J'ai pensé à la musique, cette fois...
[glow=red,2,300]EDIT:[/glow] j'ai pensé à la musique, mais c'était pas la bonne... :mrgreen:
Quote:Rien ne vaut la douceur d'un foyer, surtout lorsque l'on en a été privée. Même s'il ne restait pas grand chose de celui-ci, à mes yeux, il était mon bien le plus précieux.
Ma sœur et moi avons parlé pendant des heures et des heures, me regardant avec des yeux exprimant une joie mêlée de crainte et de fascination. Après tout, le seul - à sa connaissance - qui soit mort puis ressuscité avait posé les bases d'une religion deux fois millénaire...
Je décidais alors de lui déballer tout ce que je savais. Lui parler du grand jeu. Lui dire ce qu'il y avait, dans l'après. Que nous n'étions que des jouets dans les mains de deux puissances qui s'affrontaient, et que nous n'aurions pas le choix, tôt ou tard: servir l'une ou l'autre.
L'interdit le plus absolu, je le piétinais sans aucun remord. Bien qu'elle en fut très troublée, elle ne me montra pas la folie qui la gagnait peu à peu.
Je n'avais pas compris, avant qu'il ne fût trop tard, quel était le calvaire de ma petite sœur.
La mort lui semblait la seule échappatoire, et paradoxalement, l'espérance en la Mort lui permettait de vivre avec ses secrets inavouables et ses souffrances silencieuses.
Avec le recul, je me dis que j'aurais dû le voir, que j'aurais dû le comprendre.
La culpabilité a beau me ronger, je sais, pourtant, que je n'aurais pu faire autrement.
Je partais avant le retour de mon père, voulant le ménager. Me revoir, après toute une nuit de travail à la chaîne, n'amènerait sûrement pas le genre de résultat que j'espérais.
Je les laissais tous les deux, malgré les suppliques de ma chère petite sœur, et passais la journée à flâner, le cœur battant, imaginant mes retrouvailles avec mon père.
L'espoir de former à nouveau une famille, d'être assez forte pour les protéger contre "eux".
Je retournais chez moi, discrètement, sous l'apparence que j'avais lorsque j'étais encore humaine, usant de mes pouvoirs infernaux dans un but qui n'était pas permis.
Rentrant avec la clé que m'avait donnée ma sœur, insouciante, jamais je n'aurais pu imaginer voir ce que je verrais.
Pas chez moi.
Pas mon père...
Immobile sur le seuil, je pris conscience que le Destin m'avait une nouvelle fois joué un de ses tours cruels. En voulant ménager mon père, j'avais peut être pris une vie...
Ma sœur gisait sur le sol, presque nue, jambes dans une position qui ne laissait planer aucune équivoque quand à ce qui lui était arrivé.
Son œil tuméfié, ses poignets marqués par une poigne démesurément forte, je savais ce qu'elle avait subi.
Terrifiée, j'ai un moment cru qu'ils m'avaient rattrapée, avaient appris ce qui s'était passé, et m'avaient punie pour ma folie.
Mais ce n'était pas ce que j'imaginais.
Mon père arriva au même instant, attiré par le bruit. Sa bouteille de whisky bon marché était presque vide, mais il continuait à la boire, malgré son état.
Que mon père ait été alcoolique, je l'avais toujours soupçonné. Que mon père ait pu devenir un de ces porcs profitant de son emprise sur sa fille pour en faire son esclave, sa chose...
Jamais je n'aurais su le dire.
En me voyant, il lâcha sa bouteille, surpris. Bien qu'il ait été nu lui aussi, que sa fille était sur le sol, inconsciente, et que celle qu'il pensait avoir perdue était de retour, la seule chose qu'il fit, fut de se précipiter sur moi.
Je n'eus même pas le temps de me retourner pour fuir qu'il était déjà sur moi m'agrippant avec sauvagerie, m'entraînant sur le sol, pour me faire à moi ce qu'il avait fait à ma chère petite sœur.
J'ai toujours été faible. Je ne pus l'empêcher de me faire ce qu'il lui avait fait, même en le frappant, en me débattant.
Je compris sans mal d'où venait l'hématome sur le visage de ma sœur lorsqu'il me frappa de son poing, pour me dissuader de continuer à me débattre.
Entre éveil et songe, je ne pouvais que le sentir faire de moi ce qu'il voulait, sans même pouvoir bouger un bras. J'espérais qu'elle n'avait pas vécu ça, qu'elle était tombée dans l'inconscience la plus totale.
Mais même immobilisée, à demi-inconsciente, je pouvais encore le punir.
Lui faire payer son Crime.
Le tuer de la façon dont j'étais morte.
Ma sœur était morte, le crâne fracassé, et j'avais tué son meurtrier, après en avoir été sa victime également. J'avais tué mon père, de la façon dont on m'avait tuée.
Je restais dans le noir pendant plusieurs heures, sans rien pouvoir faire d'autre que pleurer, avec le corps de celle pour qui j'étais revenue dans les bras.
Sentir sa chaleur se dissiper, son corps se raidir peu à peu, se recroqueviller sous l'effet de la Nature lorsqu'elle meurt, fût la pire épreuve qu'il m'ait été donné de traverser.
Mon seul réconfort fut de me dire qu'elle avait été tuée par un corrompu, et irait probablement au paradis. Et que peut être, un jour, nous nous reverrions.
Je fouillais dans ses affaires, à la recherche d'une photo, de quoi que ce fut pour me permettre de me rappeler des bons moments, et non de ce cauchemar.
Et je tombais sur son journal. Le genre de journal que l'on ne tient que lorsque l'on souffre, et que l'on doit le faire en secret.
Ses souffrances seraient les miennes, désormais.
Je quittais la maison, la transformant en bûcher funéraire, abandonnant définitivement ma vie d'auparavant.
Tout était mort, corrompu. Il fallait que je me venge, quand bien même cela fut inutile.
Faire payer celui que je jugeais la cause de tout ce qui s'était passé.
Tuer mon premier amour, mon premier amant.
Mon premier assassin.
[glow=red,2,300]EDIT:[/glow] j'ai pensé à la musique, mais c'était pas la bonne... :mrgreen: