L'obscurité...
On ouvre les yeux...
L'obscurité encore.
Un instant Naqiyël pensa qu'il n'existait plus. D'ailleurs, il ne savait pas ce qu'il faisait là... Le désespoir a ceci de réconfortant qu'il n'y a plus rien à faire.
Puis des plaintes arrivèrent. D'autres que lui s'étaient réveillés.
Le déchu, puisque c'était bien ce qu'il était, se redressa, hébété. Ses yeux s'habituèrent à la pénombre. Autour de lui, beaucoup de formes allongées, ou plutôt, tordues sur le sol. C'étaient ses pareils. Ils ne bougeaient pas, mais rien en eux n'évoquait le repos. Plutôt un espèce de coma malsain. Au loin, une silhouette semblait se pencher sur chacune des créatures endormies... Elle allait en s'éloignant. Vaguement, notre héros se dit que, quoique la chose faisait, elle avait du le lui faire alors qu'il était encore en « sommeil ». Curieusement, cela ne l'alarma pas vraiment...
Comme lui, certains s'étaient réveillés. Des créatures hideuses, parfois grotesques, erraient, ou demeuraient assises avec le même air d'incompréhension que le sien. De fait, l'ombre jouait des tours et enlaidissait volontiers les acteurs de cette lugubre scène. Il y en avait cependant qui avaient gardé une figure normale.
Naqiyël était de ceux là... Il s'observa comme s'il faisait connaissance avec lui même. Comme s'il se découvrait en quelques sorte. Les souvenirs lui échappaient, comme un rêve vous échappe au réveil. Il y avait eut une bataille. Il l'avait perdu... En tout cas, il avait perdu quelque chose c'était sûr. C'était la faute à ceux qui avaient gagné. Réaction basique, mais logique.
Autrefois, il avait des ailes dans le dos qui lui permettaient de voler... Il passa sa main à cet emplacement... plus rien. Au lieu de ça, des griffes lui meurtrirent la chair. Plaçant ses mains devant lui, il les observa avec plus d'attention.
Oui, c'était ça ! Il y avait eu comme une chute. Ses ailes s'étaient brisées, et avaient même été littéralement arrachées. Il se souvint de la douleur... Ça avait duré longtemps. Il avait paniqué, et ses mains avaient fouetté tout ce qui l'entourait... C'était bizarre, mais il n'avait pas eu l'impression de chuter dans le vide... Au contraire, il s'était enfoncé dans de la matière... Était-ce la réalité d'un souvenir, ou d'un cauchemar ? Bref, ses griffes étaient nées à ce moment là. Il avait voulu s'accrocher à … la parois ? Pour essayer de remonter. Cela n'avait pas marché... Rien n'avait arrêté la Chute.
Et puis ? Ben il était tombé là.
Finissant son inspection, l'ancien ange ne constata que sa toge en lambeau et la saleté sur son corps. C'était curieux, mais il n'était pas blessé. Enfin, il leva le nez et contempla son « point de chute » … Dès lors il se leva vivement. Il était dans une une large salle caverneuse. Un souvenir insaisissable lui revint en mémoire. Probablement un piège dans lequel un ennemi l'avait entrainé. C'est ce que ce lieu lui rappelait, quoiqu'il soit incapable de se souvenir des détails. Ici, c'était plus large, mais il n'arrivait pas à se départir de cet impression gênante : il était piégé.
« To... toi ! »
La voix tira l'ange déchu de son début de panique. Elle provenait d'une masse difforme à quelque pas de lui. Le pauvre hère, qui semblait l'avoir reconnu, avait beaucoup moins de chance que notre héros. Pour son malheur, ses ailes à lui n'avaient pas été arrachées... D'immondes bâtons osseux sortaient de son dos. Disgracieux, ils ne pouvaient en aucun cas porter leur propriétaire dans les airs. Pour le reste « Torturé » était le mot qui venait à l'esprit. Ses membres formaient un angle improbable, et il semblait bien blessé en vérité. Il était en tout cas incapable de se relever. La chose était enfoncée dans un trou au niveau du sol. En fait, elle épousait littéralement la terre. Seule une partie du visage dépassait, permettant à Naquiyël de contempler celui qui l'appelait à l'aide.
Cependant, en observant son visage, plutôt régulier, une certitude se fît jour dans l'esprit de Naqiyël : il le connaissait.
Oui il le connaissait, pourtant, impossible de le situer, à vous autres, lecteurs, nous pourrons dire qu'il s'agissait de son ancien ami, Zeruel, mais le nom, comme les circonstances de cette connaissance lui échappaient. Le déchu valide s'approcha de son comparse avec méfiance. Aussitôt une main aussi crochue que la sienne fouetta l'air en direction de l'approchant. Incroyablement vif, le bras se révéla aussi anormalement long.
