10-16-2004, 02:00 PM
Voici la première partie d'une chronique, que je ne peux que dédier à Achaiah (même si son nom a disparu de la liste des Serviteurs), qui que fut ce personnage en réalité, pour m'avoir sans le savoir prêté son pseudonyme pour les quelques semaines qui seront relatées ici.
J'ai recopié les messages envoyés et reçus en les gardant les plus authentiques possible sauf pour ce qui était trop hrp, mais ces éléments étaient rares, ou bien pour justifier l'usage de la messagerie dans le début des échanges, mais ces messages n'apparaîtront vraiment que dans la suite.
De plus, vous pourrez juger, dans les prochaines parties plus particulièrement, si la manière d'agir dans cette aventure fut fair play ou non.
Différent, tout a changé, les odeurs, les bruits, …la douleur.
Les yeux fermés, il est allongé, sur une matière moins dure que le sol. Il reste ainsi quelques instants, laissant ses oreilles faire le travail de ses yeux, lui apprendre où il est. Ce n’est pas long, cette ambiance, cette musique… il est déjà venu ici : l’Usine, retour au point de départ, rien de réjouissant.
Un échec, c’est ce qui l’a ramené ici.
Etendu, écoutant d’une oreille distraite la musique qui impose sa présence en ce lieu, il laisse ses anciens souvenirs se mettre en rang et les nouveaux s’infiltrer jusqu’à sa conscience, se révéler à lui. Une nouvelle apparence, une nouvelle identité.
L’esprit plus clair, il se redresse, s’assied du mieux qu’il peut sur le canapé où son corps reposait. Un corps d’homme cette fois, enfin tout juste homme. Le précédent avait répondu à ses attentes pour ce qu’il avait entrepris, peut-être même l’enveloppe avait-elle été un utile accessoire pour tenir le rôle, mais on la lui avait retirée, de force et c’est peu dire. Il fallait bien s’accommoder de ce nouveau corps maintenant que le chemin semé d’obstacles dont il avait entrepris l’ascension était devenu irrémédiablement infranchissable. Enfin au moins sous cette apparence, on ne lui servirait plus du « poupée ».
Pas de mouvement brusque, la douleur se répandrait dans tout son corps, elle est déjà suffisamment forte, particulièrement dans son dos et au niveau de son épaule droite, là où le coup s’est abattu. Lever le bras devient un exploit, peut-être est-ce mieux ainsi, pour le moment, l’envie d’exprimer colère et frustration sur quelque chose voire sur quelqu’un semble bien accrochée en lui.
Quelques instants de plus et à l’heure actuelle, il aurait été loin d’ici, tout près de son objectif peut-être. Il repense au travail accompli durant les jours précédents, le sien mais pas seulement, d’autres avaient volontiers prêté leur assistance pour cette folle idée qui lui avait traversé la tête un matin.
Un matin qui remontait à quelques jours. Carankhen se trouvait devant cette même discothèque, scrutant tous ces visages attentifs ou non à sa présence, ses mains explorant les poches des plus distraits pour garnir son propre portefeuille. Ce n’est pas du haut de son mètre 55 que son corps de femme attirerait la méfiance des gens, sauf bien sûr quand une maladresse, un mouvement trop brusque attirait l’attention du propriétaire de la poche qu’elle entreprenait de fouiller. Mais ses cibles étaient plus proches du sommeil que de l’éveil, sans doute à peine remises d’une tardive sortie nocturne. Assis sur un banc, appuyés contre un mur, ils poussaient seulement quelques grognements sans guère plus se soucier de sa proximité. Tant mieux, il n’aurait pas à leur faire comprendre que le silence était préférable. Après avoir jeté un coup d’œil à un des guichets automatiques qui se trouvaient là, il s’éloigna un peu plus de l’entrée de la boîte.
