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Fatale Obsession
#1
Cela fera bientôt deux années….
Une vingtaine de mois depuis que cet immonde boucher a bouleversé mon âme lors du massacre italien qui le rendit célèbre. Plus de sept cent journées et le même nombre de nuits que je rêve de le renvoyer croupir dans les affres de l’Enfer… en vain.

L’Administration avait mis sur pied un commando d’assassins pour une mission importante : le meurtre d’un prêtre exorciste dans un petit village de calabre.
Sous des allures des plus modestes, ce grade 2 de Walther dirigeait d’une main de fer les troupes angéliques du sud-ouest de la péninsule. Il devenait trop puissant et trop gênant. Il devait mourir.

Accéder à ce village niché dans le massif de l’Aspromonte ne fut pas chose aisée tant les forces adverses étaient en alerte. Notre intervention secrète semblait, une fois de plus, avoir été éventée et les combats firent rage durant toute l’ascension vers la chapelle où vivait notre cible. L’incroyable cruauté du démon Axe me frappa déjà lors desdites batailles, mais cela n’était rien face au spectacle qu’il allait nous offrir le lendemain.

Après une courte nuit de sommeil, mes compagnons d’arme et moi prirent dès l’aube le chemin du hameau où notre mission devait être accomplie. La disparition du démon Axe ne nous inquiéta pas outre mesure, tant les actions de celui-ci étaient imprévisibles. Son absence sembla presque rassurer les deux Chevaliers de l’Ordre Noir qui m’accompagnaient, tant l’indicible aura malsaine qui émanait du démon de Kronos les incommodait depuis notre départ.

A peine deux heures plus tard, nous arrivâmes en vue de la petite chapelle : Axe était assis sur le parvis, jonglant de manière puérile avec la hachette qu’il ne quittait jamais. L’un des deux Chevaliers de l’Ordre Noir me rapporta même qu’il avait surpris une nuit le démon de Kronos en pleine discussion avec cette petite hache.

Il leva les yeux vers nous et nous signala d’un air candide que la mission était un succès : le grade 2 de Walther errait à l’instant sur une marche intermédiaire.

« Tu en es venu à bout seul, toi un simple grade zéro ? » lui lança un démon de Baal.

« Ouaip » rétorqua-t-il simplement en souriant.

« Et qu’est-ce que tout ce sang si tu t’es contenté de le projeter sur une autre marche ? » lui demandai-je.

« Oh, ça ? C’est rien, on a joué un peu ma hachette et moi. Bon, on se casse ? »

« Tu as joué ? »

Le démon de Kronos se leva et se plaça entre la porte de la chapelle et moi. Ses vêtements étaient maculés de sang.

« Héhé, vous allez bien rire : c’est trop bête mais je suis arrivé en plein office. Après avoir projeté l’autre empaffé, il fallait bien que je m’occupe des témoins… »

Les deux Chevaliers de l’Ordre Noir me lancèrent un regard que je n’oublierai jamais : leurs yeux me hurlaient littéralement « mais qu’à donc fait cette espèce de détraqué ? »

Après avoir violemment écarté le démon de Kronos de mon chemin, je me dirigeai aussitôt vers la porte de la chapelle. L’odeur pestilentielle qui se dégageait de l’intérieur me révulsa un instant lorsque je pénétrai dans le lieu sacré, et le spectacle qui s’offrit à moi me glaça les sangs.
Telle une œuvre impressionniste en bichromie, de longues éclaboussures rougeâtres maculaient les murs blancs de la modeste bâtisse. J’avançai lentement vers la nef, mes pas frappant mollement le sol rendu poisseux par les flots de sang qui s’y écoulaient. Mon regard se figea sur les marches de l’autel : une dizaine de cadavres désarticulés et atrocement mutilés jonchaient le dallage, principalement des enfants.

« Ca devait être l’heure du catéchisme » ricana le démon psychopathe avant d'éclater de rire.
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#2
Un nouveau venu fait son apparition dans l’Antre des démons.

C’est un adolescent de taille moyenne et de corpulence malingre, presque anémique.
Il est vêtu assez chichement d’un pull en laine de couleur gris-beige laissant apparaître le col d’une chemise à carreaux tirant vers le saumon, et d’un pantalon de velours brun.

