03-04-2013, 07:50 AM
Il fait chaud.
La lumière est trop crue à travers mes paupières closes. Mes narines repèrent des effluves mêlés de vieille urine, de soupe, de sueur et… de peur. J’ai mal à la tête, tellement mal. Ma compagne la douleur ne m’épargne pas. Elle tambourine contre les parois de mon cerveau à un rythme rapide et inlassable. Jimi et les autres sont là quelque part, mais ils n’approchent pas. J’ai du mal à distinguer leur présence. Je tente d’ouvrir les yeux, ils sont trop lourds et refusent de ciller. Je suis allongé sur quelque chose de froid et mou. Je sens une présence familière près de moi, une odeur de crème hydratante bon marché et d’eau de Cologne. Maman. Cette pensée me rassure. Maman est là. Je sombre dans l’inconscience.
Des voix.
Pas dans ma tête.
Enfin, je ne crois pas.
Il y a un homme et une femme. Je dois ouvrir les yeux. Au prix de gros efforts, j’y parviens enfin. La lumière attire mes larmes, je cligne des paupières un instant.
J’entends la femme qui dit : « Dan, regarde, il se réveille. »
Une silhouette masculine s’approche et se penche au dessus de moi. « Bonjour Monsieur Daule. Comment vous sentez-vous ? »
Je voudrais répondre, mais ma bouche est trop sèche et pâteuse, je ne parviens qu’à croasser vaguement.
L’homme me sourit. Il sent le tabac blond et le shit. Son regard d’un bleu limpide semble voir en moi. Je suis sûr qu’il voit en moi. Mais il dégage quelque chose de si rassurant que je lui accorde ma confiance immédiatement.
Et puis, je la vois.
Brune, souriante et l’air si doux, elle se penche légèrement vers moi à son tour. Je voudrais me redresser pour mieux la contempler et aussi la toucher mais je me rends compte que je ne peux pas bouger. Je suis allongé sur un matelas recouvert de plastique, les chevilles et les poignets maintenus par des contentions fermes fixées aux barreaux d’un lit de métal. Mon torse est sanglé également. Je peux seulement bouger la tête. La panique fait surface un instant dans ma tête mais je m’aperçois que la femme tient un verre d’eau qui me semble destiné. Cette vision chasse toutes les autres, je suis assoiffé ! Je passe ma langue sur mes lèvres gercées.
« Donne lui à boire, Stella. » L’homme a parlé d’une voix empreinte de douceur. Il ne me quitte pas des yeux lorsque la femme s’approche un peu plus de moi et soulève calmement ma tête en guidant le verre sur mes lèvres avides. Je bois le liquide frais et c’est comme si je reprenais soudain vie.
« Doucement… doucement. » La voix de la femme est à son image : calme et douce. Ses yeux plongent dans les miens un instant. Elle me sourit puis ses yeux se posent sur l’homme et je perçois immédiatement la complicité qui les unit. Puis de nouveau, elle me regarde et ses beaux yeux verts me transpercent.
« Je m’appelle Stella, monsieur Daule. Et voici Dan. Vous êtes ici à l’hôpital de la croix blanche, nous sommes infirmiers. Vous allez rester quelques temps parmi nous, vous avez besoin de vous reposer et de reprendre des forces. »
Cela fait quelques semaines que je suis maintenu de force ici. Ils ont fini par me détacher mais je suis toujours enfermé dans cette pièce minuscule qui empeste l’hôpital. Mon lit est scellé au sol, un trou dans un coin de la pièce fait office de lieu d’aisance. Je ne suis vêtu que d’un caleçon. Je tourne en rond comme un rat en cage. Jimi, maman et les autres ne viennent me rendre visite qu’épisodiquement, je crois que cet endroit leur déplait. Même la douleur a déserté mon crâne. Je suis donc seul, terriblement seul. Et tout ce vide dans ma tête me déroute et m’inquiète. Heureusement, Dan et Stella me tiennent compagnie régulièrement. Ce sont les seuls en qui j’ai confiance. Dan connaît le rock mieux que personne et Stella est si douce…
Je leur ai parlé de Jimi et de maman. Ils me croient lorsque je leur dit que je les entends dans ma tête.
