03-23-2008, 10:41 AM
Avant Immac, Final
Aces se tenait devant moi, tout souriant, ces dents en or brillantes, ces bagues à chaque doigt quand il me serra la poigne d'un air de membre de gang. Avec Aces, c'était l'incarnation qui s'adaptait tant bien que mal au personnage, pas l'inverse. Il était revenu des States, comme il disait, pour notre grand rendez-vous. Notre concours.
Un vrai pote, Aces. On s'était connu au centre de formation d'Asmodée. Faut imaginer un casino géant où on passerait 2 semaines sans dormir, quasiment, avec à chaque mise quelqu'un pour vous fouetter ou vous faire une petite gatterie, selon. Le jeu, jusqu'à la nausée. A la fin de la formation, il avait été muté outre-atlantique ; moi j'étais resté au royaume. Je repris la conversation, banalement :
_ Alors ça fait quoi ? 10, 20 ans ? Foutu Kronos, hein ?
_ Yeah ! Mais ça a passé vite. Hé, man, j'ai level up, tu vois ! (petit flash d'aura... Bordel, il était passé grade 2 le con ! Le concours s'annonçait mal).
_ Quelques bons coups, de la chance, reprit Aces.
_ C'est ça. Tu vas me faire, à moi, le coup de la chance, tiens ! Bon, allez, ça va, crache ton morceau, on commence !
Le concours était tres simple. Chacun raconte ses 2 meilleurs paris stupides. Le meilleur, le plus réussi, gagne ! Pas des tunes, des femmes, mais entre Aces et moi, tout était dans la reconnaissance de l'autre. Ca n'avait pas de valeur, comme ils disaient dans la pub. L'amerloc' attaqua le premier :
_ Ok, dude. Ecoute-ça. J'étais en planque dans un des ses campus américains ; un vrai essaim à conservateurs, bien avant que le concept même de think tank soit créé ! Fallait faire gaffe, y'avait des soldats de Dieu partout et même un des prof devait être à plumes.
Et là, la chance : bibliothèque, livre qui tombe par hasard, je ramasse. J'ai en face de moi G. W. Bush, le Bush junior, encore étudiant et faisant semblant pour quelques semaines d'étudier en attendant son tour. Je me tape la discut' avec lui. Un grand fan de son père tout ça, tout ça. Il m'invit' à boire. On parle politique. Son père venait juste de commencer à bombarder l'Irak. Et là je lui dis. "Je parie man que tu pourrais faire encore mieux que ton père !" Avec la volonté de ce type, le pouvoir est passé comme un hymnen qui se déchire.
Je siffle, admiratif. Un beau coup. Mais ce salaud d'Aces n'avait pas fini.
_ C'est là que j'ai compris ma vocation ! Fallait que je me spécialise dans la politique. Les élections, le jeu, c'est pareil. Y'a des règles, des proba, un gagnant et un perdant, et surtout, comme pour un jeu, tu peux tricher. (il me fait un clin d'oeil). J'ai eu des bons coups pendant ces 20 dernières années, mais ma dernière fierté, c'est pas grand chose, mais however, je suis assez content de ma petite plaisanterie...
Là Aces se raidit, l'air d'avoir un balai dans le cul. Il gonfle le torse et me fait "I'll be back !".
_ Non, Schwarzy gouverneur de la californie, c'était toi ?
Sourire entendu d'Aces.
_ Alors, de ton coté, dude ?
Il savait qu'il serait dur à battre.
_ Ici, en France, la politique c'est le domaine réservé des grands pontes. On a pas acces. Question d'hierarchie, de bureaucratie. Le vieux continent quoi. Je me suis d'abord lançé dans la technologie. J'ai chopé un grand ponte de France Telecom un jour dans un bar et je lui ai fait avaler le coup du minitel, là où nos voisins installaient déjà le cable. T'es pas cap' d'en filer un à tous les menages du pays, que je lui ai dis !
_ Le minitel, what's it ?
_ une sorte de Compak Commodore connecté à un téléphone. Laisse tomber.
_ Alors tu t'es spécialisé dans les communications ? TF1, c'est toi ? Bien joué, man !
_ Euh... Non, là, c'est eux, tout seuls. Ou alors un collègue. En fait, pour être honnête, j'ai un peu glandé...
Gros euphémisme. Je n'avais rien foutu depuis 10 ans. Un jour, énervé, j'avais lancé un pari stupide sur mon chef, le genre "pas cap' de me donner autant de vacances que je veux" et le pari était passé. Le type ne l'avait même pas compris. Mais ça c'était pas le genre de chose qu'on pouvait avouer à un grade 2, même si c'est votre vieux pote Aces. Un démon, c'est un démon, apres tout.
Aces me sourit bizarrement. Et se tait. Savait-il quelque chose ? Et si cette rencontre n'était pas une simple retrouvaille de vieux potes ? Et si...
Aces pose quelque chose sur la table. Une liasse de papier, un contrat. Je le prends machinalement pour le lire. C'est un foutu ordre de misison. Asmodée recherche un volontaire pour un lieu mystèrieux - le nom n'est pas indiqué. J'aurais ma mémoire effacée en partie, je ne pourrais plus partir, les possibilités de développement seraient nuls et ça risque d'être dangereux. Quant aux possibilités de promotions, inexistantes.
Faudrait vraiment être con pour accepter.Je relèves soudain la tête, suspicieux. Je voudrais me boucher les oreilles. Chanter à tue-tête. Trop tard.
Les mots sortaient déjà de la bouche d'Aces comme des serpents glissant lentement sur la table. Mon vieux pote Aces. Chaque mot claquait dans mon esprit comme un fouet.
