02-09-2012, 06:30 PM
Dans un petit bistro, quelque part dans les Marches...
L'endroit était pratiquement désert. Il faut dire que l'heure tardive - ou très matinale suivant la manière de considérer l'horloge - venait d'avoir raison de l'ultime vieux soulard qui était parti en titubant.
Il ne restait plus que deux hommes, en plus du patron. L'un des deux semblait avoir la trentaine, le second était bien plus âgé et marqué par le temps.
- Je suis désolé messieurs, mais je dois fermer.
Le jeune homme élégant regarda alors fixement le propriétaire rondouillard, un instant.
- En fait, je crois que nous allons rester un peu plus longtemps et que vous allez partir vous coucher.
Le patron sembla hésiter un instant. Puis il fit demi-tour et quitta le bar à son tour, sans rien dire de plus.
Söze commenta l'action sur un ton un peu sarcastique.
- Impressionnant... Personnellement j'ai tendance à préférer les méthodes plus... naturelles.
Je trouve ça plus gratifiant.
- Une perte de temps.
L'esprit des races inférieures est faible : il est facile de le surcharger et de le contrôler.
En guise de conclusion à sa brève réponse, le jeune homme avala son verre d'un trait.
- J'imagine que nous approchons du dénouement ? Le manoir est détruit et la majorité des réceptacles ont fini en cendre. Qui aurait cru que les anges auraient usé de telles extrémités ?
- J'en suis le premier surpris. Une telle brutalité n'est pas pour me déplaire mais de nombreuses vies ont étés perdues.
- Nos derniers espoirs reposent donc sur Elle ? Utiliser Dariel comme messager n'a pas eu que des avantages. Elle a résisté au rituel grâce à la rapidité des anges et des démons mais elle ne doit pas se balader à Immac sans contrôle.
Si Elle voyait tout ce que nous faisons... Elle n'aurait pas de pitié pour nous.
Le silence s'installa quelques secondes. Les deux hommes ne se regardaient pas, ils fixaient un point imaginaire devant eux.
Peut-être étaient-ils en train d'imaginer ce qui pourrait se passer.
C'est Söze qui finit par reprendre la parole le premier.
- Je vais lancer mes hommes à sa poursuite. Il faut la récupérer et, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préfère que ce soit les miens plutôt que les vôtres.
- Sage décision mais il n'est pas temps de faire une course. La retrouver est notre priorité absolue. Mes sbires iront, eux aussi.
Le vieil homme haussa les épaules.
- Bien... Je pense quitter la ville quoi qu'il arrive de toute façon.
Mais je n'aimerais pas partir sur un échec.
Il se leva et prit son chapeau.
- Adieu donc ! Je crois que nos rencontres ne seront plus nécessaires.
Alors qu'il faisait volte-face pour se diriger vers la sortie, la main du jeune homme se posa fermement sur son épaule et le tira brusquement en arrière.
Déséquilibré, surpris, Söze protesta :
- Qu'essayez-vous de faire ?! Vous savez bien que vous ne pouvez pas...
Et le vieil homme se tut.
Le jeune homme, un peu plus grand, le tenait doucement mais fermement dans ses bras. Il plongeait son regard dans le sien.
Söze se mit à rougir malgré lui, alors que le charmant jeune homme approchait doucement son visage du sien. Il lui murmura :
- Je crois que, suivant les conventions sociales, il serait plus approprié que vous apparaissiez enfin telle que vous êtes. Ce déguisement n'est plus nécessaire...
Lentement, les traits de Söze se raffermirent en même temps que ses cheveux s'allongèrent. Il obéissait sans trop savoir pourquoi.
Bientôt, à la place du vieil homme se tenait une superbe femme, flottant allègrement dans des vêtements trop grands.
Elle laissa échapper un petit souffle. Elle ne pouvait plus bouger, comme hypnotisée...
- Ne... Ne fais pas ça...
Mais la supplique resta lettre morte et les lèvres des deux alignés se joignirent. Les yeux fermées, elle se laissa aller à cette douce récompense...
Quand le jeune homme relâcha son étreinte, néanmoins, elle ressentit une certaine frustration. Le baiser était froid et mécanique, sans émotion.
- Veuillez accepter mes excuses, j'ignore pourquoi mais il fallait que je le fasse.
Elle essuya distraitement ses lèvres, évitant le jeune homme du regard.
- Cela est interdit par nos statuts et notre essence même...
Vous êtes dépourvu d'émotion m'a-t-on dit. Ce baiser est donc... surprenant.
- Une partie de moi le désirait plus que tout. Ma mémoire... semble défaillante sur ce point.
Elle remit son chapeau, ne prit pas le temps de changer de nouveau de forme et se dirigea précipitamment vers la sortie.
- Votre mémoire vous reviendra quand vous aurez enfin le grade que vous méritez, Capitaine Berney. Hélas pour vous, je serai déjà partie.
- Je comprends, Maitre Neven. Adieu donc.
Elle sortit enfin, laissant le démon à sa solitude. Lui pourrait jurer qu'un instant, il avait vu ses yeux briller...
