Paris, mars 1610
Comment ça, un "Laurent" ? Je vais devoir accueillir un "Laurent" en GSH ?
Léandre Petitpas ne décolérait pas, il venait d'apprendre par son chef de section, qu'il allait devoir accueillir un nouveau dans son équipe pour un "stage d'observation".
Mais je ne veux pas ! Ce sont des brutes épaisses ! Je ne puis les souffrir ! On ne voit que cela dans la rue. Des gentilhommes qui tirent l'épée pour un oui ou pour un non. Et ça se termine toujours comme pour le duel des mignons sous le règne du roi Henri III, paix à son âme. Des morts et des estropiés parce que ces abrutis sont incapables de s'arrêter au premier sang...
L'Abbé Bonnet se mordait les lèvres. Il n'aurait peut être pas dû révéler tant de détails à son subordonné.
-Il suffit, ange Yehuiah. Ce sont les ordres d'En-Haut. D'ailleurs, celui là n'effectue pas un Grandiose Stage d'Humilité. Il s'agit d'un désavoué en stage d'observation. Il doit effectuer son noviciat, sous la conduite d'anges de supérieurs différents afin de déterminer ses sensibilités et affinités. Au bout d'une période plus ou moins longue, il pourra choisir un nouveau supérieur, si son dossier de candidature est suffisamment solide...
-Mais, Mon Père... Un Laurent ! Et désavoué de surcroît...
L'abbé ne prit pas la peine de répondre à cette dernière protestation de Léandre Petitpas. Il agita une petite clochette. A peine une minute après, un individu rougeaud et joufflu passa la tête par la porte entrouverte.
-Vous m'avez mandé Mon Père ?
-Oui, bedeau, faites entrer le sujet...
La porte se referma, et se rouvrit peu après pour laisser entrer un jeune garçon. Pas encore un homme, plus tout à fait un enfant. Il était bien bâti, avait les cheveux bruns courts, le front haut et le regard clair. Il portait une veste sombre, à la couleur indéterminée, un pantalon trop large et usé qu'il avait dû hériter de son père, et était chaussé de sabots de bois grossiers remplis de paille. Il triturait nerveusement entre ses mains un couvre-chef informe qui hésitait entre le bonnet et le chapeau.
Léandre lança un regard intrigué à son supérieur.
-C'est lui ?
L'abbé répondit du tac au tac :
-Vous vous attendiez à quoi ? Un chevalier en armure ?
Et s'adressant au jeune homme :
-Approchez, mon garçon, je vous présente le sieur Petitpas, barbier-chirurgien, membre de la confrérie de Saint Côme et accessoirement ange au service de Guy. Vous allez entrer à son service comme valet. Le sieur Petitpas est chargé de vous évaluer et me fera régulièrement des rapports sur vous. Peut être vous donnera-t-il envie d'entrer au service de son archange... est-ce bien compris ?
-Oui Mon Père.
Léandre fit une moue dubitative et débuta l'interrogatoire.
-Eh bien, voyons ce que nous allons faire de toi. Comment t'appelles tu ?
-François... François Trouvé
-Trouvé ? D'où vous vient ce nom ?
-Mon incarnat a été trouvé sous le porche d'une église et confié à des bénédictins qui l'ont élevé. Ce sont de braves gens, quoique un peu dépourvus d'imagination.
sur un froncement de sourcils de l'abbé, François se tait et regarde ses sabots. Léandre poursuit l'entretien.
-Quel âge avez vous ? Votre incarnat, veux-je dire...
-Douze ans passés à la Saint Michel
-Vous êtes bien bâti, on vous en donnerait quinze... Que savez vous faire ?
-Je sais monter à cheval, me battre à l'épée...
Léandre lève la main pour l'interrompre.
-Cela ne m'intéresse pas... Que t'ont appris les moines ?
-Lire, écrire, compter, un peu de latin...
-C'est un bon début. Bien. Nous allons prendre congé, Mon Père... François ! Courez donc à l'office quérir une lanterne et attendez moi dehors. Il doit faire nuit noire maintenant.
-Bien monsieur. J'y vais de suite.
L'abbé se leva pour accompagner le chirurgien vers la sortie
-Une dernière chose, Léandre : François a hum... Subi un hem... traumatisme grave au cours de sa précédente incarnation, Il se peut que... Eh bien... qu'il ne se comporte pas vraiment comme on pourrait l'attendre... Souvenez vous-en...
Léandre leva les yeux au ciel.
Excellent ! Un Laulau, désavoué, et taré... [abbr=Seigneur aie pitié de nous] Domine miserere nostri... [/abbr]
Comment ça, un "Laurent" ? Je vais devoir accueillir un "Laurent" en GSH ?