Malgré son visage candide cerclé de lunettes opaques en métal et son apparente fragilité, une indicible aura malsaine émane du jeune homme. Une observation plus méticuleuse du personnage révèle en outre certains détails, comme le sang maculant son pull et la hachette qu’il porte à la ceinture, qui laissent sourdre d’horribles secrets.


Le novice contemple quelques instants les nombreux démons qui ergotent au cœur de l’Antre, puis envisage plus longuement l’un d’entre eux…
Un imperceptible rictus apparaît au coin de ses lèvres lorsqu’il prend la parole.


- Je vous salue, frères démons. Mon nom est Axe, à prononcer à l’anglaise bien entendu, et j’arrive à l’instant à Immac-sur-Sable. Kronos est mon Prince, et je m’incline dores et déjà respectueusement devant mes supérieurs que je ne connais pas encore.
Par contre c’est avec une certaine surprise, mêlée d’un plaisir que j’imagine non-partagé, que je croise ici un visage familier. Quel hasard burlesque... hin hin hin.

Le jeune homme ricane tel un dément durant de longues secondes, puis reprend son souffle. Le néophyte s'installe dans un fauteuil et, tout en caressant langoureusement sa hachette ensanglantée, observe les démons
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#3
Cela faisait presque deux années. L’Administration n’avait pas donné suite à mon rapport pourtant accablant : l’importance du meurtre du prêtre exorciste occulta les dérives du démon Axe. C’est à peine si ce boucher n’avait pas été promu au grade de Chevalier.
Une vingtaine de mois que la scène de la chapelle hante mes cauchemars. Plus de sept cent journées et le même nombre de nuits que la mort de ce démon de Kronos m’obsède.

Et maintenant il est ici... à Immac-sur-Sable... dans ma ville... il est là devant moi, avachi dans un canapé... et il me toise, un sourire narquois aux lèvres.

Moriarty se remémore la mission qui l'avait menée il y a quelques temps loin de Immac-sur-Sable, cette fameuse entreprise qui nécessitait les meilleurs exécuteurs disponibles... cette périlleuse mission secrète qui ne lui avait rien rapporté si ce n'est d'horribles cauchemars.
Les images fusent subitement devant elle: une colline boisée, un paisible village rural, une petite chapelle... le sang, l'odeur fétide, les corps torturés et odieusement mutilés... les abominables rires hallucinés de ce détraqué mental.

"Ainsi les humains t'ont relaxé du sanitarium dans lequel tu croupissais? Qu'est-ce qui leur a pris de libérer un aliéné de ton espèce? " lui lance Moriarty.

Le Chevalier du Jugement marque une courte pause, et une convulsion de dégoût transparaît sur son visage généralement hermétique.

« Relaxé? Libéré? Vous oubliez que je suis un polymorphe, gente Dame, et qu'il m'a été aisé de prendre l'apparence de feu le Professeur Barzagli pour quitter les lieux. Ce brave Professeur, retrouvé plus tard exsangue dans son cabinet psychiatrique... il paraît qu'il s'est à ce point défiguré le visage à l'aide d'un morceau de verre qu'il était méconnaissable. Un véritable drame, n'est-ce pas? » lui rétorque le démon de Kronos, avant de se fendre d’un éclat de rire terrifiant.

Seuls les démons les plus proches de Moriarty entendent les mots qu'elle prononce à voix basse à l’attention de Axe:

"Tu ne provoqueras pas de carnage abject dans cette ville, immonde boucher. "
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#4
Sympa cette ville. Je commence à y faire mon trou, et je me suis entouré d’un groupe de démons plutôt cool dont certains sont presque aussi tarés que moi. « Plus on est de fous, plus on rit » selon la maxime, et c’est vrai que je m’éclate ici !

Ma section, « Insanity », remporte un vif succès et prend de plus en plus d’importance au sein de la communauté démoniaque. A titre personnel, il paraît aussi que je me fais peu à peu connaître chez les emplumés d’en face et qu’ils prennent progressivement conscience du fait qu’ils vont devoir compter avec moi. Ma rencontre dans les égouts de la banlieue sud-ouest avec ce clown servant Walther a dû me faire de la pub…décidément, j’ai un bon feeling avec les Walther moi !

