09-27-2011, 04:00 PM
Musique-dies irae
Gabriel et Samaël étaient égaux. Ils étaient en effet aussi adroits l'un que l'autre et d'une force identique. Leur science du combat elle-même s'annulait. Dans ces conditions, le combat était voué à durer une éternité. Mais l'épée de Gabriel était d'une trempe différente de celle de son frère, l'acier le plus dur étant incapable de résister à son tranchant.
C'est ainsi que , tel deux reflets, les deux anges levèrent conjointement le bras pour frapper. Mais, alors que le coup s'abattait des deux côtés dans une symétrie parfaite, l'arme de Samaël fut coupée en deux, n'offrant plus aucune résistance à celle de Gabriel. La lame de feu poursuivit alors sa course dans le flanc de l'adversaire, déchirant une chair jusqu'alors inviolée.
Pour la première fois le rebelle connu la douleur.
Rien n'était finit cependant. Une horde de partisans arracha immédiatement le blessé à la vindicte de son frère et déjà la bataille se réorganisait.
Pendant ce temps, dans la salle du Conseil, un seul être était resté à sa place, immobile : Dieu. Bien que les murs le séparaient des scènes de la bataille, son regard infini n'avait rien raté de ce qui se passait. Où que ce soit.
Semblant alors reprendre conscience, comme si chaque instant auparavant n'était que réflexion, le Créateur leva une main. Sa décision était prise.
Ce qu'il avait prévu s'était produit, il fallait maintenant passer à l'étape suivante. L'issue de la guerre, au sein du Paradis, était désormais certaine.
Un claquement de doigt retentit au sein du silence relatif de la salle...
Musique-Lacrimosa
Nous parlions donc de combats, de coups et j'en passe... Des cris s'élevaient, des volutes de fumée faisaient de même. Et loin de tout ça, nos deux héros se battaient eux aussi. Rien de ce qui se passait dans la cité n'aurait dû leur échapper car, rappelons-le, la colline où ils se trouvaient offrait une vue imprenable. Sans doute auraient-ils même pu commenter chaque acte de ce chaos meurtrier.
Mais au lieu de ça, ils se chamaillaient, peu conscients de la tourmente qui se créait non loin d'eux. Et quel combat mes amis ! Rien à voir avec celui de Gabriel et Samaël ! Avec leur seules mains nues, chaque coup porté ne laissait rien de plus qu'une marque rouge. Et ils continuaient à palabrer avec ça !
Nastarël ordonnait, invectivait, parfois même suppliait... Il cherchait par tous les moyens à raisonner son frère. Naqiyël, lui, fanfaronnait, se moquait et esquivait. S'il pouvait, il tirait même une langue rageuse à son frère. Il était clair qu'aucun des deux frères ne voulait de mal à l'autre, bien qu'ils n'avaient pas la même vision des choses. Tout cela aurait pu durer des siècles ! Dans ces conditions, ni l'un ni l'autre n'allait s'écrouler de sitôt, puisqu'ils ne se battaient pas sérieusement, et aucun ne comptait lâcher l'affaire.
Tout enchaîna alors très vite. De côtés opposés, deux groupes arrivèrent en haut de la colline, l'un loyal, l'autre renégat ; le pouvoir stratégique de contempler un champ de bataille attirant bien des convoitises.
Avant même de percevoir les deux querelleurs, ils repérèrent la faction adverse et, immédiatement, se jetèrent dans la bataille. C'est ainsi que nos deux jumeaux se retrouvèrent au milieux d'un vrai bordel.
La guerre est ainsi faite. Elle est composé de hasard et de confusion... Mais dans notre histoire, ces notions de camps étaient plutôt neuves... Du reste, il n'y avait pas d'uniforme. Comment se douter qu'il y avait deux factions ennemies ici ?
Naqiyël et Nastarël ne comprirent donc pas grand chose à ce qui arrivait... C'est le moins qu'on puisse dire. Ce qu'ils pouvaient observer, c'était que des énergumènes colériques se joignaient à eux... Avec des armures, des épées tranchantes... Et qu'ils ne plaisantaient pas en plus, eux ! L'une de ces armes mordit d'ailleurs la chair d'un énervé, laissant jaillir du sang chaud qui éclaboussa le visage de Nastarël. Surpris, celui-ci resta un instant interdit.
