[Salle de relaxation] Le brio

[Galila]

  La réponse au changement de rythme est immédiate. Le Novalis se met à secouer la tête et le corps, la scène devient totalement sombre et ce n'est que grâce à quelques éclairs intermittents qu'on peut voir ce qui s'y passe. Deux lueurs pâles s'allument sur l'écran derrière, à peine suffisantes pour montrer les ombres des musiciens. Au même moment, le chant reprend. La voix rauque se lâche, beaucoup plus forte, hargneuse.

Have you run your fingers down the wall
And have you felt your neck skin crawl
When you're searching for the light?

Sometimes when you're scared to take a look
At the corner of the room
You've sensed that something's watching you

     Fear of the dark, fear of the dark
     I have constant fear that something's always near
     Fear of the dark, fear of the dark
     I have a phobia that someone's always there

Les deux lumières blafardes se renforcent pendant que le chanteur et la musique semblent vouloir sprinter. On dirait maintenant deux yeux fixes, et autour d'autres images sans cesse changeantes comment à apparaître. Des lieux vides, parfois glauques, parfois beaux et désolés, souvent urbains. Des silhouettes indistinctes, des ombres. Tout est sombre, c'est la nuit, c'est gris, terne, filtré. Devant tout cela, l'Ange au micro crache ses mots sans en perdre le ton et la justesse.

Have you ever been alone at night
Thought you heard footsteps behind
And turned around and no one's there?

And as you quicken up your pace
You find it hard to look again
Because you're sure there's someone there

     Fear of the dark, fear of the dark
     I have constant fear that something's always near
     Fear of the dark, fear of the dark
     I have a phobia that someone's always there

Maintenant que les choses ont pris leur vitesse de croisière, Galila laisse leur moment aux musiciens. Il danse comme sur la piste et mime les riffs et les solos, jetant de temps en temps des coups d'oeil peu rassurés sur les côtés, alternant avec des regards irrités et malaimables. Se rapprochant du micro sur son pied, l'Ange crispe ses doigts autour et lance son cri, sa plainte, dans la musique.
  Fear of the dark
         Fear of the dark
            Fear of the dark
      Fear of the dark
C'est rauque encore, mais avec un côté plus sensuel que l'original. Le Novalis fixe le public restreint avec des yeux à moitié fous. Derrière, le regard fantomatique les fixe tous, irréel et impitoyablement présent, sur chaque image qui s'affiche sur l'écran, défilant de plus en plus vite, même en fermant les yeux il semble toujours là, peu importe où on se tourne, peu importe où l'on va.
    Fear of the dark
  Fear of the dark
           Fear of the dark
        Fear of the dark

  Quand les lèvres de Galila ne s'éloignent pas du micro et qu'il ne chante pas, on peut l'entendre respirer de façon hachée. Âpre, sa voix repart pour un tour. Ça bouge.

Watching horror films the night before
Debating witches and folklores
The unknown troubles on your mind

Maybe your mind is playing tricks
You sense, and suddenly eyes fix
On dancing shadows from behind

     Fear of the dark, fear of the dark
     I have constant fear that something's always near
     Fear of the dark, fear of the dark
     I have a phobia that someone's always there

  Sur l'écran, dans la pièce, il fait un peu moins sombre. La ballade du début revient pour une courte conclusion. L'aube approche et les yeux pâlissent. Sur les dernières notes, on les devine surtout. Mais même une fois qu'elles sont mortes, les sons étouffés, la voix perdues, on les sent toujours un peu.


  Galila lâche le micro et se tourne vers Kimmy et 40some, rayonnant.

- Youh ! fait-il en levant le poing.