En continuant d’avancer sur le parking de la discothèque, l’attention du démon fut attirée par plusieurs signes révélateurs de la présence ou du récent passage de créatures participant à la Guerre des Âmes, particulièrement visible en ce qui concernait les serviteurs infernaux. La tête de certains individus s’ornait d’une fière paire de cornes, pour d’autres c’étaient les mains qui se prolongeaient jusqu’aux pointes de griffes aiguisées. Mais parmi tous ces signes qui entretenaient les rumeurs parmi les mortels, un démon semblait être posté ici pour défier les guerriers célestes qui s’aventureraient dans le coin. Son incarnation féminine, recouverte par les plaques d’une armure elle-même surnaturelle, dégageait une aura ne pouvant permettre aucune confusion quant à ses origines. Outre cela, elle se tenait immobile, telle une statue, semblant attendre un ouragan céleste contre lequel s’avancer, ouragan qui n’avait pas l’air de vouloir se lever.
Carankhen l’observa quelques instants, quelque peu intrigué par cette étrange immobilité, quand des nouvelles parvinrent jusqu’à lui : un bus utilisé comme transport par un groupe d’anges venait dans cette direction, ils seraient là rapidement. Quelques démons appelaient au rassemblement pour tenter de les arrêter mais leurs appels auraient aussi bien pu être le bruit du vent jouant dans les branches des arbres.
Il n’y aurait pas de soulèvement démoniaque pour défendre les abords de ce territoire que formait la discothèque, sans aucun doute quelques-uns se battraient certes, opposant leur vie au nombre, avec l’espoir de gagner leur renommée pour chaque tête de cette hydre mécanique qui tomberait, mais l’efficacité de cette action faisait défaut. Peut-être une stratégie plus subtile, moins meurtrière des deux côtés et moins expéditive pourrait-elle offrir quelques résultats, résultats moins prévisibles toutefois.
Une attaque venue de l’intérieur voilà qui pourrait avoir plus d’impact. Une fois les remparts franchis en douceur, prendre une partie de la forteresse ou au moins saper quelques-unes de ses bases serait plus aisé. Mais pour entrer, montrer patte blanche, ou plus exactement dans ce cas précis auréole et ailes, serait nécessaire. Ce démon attendait impatiemment des anges à défier, très bien il aurait un ange face à lui, ou plus exactement une ange.
Au fur et à mesure de l’avancée du bus, les rapports se précisaient, mentionnant d’abord une dizaine d’anges puis un nombre plus exact. Ils seraient là dans les minutes à venir. Carankhen se dirigea face au démon dont l’aura continuait de briller autour de lui, guettant le bruit de moteur qui donnerait le signal.
Enfin il vint, le bus remontait le parking vers le nord pour s’arrêter tout près des deux adversaires. C’est ce moment, quand l’aura de son adversaire attirerait les regards des passagers du bus, que Carankhen choisit pour attaquer. La jeune femme dont il occupait le corps n’avait pas encore atteint trente ans, ses yeux verts étaient fixés sur le démon devant lui pour s’empêcher de vérifier qu’il y avait bien des spectateurs. Une seconde de réflexion pour préparer son coup et la jeune femme s’élança. Le tranchant de sa main vint s’écraser dans les côtes du démon qui fut à peine ébranlé par le choc et ne ressentit aucun mal, peut-être parce que la main avait soigneusement pris le soin de frapper au niveau d’une plaque de l’armure plutôt que de chercher une faille. Le démon n’eut aucune réaction ni ne prononça aucune parole devant cette pitoyable agression dont il était l’objet, à part peut-être un mélange de surprise et d’amusement dans les yeux, mais il n’importait plus, il avait joué son rôle et n’avait plus d’utilité.
Devant son échec Carmen Demaireux, puisque c’était le nom de son incarnation à lui, recula de quelques pas, se massant la main, tête baissée. Puis relevant la tête, elle remit en place une mèche dérangée par l’assaut, dévoilant son visage désemparé, tout du moins elle s’efforçait à paraître complètement perdue. Faisant mine de chercher du secours, elle fit quelques pas hésitants en direction du bus. Elle décida de s’adresser à un jeune homme métissé aux cheveux blonds, de loin elle l’avait vu asperger d’eau une autre personne, eau qu’elle n’aurait voulu approcher pour rien au monde, ni même rien aux Enfers. La personne arrosée avait poussé un grand cri à ce contact humide, l’eau bénite n’avait pas été utilisée en vain. C’est donc à cet ange, qui avait fourni une preuve de sa nature, que Carmen s’adressa, l’interpellant à travers la fenêtre, d’une voix qu’elle voulait la plus naïve possible, un peu enfantine :
« Euh tu es bien un ange, hein ?