Hors de toute organisation, nos "héros" se trouvaient mêlés à une véritable lutte où la haine prédominait. Et il semblait que des deux côtés, loyaliste comme rebelle, on considérait toute tête inconnue comme ennemi potentiel. Pas de chance pour nos deux frères qui se trouvaient là bien malgré eux et qui, donc, n'étaient officiellement reconnus dans aucun des deux clans. Il fallait fuir !
Nastarël fut le plus prompte à réagir, sans doute parce qu'il pressentait que la situation était plus grave que ce que son frère croyait. Dès qu'il le pu, il tira son double par le col et le poussa littéralement hors d'atteinte des brutes. Une fois son frangin en partielle sécurité, il s'élança, cherchant à le rejoindre... mais la chance n'était décidément pas son alliée aujourd'hui. Il trébucha sur les jambes d'un ange à terre et s'effondra lourdement au sol, face contre terre.
Alors que Nastarël tentait de se redresser au milieux de toute cette pagaille, évitant au passage de se faire bousculer une fois de plus, un colosse s'approcha. Ne voyant en notre malheureux qu'un traître en fuite, il leva une lame justicière dans sa direction... Il était trop tard pour fuir. La position de l'ange à terre ne lui permettait même pas une esquive rapide...
« Au moins, mon frère est sauf. » , pensa-t-il furtivement, sentant instinctivement venir sa fin.
Tout devait se finir à ce moment pour Nastarël. D'un mouvement précis et mortel, l'ange inconnu abaissa lourdement son épée et... se reçut un coup de pied non moins violent en pleine figure. Naqiyël était revenu dans la mêlée ! Une fois la cible touchée, il tira à son tour son frère et l'emporta loin du conflit.
Les deux déserteurs qui détalaient comme des lapins furent alors laissés tranquilles. Les combattants préféraient s'occuper de plus dangereux qu'eux.
Courant à perdre haleine, nos fugitifs rejoignirent une grotte pour s'abriter. Au départ le silence se fit, brisé uniquement par leur souffle loqueteux. Personne n'osait prendre la parole. L'un comme l'autre était perdu, l'un comme l'autre pouvait enfin entendre le fracas de la bataille en contrebas. Une clameur de détresse comme de rage résonna alors dans toute la Citée Céleste. Sans que nos héros le sachent, Samaël venait de recevoir sa blessure..
Au fond de la grotte, Nastarël n'en menait pas large, bien que des deux, c'était lui qui faisait plus facilement le lien entre ces combats et projet de Samaël. Mais ne pouvait-on pas trouver une solution plus pacifique ? Dieu et Samaël étaient les personnes les plus sages de la Citée, ils allaient forcément finir par trouver un accord malgré tout ! En attendant, il se devait de protéger son frère. Il avait fait l'erreur de le laisser descendre, ce qui faisait officiellement de l'inconscient un renégat. Il l'avait pourtant prévenu ! Dieu était contre ce projet !
Attiré par un son étranglé, Nastarël jeta un regard à son frère. Celui-ci semblait affolé, comme figé par la peur. Cela ne lui ressemblait pas. Lentement, trop lentement, Naqiyël se tourna vers son parent. Sa bouche s'ouvrit, poussant un petit gémissement d'incompréhension et de détresse. Il n'aimait pas cette caverne ! Plus que de se sentir en sécurité il se sentait enfermé ! Qu'était-ce donc cette sensation ?! Il ne comprenait plus rien et ça lui déplaisait fortement. Il voulait sortir, mais savait pertinemment que la bataille faisait rage dehors. Il était piégé...
Cherchant au fond de lui la force de surmonter sa peur, Naquiyël s'apprêta finalement à s'exprimer sur ce qui se passait. S'il l'avait fait plus vite, peut être que bien des choses seraient différentes aujourd'hui. Sa loyauté, la dernière fois qu'il l'avait exprimé, était dévouée à Samaël. Qu'allait-il donc dire à son frère? Probablement allait-il seulement exprimer son incompréhension ou peut-être ses regrets.
Dieu claqua des doigts sans que Naqiyël eut le temps de parler. Il faut dire que Dieu seul aurait pu lui dire que, s'il avait exprimé ne serait-ce qu'un seul regret, la situation aurait été différente.
