On plante le décor…
Lausanne, Suisse, Avenue de Rumine, numéro 66, mois de juin 2010, 10h30 bureau du docteur Beuchat.
Le jeune homme pénètre tranquillement dans l’entrée du bureau. Grand, blond, yeux verts, environ la vingtaine, il semble confiant lorsqu’il dit à la secrétaire :
Bonjour, je suis Paul Leresche, je viens pour mon rendez-vous avec le docteur Beuchat.
Souriant par politesse, la secrétaire et femme du docteur dit machinalement :
Il vous attend, je vous laisse poser votre veste.
Paul s’exécute avec un petit sourire, pendant sa veste après un cintre avant de pénétrer dans le bureau, dont il referme soigneusement la porte.
La pièce, du genre assez grande, est composée d’un bureau en bois, du style massif, d’une grande bibliothèque pleine d’ouvrages de médecine sur la droite, tandis qu’à gauche on trouve la partie plus médicale : table d’examen, matériel pour l’auscultation et ainsi de suite. Au fond du bureau se trouve une porte fenêtre, qui donne sur le grand jardin, avec vu sur le lac et les montagnes. Il n’y a pas à chipoter, on est chez un spécialiste, et pas du genre pauvre.
Ce dernier, Louis Beuchat, la cinquantaine, plutôt grand et sec, est vêtu de la traditionnel blouse, porte des petites lunettes cerclés d’or, a des cheveux grisonnants, de grands yeux marrons, qui dévisagent déjà avec curiosité son patient. Ce n’est pas tous les jours qu’un homme de cet âge passe la porte du bureau de ce spécialiste réputé en orthopédie et qu'il semble si bien portant.. D’un geste, il invite son visiteur à prendre place dans un fauteuil, qui semble bien confortable en face de son bureau. Les salutations d’usage expédiées, le médecin prend la parole, ouvrant un dossier :
-Bien, alors, qu’est-ce qui vous amène exactement Monsieur Leresche ?
L’air confiant, le jeune homme lui répond :
Et bien docteur, voyez-vous, comme je viens d’une famille aisée et que j’ai une assurance avec une franchise très basse ainsi que plusieurs options, je me suis dit que j’allais directement consulter un spécialiste pour mon pied.
Un peu surpris le docteur lui demande :
Et qu’a-t-il ce pied ?
Son sourire s’élargit un peu lorsque le patient lui dit :
Et bien, il me fait mal, mais uniquement au niveau de l’articulation et quand je cours…
Le professionnel de la santé réfléchit un instant puis désigne la table d’examen tout en demandant à Paul d’y prendre place, d’ôter sa chaussure et sa chaussette au pied lésé, qu’il puisse l’examiner. Sans mot dire, le jeune malade s’exécute.
Une fois celui-ci assis, le bon docteur s’approche en demandant :
-Et donc depuis quand avez-vous mal ?
Et du tac au tac, Leresche lui répond :
Depuis mon accident de voiture, vous ne vous en souvenez pas ?
Beuchat, qui examinait son pied, semble décontenancé par cette réponse, commence à se relever en disant :
Je dev… ?
Le coup l’atteint à la gorge à ce moment là. Cherchant son souffle il recule, tandis que le jeune homme, avec une grande rapidité, se jette sur lui et lui plante une seringue dans la langue, y injectant un produit. Le médecin tente de hurler, mais il sent que sa langue ne veut pas. Du tranquillisant pense-t-il.
Poussant sans ménagement le praticien dans son fauteuil, avec un sourire cruel, Paul lui dit :
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire…
Une demi-heure plus tard, le patient sort du cabinet, l’air heureux et dit à la secrétaire :
Je vous laisse me recontacter pour le rendez-vous, je suis un peu pressé !
La femme lui dit au revoir, tandis que, ayant repris sa veste, Paul sort.
Machinalement, elle se dirige vers la machine à café, en fait un et crie :
Louis ! Tu veux un café ?
Devant l’absence de réponse de son mari, elle grommelle et ouvre la porte du cabinet. Son café s’écrase quasiment au même sur le sol, tandis qu’un cri puissant sort de ses poumons. Elle se précipite sur le téléphone et appelle la police.
13h00, même endroit.