La seule ombre au tableau est cette satanée Dame du Jugement qui me colle aux basques tel un chewing-gum moisi sur une semelle de tong. Elle a bien failli m’avoir à quelques reprises cette salope, mais j’ai toujours pris soin d’effacer les preuves...
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#5
"… Ben ouais, depuis que Moriarty a pété un cable, Strygs se retrouve avec un boulot de malade.
S´il continue comme ca il va se pécho un ulcere, m´enfin cette affaire sera bientot réglée. Bon on se retrouve ce soir, il y a une Murder Party chez un pote de Bifrons. Ciao, Uth´!"

Apres avoir raccroché, Malback se vautra dans son énorme fauteuil en cuir humain, et alluma un joint digne des plus belles heures du grand Bob.
Sa pensée s´eleva en meme temps que la fumée, et son esprit s´attarda sur le cas Moriarty.

Ca faisait un bail qu´on ne l´avait pas vue au CDD. En fait, la derniere fois remontait a cette réunion houleuse, juste apres son arrivée a lui, conjointe a celle de Nurahk. Uthorion, Nurahk et Malback avaient lancé une discussion sur l´évolution du role du CDD.
Moriarty était partie au quart de tour, fustigeant les trois démons (enfin, surtout Malback) pensant que ceux-ci critiquaient son boulot. Elle était montée sur ses grands chevaux a la surprise générale, elle toujours si calme, froide et réfléchie. Elle avait claqué la porte du conseil apres avoir craché son venin, furieuse, suivie par Strygs, qui n´avait apparement pas encore pris son indépendance.

D´ailleurs, en y repensant, ce n´était pas vraiment la derniere fois qu´elle avait réagi de facon inhabituelle. En dehors de ses relations avec ce jeune Kronos plutot marrant, Axe, a qui elle semblait vouer une haine féroce pour des raisons inconnues, elle s´en était également pris tres violamment dans l´Antre au démon Yama, suite a une reflexion déplacée de sa part certes, mais qu´elle avait pris pour elle. Elle l´avait plaqué au mur et menacé de mort, l´humiliant en public. ´Tain paye ton exemple devant les mecs qui étaient allés se prendre des coups de batte avec le sourire pour récuperer son katana a la con.
D´ordinaire, elle se contentait d´apparaitre pour que le silence craintif qu´elle seule savait générer se fasse. Ouais. Et depuis, plus de nouvelles.

Pas qu´on s´en plaigne, un Andro en moins c´est autant de liberté en plus. Quand le chat n´est pas la…
Et puis, avec Strygs au moins, on pouvait discuter, si on savait le prendre par le bon bout.

Malback jeta un oeil a l´horloge, écrasa son mégot, enfila sa veste et sortit de son bureau.
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#6
L’Administration fait la sourde oreille. J’admets que mon dossier n’est pas étayé de suffisamment de preuves, mais le faisceau d’indices troublants qui l’émaille aurait dû attirer l’attention des haut-gradés.

Ce démon Axe est intelligent, et il ne le sait que trop : il en use et en abuse.

Il a pris soin d’étouffer le meurtre de sang-froid qu’il a commis sur la personne du démon Kedrach au cours d’une mission King of the Hill. J’ai eu beau questionner plusieurs démons à ce sujet, aucune langue ne s’est déliée : ce beau parleur à dû se les mettre en poches sans la moindre difficulté. Affaire classée.

Il m’est revenu de manière indirecte lors d’une conversation qu’il aurait sauvagement assassiné un humain qui cuvait son vin dans les docks afin de tester sa nouvelle paire de Saï. Le seul démon qui aurait assisté à la scène a quitté la ville. Affaire classée.

Des rumeurs plus qu’insistantes circulent sur la manière brutale avec laquelle il aurait récupéré l’arme bénite que possédait un humain lors de la dernière campagne. On parle à mots couverts de torture. Malgré mes investigations, je n’ai pas pu avancer la moindre preuve irréfutable à l’Administration. Affaire classée.

