12-26-2010, 10:06 PM
Peu après, en Enfer
Tsevaot entra dans le bureau. Enfin, de bureau, le lieu n’avait que le nom. Taillé dans un marbre noir comme le jais, gigantesque, bien cent mètres carrés à vue d’œil, meublé sobrement mais richement, avec tout ce qu’il faut comme alcools, objets technologiques et armes de guerre. Non décidément, Baal était du genre généreux, mais il pouvait se le permettre vu sa puissance en Enfer. Et dire que le démon de Baal ne pénétrait que dans le bureau d’un Capitaine, il y avait de quoi rêver… Mais hélas, il n’était pas là pour passer un bon moment. Certes, on passait peu de bons moments en Enfer, à moins d’être invité par un Prince ou un haut gradé ou d’être testeur de perversions pour Andréalphus, en tant que chef testeur, pas sujet de test. Mais là, ce qui attendait notre démon, c’était une grosse remontée de bretelles.
Aussi lorsque le Chevalier de Baalbérith l’avait laissé là, seul, face au Capitaine des Armées Infernales, Tsevaot s’était-il senti démuni. D’autant plus que le capitaine, depuis son trône fait en crânes de bestioles plus ou moins identifiable. Mais surtout, le Capitaine Schtzngrm sait se rendre inquiétant. Déjà, il a un nom dont la prononciation est des plus incertaines pour ceux qui ne le connaissent pas où n’ont pas été briefés. Heureusement pour Tsevaot, sa dernière incarnation ayant été allemande, il se doute bien qu’il faut tenter un truc du genre « Schützengrum », une forme bâtarde du mot signifiant « tranchées » en allemand. Le démon ignore l’apparence terrestre du Capitaine mais en Enfer, ce dernier sait cultiver son apparence. De grande taille, facilement 2 mètres, la peau violacée, des muscles saillants devinables sous sa grande toge rouge sang et visibles au niveau de ses bras, puisque sa toge n’a pas de manches. Elle comporte toutefois un capuchon d’un rouge plus sombre, comme le sang séché, avec des petits bords en or. Cela rend son visage invisible et seuls deux yeux rouges brillants sont clairement visibles.
Tsevaot déglutit et pose un genou à terre devant son supérieur en s’annonçant :
- Chevalier de l’Ordre Noir Tsevaot, au rapport Capitaine !
- Repos, Chevalier ! Relevez-vous et admirez votre œuvre !
Tout en disant cela, le Capitaine lui indique d’un doigt long, décharné et orné d’un ongle noir et pointu la fenêtre donnant sur la Cité de Dis. Jusque là, le paysage était du genre désolé, puisque cette fenêtre donnait sur l’un des lieux de torture des guerriers en Enfer. Ici, on avait affaire aux lâches, ceux qui étaient morts sans honneur, planqués ou en fuite, voire se pissant dessus. Ils étaient condamnés à charger une tranchée tenue par d’autres couards, avec comme seule arme pour tous un caillou, de taille moyenne. Ceux qui refusaient le « jeu » étaient déchiquetés par de gentils démons de combat. Mais ce paysage infernal s’estompa peu à peu pour laisser place à un tout autre décor. On avait beau être au Moyen-Âge, Vapula sévissait déjà et l’Enfer était bien fourni question technologie. C’est ainsi que Tsevaot put assister en direct aux événements de Weinsberg, la montagne du vin. Sauf que là, c’était un peu un vin pré-Sainte Cène qui s’écoulait. En effet, les paysans avaient pris d’assaut le château et avaient entrepris de tuer avec application TOUS les nobles, si possible en les faisant souffrir un maximum avant cela. Membres arrachés, écrasés, nobles empalés vivants et laissés pour mort alors qu’ils agonisent durant des heures et autres actes charmants.
Puis la vision change et l’on voit des hommes, bien habillés, discuter vivement et une immense armée fondre sur ce qu’il reste du château aux mains des paysans. Ceux-ci sont rapidement débordés et mis en déroute, tandis que leur chef est tué.
Souriant, le gradé s’adresse à son subordonné, d’un ton calme et posé :
- Bien. Je pense que vous pouvez faire une croix sur vos vacances de Pâques, Chevalier. La mission que vous avait assignée le Capitaine de la Mauvaise Foi Aschloch était, d’après le parchemin en peau de chèvre T-34451a, je cite « Surveiller les événements de Weinsberg pour éviter tout débordement nuisible à la cause ».
