11-09-2007, 10:19 PM
IV.
Abaddon poussa la chariot à l'intérieur de l'ascenseur, engagea la précieuse petite clef dans le panneau mural et appuya sur le bouton du dernier étage. La machinerie se mit en branle lentement et il commença à s'élever. Il sortit une casquette grise du dessous du chariot et se l'enfonça profondement sur la tête.Il contempla son reflet dans le grand miroir qui formait le fond de la cabine.La combinaison neutre du personnel d'entretien était un bien piètre déguisement, mais cela fera bien l'affaire. Suffisament pour gagner les quelques secondes qui séparent la vie de la mort.
Après une ascension interminable les portes métalliques finement ouvragées s'ouvrirent. Elles ne donnaient pas sur un quelconque couloir, mais directement dans un espace qui formait une part intégrale d'une vaste suite : des colonnes de marbres supportaient un dôme orné d'une reproduction de la chapelle Sixtine représentant le Jugement Dernier. Il y avait de subtiles altérations par rapport à l'originale : les anges semblaient se réjouir de concert avec les démons, le Christ lui-même avait une expression pleine de malice, et lorsque Abaddon sortit il eut la désagréable impression que les sujets, hommes, anges et démons, le suivaient du regard. L'ensemble était plongé dans une semi obscurité, seules quelques lampes sur des tables et bureaux projetaient une faible luminosité.L'ameublement bien que de belle facture était surannée, il n'avait guère changé depuis les années 30.
Il passa une vaste porte pour entrer dans un grand salon dont le fond était entièrement occupé par une baie vitrée. Les immenses tours de Manhattan brillaient de milles feux, la circulation, bien loin en contrebas, formait une rivière d'or et de sang. Au premier plan, une silhouette féminine se découpait, elle était absorbée dans la contemplation du spectacle nocturne. Avec une infinie précaution, le démon sortit une arme qu'il tenait caché derrière son dos. Elle avait l'apparence d'un pistolet de petit calibre, mais elle était baignée d'un halo irréel d'ombres mouvantes. Il tendit le bras,ajusta lentement et tira.
La détonation fit fuir les ombres de la pièce une fraction de secondes. La balle se dirigea en plein dans la tête de la silhouette, mais au moment où elle allait être atteinte, elle se dissipa comme un mirage. La balle continua sa course et dans un fracas infernal explosa une grande vitre. Et les ténèbres remplirent à nouveau la pièce.
La voix familière de Madra retentit à la droite d'Abaddon.
-“Encore raté.”
Le déclic d'un interrupteur claqua, et la pièce fut inondée de lumière.
Madra s'approchait de lui en robe du soir fendue, une hermine négligemment jetée sur ses épaules nues. Nulle angoisse ni crainte dans sa démarche. Elle arborait un sourire de triomphe. Le démon pointa rapidement son arme vers elle, et voulut tirer. Mais un souffle glacial lui prenait déjà la main et empêchait ses doigts gourds de se mouvoir. Ses yeux s'embrasèrent et bientôt tout son corps fut enveloppé de flammes, ses vêtements noircissants et se tordant en lambeaux au sol. Mais le brasier fut bref, un tourbillon de glace l'enveloppa et étouffèrent les flammes. Il ne resta bientôt plus qu'un corps noirci recouvert de givre des pieds à la taille, les bras pendant le long du corps comme deux poids morts. Madra continuait de s'approchait de lui imperturbable.
- “Es-tu prêt à rejoindre la grande Obscurité ?”
Abaddon poussa un cri de frustation et de rage, mais déjà il sentait sa vigueur diminuée, ses jambes refusaient de bouger. Elle était maintenant tout près et lui toucha la poitrine.
- “Compte les battements de ton coeur, ce sont les derniers...”
Là où elle l'avait touché, la peau noircie se recouvra d'une rosace de givre bleue qui s'étendit à tout son torse. Elle se pencha vers lui, posa ses lèvres sur les siennes et aspira ses dernière forces dans une étreinte mortelle. Lorsqu'elle le relâcha, le corps sans vie s'effondra sur le sol comme un pantin de chiffon.
Elle se pencha gracieusement vers le sol et ramassa délicatement l'arme qui avait roulé de la main de son aggresseur.