Le fait qu’il dirige une section de désaxés regroupant en son sein la lie démoniaque n’émeut personne, tout comme sa manière de perpétuellement se positionner en porte-à-faux vis-à-vis de l’autorité.

Non, tout ce qui intéresse l’Administration et les démons de Immac-sur-sable est la poudre aux yeux qu’il leur lance à intervalles réguliers : la manière soi-disant héroïque dont il est venu à bout de plusieurs anges lors d’une mission en banlieue sud-ouest, la projection sur une marche intermédiaire d’un serviteur de la Mort connu, la direction des opérations de recherche visant à récupérer les armes surnaturelles égarées par les services administratifs, la récupération d’un coup de poing américain bénit et le marquage d’un ange de Walther.

Moriarty lit une dernière fois la réponse de l’Administration à son dernier rapport : « … en conséquence, nous estimons que vous n'avancez pas suffisament d'éléments probants en vue de procéder au jugement du démon Axe. Nous vous interdisons dès lors de lui infliger quelque punition que ce soit ou d’attenter de quelque manière à son intégrité physique.».

Si ces artifices suffisent à impressionner au sein de l’Antre et à satisfaire les hautes sphères, moi je ne suis pas dupe : quoi qu’en dise l’Administration, ce démon doit être châtié. Il doit mourir…
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#7
Axe gare sa voiture sur le parking de la disco, en prenant soin de laisser tourner le moteur. Quelques démons se pressent déjà pour prendre possession de la Ford Mondeo qu’il est parvenu à dérober à l’ange Jerubaal.

- Holà, pas touche les mecs !! Je viens juste livrer quelques clopes à la barmaid et je repars illico.

Le démon de Kronos descend du véhicule et en extirpe un sac plastique contenant quelques fardes de cigarettes. Il se dirige nonchalamment vers l’entrée sud de la discothèque et apostrophe une jeune démone.

- Salut poulette, la discothèque est accessible ? Je veux dire, aucun serviteur de Crocell ne s’est amusé à geler les entrées aujourd’hui ?

- Non, tu peux y aller.

- Ok, merci du renseignement.

Il approche de la porte d’entrée lorsque, alerté par son instinct, il se fige soudainement : quelqu’un le suit de près… quelqu’un d’invisible. Une aura de grade 1 devient perceptible aussitôt le pouvoir « détection des invisibles » lancé par le démon de Kronos.

- C’est malin, je viens de gaspiller des ressources psychiques pour rien ! On ne suit pas les gens d’aussi près Dame Mory, c’est très impoli. Vous connaissez la ligne de courtoisie ?

Moriarty, invisible pour la plupart des badauds qui déambulent sur le parking de la discothèque, lui fait face à moins d’un mètre de distance. Elle fixe Axe droit dans les yeux, son regard incandescent se reflétant dans les verres teintés du démon de Kronos.

- On m’appelle Chevalier Moriarty, sordide cancrelat!

Axe sourit

- Okay, excusez-moi Chevalier-Moriarty-sordide-cancrelat mais…

Avant qu’il ne puisse achever sa phrase, un katana s’abat à la vitesse de l’éclair sur lui. Bien que détectant les invisibles et doté d’une excellente esquive, le caractère soudain de l’attaque ne permet pas à Axe de parer complètement le coup.

Le démon ressent aussitôt une vive douleur irradier dans sa poitrine, et c’est avec une certaine affliction qu’il constate que ni sa batte en métal, ni son blouson en cuir n’ont suffit à protéger son torse de la lame acérée du Chevalier du Jugement.
En outre, du sang chaud et vermeil ruisselle sur son visage : une profonde estafilade orne dorénavant sa joue droite.


Le démon de Kronos contemple quelques secondes sa batte en métal, laquelle a été coupée nette par le katanai, avant de la jeter sur le sol jonché de cigarettes. Il observe ensuite les nombreux témoins de la scène et sourit.

- Je pourrais te buter sur-le-champ pour ça, pouffiasse, et tu le sais. Mais j’ai une bien meilleure idée…

A la faveur d’un déplacement temporel, Axe quitte le parking pour s’engouffrer dans la discothèque. Un rictus cruel s’affiche sur son visage ensanglanté.

