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De l'ombre à la Lumière, un pas
#23
  Le soleil descendait sur l'horizon. Au milieu des cailloux et de la poussière, Céraziel se tenait droit, guetteur invisible à l'affût du moindre mouvement. Personne. Le lieu qui l'intéressait n'avait rien d'extraordinaire, à peine pouvait-il se distinguer des autres parties du décor, aussi faussement plat, aussi venteux, aussi desséché que le reste. Pourtant, il savait que ses recherches aboutissaient ici. Les quelques pas qui lui suffirent à gagner l'emplacement exact ne lui prirent que quelques secondes. Ses pieds ne laissaient aucune trace, tout comme il ne pouvait être directement perçu par les yeux des mortels.

J'y suis, prévînt-il.

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  Abojo était reparti vers sa case avec un mauvais pressentiment. Il dut s'arrêter pour souffler et éponger tant bien que mal son front avec ses mains qui tremblaient. Irrité, le vieil homme contempla un instant ces paluches devenues trop instables et marmonna quelques réflexions personnelles. Il savait depuis un moment que le temps lui était compté. Mais la crise actuelle semblait aggraver son mal sans qu'il ne puisse rien y faire. Il fallait qu'il reparte. La formation de son apprenti toucherait bientôt à sa fin ; jusque là il devait tenir et veiller. Son grand corps s'ébranla à nouveau et cette fois il alla d'une traite jusqu'à son but.

  Le wali inspecta du regard toute l'habitation. La case était vide, tranquille. Rassuré pour il ne savait quelle raison, il relâcha un peu la tension qui l'habitait et, ce faisant, commença à ressentir le chatouillement d'une début de toux dans sa gorge. Il eut beau lutter contre la sensation, il finit par se courber en deux sous la force des quintes qui l'empêchaient de respirer correctement et lui firent cracher un peu de sang. Appuyé contre un mur, Abojo chercha de l'air en essayant de calmer tant bien que mal les tremblements qui ne faisaient qu'ajouter à sa faiblesse. Se redressant enfin, lentement, le regard errant, la gorge en flamme, râpeuse, et la bouche sableuse, métallique, le wali accrocha du regard une irrégularité. Une remise en place trop prompte, la preuve d'un passage rapide mais précis. Le mauvais pressentiment repris sa place, et Abojo reparti vers le village.


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  A son retour sous les branches dénudées, Gelilaa n'avait plus lutté contre le désespoir qui s'insinuait à leur vue. Ses pieds avaient tracé un nouveau chemin vers le centre, foulant les fleurs tombées comme les écorces d'une ancienne vie, et si son pas était plus rapide, il n'en avait pas pour autant perdu son respect. Chacun de ses gestes allait dans un sens, chacun de ses murmures volait vers un cœur. Arrivé devant l'arbre, il leva les yeux vers la plus haute de ses brindilles qui se perdait déjà dans la pénombre. Il redescendit ensuite le long des branches et ses mains vinrent se poser sur le tronc, avant que sa joue ne les rejoigne brièvement. Sans cesser de murmurer, l'apprenti se détacha du moribond, laissant une part de lui en empreinte.

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  Azerine tournait presque en rond tant l'attente lui paraissait interminable. Ils guettaient là depuis plus de trois heures, tout ça pour essayer de sauver des miettes dans l'océan de leur débâcle. La jeune ange rousse serra les points. Pas seulement pour sauver des miettes, pour leur montrer qu'ils ne se laisseraient pas mener sans réagir, pour leur prouver qu'ils pouvaient leur tenir tête. Elle tapa du pied par terre, agacée. Elle était aveugle pour l'instant, dépendante des messages de Céraziel et des observations d'Helliah. Elle détestait cela.
  Non loin restaient quelques lambeaux de songes mais pas grand chose d'exploitable. En tournant et retournant dans sa cachette, la belle tendait ses sens pour saisir les moindre bribes oniriques mais tout était pour l'instant si fuyant qu'elle n'arrivait à saisir ces fils que pour mieux les voir s'effilocher et disparaître. Un léger souffle d'air la frôla sans qu'elle y prit garde.


- Azeriiiine !

  Elle sursauta. Helliah était dans son dos, appuyé contre la paroi rocheuse, prêt à reprendre son envol.

- Tu deviens distraite, cocotte, lui reprocha-t-il. Si tu ne me contactes pas, je vais avoir du mal à te dire ce qu'il se passe.
- Il se passe quoi ? le coupa-t-elle, impatiente, mais se détournant aussitôt.

  Son collègue lui résuma la situation particulièrement tendue du village. De temps à autres, il tournait inconsciemment la tête dans la direction des cases les plus proches, fronçant les sourcils en songeant pendant son rapport à tous les détails qu'il avait grappillés à droite et à gauche. Ils étaient mal partis, très mal.

- Enfin là, moi je vois ça comme un suicide de communauté ou presque, conclut-il à l'attention de la rousse qui avait le regard dans le vague. Ils vont avoir ce qu'ils veulent, mais je vois mal le groupe rester soudé comme avant. Je me demande bien pourquoi Céraziel t'a écoutée quand tu as dit que tu voulais venir.

  Daignant enfin accorder toute son attention au rapide Helliah, Azerine, le souffle court soulevant par à-coups sa poitrine à peine couverte, l'emprisonna de son regard ambre.

- Il a trouvé, lâcha-t-elle.

  Elle haussa soudain ses sourcils finement dessinés. Son visage monta lentement vers le ciel et dans ses yeux, l'ambre en feu emplissait petit à petit tout l'espace.
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Messages In This Thread
De l'ombre à la Lumière, un pas - by Galila - 10-29-2011, 09:07 PM
Re : De l'ombre à la Lumière, un pas - by Galila - 01-11-2012, 06:32 PM

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