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L'image d'un Christ "fumeur" suscite l'émoi en Malaisie
LE MONDE | 24.08.07 | 16h46 • Mis à jour le 24.08.07 | 16h46
(Bangkok, correspondant)


La légende était pourtant conciliante, pour ne pas dire oecuménique : "A celui qui se repent de ses fautes, le ciel est ouvert". Appliquée à un portrait du Christ fumant une cigarette, l'idée n'a pas plu, en Malaisie majoritairement musulmane.

Le petit quotidien de langue tamoule Makkal Osai, destiné à la principale communauté d'origine indienne vivant dans la fédération malaise, s'est attiré les foudres de l'Etat, outre celles du clergé catholique, pour avoir publié à la "une", voici quelques jours, l'image en question à l'appui d'une compilation de pensées profondes.


L'émoi chez les lecteurs - certains demandant la fermeture du quotidien - est remonté jusqu'à l'archevêché de Kuala Lumpur. Le chef de l'Eglise catholique malaise, Murphy Pakiam, a affirmé avoir reçu une lettre d'excuses du journal : selon son directeur, S.M. Periasamy, le responsable des graphismes n'a pas vu que la reproduction, téléchargée depuis Internet, avait été "trafiquée" et qu'une cigarette fumante y avait été ajoutée.


LE GOUVERNEMENT CONDAMNE


Les Tamouls catholiques, représentent une petite minorité des 10 % de Malaisiens de souche indienne, pour beaucoup des descendants d'immigrants de l'ère coloniale britannique - les autres étant hindous. La question est ultrasensible dans ce pays où l'islam est religion officielle, mais où les autorités entendent maintenir un Etat de droit laïque. Makkal Osai est plus critique que l'autre quotidien de langue tamoule publié dans le pays envers le Congrès indien de Malaisie, formation politique qui prend part à la coalition gouvernementale, lequel a déposé plainte auprès de la police.

Le premier ministre, Abdullah Ahmad Badawi, a condamné l'image comme une insulte envers les fidèles d'une foi minoritaire et appelé le pays à s'abstenir de toute provocation en la matière.

Pour aggraver les choses, le Christ incriminé tenait aussi en main un objet qui aurait pu aussi bien être une bible qu'une... canette. Là, il fut plus aisé d'invoquer une excuse politiquement correcte en terre d'islam : ce ne pouvait avoir été "que de la bière sans alcool", affirmèrent les éditeurs du Makkal Osai.

Francis Deron