- Je vais être définitivement débarrassé de toi ma grande, et plus rien ne m’empêchera de m’approprier cette ville pourrie….
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#8
Quote:Chevalier Strygs,

Au vu des multiples pièces et témoignages récoltés dans le cadre de cette sombre affaire, notamment le rapport accablant du démon de Kronos Axe, nous avons souverainement décrété le retour aux enfers de la Dame du Jugement Moriarty. Il est en effet établit que cette dernière, qui depuis quelques temps devient de plus en plus incontrôlable, a sciemment désobéi à une directive émanant de notre Office.
Etant donnés votre grade et vos aptitudes, nous vous confions la lourde tâche de procéder au jugement de votre consœur.
Nous veillons à ce qu’aucune incarnation ne lui soit réservée à Immac-sur-sable, aussi vous suffira-t-il de l’exécuter pour assurer son retour dans les limbes.
Nous comptons sur votre efficacité pour mener à bien cette mission délicate.

L’Administration Démoniaque
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#9
Le chevalier Strygs tenait du bout des doigts le fax qui venait d’arriver. Aucunes erreurs c’était bien un message officiel.
Il le lut et le relut n’en croyant pas le contenu…

Seul dans son bureau, il appela Anne Sinclair la secrétaire des services d’Andromalius et lui intima l’ordre de faire suivre le dossier, sur lequel il travaillait auparavant, à la juge Nabella Leen. Il expliqua alors à la secrétaire qu’un travail spécial l’attendait et qu’il sera seul pour mener à bien cette délicate mission.
Il referma le bureau et relut encore le fax. « Procéder au jugement de votre consoeur » juger la dame Moriarty, son maître… son mentor. « Retour aux enfers » … « retour dans les limbes », il n’en revenait pas … jamais si difficile travail ne lui avait été confié. Plus qu’une puissante gradée, c’est un symbole qu’il devait juger. Symbole de l’implacable et inexorable efficacité de la volonté du Prince Andromalius.

Que faire ? Désobéir serait une stupidité profonde, Immac perdrai deux gradés d’Andromalius au lieu d’un seul. Pendant près d’une heure il fit les cent pas dans son bureau espérant en vain trouver une solution. L’ordre était on ne peut plus clair, il fallait éliminer le Chevalier Moriarty… Mais comment ?

Il rajusta son chapeau haut de forme, regarda l’heure sur sa montre gousset qu’il rangea dans sa poche intérieur de veste et enfin s’arma de sa batte. Il se décida alors à sortir dans les rues, détections des invisibles et invisibilité, toutes deux activées.
Il faisait nuit, une nuit étrangement calme et banale. Eclairées d’une lune au dernier croissant, virant très prochainement à la pleine lune, et des néons roses du X-filles clignotant aléatoirement de vétusté. En pleine rue principale il se délectait de cette ambiance qui lui était si chère, quelques poivrots à cuver leur vins à l’entrée de la bouche de métro, les putes habituelles sur le trottoir, camées à souhait par les dealers et proxénètes qui se shootaient aussi non loin sur le terrain de basket.

Au bout de quelques rues il sentit la présence d’un invisible… C’était assurément le Chevalier Moriarty, personne d’autre n’usait si discrètement et habilement de ce pouvoir, de plus, une incroyable aura et tension se dégageait… Strygs ne savait que faire, car il se doutait qu’en frappant dans le dos, Moriarty ne le sentirait pas venir, invisible, pour l’achever… Mais elle ne méritait pas cela. Il avait bien trop de respect pour elle pour l’achever de la même maniere que les anges, que les renégats… tel un chien.
Il se posta devant elle et lui parla :


- Maître… Tout doit finir…ici…maintenant.

Lorsqu’il prononça ces mots une larme perlait sur sa joue, il se rendit compte alors d’une chose qui le frappa en plein cœur : il l’aimait… pas comme un homme aime une femme, non, mais comme un élève aime son maître, élève maintenant devenu maître. Il l’aimait comme deux très bons amis… comme un frère aime sa sœur… sa consoeur pour reprendre les mots de l’administration.
Et d’une voix nasillarde il continua :


- Ordre de l’administration, j’ai pour mission de te tuer maître… Chevalier Moriarty… Mori

Elle resta droite et sûre d’elle et répondit :

- Axe aura décidément tout gagné. Strygs tu n’y es pour rien. Même si je meurt de ton bras, c’est bien Axe mon assassin. Fais ton travail, je ne résisterai pas… Ainsi ils comprendront peut etre que j’ai toujours été fidèle aux volonté de notre Prince. Qu’il en soit ainsi, mais accordes moi une faveur je te prie Strygs : achève moi avec ceci :

Ponctuant ses paroles, elle dégaina son katana.