Pas cap' d'aller t'installer à Immac, dude ?
Aces se tenait devant moi, tout souriant, ces dents en or brillantes, ces bagues à chaque doigt quand il me serra la poigne d'un air de membre de gang. Avec Aces, c'était l'incarnation qui s'adaptait tant bien que mal au personnage, pas l'inverse. Il était revenu des States, comme il disait, pour notre grand rendez-vous. Notre concours.
Un vrai pote, Aces. On s'était connu au centre de formation d'Asmodée. Faut imaginer un casino géant où on passerait 2 semaines sans dormir, quasiment, avec à chaque mise quelqu'un pour vous fouetter ou vous faire une petite gatterie, selon. Le jeu, jusqu'à la nausée. A la fin de la formation, il avait été muté outre-atlantique ; moi j'étais resté au royaume. Je repris la conversation, banalement :
_ Alors ça fait quoi ? 10, 20 ans ? Foutu Kronos, hein ?
_ Yeah ! Mais ça a passé vite. Hé, man, j'ai level up, tu vois ! (petit flash d'aura... Bordel, il était passé grade 2 le con ! Le concours s'annonçait mal).
_ Quelques bons coups, de la chance, reprit Aces.
_ C'est ça. Tu vas me faire, à moi, le coup de la chance, tiens ! Bon, allez, ça va, crache ton morceau, on commence !
Le concours était tres simple. Chacun raconte ses 2 meilleurs paris stupides. Le meilleur, le plus réussi, gagne ! Pas des tunes, des femmes, mais entre Aces et moi, tout était dans la reconnaissance de l'autre. Ca n'avait pas de valeur, comme ils disaient dans la pub. L'amerloc' attaqua le premier :
_ Ok, dude. Ecoute-ça. J'étais en planque dans un des ses campus américains ; un vrai essaim à conservateurs, bien avant que le concept même de think tank soit créé ! Fallait faire gaffe, y'avait des soldats de Dieu partout et même un des prof devait être à plumes.
Et là, la chance : bibliothèque, livre qui tombe par hasard, je ramasse. J'ai en face de moi G. W. Bush, le Bush junior, encore étudiant et faisant semblant pour quelques semaines d'étudier en attendant son tour. Je me tape la discut' avec lui. Un grand fan de son père tout ça, tout ça. Il m'invit' à boire. On parle politique. Son père venait juste de commencer à bombarder l'Irak. Et là je lui dis. "Je parie man que tu pourrais faire encore mieux que ton père !" Avec la volonté de ce type, le pouvoir est passé comme un hymnen qui se déchire.
Je siffle, admiratif. Un beau coup. Mais ce salaud d'Aces n'avait pas fini.
_ C'est là que j'ai compris ma vocation ! Fallait que je me spécialise dans la politique. Les élections, le jeu, c'est pareil. Y'a des règles, des proba, un gagnant et un perdant, et surtout, comme pour un jeu, tu peux tricher. (il me fait un clin d'oeil). J'ai eu des bons coups pendant ces 20 dernières années, mais ma dernière fierté, c'est pas grand chose, mais however, je suis assez content de ma petite plaisanterie...
Là Aces se raidit, l'air d'avoir un balai dans le cul. Il gonfle le torse et me fait "I'll be back !".
_ Non, Schwarzy gouverneur de la californie, c'était toi ?
Sourire entendu d'Aces.
_ Alors, de ton coté, dude ?
Il savait qu'il serait dur à battre.
_ Ici, en France, la politique c'est le domaine réservé des grands pontes. On a pas acces. Question d'hierarchie, de bureaucratie. Le vieux continent quoi. Je me suis d'abord lançé dans la technologie. J'ai chopé un grand ponte de France Telecom un jour dans un bar et je lui ai fait avaler le coup du minitel, là où nos voisins installaient déjà le cable. T'es pas cap' d'en filer un à tous les menages du pays, que je lui ai dis !
_ Le minitel, what's it ?
_ une sorte de Compak Commodore connecté à un téléphone. Laisse tomber.
_ Alors tu t'es spécialisé dans les communications ? TF1, c'est toi ? Bien joué, man !
_ Euh... Non, là, c'est eux, tout seuls. Ou alors un collègue. En fait, pour être honnête, j'ai un peu glandé...
Gros euphémisme. Je n'avais rien foutu depuis 10 ans. Un jour, énervé, j'avais lancé un pari stupide sur mon chef, le genre "pas cap' de me donner autant de vacances que je veux" et le pari était passé. Le type ne l'avait même pas compris. Mais ça c'était pas le genre de chose qu'on pouvait avouer à un grade 2, même si c'est votre vieux pote Aces. Un démon, c'est un démon, apres tout.
Aces me sourit bizarrement. Et se tait. Savait-il quelque chose ? Et si cette rencontre n'était pas une simple retrouvaille de vieux potes ? Et si...
Aces pose quelque chose sur la table. Une liasse de papier, un contrat. Je le prends machinalement pour le lire. C'est un foutu ordre de misison. Asmodée recherche un volontaire pour un lieu mystèrieux - le nom n'est pas indiqué. J'aurais ma mémoire effacée en partie, je ne pourrais plus partir, les possibilités de développement seraient nuls et ça risque d'être dangereux. Quant aux possibilités de promotions, inexistantes.
Faudrait vraiment être con pour accepter.Je relèves soudain la tête, suspicieux. Je voudrais me boucher les oreilles. Chanter à tue-tête. Trop tard.
Les mots sortaient déjà de la bouche d'Aces comme des serpents glissant lentement sur la table. Mon vieux pote Aces. Chaque mot claquait dans mon esprit comme un fouet.
Pas cap' d'aller t'installer à Immac, dude ?