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Plaisir solitaire d'un andréalphus
#2
Une porte close... Devons nous laisser notre héros à son intimité? Allons donc, mais bien sûr que non. Oh si vous y tenez je pourrais me perdre dans la description de cette porte... Vous constateriez alors l'effarante banalité de ce morceau de bois. Seul le métal de la poignée pourrait alors tromper notre ennui... Et encore: parce que le métal reflète les mouvements de nos yeux curieux...

La curiosité est un défaut, non? Et ne sommes nous pas ici plus proche de l'Enfer? Fi de la porte! Assouvissons nos pulsions de voyeur, ne sommes nous pas là pour ça?

Je vous ai donc déjà décrit le paysage de bord de mer qui se trouve derrière cette porte. Au moment qui nous intéresse, le soleil se couche... Ses rayons moribonds font briller la mer d'un éclat orangé. Voici donc Victorious, dont la silhouette se dessine dans le ciel crépusculaire qui représente le seul plafond de l'endroit. Il prend soin de déplier ce qui semble être une étoffe... Peut être un peu plus épais... Du cuir? Non moins épais...

C'est un carré d'une vingtaine de centimètres de côté... Mais en se reprochant de plus près il faut réaliser que la chose est peut être plus morbide qu'un simple morceau de tissu. Ami lecteur, vous devrez vous contenter de la couleur rose, et des traces sanglantes... Oui c'est de la peau... Et si la créature à qui cette peau fût arrachée n'était pas humaine, il n'en demeure pas moins qu'elle était aussi humaine que peuvent apparaître la plupart des habitants de l'Antre... C'était un démon quoi.

Un motif est sur cet étrange support. Une fleur, tracée avec finesse et art, un chrysanthème. Délicatement, le jeune homme dépose l'objet de ses attentions et des nôtres... Il y a un grand soin dans ces gestes, peut être même une certaine tendresse... Il se recule alors pour admirer la peau étalée sur une pierre à sa hauteur.

Pendant ce temps, le soleil achève son coucher. L'obscurité remplace le feu crépusculaire, et l'une des premières étoiles de la nuit commence à briller. Vénus, dite l'étoile du berger. Troisième corps céleste le plus brillant de notre ciel après le soleil et la lune. Hé oui, elle brille également dans les Marches, en tout cas ici...

Le nom de Vénus pourrait être approprié à notre récit, mais cette étoile qui n'en est pas une a eu d'autres appellations. Les grecs l'appelaient Phosphoros... Et les romains, quoique Vénus soit issue de leur panthéon, lui donnaient parfois encore un autre nom:

Lucifer.

Cette vaillante étoile peine à éclairer notre scène par ce ciel sans lune. Notre Andréalphus apparaît donc toujours comme une silhouette qu'il nous est difficile de distinguer... Ha un nouvel éclat pour nous aider? Quelque chose reflète la lumière des étoiles au bout des doigts du jeune homme... Ses griffes.

Le calme de la scène est rompu. Un cri rauque et inhumain sort de la bouche du démon. En un instant, le serviteur du Prince du Sexe se précipite sur l'ouvrage étendu, les griffes pénètrent le motif et déchirent la peau, la lacèrent, la déchiquettent. Il s'acharne tant et tant que la pierre sur laquelle repose le morbide cuir en fait les frais. Bien entendu il ne reste rien en très peu de temps du magnifique dessin qui ornait l'objet. Quoiqu'une minute pouvait suffire dans cette œuvre de destruction pure, c'est des heures que passe le démon à s'exciter. Et d'ailleurs cette excitation est telle qu'il ne peut empêcher son aura de jaillir. Le feu rouge qui l'entoure permettrait à des yeux alignés de mieux contempler la scène.

Imaginez ce qu'un ange ou un démon verrait ami lecteur: sous la lumière bienfaisante de l'étoile Lucifer, une flamme rouge entoure un démon polymorphe, donnant coup de griffe sur coup de griffe, à une pierre qui portait jadis un fragile objet. Le tout dans un écrin d'obscurité nocturne  qui ne permet que de contempler ce spectacle.

Lorsqu'enfin notre démon s'écroule, il jouit d'un ciel désormais constellé de multiples étoiles. Ses griffes se rétractent, son aura disparaît. Le jeune homme soupire d'aise et de plaisir.


Merci Chrysanthème... C'était un beau cadeau...

Il passe sa langue sur ses lèvres, et tend la main vers le ciel, comme s'il cherchait à attraper les étoiles. Perdu dans ses pensées il prononce une dernière parole avant de sombrer dans un sommeil de fatigue:

La beauté n'atteint son paroxysme que lorsqu'elle est détruite... Je suis content que tu m'aies laissé détruire ca.

Lentement son bras retombe le long de son corps. Tant mieux: qui sait ce qu'il ferait à ces magnifiques étoiles inatteignables si son bras était assez long pour les toucher?*

FIN

*Yves
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Re : Plaisir solitaire d'un andréalphus - by Victorious - 01-01-2011, 03:32 PM

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