La lumière est trop crue à travers mes paupières closes. Mes narines repèrent des effluves mêlés de vieille urine, de soupe, de sueur et… de peur. J’ai mal à la tête, tellement mal. Ma compagne la douleur ne m’épargne pas. Elle tambourine contre les parois de mon cerveau à un rythme rapide et inlassable. Jimi et les autres sont là quelque part, mais ils n’approchent pas. J’ai du mal à distinguer leur présence. Je tente d’ouvrir les yeux, ils sont trop lourds et refusent de ciller. Je suis allongé sur quelque chose de froid et mou. Je sens une présence familière près de moi, une odeur de crème hydratante bon marché et d’eau de Cologne. Maman. Cette pensée me rassure. Maman est là. Je sombre dans l’inconscience.
Des voix.
Pas dans ma tête.
Enfin, je ne crois pas.
Il y a un homme et une femme. Je dois ouvrir les yeux. Au prix de gros efforts, j’y parviens enfin. La lumière attire mes larmes, je cligne des paupières un instant.
J’entends la femme qui dit : « Dan, regarde, il se réveille. »
Une silhouette masculine s’approche et se penche au dessus de moi. « Bonjour Monsieur Daule. Comment vous sentez-vous ? »
Je voudrais répondre, mais ma bouche est trop sèche et pâteuse, je ne parviens qu’à croasser vaguement.
L’homme me sourit. Il sent le tabac blond et le shit. Son regard d’un bleu limpide semble voir en moi. Je suis sûr qu’il voit en moi. Mais il dégage quelque chose de si rassurant que je lui accorde ma confiance immédiatement.
Et puis, je la vois.
Brune, souriante et l’air si doux, elle se penche légèrement vers moi à son tour. Je voudrais me redresser pour mieux la contempler et aussi la toucher mais je me rends compte que je ne peux pas bouger. Je suis allongé sur un matelas recouvert de plastique, les chevilles et les poignets maintenus par des contentions fermes fixées aux barreaux d’un lit de métal. Mon torse est sanglé également. Je peux seulement bouger la tête. La panique fait surface un instant dans ma tête mais je m’aperçois que la femme tient un verre d’eau qui me semble destiné. Cette vision chasse toutes les autres, je suis assoiffé ! Je passe ma langue sur mes lèvres gercées.
« Donne lui à boire, Stella. » L’homme a parlé d’une voix empreinte de douceur. Il ne me quitte pas des yeux lorsque la femme s’approche un peu plus de moi et soulève calmement ma tête en guidant le verre sur mes lèvres avides. Je bois le liquide frais et c’est comme si je reprenais soudain vie.
« Doucement… doucement. » La voix de la femme est à son image : calme et douce. Ses yeux plongent dans les miens un instant. Elle me sourit puis ses yeux se posent sur l’homme et je perçois immédiatement la complicité qui les unit. Puis de nouveau, elle me regarde et ses beaux yeux verts me transpercent.
« Je m’appelle Stella, monsieur Daule. Et voici Dan. Vous êtes ici à l’hôpital de la croix blanche, nous sommes infirmiers. Vous allez rester quelques temps parmi nous, vous avez besoin de vous reposer et de reprendre des forces. »
Cela fait quelques semaines que je suis maintenu de force ici. Ils ont fini par me détacher mais je suis toujours enfermé dans cette pièce minuscule qui empeste l’hôpital. Mon lit est scellé au sol, un trou dans un coin de la pièce fait office de lieu d’aisance. Je ne suis vêtu que d’un caleçon. Je tourne en rond comme un rat en cage. Jimi, maman et les autres ne viennent me rendre visite qu’épisodiquement, je crois que cet endroit leur déplait. Même la douleur a déserté mon crâne. Je suis donc seul, terriblement seul. Et tout ce vide dans ma tête me déroute et m’inquiète. Heureusement, Dan et Stella me tiennent compagnie régulièrement. Ce sont les seuls en qui j’ai confiance. Dan connaît le rock mieux que personne et Stella est si douce…
Je leur ai parlé de Jimi et de maman. Ils me croient lorsque je leur dit que je les entends dans ma tête.