07-15-2009, 08:04 PM
DE L'AMI
Journal de Velvet, J-2 avant la convocation :
Lahmi quitta ses appartements en fin de matinée. Après avoir écrit quelques pensées dans son journal et englouti quelques paquets de biscuits, elle se mit à tourner en rond dans sa chambre.
Elle repensa au récit de « l’ange bleu » concernant la mort de son enfant, à ce profond désespoir qu’elle avait dû ressentir, peut être même à la rendre folle ? Avait-elle perdu la raison au point de voir en Lilith sa fille perdue? Qu’importe, rien n’avait plus d’importance hormis ce qui grandissait en elle…
Et elle, que ferait-elle ?! Que ferait-elle si Nadir s’en tirait à bon compte et venait supprimer les jumeaux ?! Et quand bien même il les épargnerait quel genre de destinée leur serait réservé ? Seigneur que leur arriverait-il ?
Elle ne pouvait laisser ces questions en suspens, il lui restait peux de jours avant le jugement, elle devait retourner voir Klive avant que cela ne soit plus possible.
Arrivée au beau bar, elle trouva le démon au comptoir, journal en mains, comme à son habitude. Ces soudaines retrouvailles semblaient être aussi agréables pour lui que pour elle. Après tout celui qui se nommait Klive s’approchait de plus en plus de son concept de l’amitié, un grand philosophe disait :
C’est ainsi que Velvet voyait les choses, Klive était celui qu’elle attendait, l’Ennemi parfait, il avait était jusqu’à présent l’hôte de sa souffrance, ne lui proposant point un lit douillet mais un matelas dur, un lit de camp ! Il n’avait point enrobé la cruelle réalité de mots doux, compatissants et d’espoir, il lui avait montré la vérité nue, du doigt, sans ciller. Et surtout, ô surtout, il ne l’avait point insulté par un regard de pitié !
Puisque la conversation s’orientait sur le sujet de la confiance, Velvet lui fit part de sa pensée et en profita pour remettre le sujet de l’identité du démon sur le tapis. Elle savait que klive n’était pas son vrai nom, une intuition dès leur première rencontre, mais peut être aussi cette force qui émanait de leur volonté à tous deux de se cacher l’un à l’autre ?
Le démon se défila d’abord, prétextant que son nom la ferait fuir, qu’aucun ange n’était autorisé à lui adressé la parole.
Velvet avait frémit à cet indice indubitable, était –il réellement cet illustre et machiavélique démon qui autrefois perdit tant d’âmes par ses discours malhonnêtes et blasphématoires ?
Mais Danator ne tarda pas à lui révéler nom et fonction, avec une modestie et une gêne presque palpable si elle n’en était pas tombée de son tabouret !
Oui, Velvet était restée scotchée au sol, choquée et assaillie de pensées contradictoires malgré son intuition. Devait elle prendre congé sur le champ, s’éloigner de sa langue fourchue, ou devait-elle rester et faire fi de ses préjugés ? Elle se battit longtemps contre elle-même, envahit d’un mélange d’excitation et de peur, répondant un peu à côté de la plaque aux répliques du démon. Son ami/ennemi n’était autre que l’Ennemi des anges en personne ! Elle qui voulait voir le Mal de ses yeux, elle en côtoyait la racine ! Non, elle n’était pas les autres, elle ne le jugerait pas pour cela, et quand bien même aurait-il eu de mauvaises intentions à son égard, il ne lui aurait pas avoué son nom. Elle était venu chercher des réponses, le choix de l’interlocuteur ne la motivait que davantage !
Passé l’émotion de cette révélation, leur entretien reprit son court naturel, et Velvet lui confia avec réserve son inquiétude au sujet de l’avenir des enfants.
Danator était formel, rien de bon ne pouvait leur arriver si elle ne les mettait pas en « lieu sûr » : les autorités angéliques les réduiraient en esclavage faisant d’eux de vulgaires soldats de dieu s’ils s’avéraient requérir quelques dons. Quant aux humains, elle refusait d’elle-même qu’ils en suivent l’exemple, les créatures préférées du Seigneur, imparfaites et mesquines, ne seraient pas capables de comprendre leurs différences et jalouseraient leur perfection.
Sur ce point ils étaient d’accord, mais alors que le démon lui suggérait de prendre dès maintenant des mesures pour cacher sa progéniture, argumentant une fois de plus sur l’avenir austère qui leur était réservé, Velvet émettait encore quelques réserves : elle n’avait encore aucune idée du jugement, et gardait, peut être à tort, l’espoir qu’on lui laisse ses enfants et le pouvoir de décider de leur avenir.
Cependant, Danator, réussit habilement à la convaincre, qu’il valait mieux élaborer de suite un plan de secours, une fois le Jugement prononcé, il serait peut être déjà trop tard. Elle suivit son raisonnement, après tout ils ne faisaient qu’en parler.
Velvet lui demanda alors s’il connaissait un endroit sûr, sur les marches par exemple, où ils pourraient vivre en paix.
