06-19-2006, 09:35 AM
Rajoutons une louche dans la série "les auteurs douteux" avec un bouquin qui m´a laissé sur le cul : Voyage au bout de la nuit, de Céline.
Curieusement, l´auteur entame son bouquin en avertissant le lecteur sur le fait que si "on" veut sa peau, ce n´est pas tant pour les pamphlets antisémites* qu´il a publié, mais bien pour le Voyage, "seul livre vraiment méchant que j´ai jamais écrit". S´il le republie d´ailleurs, c´est principalement parce qu´il a besoin de manger. Sinon, "(il) détruirait tout".
Et c´est vrai que niveau méchanceté, on tape dans le haut du panier : en gros, tout le monde, auteur compris, est con, lache, sale, misereux, menteur, voleur, cruel, mesquin, miteux, raciste, oportuniste, violent et égoiste. C´est comme ca, pas de questions a se poser, ou alors trop, c´est la société qui nous force a vivre ensemble et donc a nous hair.
Sur fond d´antimilitarisme jouissif, on a droit a environ 20 ans de la vie d´un pauvre type, engagé au début de la 1ere GM sur un coup de tete. Entre la guerre en France, puis son exil en Afrique, puis en Amérique, et son retour en France, le narrateur s´enfonce de plus en plus dans la nuit et le néant.
Le bon coté, c´est que tout le monde le hait mais il le rend bien.
Parmi tout ce pessimisme et ce fatalisme absolument désesperant, se nichent tout de meme des surprises. Quand on creuse, certains sont moins mauvais que les autres tout de meme, le probleme c´est qu´on ne peut pas les reconnaitre a coup sur.
Un autre point singulier du roman (l´un des premiers si ce n´est la premier de Céline) est le ton employé : l´auteur utilise le langage parlé et populaire (alors rare en littérature), ce qui renforce le sentiment de proximité avec les évenements, les gens et les situations.
Bref, un bouquin emblématique de la condition humaine.
* Deux ou trois textes, je ne sais plus, violemment et volontairement antisémites, pour lequels il a été tres critiqué : quelques années plus tard, il reconnaissait lui-meme dans une interview que ces pamphlets étaient l´une des chose les plus stupides qu´il ait jamais fait, et qu´il n´avait malheureusement aucune excuse... Ca vaut ce que ca vaut, mais il a refusé qu´ils soient republiés, meme apres sa mort, ils sont donc introuvables actuellement, sauf sur le net. [/i]
Curieusement, l´auteur entame son bouquin en avertissant le lecteur sur le fait que si "on" veut sa peau, ce n´est pas tant pour les pamphlets antisémites* qu´il a publié, mais bien pour le Voyage, "seul livre vraiment méchant que j´ai jamais écrit". S´il le republie d´ailleurs, c´est principalement parce qu´il a besoin de manger. Sinon, "(il) détruirait tout".
Et c´est vrai que niveau méchanceté, on tape dans le haut du panier : en gros, tout le monde, auteur compris, est con, lache, sale, misereux, menteur, voleur, cruel, mesquin, miteux, raciste, oportuniste, violent et égoiste. C´est comme ca, pas de questions a se poser, ou alors trop, c´est la société qui nous force a vivre ensemble et donc a nous hair.
Sur fond d´antimilitarisme jouissif, on a droit a environ 20 ans de la vie d´un pauvre type, engagé au début de la 1ere GM sur un coup de tete. Entre la guerre en France, puis son exil en Afrique, puis en Amérique, et son retour en France, le narrateur s´enfonce de plus en plus dans la nuit et le néant.
Le bon coté, c´est que tout le monde le hait mais il le rend bien.
Parmi tout ce pessimisme et ce fatalisme absolument désesperant, se nichent tout de meme des surprises. Quand on creuse, certains sont moins mauvais que les autres tout de meme, le probleme c´est qu´on ne peut pas les reconnaitre a coup sur.
Un autre point singulier du roman (l´un des premiers si ce n´est la premier de Céline) est le ton employé : l´auteur utilise le langage parlé et populaire (alors rare en littérature), ce qui renforce le sentiment de proximité avec les évenements, les gens et les situations.
Bref, un bouquin emblématique de la condition humaine.
* Deux ou trois textes, je ne sais plus, violemment et volontairement antisémites, pour lequels il a été tres critiqué : quelques années plus tard, il reconnaissait lui-meme dans une interview que ces pamphlets étaient l´une des chose les plus stupides qu´il ait jamais fait, et qu´il n´avait malheureusement aucune excuse... Ca vaut ce que ca vaut, mais il a refusé qu´ils soient republiés, meme apres sa mort, ils sont donc introuvables actuellement, sauf sur le net. [/i]