Ce fut dès lors un cauchemar : Nastarël se mit à grandir et à dominer son frère! Non... Ce n'était pas ça ! C'était au contraire le sol qui l'avalait ! Oui, l'ange rebelle glissait d'une Marche quoiqu'il ne savait même pas ce que le mot "Marche" signifiait. Étrangement, la première pensée qui s'insinua à ce moment dans son esprit fut :
« Oups... »
Gabriel et Samaël étaient égaux. Ils étaient en effet aussi adroits l'un que l'autre et d'une force identique. Leur science du combat elle-même s'annulait. Dans ces conditions, le combat était voué à durer une éternité. Mais l'épée de Gabriel était d'une trempe différente de celle de son frère, l'acier le plus dur étant incapable de résister à son tranchant.
C'est ainsi que , tel deux reflets, les deux anges levèrent conjointement le bras pour frapper. Mais, alors que le coup s'abattait des deux côtés dans une symétrie parfaite, l'arme de Samaël fut coupée en deux, n'offrant plus aucune résistance à celle de Gabriel. La lame de feu poursuivit alors sa course dans le flanc de l'adversaire, déchirant une chair jusqu'alors inviolée.
Pour la première fois le rebelle connu la douleur.
Rien n'était finit cependant. Une horde de partisans arracha immédiatement le blessé à la vindicte de son frère et déjà la bataille se réorganisait.
Pendant ce temps, dans la salle du Conseil, un seul être était resté à sa place, immobile : Dieu. Bien que les murs le séparaient des scènes de la bataille, son regard infini n'avait rien raté de ce qui se passait. Où que ce soit.
Semblant alors reprendre conscience, comme si chaque instant auparavant n'était que réflexion, le Créateur leva une main. Sa décision était prise.
Ce qu'il avait prévu s'était produit, il fallait maintenant passer à l'étape suivante. L'issue de la guerre, au sein du Paradis, était désormais certaine.
Un claquement de doigt retentit au sein du silence relatif de la salle...
Musique-Lacrimosa
Nous parlions donc de combats, de coups et j'en passe... Des cris s'élevaient, des volutes de fumée faisaient de même. Et loin de tout ça, nos deux héros se battaient eux aussi. Rien de ce qui se passait dans la cité n'aurait dû leur échapper car, rappelons-le, la colline où ils se trouvaient offrait une vue imprenable. Sans doute auraient-ils même pu commenter chaque acte de ce chaos meurtrier.
Mais au lieu de ça, ils se chamaillaient, peu conscients de la tourmente qui se créait non loin d'eux. Et quel combat mes amis ! Rien à voir avec celui de Gabriel et Samaël ! Avec leur seules mains nues, chaque coup porté ne laissait rien de plus qu'une marque rouge. Et ils continuaient à palabrer avec ça !
Nastarël ordonnait, invectivait, parfois même suppliait... Il cherchait par tous les moyens à raisonner son frère. Naqiyël, lui, fanfaronnait, se moquait et esquivait. S'il pouvait, il tirait même une langue rageuse à son frère. Il était clair qu'aucun des deux frères ne voulait de mal à l'autre, bien qu'ils n'avaient pas la même vision des choses. Tout cela aurait pu durer des siècles ! Dans ces conditions, ni l'un ni l'autre n'allait s'écrouler de sitôt, puisqu'ils ne se battaient pas sérieusement, et aucun ne comptait lâcher l'affaire.
Tout enchaîna alors très vite. De côtés opposés, deux groupes arrivèrent en haut de la colline, l'un loyal, l'autre renégat ; le pouvoir stratégique de contempler un champ de bataille attirant bien des convoitises.
Avant même de percevoir les deux querelleurs, ils repérèrent la faction adverse et, immédiatement, se jetèrent dans la bataille. C'est ainsi que nos deux jumeaux se retrouvèrent au milieux d'un vrai bordel.
La guerre est ainsi faite. Elle est composé de hasard et de confusion... Mais dans notre histoire, ces notions de camps étaient plutôt neuves... Du reste, il n'y avait pas d'uniforme. Comment se douter qu'il y avait deux factions ennemies ici ?
Naqiyël et Nastarël ne comprirent donc pas grand chose à ce qui arrivait... C'est le moins qu'on puisse dire. Ce qu'ils pouvaient observer, c'était que des énergumènes colériques se joignaient à eux... Avec des armures, des épées tranchantes... Et qu'ils ne plaisantaient pas en plus, eux ! L'une de ces armes mordit d'ailleurs la chair d'un énervé, laissant jaillir du sang chaud qui éclaboussa le visage de Nastarël. Surpris, celui-ci resta un instant interdit.
