10-26-2007, 04:15 PM
« …
La première chose dont je me souvienne, c’est la perception de mon environnement à l’époque.
Une pièce lugubre, une sorte de chambre ancienne de ses quartiers vétustes que l’on trouve dans tous les ghettos du monde.
L’obscurité à laquelle mes yeux ne pouvaient s’habituer ou plutôt cette pénombre surmontée d’un filtre verdâtre immonde. L’impression pesante de n’exister que par période, de surgir du néant uniquement pour souffrir de ces quatre murs oppressants.
Renaître sans cesse dans la douleur, à s’en rendre fou furieux.
Je me souviens de mes hurlements.
De mes longs hurlements, interminables, à m’assécher la gorge, à me briser les cordes vocales, de ce feu noir qui brûlait sans cesse dans ma poitrine.
Le sentiment d’impuissance aussi était marqué. Je me souviens de mon corps rampant et fébrile, de mon incapacité marquée à ne pouvoir seulement me lever au centre de cette pièce.
Et je ne sais combien de temps cette torture à continuer. C’est peut être ce qui fut le plus difficile. L’absence de temps.
Aucune indicateur pour me dire les années les mois ou les heures seulement. Seulement moi et cette marche vide de sens.
Moi et mon ignominie. Moi et la terreur.
Moi et cet interminable manège.
Moi et Moi.
Lorsque la porte que je n’étais jamais parvenu à atteindre durant mes moments de vague conscience (je ne peux m’offrir le luxe de parler de lucidité), la silhouette qui se découpait dans l’encadrure de l’ouverture ainsi créé se découpait sur un horizon semblable à la pièce dans laquelle j’étais retenu.
Il m’est difficile d’affirmer que je pouvais seulement ressentir la présence en face de moi. Je la voyais comme je voyais les murs, comme je répétais inlassablement cette méprisable opération consistant à me recroqueviller sur moi-même, à enfouir le peu de chose qui restait de mon âme au creux de mes bras transi d’un froid irréel.
Mes yeux écarquillés, que je savais sur le point de jaillir de leurs orbites tant la tension qui m’habitait était forte, se braquèrent pourtant de mon nid charnel vers lui.
J’entendais alors une mélodie étrange. Une symphonie ancienne qui, plus que la caresse de ma sœur à l’époque maudite de ma mortalité apaisait mon esprit en miette.
Cet étrange passage se mit à perdre ses accords, son rythme, et toute forme de musicalité.
Elle crépita un moment et devint mots et vocabulaire. Je me rendais compte que dénué de toute humanité, j’en avais perdu jusqu’à la perception du langage.
Il avança dans ma pièce. Je le sentais à son tour tendu, inquiet. M’approcher ne lui était pas agréable.
-Ne résistez pas. Ne luttez pas.- me murmura t-il.
-Vous n’êtes pas ce dogue noir. Vous n’êtes pas un oublié. Caleb. Reprenez vous.-
…
Le vent sale et fétide du fond de ruelle dans lequel j’étais tassé sur moi-même balaya mes poils.
Truffe en l’air, je prenais conscience de ma véritable condition.
Un grand chien noir.
Je me souviens avoir encore hurlé. »
La première chose dont je me souvienne, c’est la perception de mon environnement à l’époque.
Une pièce lugubre, une sorte de chambre ancienne de ses quartiers vétustes que l’on trouve dans tous les ghettos du monde.
L’obscurité à laquelle mes yeux ne pouvaient s’habituer ou plutôt cette pénombre surmontée d’un filtre verdâtre immonde. L’impression pesante de n’exister que par période, de surgir du néant uniquement pour souffrir de ces quatre murs oppressants.
Renaître sans cesse dans la douleur, à s’en rendre fou furieux.
Je me souviens de mes hurlements.
De mes longs hurlements, interminables, à m’assécher la gorge, à me briser les cordes vocales, de ce feu noir qui brûlait sans cesse dans ma poitrine.
Le sentiment d’impuissance aussi était marqué. Je me souviens de mon corps rampant et fébrile, de mon incapacité marquée à ne pouvoir seulement me lever au centre de cette pièce.
Et je ne sais combien de temps cette torture à continuer. C’est peut être ce qui fut le plus difficile. L’absence de temps.
Aucune indicateur pour me dire les années les mois ou les heures seulement. Seulement moi et cette marche vide de sens.
Moi et mon ignominie. Moi et la terreur.
Moi et cet interminable manège.
Moi et Moi.
Lorsque la porte que je n’étais jamais parvenu à atteindre durant mes moments de vague conscience (je ne peux m’offrir le luxe de parler de lucidité), la silhouette qui se découpait dans l’encadrure de l’ouverture ainsi créé se découpait sur un horizon semblable à la pièce dans laquelle j’étais retenu.
Il m’est difficile d’affirmer que je pouvais seulement ressentir la présence en face de moi. Je la voyais comme je voyais les murs, comme je répétais inlassablement cette méprisable opération consistant à me recroqueviller sur moi-même, à enfouir le peu de chose qui restait de mon âme au creux de mes bras transi d’un froid irréel.
Mes yeux écarquillés, que je savais sur le point de jaillir de leurs orbites tant la tension qui m’habitait était forte, se braquèrent pourtant de mon nid charnel vers lui.
J’entendais alors une mélodie étrange. Une symphonie ancienne qui, plus que la caresse de ma sœur à l’époque maudite de ma mortalité apaisait mon esprit en miette.
Cet étrange passage se mit à perdre ses accords, son rythme, et toute forme de musicalité.
Elle crépita un moment et devint mots et vocabulaire. Je me rendais compte que dénué de toute humanité, j’en avais perdu jusqu’à la perception du langage.
Il avança dans ma pièce. Je le sentais à son tour tendu, inquiet. M’approcher ne lui était pas agréable.
-Ne résistez pas. Ne luttez pas.- me murmura t-il.
-Vous n’êtes pas ce dogue noir. Vous n’êtes pas un oublié. Caleb. Reprenez vous.-
…
Le vent sale et fétide du fond de ruelle dans lequel j’étais tassé sur moi-même balaya mes poils.
Truffe en l’air, je prenais conscience de ma véritable condition.
Un grand chien noir.
Je me souviens avoir encore hurlé. »