Elle vida le chargeur sur le cadavre.
Abaddon poussa la chariot à l'intérieur de l'ascenseur, engagea la précieuse petite clef dans le panneau mural et appuya sur le bouton du dernier étage. La machinerie se mit en branle lentement et il commença à s'élever. Il sortit une casquette grise du dessous du chariot et se l'enfonça profondement sur la tête.Il contempla son reflet dans le grand miroir qui formait le fond de la cabine.La combinaison neutre du personnel d'entretien était un bien piètre déguisement, mais cela fera bien l'affaire. Suffisament pour gagner les quelques secondes qui séparent la vie de la mort.
Après une ascension interminable les portes métalliques finement ouvragées s'ouvrirent. Elles ne donnaient pas sur un quelconque couloir, mais directement dans un espace qui formait une part intégrale d'une vaste suite : des colonnes de marbres supportaient un dôme orné d'une reproduction de la chapelle Sixtine représentant le Jugement Dernier. Il y avait de subtiles altérations par rapport à l'originale : les anges semblaient se réjouir de concert avec les démons, le Christ lui-même avait une expression pleine de malice, et lorsque Abaddon sortit il eut la désagréable impression que les sujets, hommes, anges et démons, le suivaient du regard. L'ensemble était plongé dans une semi obscurité, seules quelques lampes sur des tables et bureaux projetaient une faible luminosité.L'ameublement bien que de belle facture était surannée, il n'avait guère changé depuis les années 30.
Il passa une vaste porte pour entrer dans un grand salon dont le fond était entièrement occupé par une baie vitrée. Les immenses tours de Manhattan brillaient de milles feux, la circulation, bien loin en contrebas, formait une rivière d'or et de sang. Au premier plan, une silhouette féminine se découpait, elle était absorbée dans la contemplation du spectacle nocturne. Avec une infinie précaution, le démon sortit une arme qu'il tenait caché derrière son dos. Elle avait l'apparence d'un pistolet de petit calibre, mais elle était baignée d'un halo irréel d'ombres mouvantes. Il tendit le bras,ajusta lentement et tira.
La détonation fit fuir les ombres de la pièce une fraction de secondes. La balle se dirigea en plein dans la tête de la silhouette, mais au moment où elle allait être atteinte, elle se dissipa comme un mirage. La balle continua sa course et dans un fracas infernal explosa une grande vitre. Et les ténèbres remplirent à nouveau la pièce.
La voix familière de Madra retentit à la droite d'Abaddon.
-“Encore raté.”
Le déclic d'un interrupteur claqua, et la pièce fut inondée de lumière.
Madra s'approchait de lui en robe du soir fendue, une hermine négligemment jetée sur ses épaules nues. Nulle angoisse ni crainte dans sa démarche. Elle arborait un sourire de triomphe. Le démon pointa rapidement son arme vers elle, et voulut tirer. Mais un souffle glacial lui prenait déjà la main et empêchait ses doigts gourds de se mouvoir. Ses yeux s'embrasèrent et bientôt tout son corps fut enveloppé de flammes, ses vêtements noircissants et se tordant en lambeaux au sol. Mais le brasier fut bref, un tourbillon de glace l'enveloppa et étouffèrent les flammes. Il ne resta bientôt plus qu'un corps noirci recouvert de givre des pieds à la taille, les bras pendant le long du corps comme deux poids morts. Madra continuait de s'approchait de lui imperturbable.
- “Es-tu prêt à rejoindre la grande Obscurité ?”
Abaddon poussa un cri de frustation et de rage, mais déjà il sentait sa vigueur diminuée, ses jambes refusaient de bouger. Elle était maintenant tout près et lui toucha la poitrine.
- “Compte les battements de ton coeur, ce sont les derniers...”
Là où elle l'avait touché, la peau noircie se recouvra d'une rosace de givre bleue qui s'étendit à tout son torse. Elle se pencha vers lui, posa ses lèvres sur les siennes et aspira ses dernière forces dans une étreinte mortelle. Lorsqu'elle le relâcha, le corps sans vie s'effondra sur le sol comme un pantin de chiffon.
Elle se pencha gracieusement vers le sol et ramassa délicatement l'arme qui avait roulé de la main de son aggresseur.
Elle vida le chargeur sur le cadavre.