Là y a un démon, mais je suis pas très forte et j'ai pas trouvé d'arme. Tu pourrais pas m'aider à le tuer ? »
J'ai recopié les messages envoyés et reçus en les gardant les plus authentiques possible sauf pour ce qui était trop hrp, mais ces éléments étaient rares, ou bien pour justifier l'usage de la messagerie dans le début des échanges, mais ces messages n'apparaîtront vraiment que dans la suite.
De plus, vous pourrez juger, dans les prochaines parties plus particulièrement, si la manière d'agir dans cette aventure fut fair play ou non.
Différent, tout a changé, les odeurs, les bruits, …la douleur.
Les yeux fermés, il est allongé, sur une matière moins dure que le sol. Il reste ainsi quelques instants, laissant ses oreilles faire le travail de ses yeux, lui apprendre où il est. Ce n’est pas long, cette ambiance, cette musique… il est déjà venu ici : l’Usine, retour au point de départ, rien de réjouissant.
Un échec, c’est ce qui l’a ramené ici.
Etendu, écoutant d’une oreille distraite la musique qui impose sa présence en ce lieu, il laisse ses anciens souvenirs se mettre en rang et les nouveaux s’infiltrer jusqu’à sa conscience, se révéler à lui. Une nouvelle apparence, une nouvelle identité.
L’esprit plus clair, il se redresse, s’assied du mieux qu’il peut sur le canapé où son corps reposait. Un corps d’homme cette fois, enfin tout juste homme. Le précédent avait répondu à ses attentes pour ce qu’il avait entrepris, peut-être même l’enveloppe avait-elle été un utile accessoire pour tenir le rôle, mais on la lui avait retirée, de force et c’est peu dire. Il fallait bien s’accommoder de ce nouveau corps maintenant que le chemin semé d’obstacles dont il avait entrepris l’ascension était devenu irrémédiablement infranchissable. Enfin au moins sous cette apparence, on ne lui servirait plus du « poupée ».
Pas de mouvement brusque, la douleur se répandrait dans tout son corps, elle est déjà suffisamment forte, particulièrement dans son dos et au niveau de son épaule droite, là où le coup s’est abattu. Lever le bras devient un exploit, peut-être est-ce mieux ainsi, pour le moment, l’envie d’exprimer colère et frustration sur quelque chose voire sur quelqu’un semble bien accrochée en lui.
Quelques instants de plus et à l’heure actuelle, il aurait été loin d’ici, tout près de son objectif peut-être. Il repense au travail accompli durant les jours précédents, le sien mais pas seulement, d’autres avaient volontiers prêté leur assistance pour cette folle idée qui lui avait traversé la tête un matin.
Un matin qui remontait à quelques jours. Carankhen se trouvait devant cette même discothèque, scrutant tous ces visages attentifs ou non à sa présence, ses mains explorant les poches des plus distraits pour garnir son propre portefeuille. Ce n’est pas du haut de son mètre 55 que son corps de femme attirerait la méfiance des gens, sauf bien sûr quand une maladresse, un mouvement trop brusque attirait l’attention du propriétaire de la poche qu’elle entreprenait de fouiller. Mais ses cibles étaient plus proches du sommeil que de l’éveil, sans doute à peine remises d’une tardive sortie nocturne. Assis sur un banc, appuyés contre un mur, ils poussaient seulement quelques grognements sans guère plus se soucier de sa proximité. Tant mieux, il n’aurait pas à leur faire comprendre que le silence était préférable. Après avoir jeté un coup d’œil à un des guichets automatiques qui se trouvaient là, il s’éloigna un peu plus de l’entrée de la boîte.
En continuant d’avancer sur le parking de la discothèque, l’attention du démon fut attirée par plusieurs signes révélateurs de la présence ou du récent passage de créatures participant à la Guerre des Âmes, particulièrement visible en ce qui concernait les serviteurs infernaux. La tête de certains individus s’ornait d’une fière paire de cornes, pour d’autres c’étaient les mains qui se prolongeaient jusqu’aux pointes de griffes aiguisées. Mais parmi tous ces signes qui entretenaient les rumeurs parmi les mortels, un démon semblait être posté ici pour défier les guerriers célestes qui s’aventureraient dans le coin. Son incarnation féminine, recouverte par les plaques d’une armure elle-même surnaturelle, dégageait une aura ne pouvant permettre aucune confusion quant à ses origines. Outre cela, elle se tenait immobile, telle une statue, semblant attendre un ouragan céleste contre lequel s’avancer, ouragan qui n’avait pas l’air de vouloir se lever.
