

"Hé, mec. Quand a lieu mon prochain combat ? Et qui est mon adversaire ? Qui sera assez fou pour se dresser face à Glorieux Georges ?"
"Calme toi la brute, t'es pas ici pour faire le clown, je te rappelle qu'on a du pain sur la planche. J'espère que vous comptez pas tout faire foirer comme d'habitude parce que je vous signale qu'on a pas le droit à l'erreur ici. Ça me plaît pas des masses de marcher sur le fil du rasoir en sachant que c'est des imbéciles dans votre genre qui tiennent le manche et qui peuvent tout foutre par terre en un instant. Alors vous aller vite paner un truc : je vais pas vous laisser faire les andouilles à tout va tant que ma peau est en jeu ok ? Maintenant qu'on est au complet on peut ptêt faire ce pourquoi on est venu nan ?"

L'homme à la casquette rouge termine sa bière et froisse sa canette en aluminium dans sa main avant de la jeter en arrière. Il jette un coup d'oeil circulaire sur ses "compagnons", attendant visiblement qu'ils acquiescent à sa proposition.
Combat?

Combat?

COMBAT?


"Georges, est ce que tu entends ce que j'entends?"

Dans un ralenti insoutenable, le manager enleva ses lunettes et lança un regard plissé - qui aurait fait passer David Caruso pour un branleur - vers l'infini, et au dela.
Les projecteurs s'allumèrent dans un flash cosmique, éclairant le ring sur lequel il se trouvait à présent. La foule hurlait, la foule scandait, la foule beuglait, la foule suait, la foule payait. Le stade tremblait au fil de ses palpitations, alors qu'enflait le CRI.


"GLORIEUX! GLORIEUX! GLORIEUX! GLORIEUX!"

Et voila qu'il se tenait debout, micro en main, au milieu d'un match opposant son poulain à Mohammed Ali devant plusieurs millions de personne. Pendant que...

Du ciel...

...Une pluie de dollars s'abattait sur lui.

Du moins, dans son esprit. En vérité, El' n'avait pas bougé d'un pouce, mais puissants étaient les pouvoirs du Delirium Tremens. Robotiquement, il remit ses lunettes. Il ne souriait pas, mais son regard brilla étrangement avant d'être recouvert par les verres teintés. Sa voix se fit étrangement rauque.


"...C'est le train de la gloire et du pognon qui siffle dans la nuit. Prochain arrêt...
Le Titre!"
Empli de la douleur de celui qui se sait embarqué dans le terrifiant tourbillon de la connerie des autres, les yeux pâles du grand maigre se tournent vers le ciel sachant pertinemment qu'ils ne peuvent attendre aucun secours de là. Ni de nulle part ailleurs. Quand ils se fixent sur le manager de Glorieux George la colère les fait luire d'un éclat étrange et troublant.




"T'AS ENTENDU C'QUE J'AI DIT TETE DE THON ?
PAS DE CONNERIE ! NO CRAP ! J'ai pas envie de finir en boustifaille pour clodo parce que deux peigne-culs dans votre genre auront décidé de se la jouer Riton la Balafre à l'Olympia !"
"Ouais, ma poule, ça gaze. Dis voir, j'aurais besoin d'un service de ta part. Tu pourrais arbitrer un match pour moi? Parfait. Et je triple ta commission, celui la sera...enfin...tu saisis. Ouais, toi aussi, tchuss."

Non, El'Ohell n'écoutait déjà plus rien. Un portable dans chaque main, il enchainait désormais les appels à une cadence frénétique. Une poignée de mots seulement furent audibles, comme "pari" "gros coup" "publicité" ou autres. Après une bonne quinzaine de conversations toutes aussi emballées et fiévreuses, il se tourna vers Frankiz.

"Le Service "Relations Publiques et Recouvrements" entend pas se faire marcher sur les pieds, gars. Alors toi et tes potes, occupez vous de votre biz et laissez faire les pros."

Il fut interrompu par une sonnerie stridente et décrocha, repartant dans une logorrhée verbale incompréhensible. Personne ne l'empêcherait d'être un bon manager.
Ni de faire un max de thunes, d'ailleurs.
Des oufs.

Il était entouré par des fous. Une sacrée belle bande de guedins qui partaient chacun dans leurs délires, et aucun pour penser à l’Humanité. Vraiment, il allait être difficile de faire quelque chose avec ces mecs, et pourtant ; la sauvegarde de l’humain devait obligatoirement passer par là. Pourquoi ? Il le savait, c’était tout ce qui comptait.

Le petit groupe allait avoir pas mal de boulot à faire, mais pas question pour autant de mettre en stand by SON plan. C’était une chose qui ne tolérait aucun relâchement.


« Une fois que chacun aura terminé son show, on pourra passer à la suite des évènements, ouais. Plus vite cette réunion sera bouclée, et plus vite je serai débarrassé du désolant paysage offert par vos visages ; pour un temps tout du moins. »
Big Grin

Bon, et bien, maintenant que nous sommes tous amis, que diriez-vous d'aller manger une délicieuse tarte aux fraises ?

Il n'a rien compris -_-
L'air passablement blasée par les réactions de ses collègues, Mélatonine observe la scène, tout en sirotant à la paille son jus de tomate. Car oui, la tomate est un fruit, qui plus est doté d'excellentes vertus pour la santé. Antioxydante, elle vous assurera de plus un foie sain, sans parler d'un apport conséquent en vitamine C et en minéraux... Mais bon, on s'en tape.

"Hey les mecs, comptez pas sur moi pour vous rafistoler si vous vous mettez sur la gueule... On est en dehors de mes heures de service, là."
Recueillement. Devant ce spectacle, la prière pourrait fort aider. Si seulement il était pieux. En fait il serait plutôt pieu, voire épieu, ou tout autre mode d'éviscération. Il sirota son cocktail, jouant distraitement avec une olive qui baignait dedans tel un oeil au beau milieu d'un bain de sang.

Puis il se dit qu'effectivement ça partait un peu en couille. Et que pourtant ce n'était pas l'heure d'aller au restaurant.


La demoiselle a raison, on est ici pour du sérieux, du lourd. Du gros gibier. Donc on se recentre sur nos objectifs et on torche ça vite fait bien fait, car on a du travail. Et ça ne sera pas une partie de plaisir. Du moins pas au départ.

Et vous inquiétez pas, du lattage de tronches, de la boucherie, du rafistolage, on en aura, ça ne manquera pas. Mais chaque chose en son temps. J'suis sûr que Frankiz le videur est d'accord avec moi, hein ma poule ?
"On a pas gardé les porcs ensemble, tronche de lèpre. Mais ouais t'as raison. Et si les trous du cul du Service Relations Publiques et Recouvrement veulent faire les zouaves ils le feront sans l'aide su Service Nature & Traditions."


Il se lève assez brutalement et fait un signe au lapin géant.


"Tu te radines Lapinou ? "


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