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Une balle, un démon
#1
*shhCLAK*



*shhCLAK*



*shhCLAK*



Après quelques heures de minutieux entretiens, les douilles glissent parfaitement. Le chargement est parfait. Les têtes tranchées en étoile, légèrement polies, s'ajustent précisément dans l'alignement du chargeur. La quinconce s'effectue merveilleusement bien ; toutes se distribuent dans le magasin, chacune de leur côté.



*shhCLAK*



Il marmone des noms, il en rêve déjà. Le chien aura déjà tendu les rouages d'acier à leur dangereux équilibre. Une caresse de l'index touchera la détente, clac !
Lorsque le percuteur frappe la douille, une étincelle embrase la poudre. Elle se consume en un éclair libérant toute son énergie en gaz brûlants. Cette puissante dilatation à elle seule propulse 5 grammes de projectile à plusieurs centaine de mètres avec la même létalité. Les flammes soufflent l'ogive et se faufilent entre les tarauds du canon vrillé.
Alors la balle commence son inéluctable rotation, elle stabilise sa course à mesure que sa vitesse explose, elle sillonne la lumière.

Et comme un cri de jouissance, elle jaillit en fracas, soulageant l'air brûlant de sa lugubre corvée.




...

*shhCLAK*



*shhCLAK*



Alors la balle s'enroule d'un impalpable cocon et flotte entre deux airs. Les dépressions et les turbulence ne peuvent encore que l'effleurer tant la fermeté et la violence ont dominé la tranquilité du fluide.

Elle s'en va tuer un homme.


*shhCLAK*

D'abord le choc. C'est comme un grand coup de poing mais c'est bien trop sec pour qu'on puisse effectivement faire la comparaison. C'est aussi le choc mental, soumi à la violence du tir, le bruit, l'explosion, le visage du tireur, son sourire, ses yeux.
Le reflet des flammes qui berce sa pupille.


...

*shhCLAK*

Mais la balle va naitre enfin, elle va éclore. Et soumise à la naissance, elle va s'étendre à l'impact. Son calibre va se déchirer et s'étendre, car ce ne seront plus neuf millimètres d'un plomb lourd et massif qui vont lui transpercer le corps mais jusqu'à trois centimètres d'une terrible galette métallique qui vont lui déchirer les trippes. Lorsque la balle est au paroxysme de son écrasement, toute l'inertie qu'on lui avait conférée passe dans l'obstacle, et l'on voit souvent des victimes se faire haper de plusieurs mètres par leur mort prochaine.

...
Et ce n'est pas du tout fini


*shhCLAK*

*shhCLAK*

Alors à terre, la douleur dicte sa danse aux synaspes bouillantes d'angoisse. L'enveloppe charnelle est éventrée, violée, on a écrasé du métal jusqu'au plus profond de la chaire. Alors tout s'enflamme, plus rien ne va, la colonne gouverne et avec pour seule tyran d'un corps agonisant, la douleur et la folie qui hurlent son destin au condamné.

*shhCLAK*

Ils disent se sentir fondre, le sang les envahit, ils pensent même s'y noyer. Mais le coeur s'emballe et soulève des marées entières d'hémoglobine entre les morceaux de chaires qui dérivent déjà au large. Et alors que l'individu commence à s'habituer au fait accompli qu'il va mourir, la souffrance, la vraie, s'insinue comme une vicieuse nuée d'insecte.

*shhCLAK*

Les acides digestifs creusent et cuisent la chaire, et pour peu qu'il ait mangé épicé, c'est le festival. Rien à ce moment n'est encore soutenable. Parfois, et s'il n'est pas directement touché, l'estomac déglutit en panique ... parfois il se vide au milieu du sang et se met à ronger les os de son puissant acide. Avec un peu de chance, la panique donnera suite à des convulsions chez la victime ce qui aidera la douleur à se répandre. Mais quelques gestes brusques imbéciles suffisent à bien mélanger tout ca.

Le ventre étant abondament irrigué par le système sanguin, déjà un ou deux litres de sang ont coulé au sol.




*shhCLAK*

Alors à ce moment, il y a une phase toujours pénible où il se rend compte qu'il a justement trop saigné. Alors idiotement, il tente d'obtenir la pitié, le salut, une main tendue, un point de compression, n'importe quoi ! Il y en même qui demandent un garot au torse ! Déjà trop sonnés. Et s'il ne l'a pas encore fait il pleure.
Ses larmes coulent même parfois sur la plaie ; c'est vrai qu'il n'est plus à ca près, mais bon, c'est toujours ca de fait. L'état critique dans lequel il se trouve lui fait parfois cracher inconsciemment quelques mots étranges.

C'est l'instant divin où l'on se plait à ne pas comprendre ce qu'il dit et où il prouve avec efficacité qu'il parle courament le démoniaque !


*shhCLAK*

Lorsqu'il a finit sa présumée phrase et qu'il a rampé sur son sang pour présenter sa figure en larmes, il a un de ces petits regards, avec un je ne sais quoi dedans qui rend tout ému. C'est un petit morceau de paradis.




*shhCLAK*

*cl clk ... shhhhhhhhhhhhCLOK*


Et enfin, lentement, on lèvre son bras comme la mort lèverait sa faux. On fixe son regard appeuré qui se liquéfie à mesure qu'il comprend. Cet instant magique le transporte, il a tout oublié. Il n'y a plus que l'arme devant ses yeux, l'obscurité du canon qui s'enfonce comme infiniement et d'où jaillira le jugement, la fin.




*clik ... shCLAK*




Seconde après seconde, attentivement, on regarde les paupières se fermer.



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Messages In This Thread
Une balle, un démon - by Kevlar - 03-10-2005, 02:09 AM

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