Hors de toute organisation, nos "héros" se trouvaient mêlés à une véritable lutte où la haine prédominait. Et il semblait que des deux côtés, loyaliste comme rebelle, on considérait toute tête inconnue comme ennemi potentiel. Pas de chance pour nos deux frères qui se trouvaient là bien malgré eux et qui, donc, n'étaient officiellement reconnus dans aucun des deux clans. Il fallait fuir !
Nastarël fut le plus prompte à réagir, sans doute parce qu'il pressentait que la situation était plus grave que ce que son frère croyait. Dès qu'il le pu, il tira son double par le col et le poussa littéralement hors d'atteinte des brutes. Une fois son frangin en partielle sécurité, il s'élança, cherchant à le rejoindre... mais la chance n'était décidément pas son alliée aujourd'hui. Il trébucha sur les jambes d'un ange à terre et s'effondra lourdement au sol, face contre terre.
Alors que Nastarël tentait de se redresser au milieux de toute cette pagaille, évitant au passage de se faire bousculer une fois de plus, un colosse s'approcha. Ne voyant en notre malheureux qu'un traître en fuite, il leva une lame justicière dans sa direction... Il était trop tard pour fuir. La position de l'ange à terre ne lui permettait même pas une esquive rapide...
« Au moins, mon frère est sauf. » , pensa-t-il furtivement, sentant instinctivement venir sa fin.
Tout devait se finir à ce moment pour Nastarël. D'un mouvement précis et mortel, l'ange inconnu abaissa lourdement son épée et... se reçut un coup de pied non moins violent en pleine figure. Naqiyël était revenu dans la mêlée ! Une fois la cible touchée, il tira à son tour son frère et l'emporta loin du conflit.
Les deux déserteurs qui détalaient comme des lapins furent alors laissés tranquilles. Les combattants préféraient s'occuper de plus dangereux qu'eux.
Courant à perdre haleine, nos fugitifs rejoignirent une grotte pour s'abriter. Au départ le silence se fit, brisé uniquement par leur souffle loqueteux. Personne n'osait prendre la parole. L'un comme l'autre était perdu, l'un comme l'autre pouvait enfin entendre le fracas de la bataille en contrebas. Une clameur de détresse comme de rage résonna alors dans toute la Citée Céleste. Sans que nos héros le sachent, Samaël venait de recevoir sa blessure..
Au fond de la grotte, Nastarël n'en menait pas large, bien que des deux, c'était lui qui faisait plus facilement le lien entre ces combats et projet de Samaël. Mais ne pouvait-on pas trouver une solution plus pacifique ? Dieu et Samaël étaient les personnes les plus sages de la Citée, ils allaient forcément finir par trouver un accord malgré tout ! En attendant, il se devait de protéger son frère. Il avait fait l'erreur de le laisser descendre, ce qui faisait officiellement de l'inconscient un renégat. Il l'avait pourtant prévenu ! Dieu était contre ce projet !
Attiré par un son étranglé, Nastarël jeta un regard à son frère. Celui-ci semblait affolé, comme figé par la peur. Cela ne lui ressemblait pas. Lentement, trop lentement, Naqiyël se tourna vers son parent. Sa bouche s'ouvrit, poussant un petit gémissement d'incompréhension et de détresse. Il n'aimait pas cette caverne ! Plus que de se sentir en sécurité il se sentait enfermé ! Qu'était-ce donc cette sensation ?! Il ne comprenait plus rien et ça lui déplaisait fortement. Il voulait sortir, mais savait pertinemment que la bataille faisait rage dehors. Il était piégé...
Cherchant au fond de lui la force de surmonter sa peur, Naquiyël s'apprêta finalement à s'exprimer sur ce qui se passait. S'il l'avait fait plus vite, peut être que bien des choses seraient différentes aujourd'hui. Sa loyauté, la dernière fois qu'il l'avait exprimé, était dévouée à Samaël. Qu'allait-il donc dire à son frère? Probablement allait-il seulement exprimer son incompréhension ou peut-être ses regrets.
Dieu claqua des doigts sans que Naqiyël eut le temps de parler. Il faut dire que Dieu seul aurait pu lui dire que, s'il avait exprimé ne serait-ce qu'un seul regret, la situation aurait été différente.
Ce fut dès lors un cauchemar : Nastarël se mit à grandir et à dominer son frère! Non... Ce n'était pas ça ! C'était au contraire le sol qui l'avalait ! Oui, l'ange rebelle glissait d'une Marche quoiqu'il ne savait même pas ce que le mot "Marche" signifiait. Étrangement, la première pensée qui s'insinua à ce moment dans son esprit fut :
« Oups... »