« Aide moi »
La chose se révéla plus exigeante que suppliante. Et puis elle ne semblait pas si blessée que cela finalement. A l'image d'une branche noueuse, son bras n'en parvint pas moins à se saisir de la jambe de Naqiyël... Affolé, le déchus tenta de se dégager, sans succès. Il manqua de tomber. Celui qui était jadis le beau Zeruel le tractait jusqu'à lui.
C'était comme un fourmilion qui entrainait sa proie vers... un endroit encore plus profondément enfouis que celui où ils étaient maintenant
Naqiyël projeta son autre pied en avant, percutant le malheureux déchu gisant au sol. Ce fut fait avec une telle violence, que ce dernier s'arracha de sa prison de terre et roula quelques bon mètres plus loin. Un cri de rage et de frustration plus tard, et les nouvelles griffes du démon déchira la chair de Zeruel. Un cri qui se mua en rire forcené pendant le massacre. La chose inerte qu'était Zeruel ne pouvait guère se défendre, et subit les assauts du dément.
Aux alentours, certains s'éloignaient prudemment, d'autres observaient intéressés. Enfin d'autres semblèrent désireux d'expérimenter l'exercice à leur tour. Nul n'intervint. Mais les plus forts regardait les plus faibles d'un œil intéressé. Les plus intelligent parmi les observés, s'éloignèrent.
Pendant ce temps, le massacre s’achevait. Un spectacle oublié de tous, mais néanmoins familier s’offrit au publique: le sol aspira Zeruel...
...Et ce dernier retomba aussi sec à l'exact emplacement où il se trouvait. Naqiyël se dégagea, surpris pas le phénomène... L'enfer, qui ne portait pas encore ce nom, était l'ultime Marche de la création. On pouvait y mourir, mais c'était ici qu'on retomberait de toutes les façons.
Un piège... C'était peut être ça effectivement.
Encore une fois l'ancien ange se laissa aller à sa panique, son désespoir et sa frustration. Il les extériorisa sur plus faible que lui. Cela dura, recommença, en une suite de barbarie plutôt monotone finalement...
C'est donc ici que nous le laisserons, pour l'instant.
On ouvre les yeux...
L'obscurité encore.
Un instant Naqiyël pensa qu'il n'existait plus. D'ailleurs, il ne savait pas ce qu'il faisait là... Le désespoir a ceci de réconfortant qu'il n'y a plus rien à faire.
Puis des plaintes arrivèrent. D'autres que lui s'étaient réveillés.
Le déchu, puisque c'était bien ce qu'il était, se redressa, hébété. Ses yeux s'habituèrent à la pénombre. Autour de lui, beaucoup de formes allongées, ou plutôt, tordues sur le sol. C'étaient ses pareils. Ils ne bougeaient pas, mais rien en eux n'évoquait le repos. Plutôt un espèce de coma malsain. Au loin, une silhouette semblait se pencher sur chacune des créatures endormies... Elle allait en s'éloignant. Vaguement, notre héros se dit que, quoique la chose faisait, elle avait du le lui faire alors qu'il était encore en « sommeil ». Curieusement, cela ne l'alarma pas vraiment...
Comme lui, certains s'étaient réveillés. Des créatures hideuses, parfois grotesques, erraient, ou demeuraient assises avec le même air d'incompréhension que le sien. De fait, l'ombre jouait des tours et enlaidissait volontiers les acteurs de cette lugubre scène. Il y en avait cependant qui avaient gardé une figure normale.
Naqiyël était de ceux là... Il s'observa comme s'il faisait connaissance avec lui même. Comme s'il se découvrait en quelques sorte. Les souvenirs lui échappaient, comme un rêve vous échappe au réveil. Il y avait eut une bataille. Il l'avait perdu... En tout cas, il avait perdu quelque chose c'était sûr. C'était la faute à ceux qui avaient gagné. Réaction basique, mais logique.
Autrefois, il avait des ailes dans le dos qui lui permettaient de voler... Il passa sa main à cet emplacement... plus rien. Au lieu de ça, des griffes lui meurtrirent la chair. Plaçant ses mains devant lui, il les observa avec plus d'attention.