Les lieux sont maintenant déserts, la désormais veuve du docteur ayant été évacuée, des policiers arpentent les lieux en quête d’indices. On entend un bruit de pas dans l’escalier. L’agent en faction devant la porte arrête un homme, vêtu d’un costard des plus chics, noir, avec une cravate rouge bordeaux, une chemise blanche et de belles chaussures en cuir beiges. L’homme, du genre petit, un peu rondouillard, le crâne qui commence à se dégarnir de ses cheveux châtains, toise le planton avec ses yeux gris, avant de lui montrer une carte. L’agent l’inspecte, semblant surpris, puis la rend à son détenteur avant d’annoncer :
Lieutenant, on a de la visite et pas n’importe qui. L’inspecteur Marthy, police fédérale.
Le gradé, bon quadra aux tempes grisonnantes, grand et imposant, cesse de discuter avec une jeune collègue pour porter son attention sur le nouveau venu qu’il accueille assez froidement :
Alors comme ça, notre affaire intéresse déjà les hautes autorités ? Et pourquoi ?
Sans se laisser perturber, le policier fédéral lui répond le plus simplement du monde :
Parce que les cas bizarres, c’est pour nous.
Le lieutenant soupire, puis, gardant son sang et son ton froid, il réplique :
C’est pas parce que la victime a été torturée et qu’on a laissé la carte XIII du Tarot sur place que c’est bizarre. En plus, l’assassin est un imbécile fini : il a laissé son nom.
En entendant cela, l’inspecteur Marthy ne peut réprimer un sourire et répond immédiatement :
Justement, il est là le problème. Paul Leresche existe bel et bien. Il est mort, il y a 10 ans…
Là, le gradé local écarquille les yeux en balbutiant :
Mais que…
Le sourire se fait de plus en satisfait chez son collègue qui ajoute :
Donc, je prends l’affaire en main, avec la bénédiction de votre hiérarchie. Je veux le dossier complet, dans… il regarde sa montre deux heures, sur mon bureau, qui se trouve à deux pas du vôtre, on m’a permis de prendre mes quartiers chez vous pour la durée de cette enquête.
L’air dépité, le lieutenant se contente de dire :
Oui, m’sieur.
Et l’inspecteur Marthy, alias Felicia, grade 0 de Dominique, s’en va d’un pas tranquille en se disant que cette affaire allait être tout à fait intéressante, sans se douter qu’elle allait laisser des traces, visibles encore aujourd’hui.
Lausanne, Suisse, Avenue de Rumine, numéro 66, mois de juin 2010, 10h30 bureau du docteur Beuchat.
Le jeune homme pénètre tranquillement dans l’entrée du bureau. Grand, blond, yeux verts, environ la vingtaine, il semble confiant lorsqu’il dit à la secrétaire :
Bonjour, je suis Paul Leresche, je viens pour mon rendez-vous avec le docteur Beuchat.
Souriant par politesse, la secrétaire et femme du docteur dit machinalement :
Il vous attend, je vous laisse poser votre veste.
Paul s’exécute avec un petit sourire, pendant sa veste après un cintre avant de pénétrer dans le bureau, dont il referme soigneusement la porte.
La pièce, du genre assez grande, est composée d’un bureau en bois, du style massif, d’une grande bibliothèque pleine d’ouvrages de médecine sur la droite, tandis qu’à gauche on trouve la partie plus médicale : table d’examen, matériel pour l’auscultation et ainsi de suite. Au fond du bureau se trouve une porte fenêtre, qui donne sur le grand jardin, avec vu sur le lac et les montagnes. Il n’y a pas à chipoter, on est chez un spécialiste, et pas du genre pauvre.
Ce dernier, Louis Beuchat, la cinquantaine, plutôt grand et sec, est vêtu de la traditionnel blouse, porte des petites lunettes cerclés d’or, a des cheveux grisonnants, de grands yeux marrons, qui dévisagent déjà avec curiosité son patient. Ce n’est pas tous les jours qu’un homme de cet âge passe la porte du bureau de ce spécialiste réputé en orthopédie et qu'il semble si bien portant.. D’un geste, il invite son visiteur à prendre place dans un fauteuil, qui semble bien confortable en face de son bureau. Les salutations d’usage expédiées, le médecin prend la parole, ouvrant un dossier :
-Bien, alors, qu’est-ce qui vous amène exactement Monsieur Leresche ?
L’air confiant, le jeune homme lui répond :
Et bien docteur, voyez-vous, comme je viens d’une famille aisée et que j’ai une assurance avec une franchise très basse ainsi que plusieurs options, je me suis dit que j’allais directement consulter un spécialiste pour mon pied.