Danator avait grimacé en lui expliquant que cela était possible mais extrêmement dangereux Les marches étaient malheureusement habitées par des créatures qu’elle-même ne souhaiterait pas connaitre. De plus, leur nature humaine les rendrait fous de solitude, s'ils ne vivaient pas parmi les leurs ...
Velvet l’avait écouté attentivement, et soupira, quand, le Chevalier se mit à bafouiller quelque chose concernant un village inconnu et perdu, peuplé de personnes non croyantes et n’étant pas soumit aux règles du Grand Jeu.
Elle lui posa quelques questions mais le démon se montra hésitant et lui dit qu’il valait mieux qu’il se renseigne, il savait que quelques points sur la Terre n’étaient pas contaminés par le Grand Jeu.
Velvet finit par prendre congé, saluant et remerciant Danator, elle réfléchirait à tout ça, pour l’heure sa pensée était au jugement à venir, elle prendrait la sentence avec sérénité et ferait son possible pour réparer ses fautes. Quant à son avenir à elle, elle n’en savait rien, peut être finirait-elle par chuter ou même disparaître définitivement, mais pas avant qu’Ils soient en sécurité.
Journal de Velvet, J-2 avant la convocation :
Quote: Azelad,
Voilà je l'ai fait, j'ai tout avoué à notre Administration. Je ne sais encore si c’est le bon choix et j’attends avec angoisse leur divin jugement. Oui, c’est vrai, j’ai longuement hésité à prendre cette option, nos supérieurs angéliques ne sont que de vieux fous fanatiques et il ya de fortes chances pour que la naissance des jumeaux les dérange amplement. J’ai peur de leur décision Azelad, j’ai si peur…mais je ne les laisserais pas me les enlever !
Autre chose : j’ai reçu aujourd’hui la visite de l’ange Lahmi.Oh mon dieu, Azelad mon état est il si évident ?! Suis-je à ce point corrompue qu’une ancienne démone a su voir mon âme pécheresse ?! Suis-je à ce point pathétique que la moins respectée de tous vienne me tendre la main ?!
Il est vrai qu’au départ elle n’avait que des soupçons, mais je n’ai fait que confirmer ses doutes lorsqu’elle s’est mise à prononcer le mot « grossesse », j’ai littéralement pété les plombs. Je n’ai pu réprimer un instant de plus toute la haine envers ce Juge qui me dégoute ni le mépris de moi-même !
Je me suis donc confiée, en partie. Vois tu je pense que c’était préférable, si je ne l’avais point reçu ou si j’avais tout nié de mon état, qui sait ce que la curiosité l’aurait poussé à faire comme chose insensée ? Je souhaite que cette affaire ne s’étende pas aux oreilles de tous, j’ai fait ce qu’il fallait faire.
Lahmi quitta ses appartements en fin de matinée. Après avoir écrit quelques pensées dans son journal et englouti quelques paquets de biscuits, elle se mit à tourner en rond dans sa chambre.
Elle repensa au récit de « l’ange bleu » concernant la mort de son enfant, à ce profond désespoir qu’elle avait dû ressentir, peut être même à la rendre folle ? Avait-elle perdu la raison au point de voir en Lilith sa fille perdue? Qu’importe, rien n’avait plus d’importance hormis ce qui grandissait en elle…
Et elle, que ferait-elle ?! Que ferait-elle si Nadir s’en tirait à bon compte et venait supprimer les jumeaux ?! Et quand bien même il les épargnerait quel genre de destinée leur serait réservé ? Seigneur que leur arriverait-il ?
Elle ne pouvait laisser ces questions en suspens, il lui restait peux de jours avant le jugement, elle devait retourner voir Klive avant que cela ne soit plus possible.
Arrivée au beau bar, elle trouva le démon au comptoir, journal en mains, comme à son habitude. Ces soudaines retrouvailles semblaient être aussi agréables pour lui que pour elle. Après tout celui qui se nommait Klive s’approchait de plus en plus de son concept de l’amitié, un grand philosophe disait :
Quote:« J’ai toujours auprès de moi une présence importune », pense le solitaire. « Toujours une fois un, cela finit par faire deux, à la longue.
Je et Moi sont engagés dans un dialogue trop véhément. Comment serait-il supportable, s’il n’y avait l’ami ? »
Pour le solitaire, l’ami est toujours un tiers ; le tiers est le flotteur qui empêche le dialogue des deux de sombrer aux abîmes.
Hélas ! il y a toujours trop d’abîmes pour tous les solitaires. C’est pourquoi ils ont une telle soif de l’ami et de son altitude.
Notre foi en autrui trahit ce que nous voudrions pouvoir croire de nous-mêmes. Le désir que nous avons d’un ami nous trahit.
Et souvent l’amour ne sert qu’à surmonter l’envie. Et souvent l’on n’attaque et l’on ne se fait un ennemi que pour cacher que l’on est vulnérable.
« Sois à tout le moins mon ennemi ! » —ainsi parle le véritable respect qui n’ose solliciter l’amitié.
Si l’on veut avoir un ami, il faut vouloir aussi se battre pour cet ami ; et pour se battre, il faut pouvoir être ennemi.
