09-18-2010, 03:59 PM
Musique
Quote:Mon coeur s'arrêta de battre l'espace d'une seconde. Je mettais enfin un visage sur son nom.
Le même visage d'ange que celui qui m'avait fait tomber amoureuse, dans une autre vie.
Le temps avait fait son œuvre, indéniablement, le rendant encore plus attirant, plus fascinant. Devenu un homme, sa prestance et son assurance étaient encore plus visibles qu'auparavant.
Une idée folle traversa mon esprit, celle d'aller me blottir contre lui, de tout oublier, de le retrouver, tel qu'il était lorsque nous nous sommes rencontrés.
Vivre avec lui, immortels, amants pour l'éternité. Sentiment d'amour ennemi de la réalité, que je repoussais avec toute la Haine qui me hantait depuis des mois, accumulée larme après larme.
A nouveau, le masque de Némésis prenait place sur mon visage.
A nouveau, je n'étais plus cette créature démoniaque que j'étais devenue par sa faute.
Je redevenais simplement humaine, avec ce flot d'émotions incontrôlables, ces pulsions de meurtre.
Je laissais quelques jours cette ordure continuer à vivre, observant ses allées et venues.
Préparant ma vendetta, point par point, vérifiant le timing, pour qu'il soit parfait.
Puis vint le grand soir. Je m'habillais comme cette nuit là, celle où je suis morte. Je reprenais ce visage, comme s'il ne m'avait jamais quitté.
Il ne rencontrerait pas Valkyrja, la succube mélancolique, mais Valentine, la jeune fille emplie de haine.
Je préparais la seringue, les cordes de nylon, les crochets à viande.
Je volais une fourgonnette, et me mettais en place.
Tout était prêt, enfin.
Samedi soir.
Il était sorti, à la recherche d'une proie pour la nuit.
Un colt Python glissé dans le dos, canon dans le tissus de ma jupe, je grimpais sur le toit de la maison qu'il occupait, escaladant la gouttière.
Même si ma tenue ne fût pas très appropriée, mes capacités démoniaques me permettaient de ne pas m'en préoccuper.
Lorsqu'on a la souplesse d'un Ocelot, rien n'est impossible...
Je fracassais la fenêtre de sa chambre sans un bruit, en utilisant du chatterton collé sur la vitre pour éviter que les éclats ne tombent au sol, et me glissais chez lui, tout comme il s'était glissé chez moi.
Je fouillais dans ses affaires, à la recherche des trophées qu'il n'aurait pas manqué d'accumuler au fil des ans. J'en trouvais un coffre en bois rempli à ras bord.
Photos, sous-vêtements, mèches de cheveux, parfois des papiers d'identité, voilà ce qu'était son trésor de guerre. Exclusivement des jeunes filles, comme moi.
La Rage que je ressentis alors n'était plus la mienne, mais celle de toutes ses victimes qui réclamaient vengeance depuis la tombe.
Je devins l'égrégore de Haine de dizaines de ses victimes.
Il rentra trois heures plus tard, accompagné, comme je l'avais prévu, d'une jeune fille. Elle devait avoir quinze, seize ans, avait bu, ne tenait qu'à peine debout.
Je pense qu'elle ne se rendit même pas compte qu'elle tombait vers le sol avant que sa tête ne heurte le carrelage.
Elle ne dû même pas sentir le coup sur la nuque que je lui mis avec la crosse du revolver que je tenais.
Lui, en revanche, se rendit compte de tout. Me voir dût lui faire un choc, car il resta immobile juste le temps qu'il fallût pour que je lui loge une balle dans la rotule, manquant de lui sectionner la jambe en deux.
Voir ces deux morceaux retenus par un simple ligament de chair aurait pu m'arracher un haut-le-coeur si je n'avais pas été l'instrument de la vengeance de toutes ses victimes.
Me déplaçant à une vitesse impossible, sans lui laisser le temps de sentir la douleur de sa blessure, je lui plantais l'aiguille de tranquillisant dans la carotide, lui en injectant assez pour assommer un rhinocéros en rut.
Image qui, au final, n'était pas si éloignée de la réalité de cette créature...
Il s'effondra vers le sol en une lente chute contre laquelle il ne pût rien faire.
M'assurant que la jeune fille n'avait pas trop souffert, je la laissais sur le sol, assommée, pour m'occuper de celui qui occupait toutes mes pensées depuis des semaines.
Moins de cinq minutes s'étaient écoulées, alors que je quittais cette maison en traînant le corps derrière moi, laissant une longue trace de sang dans la maison...
La nuit s'annonçait longue, et j'avais utilisé plus de la moitié de mes réserves de pouvoirs.