Léandre Petitpas ne décolérait pas, il venait d'apprendre par son chef de section, qu'il allait devoir accueillir un nouveau dans son équipe pour un "stage d'observation".
Mais je ne veux pas ! Ce sont des brutes épaisses ! Je ne puis les souffrir ! On ne voit que cela dans la rue. Des gentilhommes qui tirent l'épée pour un oui ou pour un non. Et ça se termine toujours comme pour le duel des mignons sous le règne du roi Henri III, paix à son âme. Des morts et des estropiés parce que ces abrutis sont incapables de s'arrêter au premier sang...
L'Abbé Bonnet se mordait les lèvres. Il n'aurait peut être pas dû révéler tant de détails à son subordonné.
-Il suffit, ange Yehuiah. Ce sont les ordres d'En-Haut. D'ailleurs, celui là n'effectue pas un Grandiose Stage d'Humilité. Il s'agit d'un désavoué en stage d'observation. Il doit effectuer son noviciat, sous la conduite d'anges de supérieurs différents afin de déterminer ses sensibilités et affinités. Au bout d'une période plus ou moins longue, il pourra choisir un nouveau supérieur, si son dossier de candidature est suffisamment solide...
-Mais, Mon Père... Un Laurent ! Et désavoué de surcroît...
L'abbé ne prit pas la peine de répondre à cette dernière protestation de Léandre Petitpas. Il agita une petite clochette. A peine une minute après, un individu rougeaud et joufflu passa la tête par la porte entrouverte.
-Vous m'avez mandé Mon Père ?
-Oui, bedeau, faites entrer le sujet...
La porte se referma, et se rouvrit peu après pour laisser entrer un jeune garçon. Pas encore un homme, plus tout à fait un enfant. Il était bien bâti, avait les cheveux bruns courts, le front haut et le regard clair. Il portait une veste sombre, à la couleur indéterminée, un pantalon trop large et usé qu'il avait dû hériter de son père, et était chaussé de sabots de bois grossiers remplis de paille. Il triturait nerveusement entre ses mains un couvre-chef informe qui hésitait entre le bonnet et le chapeau.
Léandre lança un regard intrigué à son supérieur.
-C'est lui ?
L'abbé répondit du tac au tac :
-Vous vous attendiez à quoi ? Un chevalier en armure ?
Et s'adressant au jeune homme :
-Approchez, mon garçon, je vous présente le sieur Petitpas, barbier-chirurgien, membre de la confrérie de Saint Côme et accessoirement ange au service de Guy. Vous allez entrer à son service comme valet. Le sieur Petitpas est chargé de vous évaluer et me fera régulièrement des rapports sur vous. Peut être vous donnera-t-il envie d'entrer au service de son archange... est-ce bien compris ?
-Oui Mon Père.
Léandre fit une moue dubitative et débuta l'interrogatoire.
-Eh bien, voyons ce que nous allons faire de toi. Comment t'appelles tu ?
-François... François Trouvé
-Trouvé ? D'où vous vient ce nom ?
-Mon incarnat a été trouvé sous le porche d'une église et confié à des bénédictins qui l'ont élevé. Ce sont de braves gens, quoique un peu dépourvus d'imagination.
sur un froncement de sourcils de l'abbé, François se tait et regarde ses sabots. Léandre poursuit l'entretien.
-Quel âge avez vous ? Votre incarnat, veux-je dire...
-Douze ans passés à la Saint Michel
-Vous êtes bien bâti, on vous en donnerait quinze... Que savez vous faire ?
-Je sais monter à cheval, me battre à l'épée...
Léandre lève la main pour l'interrompre.
-Cela ne m'intéresse pas... Que t'ont appris les moines ?
-Lire, écrire, compter, un peu de latin...
-C'est un bon début. Bien. Nous allons prendre congé, Mon Père... François ! Courez donc à l'office quérir une lanterne et attendez moi dehors. Il doit faire nuit noire maintenant.
-Bien monsieur. J'y vais de suite.
L'abbé se leva pour accompagner le chirurgien vers la sortie
-Une dernière chose, Léandre : François a hum... Subi un hem... traumatisme grave au cours de sa précédente incarnation, Il se peut que... Eh bien... qu'il ne se comporte pas vraiment comme on pourrait l'attendre... Souvenez vous-en...
Léandre leva les yeux au ciel.
Excellent ! Un Laulau, désavoué, et taré... [abbr=Seigneur aie pitié de nous] Domine miserere nostri... [/abbr]