Le Capitaine s’arrête alors, regardant son subordonné, tandis qu’un sourire mauvais peut être aperçu sous sa capuche. Tsevaot se dit que non seulement, Schtzngrm n’est pas très sympathique, mais qu’en plus, il a un humour pire que celui d’un Kobal. Ses pensées sont interrompues lorsque le Capitaine reprend :
- Donc, c’est un échec cuisant, pour ne pas dire total. Ce massacre a fédéré la noblesse et le clergé contre les paysans, ce qui promet un rapidement écrasement par les anges de ces rebelles. Mais rassurez-vous, cette échec a été étudié par Malphas lui-même. Inutile de dire que le Capitaine Aschloch ne porte plus ce titre ni que les Cuisines d’Haagenti n’ont plus de secret pour lui. Pour ce qui vous concerne, je vais vous lire le rapport vous concernant, on gagnera du temps.
S’emparant alors d’un parchemin noir comme du charbon le gradé commence à lire à voix haute :
- « Démon plutôt compétent, testé en vue de l’obtention du Grade de Capitaine. Blablala, a échoué à sa dernière mission et à oublier que ses supérieurs ont parfois la faculté de lire les pensées et que conséquemment, il n’apprécie pas qu’on ose les comparer avec des petits rigolos inutiles. Conséquemment, il a été décidé de retirer la limitation nécrophile au démon Tsevaot. »
Schtzngrm pose le parchemin, souriant, l’air satisfait. Tsevaot de son côté respire et dit, d’un ton exprimant le soulagement :
- Merci Capitaine, d’avoir pris en compte les circonstances particulières à mon cas !
À ce moment là, le démon de Baal qui lui fait fasse tremble. Tsevaot le regarde sans comprendre alors qu’un son stridant et glaçant sort de la gorge de son interlocuteur. Avec effroi, notre Chevalier comprend qu’il s’agit d’un… rire. Et les mots qu’il entend ensuite prononcé, calmement, sont autant de coups pour lui :
… de plus, le Chevalier Tsevaot est dégradé et redevient un simple grade 0, chargé d’instruire les démons sur le principe de discrétion avant leur incarnation. Sa nouvelle limitation lui sera attribuée au hasard et une nouvelle incarnation n’est pas à prévoir avant quelques siècles.
Ceci dit, le Capitaine sourit encore et conclut en regardant une horloge, sur le mur derrière Tsevaot :
- On vous attend dans 5 minutes en salle de théorie TD-437631, soyez à l’heure, démon et soyez heureux, le dernier à être passé ici, je suis assis dessus.
Tsevaot se lève, salue respectueusement et sort. L’éternité allait être longue soudainement…
Tsevaot entra dans le bureau. Enfin, de bureau, le lieu n’avait que le nom. Taillé dans un marbre noir comme le jais, gigantesque, bien cent mètres carrés à vue d’œil, meublé sobrement mais richement, avec tout ce qu’il faut comme alcools, objets technologiques et armes de guerre. Non décidément, Baal était du genre généreux, mais il pouvait se le permettre vu sa puissance en Enfer. Et dire que le démon de Baal ne pénétrait que dans le bureau d’un Capitaine, il y avait de quoi rêver… Mais hélas, il n’était pas là pour passer un bon moment. Certes, on passait peu de bons moments en Enfer, à moins d’être invité par un Prince ou un haut gradé ou d’être testeur de perversions pour Andréalphus, en tant que chef testeur, pas sujet de test. Mais là, ce qui attendait notre démon, c’était une grosse remontée de bretelles.
Aussi lorsque le Chevalier de Baalbérith l’avait laissé là, seul, face au Capitaine des Armées Infernales, Tsevaot s’était-il senti démuni. D’autant plus que le capitaine, depuis son trône fait en crânes de bestioles plus ou moins identifiable. Mais surtout, le Capitaine Schtzngrm sait se rendre inquiétant. Déjà, il a un nom dont la prononciation est des plus incertaines pour ceux qui ne le connaissent pas où n’ont pas été briefés. Heureusement pour Tsevaot, sa dernière incarnation ayant été allemande, il se doute bien qu’il faut tenter un truc du genre « Schützengrum », une forme bâtarde du mot signifiant « tranchées » en allemand. Le démon ignore l’apparence terrestre du Capitaine mais en Enfer, ce dernier sait cultiver son apparence. De grande taille, facilement 2 mètres, la peau violacée, des muscles saillants devinables sous sa grande toge rouge sang et visibles au niveau de ses bras, puisque sa toge n’a pas de manches. Elle comporte toutefois un capuchon d’un rouge plus sombre, comme le sang séché, avec des petits bords en or. Cela rend son visage invisible et seuls deux yeux rouges brillants sont clairement visibles.
Tsevaot déglutit et pose un genou à terre devant son supérieur en s’annonçant :
- Chevalier de l’Ordre Noir Tsevaot, au rapport Capitaine !
- Repos, Chevalier ! Relevez-vous et admirez votre œuvre !