Il faut honorer dans son ami l’ennemi même. Peux-tu venir près de ton ami sans passer dans son camp ?
Il faut avoir en son ami son meilleur ennemi. C’est en lui résistant que tu seras le plus près de son cœur.
C’est ainsi que Velvet voyait les choses, Klive était celui qu’elle attendait, l’Ennemi parfait, il avait était jusqu’à présent l’hôte de sa souffrance, ne lui proposant point un lit douillet mais un matelas dur, un lit de camp ! Il n’avait point enrobé la cruelle réalité de mots doux, compatissants et d’espoir, il lui avait montré la vérité nue, du doigt, sans ciller. Et surtout, ô surtout, il ne l’avait point insulté par un regard de pitié !
Puisque la conversation s’orientait sur le sujet de la confiance, Velvet lui fit part de sa pensée et en profita pour remettre le sujet de l’identité du démon sur le tapis. Elle savait que klive n’était pas son vrai nom, une intuition dès leur première rencontre, mais peut être aussi cette force qui émanait de leur volonté à tous deux de se cacher l’un à l’autre ?
Le démon se défila d’abord, prétextant que son nom la ferait fuir, qu’aucun ange n’était autorisé à lui adressé la parole.
Velvet avait frémit à cet indice indubitable, était –il réellement cet illustre et machiavélique démon qui autrefois perdit tant d’âmes par ses discours malhonnêtes et blasphématoires ?
Mais Danator ne tarda pas à lui révéler nom et fonction, avec une modestie et une gêne presque palpable si elle n’en était pas tombée de son tabouret !
Oui, Velvet était restée scotchée au sol, choquée et assaillie de pensées contradictoires malgré son intuition. Devait elle prendre congé sur le champ, s’éloigner de sa langue fourchue, ou devait-elle rester et faire fi de ses préjugés ? Elle se battit longtemps contre elle-même, envahit d’un mélange d’excitation et de peur, répondant un peu à côté de la plaque aux répliques du démon. Son ami/ennemi n’était autre que l’Ennemi des anges en personne ! Elle qui voulait voir le Mal de ses yeux, elle en côtoyait la racine ! Non, elle n’était pas les autres, elle ne le jugerait pas pour cela, et quand bien même aurait-il eu de mauvaises intentions à son égard, il ne lui aurait pas avoué son nom. Elle était venu chercher des réponses, le choix de l’interlocuteur ne la motivait que davantage !
Passé l’émotion de cette révélation, leur entretien reprit son court naturel, et Velvet lui confia avec réserve son inquiétude au sujet de l’avenir des enfants.
Danator était formel, rien de bon ne pouvait leur arriver si elle ne les mettait pas en « lieu sûr » : les autorités angéliques les réduiraient en esclavage faisant d’eux de vulgaires soldats de dieu s’ils s’avéraient requérir quelques dons. Quant aux humains, elle refusait d’elle-même qu’ils en suivent l’exemple, les créatures préférées du Seigneur, imparfaites et mesquines, ne seraient pas capables de comprendre leurs différences et jalouseraient leur perfection.
Sur ce point ils étaient d’accord, mais alors que le démon lui suggérait de prendre dès maintenant des mesures pour cacher sa progéniture, argumentant une fois de plus sur l’avenir austère qui leur était réservé, Velvet émettait encore quelques réserves : elle n’avait encore aucune idée du jugement, et gardait, peut être à tort, l’espoir qu’on lui laisse ses enfants et le pouvoir de décider de leur avenir.
Cependant, Danator, réussit habilement à la convaincre, qu’il valait mieux élaborer de suite un plan de secours, une fois le Jugement prononcé, il serait peut être déjà trop tard. Elle suivit son raisonnement, après tout ils ne faisaient qu’en parler.
Velvet lui demanda alors s’il connaissait un endroit sûr, sur les marches par exemple, où ils pourraient vivre en paix.
Danator avait grimacé en lui expliquant que cela était possible mais extrêmement dangereux Les marches étaient malheureusement habitées par des créatures qu’elle-même ne souhaiterait pas connaitre. De plus, leur nature humaine les rendrait fous de solitude, s'ils ne vivaient pas parmi les leurs ...
Velvet l’avait écouté attentivement, et soupira, quand, le Chevalier se mit à bafouiller quelque chose concernant un village inconnu et perdu, peuplé de personnes non croyantes et n’étant pas soumit aux règles du Grand Jeu.
Elle lui posa quelques questions mais le démon se montra hésitant et lui dit qu’il valait mieux qu’il se renseigne, il savait que quelques points sur la Terre n’étaient pas contaminés par le Grand Jeu.
Velvet finit par prendre congé, saluant et remerciant Danator, elle réfléchirait à tout ça, pour l’heure sa pensée était au jugement à venir, elle prendrait la sentence avec sérénité et ferait son possible pour réparer ses fautes. Quant à son avenir à elle, elle n’en savait rien, peut être finirait-elle par chuter ou même disparaître définitivement, mais pas avant qu’Ils soient en sécurité.