- Tranche moi la tête, je te l’ordonnes.

Strygs tremblait un peu, il prit le katana avec hésitation. Elle continua.

- J’ai confiance en toi pour continuer tout le travail que tu abats déjà. Honore Andromalius comme tu l’as honoré jusqu’à maintenant. S’il te plait gardes un œil sur Axe mais ne fait pas la même erreur que moi, ce serait un combat psychologique que tu perdrais assurément.

Elle marqua une pause tandis qu’elle força le bras de Strygs à s’élever au dessus de sa tête.
Elle dégaina alors son Wakizashi, le tenant de la main droite, pointe tournée vers son ventre elle releva son haut de la main gauche et d’une voix assurée, le regardant dans les yeux :


- Strygs…Je suis fière de toi.

Elle planta l’arme et se fit trois terribles incisions commençant au niveau de l’estomac jusqu’au foie, vers le haut et enfin en diagonale vers le cœur. Tout en se retenant de grimacer de douleur elle cria les yeux exorbités :

- MAINTENANT !

Strygs abattit alors la lame, tranchant nette la tête qui disparut en vol, en même temps que le corps s’affalait, dans un « PLOP » retentissant.
C’était fini.
Strygs n’avait pas tué Moriary, elle venait de réaliser le traditionnel seppuku. Ne pouvant et ne souhaitant déroger au devoir de loyauté envers l’administration, ne pouvant se permettre de faire des remontrances à cause du comportement laxiste et naïf de l’administration sur l’affaire de Axe, Moriarty venait de se donner la mort en signe de protestation, Strygs savait que la pratique du seppuku dans ce tel contexte se nommait Kanshi et représentait une forme de gage d’absolue loyauté et de don ultime de soi. La décapitation n’était là que pour éviter toute manifestation intempestive et déshonorante de douleur…
Une larme perla sur sa joue.
Il contempla la lune… Il contempla les poivrots, les putes, les dealers… Il contempla les néons du X-filles, entendant les rythmes provenant de la discothèque…
Rien n’avait changé, pourtant plus rien ne serait comme avant.
Au revoir Mori.
Une larme perla sur sa joue.
Au revoir…
Et le chevalier du Jugement Strygs repartit vers locaux des services d’Andromalius.
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#10
La porte d’entrée du bureau local des serviteurs d’Andromalius s’ouvrit à la volée, heurtant le mur attenant avec fracas. Il s’était mis à pleuvoir, et le tonnerre grondait. Un bel orage d’été s’annonçait, sans nul doute. Encadrée par la pluie battante, la sombre silhouette qui se découpait dans l’embrasure de cette dernière révélait facilement l’identité du nouvel arrivant.

Strygs, puisque c'était lui, s’avança dans la salle principale, posant machinalement sa veste humide sur un porte-manteau prévu à cet effet. En cette heure avancée de la nuit, tout était plongé dans une obscurité des plus dérangeante. Seul le bruit des gouttes d’eau s’écrasant contre les fenêtres du local venait troubler le silence presque total qui régnait en ces lieux. Sans prendre la peine d’actionner l’interrupteur qui aurait éclairé l’intégralité de la pièce, il se dirigea droit vers son propre poste de travail. Ôtant son haut-de-forme trempé, il se laissa glisser dans un épais fauteuil de cuir, et alluma sa petite lampe de bureau. D’un geste lent, le chevalier du jugement tira sa montre-gousset d’une de ses poches. Déjà minuit…

A la lueur du faible éclairage s’étendaient des ombres sinistres, derrière lesquelles le serviteur d’Andromalius devinait les massives piles de dossiers, les étagères remplies de livres de lois, et, bien évidemment, les bureaux de ses autres collègues. Son regard s’attarda, instinctivement, sur celui de Moriarty…

Le claquement d’un puissant coup de tonnerre tira Strygs de sa rêverie. Il se redressa d’un seul mouvement, comme si la foudre elle-même l’avait frappé. Les yeux du démon s’étrécirent, sa bouche se dessinant en un rictus mêlant rage et désespoir. Ses phalanges, devenues blanches sous l’effort, tordaient à présent le rebord du bureau d’acier, comme si il ne s’agissait que de simple plastique.