Carankhen l’observa quelques instants, quelque peu intrigué par cette étrange immobilité, quand des nouvelles parvinrent jusqu’à lui : un bus utilisé comme transport par un groupe d’anges venait dans cette direction, ils seraient là rapidement. Quelques démons appelaient au rassemblement pour tenter de les arrêter mais leurs appels auraient aussi bien pu être le bruit du vent jouant dans les branches des arbres.
Il n’y aurait pas de soulèvement démoniaque pour défendre les abords de ce territoire que formait la discothèque, sans aucun doute quelques-uns se battraient certes, opposant leur vie au nombre, avec l’espoir de gagner leur renommée pour chaque tête de cette hydre mécanique qui tomberait, mais l’efficacité de cette action faisait défaut. Peut-être une stratégie plus subtile, moins meurtrière des deux côtés et moins expéditive pourrait-elle offrir quelques résultats, résultats moins prévisibles toutefois.
Une attaque venue de l’intérieur voilà qui pourrait avoir plus d’impact. Une fois les remparts franchis en douceur, prendre une partie de la forteresse ou au moins saper quelques-unes de ses bases serait plus aisé. Mais pour entrer, montrer patte blanche, ou plus exactement dans ce cas précis auréole et ailes, serait nécessaire. Ce démon attendait impatiemment des anges à défier, très bien il aurait un ange face à lui, ou plus exactement une ange.
Au fur et à mesure de l’avancée du bus, les rapports se précisaient, mentionnant d’abord une dizaine d’anges puis un nombre plus exact. Ils seraient là dans les minutes à venir. Carankhen se dirigea face au démon dont l’aura continuait de briller autour de lui, guettant le bruit de moteur qui donnerait le signal.
Enfin il vint, le bus remontait le parking vers le nord pour s’arrêter tout près des deux adversaires. C’est ce moment, quand l’aura de son adversaire attirerait les regards des passagers du bus, que Carankhen choisit pour attaquer. La jeune femme dont il occupait le corps n’avait pas encore atteint trente ans, ses yeux verts étaient fixés sur le démon devant lui pour s’empêcher de vérifier qu’il y avait bien des spectateurs. Une seconde de réflexion pour préparer son coup et la jeune femme s’élança. Le tranchant de sa main vint s’écraser dans les côtes du démon qui fut à peine ébranlé par le choc et ne ressentit aucun mal, peut-être parce que la main avait soigneusement pris le soin de frapper au niveau d’une plaque de l’armure plutôt que de chercher une faille. Le démon n’eut aucune réaction ni ne prononça aucune parole devant cette pitoyable agression dont il était l’objet, à part peut-être un mélange de surprise et d’amusement dans les yeux, mais il n’importait plus, il avait joué son rôle et n’avait plus d’utilité.
Devant son échec Carmen Demaireux, puisque c’était le nom de son incarnation à lui, recula de quelques pas, se massant la main, tête baissée. Puis relevant la tête, elle remit en place une mèche dérangée par l’assaut, dévoilant son visage désemparé, tout du moins elle s’efforçait à paraître complètement perdue. Faisant mine de chercher du secours, elle fit quelques pas hésitants en direction du bus. Elle décida de s’adresser à un jeune homme métissé aux cheveux blonds, de loin elle l’avait vu asperger d’eau une autre personne, eau qu’elle n’aurait voulu approcher pour rien au monde, ni même rien aux Enfers. La personne arrosée avait poussé un grand cri à ce contact humide, l’eau bénite n’avait pas été utilisée en vain. C’est donc à cet ange, qui avait fourni une preuve de sa nature, que Carmen s’adressa, l’interpellant à travers la fenêtre, d’une voix qu’elle voulait la plus naïve possible, un peu enfantine :
« Euh tu es bien un ange, hein ?
Là y a un démon, mais je suis pas très forte et j'ai pas trouvé d'arme. Tu pourrais pas m'aider à le tuer ? »