08-25-2005, 04:58 PM
Y'a pas, il fait du boulot de dingue !!!
Le Pô, un fleuve «stupéfiant»
ERIC JOZSEF
Sous les ponts du Pô coule la cocaïne... Jusqu'à présent, les chercheurs de l'Institut pharmacologique Mario-Negri de Milan contrôlaient uniquement la présence de pesticides et de produits pharmaceutiques dans les eaux du grand fleuve italien. Mais depuis quelques mois ils ont mis au point une technique originale pour évaluer la consommation quotidienne de stupéfiants dans la région. Grâce à des prélèvements d'échantillons liquides réguliers, les scientifiques sont en effet en mesure de calculer le volume de drogue absorbé quotidiennement dans une région donnée, et ainsi d'évaluer le nombre de toxicomanes. Avec des résultats aussi surprenants que préoccupants.
Alors que les autorités sanitaires locales estimaient qu'entre Turin et Pavie - soit un bassin de population de 5 millions de personnes - environ 15000 jeunes adultes faisaient usage de cocaïne au moins une fois par mois, les chercheurs ont calculé, de leur côté, que le chiffre s'élèverait en réalité à 40000.
«Depuis longtemps, nous analysons régulièrement l'eau du Pô pour étudier l'aspect polluant des substances chimiques utilisées dans l'agriculture», explique Ettore Zuccato, responsable du projet. «Puis, il y a quelques années, nous avons commencé à nous intéresser à l'influence sur la faune et la flore des médicaments, antibiotiques ou antidépresseurs entre autres, qui sont rejetés dans le fleuve à travers les urines des malades et qui peuvent, par exemple, avoir des effets sur la reproduction des poissons.»
De là, les experts de l'institut ont eu l'idée d'étendre leurs analyses aux drogues et en particulier à la cocaïne. «La procédure est assez simple», poursuit Ettore Zuccato. «Dans l'organisme, la cocaïne entraîne la production d'un métabolite, la benzoylecgonine, qui est particulièrement stable et, par conséquent, très facile à identifier.» Dans les urines, on retrouve 5 à 6pc de cocaïne pure et 50pc de la dose sous forme de benzoylecgonine. A partir de prélèvements effectués dans les stations d'épuration, mais aussi directement dans les eaux du Pô, les scientifiques du centre Mario-Negri ont ainsi calculé qu'entre Turin et Pavie 4 kilos de cocaïne seraient consommés chaque jour, ce qui représenterait un chiffre d'affaires estimé à 150 millions de dollars par an (120 millions d'euros). «Le nombre de 40000 usagers n'est qu'une extrapolation sur la base d'une estimation de la consommation moyenne de chaque usager», précise Ettore Zuccato. «Mais, en termes de quantité globale de cocaïne consommée, nos analyses sont très fiables.
Au-delà des enquêtes réalisées par les services sanitaires et les saisies de drogue effectuées par les forces de l'ordre, ces données - dont les résultats seront publiés dans la revue Environmental Health - devraient permettre une meilleure connaissance des comportements sociaux et culturels selon les régions. Déjà, des analyses similaires ont été menées dans la ville sarde de Cagliari, à Varese dans le nord du pays et à Latina, dans le Mezzogiorno. L'institut Mario-Negri envisage d'étendre l'expérience à d'autres types de stupéfiants, notamment aux amphétamines, facilement repérables, contrairement à l'héroïne ou à la morphine.
Libération
Le Pô, un fleuve «stupéfiant»
ERIC JOZSEF
Sous les ponts du Pô coule la cocaïne... Jusqu'à présent, les chercheurs de l'Institut pharmacologique Mario-Negri de Milan contrôlaient uniquement la présence de pesticides et de produits pharmaceutiques dans les eaux du grand fleuve italien. Mais depuis quelques mois ils ont mis au point une technique originale pour évaluer la consommation quotidienne de stupéfiants dans la région. Grâce à des prélèvements d'échantillons liquides réguliers, les scientifiques sont en effet en mesure de calculer le volume de drogue absorbé quotidiennement dans une région donnée, et ainsi d'évaluer le nombre de toxicomanes. Avec des résultats aussi surprenants que préoccupants.
Alors que les autorités sanitaires locales estimaient qu'entre Turin et Pavie - soit un bassin de population de 5 millions de personnes - environ 15000 jeunes adultes faisaient usage de cocaïne au moins une fois par mois, les chercheurs ont calculé, de leur côté, que le chiffre s'élèverait en réalité à 40000.
«Depuis longtemps, nous analysons régulièrement l'eau du Pô pour étudier l'aspect polluant des substances chimiques utilisées dans l'agriculture», explique Ettore Zuccato, responsable du projet. «Puis, il y a quelques années, nous avons commencé à nous intéresser à l'influence sur la faune et la flore des médicaments, antibiotiques ou antidépresseurs entre autres, qui sont rejetés dans le fleuve à travers les urines des malades et qui peuvent, par exemple, avoir des effets sur la reproduction des poissons.»
De là, les experts de l'institut ont eu l'idée d'étendre leurs analyses aux drogues et en particulier à la cocaïne. «La procédure est assez simple», poursuit Ettore Zuccato. «Dans l'organisme, la cocaïne entraîne la production d'un métabolite, la benzoylecgonine, qui est particulièrement stable et, par conséquent, très facile à identifier.» Dans les urines, on retrouve 5 à 6pc de cocaïne pure et 50pc de la dose sous forme de benzoylecgonine. A partir de prélèvements effectués dans les stations d'épuration, mais aussi directement dans les eaux du Pô, les scientifiques du centre Mario-Negri ont ainsi calculé qu'entre Turin et Pavie 4 kilos de cocaïne seraient consommés chaque jour, ce qui représenterait un chiffre d'affaires estimé à 150 millions de dollars par an (120 millions d'euros). «Le nombre de 40000 usagers n'est qu'une extrapolation sur la base d'une estimation de la consommation moyenne de chaque usager», précise Ettore Zuccato. «Mais, en termes de quantité globale de cocaïne consommée, nos analyses sont très fiables.
Au-delà des enquêtes réalisées par les services sanitaires et les saisies de drogue effectuées par les forces de l'ordre, ces données - dont les résultats seront publiés dans la revue Environmental Health - devraient permettre une meilleure connaissance des comportements sociaux et culturels selon les régions. Déjà, des analyses similaires ont été menées dans la ville sarde de Cagliari, à Varese dans le nord du pays et à Latina, dans le Mezzogiorno. L'institut Mario-Negri envisage d'étendre l'expérience à d'autres types de stupéfiants, notamment aux amphétamines, facilement repérables, contrairement à l'héroïne ou à la morphine.
Libération