Oui, c'était ça ! Il y avait eu comme une chute. Ses ailes s'étaient brisées, et avaient même été littéralement arrachées. Il se souvint de la douleur... Ça avait duré longtemps. Il avait paniqué, et ses mains avaient fouetté tout ce qui l'entourait... C'était bizarre, mais il n'avait pas eu l'impression de chuter dans le vide... Au contraire, il s'était enfoncé dans de la matière... Était-ce la réalité d'un souvenir, ou d'un cauchemar ? Bref, ses griffes étaient nées à ce moment là. Il avait voulu s'accrocher à … la parois ? Pour essayer de remonter. Cela n'avait pas marché... Rien n'avait arrêté la Chute.
Et puis ? Ben il était tombé là.
Finissant son inspection, l'ancien ange ne constata que sa toge en lambeau et la saleté sur son corps. C'était curieux, mais il n'était pas blessé. Enfin, il leva le nez et contempla son « point de chute » … Dès lors il se leva vivement. Il était dans une une large salle caverneuse. Un souvenir insaisissable lui revint en mémoire. Probablement un piège dans lequel un ennemi l'avait entrainé. C'est ce que ce lieu lui rappelait, quoiqu'il soit incapable de se souvenir des détails. Ici, c'était plus large, mais il n'arrivait pas à se départir de cet impression gênante : il était piégé.
« To... toi ! »
La voix tira l'ange déchu de son début de panique. Elle provenait d'une masse difforme à quelque pas de lui. Le pauvre hère, qui semblait l'avoir reconnu, avait beaucoup moins de chance que notre héros. Pour son malheur, ses ailes à lui n'avaient pas été arrachées... D'immondes bâtons osseux sortaient de son dos. Disgracieux, ils ne pouvaient en aucun cas porter leur propriétaire dans les airs. Pour le reste « Torturé » était le mot qui venait à l'esprit. Ses membres formaient un angle improbable, et il semblait bien blessé en vérité. Il était en tout cas incapable de se relever. La chose était enfoncée dans un trou au niveau du sol. En fait, elle épousait littéralement la terre. Seule une partie du visage dépassait, permettant à Naquiyël de contempler celui qui l'appelait à l'aide.
Cependant, en observant son visage, plutôt régulier, une certitude se fît jour dans l'esprit de Naqiyël : il le connaissait.
Oui il le connaissait, pourtant, impossible de le situer, à vous autres, lecteurs, nous pourrons dire qu'il s'agissait de son ancien ami, Zeruel, mais le nom, comme les circonstances de cette connaissance lui échappaient. Le déchu valide s'approcha de son comparse avec méfiance. Aussitôt une main aussi crochue que la sienne fouetta l'air en direction de l'approchant. Incroyablement vif, le bras se révéla aussi anormalement long.
« Aide moi »
La chose se révéla plus exigeante que suppliante. Et puis elle ne semblait pas si blessée que cela finalement. A l'image d'une branche noueuse, son bras n'en parvint pas moins à se saisir de la jambe de Naqiyël... Affolé, le déchus tenta de se dégager, sans succès. Il manqua de tomber. Celui qui était jadis le beau Zeruel le tractait jusqu'à lui.
C'était comme un fourmilion qui entrainait sa proie vers... un endroit encore plus profondément enfouis que celui où ils étaient maintenant
Naqiyël projeta son autre pied en avant, percutant le malheureux déchu gisant au sol. Ce fut fait avec une telle violence, que ce dernier s'arracha de sa prison de terre et roula quelques bon mètres plus loin. Un cri de rage et de frustration plus tard, et les nouvelles griffes du démon déchira la chair de Zeruel. Un cri qui se mua en rire forcené pendant le massacre. La chose inerte qu'était Zeruel ne pouvait guère se défendre, et subit les assauts du dément.
Aux alentours, certains s'éloignaient prudemment, d'autres observaient intéressés. Enfin d'autres semblèrent désireux d'expérimenter l'exercice à leur tour. Nul n'intervint. Mais les plus forts regardait les plus faibles d'un œil intéressé. Les plus intelligent parmi les observés, s'éloignèrent.
Pendant ce temps, le massacre s’achevait. Un spectacle oublié de tous, mais néanmoins familier s’offrit au publique: le sol aspira Zeruel...
...Et ce dernier retomba aussi sec à l'exact emplacement où il se trouvait. Naqiyël se dégagea, surpris pas le phénomène... L'enfer, qui ne portait pas encore ce nom, était l'ultime Marche de la création. On pouvait y mourir, mais c'était ici qu'on retomberait de toutes les façons.
Un piège... C'était peut être ça effectivement.
Encore une fois l'ancien ange se laissa aller à sa panique, son désespoir et sa frustration. Il les extériorisa sur plus faible que lui. Cela dura, recommença, en une suite de barbarie plutôt monotone finalement...
C'est donc ici que nous le laisserons, pour l'instant.