Tout en disant cela, le Capitaine lui indique d’un doigt long, décharné et orné d’un ongle noir et pointu la fenêtre donnant sur la Cité de Dis. Jusque là, le paysage était du genre désolé, puisque cette fenêtre donnait sur l’un des lieux de torture des guerriers en Enfer. Ici, on avait affaire aux lâches, ceux qui étaient morts sans honneur, planqués ou en fuite, voire se pissant dessus. Ils étaient condamnés à charger une tranchée tenue par d’autres couards, avec comme seule arme pour tous un caillou, de taille moyenne. Ceux qui refusaient le « jeu » étaient déchiquetés par de gentils démons de combat. Mais ce paysage infernal s’estompa peu à peu pour laisser place à un tout autre décor. On avait beau être au Moyen-Âge, Vapula sévissait déjà et l’Enfer était bien fourni question technologie. C’est ainsi que Tsevaot put assister en direct aux événements de Weinsberg, la montagne du vin. Sauf que là, c’était un peu un vin pré-Sainte Cène qui s’écoulait. En effet, les paysans avaient pris d’assaut le château et avaient entrepris de tuer avec application TOUS les nobles, si possible en les faisant souffrir un maximum avant cela. Membres arrachés, écrasés, nobles empalés vivants et laissés pour mort alors qu’ils agonisent durant des heures et autres actes charmants.
Puis la vision change et l’on voit des hommes, bien habillés, discuter vivement et une immense armée fondre sur ce qu’il reste du château aux mains des paysans. Ceux-ci sont rapidement débordés et mis en déroute, tandis que leur chef est tué.
Souriant, le gradé s’adresse à son subordonné, d’un ton calme et posé :
- Bien. Je pense que vous pouvez faire une croix sur vos vacances de Pâques, Chevalier. La mission que vous avait assignée le Capitaine de la Mauvaise Foi Aschloch était, d’après le parchemin en peau de chèvre T-34451a, je cite « Surveiller les événements de Weinsberg pour éviter tout débordement nuisible à la cause ».
Le Capitaine s’arrête alors, regardant son subordonné, tandis qu’un sourire mauvais peut être aperçu sous sa capuche. Tsevaot se dit que non seulement, Schtzngrm n’est pas très sympathique, mais qu’en plus, il a un humour pire que celui d’un Kobal. Ses pensées sont interrompues lorsque le Capitaine reprend :
- Donc, c’est un échec cuisant, pour ne pas dire total. Ce massacre a fédéré la noblesse et le clergé contre les paysans, ce qui promet un rapidement écrasement par les anges de ces rebelles. Mais rassurez-vous, cette échec a été étudié par Malphas lui-même. Inutile de dire que le Capitaine Aschloch ne porte plus ce titre ni que les Cuisines d’Haagenti n’ont plus de secret pour lui. Pour ce qui vous concerne, je vais vous lire le rapport vous concernant, on gagnera du temps.
S’emparant alors d’un parchemin noir comme du charbon le gradé commence à lire à voix haute :
- « Démon plutôt compétent, testé en vue de l’obtention du Grade de Capitaine. Blablala, a échoué à sa dernière mission et à oublier que ses supérieurs ont parfois la faculté de lire les pensées et que conséquemment, il n’apprécie pas qu’on ose les comparer avec des petits rigolos inutiles. Conséquemment, il a été décidé de retirer la limitation nécrophile au démon Tsevaot. »
Schtzngrm pose le parchemin, souriant, l’air satisfait. Tsevaot de son côté respire et dit, d’un ton exprimant le soulagement :
- Merci Capitaine, d’avoir pris en compte les circonstances particulières à mon cas !
À ce moment là, le démon de Baal qui lui fait fasse tremble. Tsevaot le regarde sans comprendre alors qu’un son stridant et glaçant sort de la gorge de son interlocuteur. Avec effroi, notre Chevalier comprend qu’il s’agit d’un… rire. Et les mots qu’il entend ensuite prononcé, calmement, sont autant de coups pour lui :
… de plus, le Chevalier Tsevaot est dégradé et redevient un simple grade 0, chargé d’instruire les démons sur le principe de discrétion avant leur incarnation. Sa nouvelle limitation lui sera attribuée au hasard et une nouvelle incarnation n’est pas à prévoir avant quelques siècles.
Ceci dit, le Capitaine sourit encore et conclut en regardant une horloge, sur le mur derrière Tsevaot :
- On vous attend dans 5 minutes en salle de théorie TD-437631, soyez à l’heure, démon et soyez heureux, le dernier à être passé ici, je suis assis dessus.
Tsevaot se lève, salue respectueusement et sort. L’éternité allait être longue soudainement…