Un peu surpris le docteur lui demande :
Et qu’a-t-il ce pied ?
Son sourire s’élargit un peu lorsque le patient lui dit :
Et bien, il me fait mal, mais uniquement au niveau de l’articulation et quand je cours…
Le professionnel de la santé réfléchit un instant puis désigne la table d’examen tout en demandant à Paul d’y prendre place, d’ôter sa chaussure et sa chaussette au pied lésé, qu’il puisse l’examiner. Sans mot dire, le jeune malade s’exécute.
Une fois celui-ci assis, le bon docteur s’approche en demandant :
-Et donc depuis quand avez-vous mal ?
Et du tac au tac, Leresche lui répond :
Depuis mon accident de voiture, vous ne vous en souvenez pas ?
Beuchat, qui examinait son pied, semble décontenancé par cette réponse, commence à se relever en disant :
Je dev… ?
Le coup l’atteint à la gorge à ce moment là. Cherchant son souffle il recule, tandis que le jeune homme, avec une grande rapidité, se jette sur lui et lui plante une seringue dans la langue, y injectant un produit. Le médecin tente de hurler, mais il sent que sa langue ne veut pas. Du tranquillisant pense-t-il.
Poussant sans ménagement le praticien dans son fauteuil, avec un sourire cruel, Paul lui dit :
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire…
Une demi-heure plus tard, le patient sort du cabinet, l’air heureux et dit à la secrétaire :
Je vous laisse me recontacter pour le rendez-vous, je suis un peu pressé !
La femme lui dit au revoir, tandis que, ayant repris sa veste, Paul sort.
Machinalement, elle se dirige vers la machine à café, en fait un et crie :
Louis ! Tu veux un café ?
Devant l’absence de réponse de son mari, elle grommelle et ouvre la porte du cabinet. Son café s’écrase quasiment au même sur le sol, tandis qu’un cri puissant sort de ses poumons. Elle se précipite sur le téléphone et appelle la police.
13h00, même endroit.
Les lieux sont maintenant déserts, la désormais veuve du docteur ayant été évacuée, des policiers arpentent les lieux en quête d’indices. On entend un bruit de pas dans l’escalier. L’agent en faction devant la porte arrête un homme, vêtu d’un costard des plus chics, noir, avec une cravate rouge bordeaux, une chemise blanche et de belles chaussures en cuir beiges. L’homme, du genre petit, un peu rondouillard, le crâne qui commence à se dégarnir de ses cheveux châtains, toise le planton avec ses yeux gris, avant de lui montrer une carte. L’agent l’inspecte, semblant surpris, puis la rend à son détenteur avant d’annoncer :
Lieutenant, on a de la visite et pas n’importe qui. L’inspecteur Marthy, police fédérale.
Le gradé, bon quadra aux tempes grisonnantes, grand et imposant, cesse de discuter avec une jeune collègue pour porter son attention sur le nouveau venu qu’il accueille assez froidement :
Alors comme ça, notre affaire intéresse déjà les hautes autorités ? Et pourquoi ?
Sans se laisser perturber, le policier fédéral lui répond le plus simplement du monde :
Parce que les cas bizarres, c’est pour nous.
Le lieutenant soupire, puis, gardant son sang et son ton froid, il réplique :
C’est pas parce que la victime a été torturée et qu’on a laissé la carte XIII du Tarot sur place que c’est bizarre. En plus, l’assassin est un imbécile fini : il a laissé son nom.
En entendant cela, l’inspecteur Marthy ne peut réprimer un sourire et répond immédiatement :
Justement, il est là le problème. Paul Leresche existe bel et bien. Il est mort, il y a 10 ans…
Là, le gradé local écarquille les yeux en balbutiant :
Mais que…
Le sourire se fait de plus en satisfait chez son collègue qui ajoute :
Donc, je prends l’affaire en main, avec la bénédiction de votre hiérarchie. Je veux le dossier complet, dans… il regarde sa montre deux heures, sur mon bureau, qui se trouve à deux pas du vôtre, on m’a permis de prendre mes quartiers chez vous pour la durée de cette enquête.
L’air dépité, le lieutenant se contente de dire :
Oui, m’sieur.
Et l’inspecteur Marthy, alias Felicia, grade 0 de Dominique, s’en va d’un pas tranquille en se disant que cette affaire allait être tout à fait intéressante, sans se douter qu’elle allait laisser des traces, visibles encore aujourd’hui.