« A quoi bon être fidèle et travailler autant si c’est pour finir ainsi… »

D’un cri furieux, il frappa une pile de dossiers du poing qui s’effondra sous le choc, transformant le sol en un véritable capharnaüm de feuilles de papier. Loin de s’en satisfaire, il laissa libre court à sa colère, arrachant, écrasant et renversant tout ce qui se trouvait à sa portée.

Au dehors, un éclair zébra le ciel une fois de plus, suivi par un nouveau coup de tonnerre, plus assourdissant que jamais. La petite lampe de bureau grésilla un bref instant, avant de s’éteindre complètement, plongeant le démon dans les ténébres. Une douche froide n’aurait pas eu meilleur effet. Strygs se laissa tomber au sol, au milieu d’une myriade de dossiers déchirés, haletant.

« Tu en fais un boucan, mon cher Strygs… »

Une voix féminine, qu’il connaissait bien…

Ecarquillant les yeux comme si la foudre avait à nouveau frappé, l’intéressé cilla, se redressant fébrilement, sa raison et son flegme habituel reprenant le dessus. Devant lui, dans la pénombre, irradiant d’une aura écarlate à la puissance reconnaissable, se tenait son deuxième "Maître", comme il aimait à l’appeler. Parée de sombre, elle le fixait d’un regard d’une froideur des plus mortelles.

« Nergal ! Je… »

Strygs s’était relevé, se tenant le plus droit possible, cherchant une explication à fournir à sa collègue pour justifier son égarement pour le moins destructeur.

« Ne t’excuse pas. Je suis au courant. »

Dans un froissement de cuir, elle s’approcha et lui tendit un feuillet. A la faveur d’un nouvel éclair, le démon d’Andromalius put prendre connaissance de son contenu… L’ordre d’exécution de Moriarty.

« Tu n’as pas à regretter ton acte. Tu as suivi les ordres.

- Vous en avez également été informée ?
- Naturellement. Mais étant donné les conditions actuelles, ils ont préféré confier le travail à toi plutôt qu’à moi… C’est compréhensible. Mais… »


La démone dépassa Strygs, marchant lentement jusqu’au bureau renversé de ce dernier. Posant ses doigts fins sur le rebord, elle ajouta, dans un murmure presque inaudible.

« … peut-être auraient-ils dû confier cela à moi, après tout… »

Sans laisser le temps à son collègue de comprendre le sens de ses mots, elle redressa le bureau de métal d’un mouvement vif et précis. D’une voix plus forte, elle reprit son discours.
« Mais il ne faut pas te laisser abattre, mon ami. Ce qui s’est passé n’est pas "juste", il est vrai. C’était l’une des meilleures d’entre nous, mais elle s’est faite prendre au jeu de Axe. »

Le ton de Nergal, froid et calme jusqu’alors, laissa transparaître une pointe de dégout en prononçant le nom du démon de Kronos. Se tournant à nouveau vers Strygs, elle planta son regard dans le sien, semblant sonder jusqu'aux tréfonds de son âme.

« Je n’ai pas de leçons à te donner, nous sommes à rang égal, désormais. Je vais simplement te donner un conseil. Sublime ta colère et ton ressentiment... Fais-en ton avantage, ta motivation. Et peut-être qu’un jour, alors, Justice sera faite. »

Le chevalier du jugement l’observa sans rien dire, pendant quelques secondes, puis hocha la tête, lentement.

« J’apprécie énormément le travail que tu as fourni jusqu’à présent, Strygs. Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Et puis, n’oublie pas. Tu as un deuxième "Maître"... »

Laissant là le serviteur d’Andromalius à ses pensées, la démone s’éloigna, se replongeant dans les ténèbres...
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