L'endroit était pratiquement désert. Il faut dire que l'heure tardive - ou très matinale suivant la manière de considérer l'horloge - venait d'avoir raison de l'ultime vieux soulard qui était parti en titubant.
Il ne restait plus que deux hommes, en plus du patron. L'un des deux semblait avoir la trentaine, le second était bien plus âgé et marqué par le temps.
- Je suis désolé messieurs, mais je dois fermer.
Le jeune homme élégant regarda alors fixement le propriétaire rondouillard, un instant.
- En fait, je crois que nous allons rester un peu plus longtemps et que vous allez partir vous coucher.
Le patron sembla hésiter un instant. Puis il fit demi-tour et quitta le bar à son tour, sans rien dire de plus.
Söze commenta l'action sur un ton un peu sarcastique.
- Impressionnant... Personnellement j'ai tendance à préférer les méthodes plus... naturelles.
Je trouve ça plus gratifiant.
- Une perte de temps.
L'esprit des races inférieures est faible : il est facile de le surcharger et de le contrôler.
En guise de conclusion à sa brève réponse, le jeune homme avala son verre d'un trait.
- J'imagine que nous approchons du dénouement ? Le manoir est détruit et la majorité des réceptacles ont fini en cendre. Qui aurait cru que les anges auraient usé de telles extrémités ?
- J'en suis le premier surpris. Une telle brutalité n'est pas pour me déplaire mais de nombreuses vies ont étés perdues.
- Nos derniers espoirs reposent donc sur Elle ? Utiliser Dariel comme messager n'a pas eu que des avantages. Elle a résisté au rituel grâce à la rapidité des anges et des démons mais elle ne doit pas se balader à Immac sans contrôle.
Si Elle voyait tout ce que nous faisons... Elle n'aurait pas de pitié pour nous.
Le silence s'installa quelques secondes. Les deux hommes ne se regardaient pas, ils fixaient un point imaginaire devant eux.
Peut-être étaient-ils en train d'imaginer ce qui pourrait se passer.
C'est Söze qui finit par reprendre la parole le premier.
- Je vais lancer mes hommes à sa poursuite. Il faut la récupérer et, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préfère que ce soit les miens plutôt que les vôtres.
- Sage décision mais il n'est pas temps de faire une course. La retrouver est notre priorité absolue. Mes sbires iront, eux aussi.
Le vieil homme haussa les épaules.
- Bien... Je pense quitter la ville quoi qu'il arrive de toute façon.
Mais je n'aimerais pas partir sur un échec.
Il se leva et prit son chapeau.
- Adieu donc ! Je crois que nos rencontres ne seront plus nécessaires.
Alors qu'il faisait volte-face pour se diriger vers la sortie, la main du jeune homme se posa fermement sur son épaule et le tira brusquement en arrière.
Déséquilibré, surpris, Söze protesta :
- Qu'essayez-vous de faire ?! Vous savez bien que vous ne pouvez pas...
Et le vieil homme se tut.
Le jeune homme, un peu plus grand, le tenait doucement mais fermement dans ses bras. Il plongeait son regard dans le sien.
Söze se mit à rougir malgré lui, alors que le charmant jeune homme approchait doucement son visage du sien. Il lui murmura :
- Je crois que, suivant les conventions sociales, il serait plus approprié que vous apparaissiez enfin telle que vous êtes. Ce déguisement n'est plus nécessaire...
Lentement, les traits de Söze se raffermirent en même temps que ses cheveux s'allongèrent. Il obéissait sans trop savoir pourquoi.
Bientôt, à la place du vieil homme se tenait une superbe femme, flottant allègrement dans des vêtements trop grands.
Elle laissa échapper un petit souffle. Elle ne pouvait plus bouger, comme hypnotisée...
- Ne... Ne fais pas ça...
Mais la supplique resta lettre morte et les lèvres des deux alignés se joignirent. Les yeux fermées, elle se laissa aller à cette douce récompense...
Quand le jeune homme relâcha son étreinte, néanmoins, elle ressentit une certaine frustration. Le baiser était froid et mécanique, sans émotion.
- Veuillez accepter mes excuses, j'ignore pourquoi mais il fallait que je le fasse.
Elle essuya distraitement ses lèvres, évitant le jeune homme du regard.
- Cela est interdit par nos statuts et notre essence même...
Vous êtes dépourvu d'émotion m'a-t-on dit. Ce baiser est donc... surprenant.
- Une partie de moi le désirait plus que tout. Ma mémoire... semble défaillante sur ce point.
Elle remit son chapeau, ne prit pas le temps de changer de nouveau de forme et se dirigea précipitamment vers la sortie.
- Votre mémoire vous reviendra quand vous aurez enfin le grade que vous méritez, Capitaine Berney. Hélas pour vous, je serai déjà partie.
- Je comprends, Maitre Neven. Adieu donc.
Elle sortit enfin, laissant le démon à sa solitude. Lui pourrait jurer qu'un instant, il avait vu ses yeux briller...