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Une nuit à plat ...
#1
*Bâillement mental et fatigue non feinte*

Je me lève et m’étire … levant le regard sur l’horizon depuis le toit où je me trouve, je devine l’heure dans la position du soleil. 18 heures m’indique l’horloge astrale et mon biorythme me le confirme, je me gratte longuement derrière l’oreille et enfin, après de longues minutes, je me décide à partir.
Avec l’agilité d’un singe je saute sur le toit d’à coté, puis sur celui de l’appentis attenant, avant d’atterrir avec prestance et classe dans une ruelle aussi sombre que vide.

*j’ai faim*

Nonchalamment je me dirige vers un « libre-service » que je connais bien. Je longe le fleuve, regardant avec envie les oiseaux libres dans le ciel et les arbres, qui piaillent comme pour se moquer de moi.
Peu m’importe, pas le temps de s’amuser à les dégommer, l’agitation autour de moi se fait de plus en plus importante au fur et a mesure que j’approche du centre-ville.

Là … un homme transformé en pierre, mon nez délicat fait la différence entre une vraie statue et l’odeur que cet homme laisse flotter dans l’air du soir. Ici une jeune femme sort une longue épée et tranche en deux un gamin qui tout comme moi possède des griffes. L’enfant disparaît aussitôt, alors que l’épée n’a même pas terminé sa course dans la chair de son petit corps.

Je baille … c’est d’un commun dans cette ville qu’est Immac que ça en devient presque ennuyeux, je poursuit donc ma route en direction de mon repas tant mérité.


*VTRRTRRTRRR*

Surpris par le bruit je plonge sur le coté du trottoir, et bien m’en as pris, car j’évite de justesse une petite vieille qui passe sur un skate … engin de mort qui me surprendra toujours, et bien que j’ai le cœur solidement accroché, je ne m’y fait jamais et sursaute a tous les coups.

La vieille dame se stoppe à quelques mètres de là, et tourne son regard vers moi. Je m’aperçois avec stupeur qu’elle partage l’une de mes caractéristiques innées … à savoir les yeux jaunes. Nous nous observons ainsi en silence un long moment, et puis elle repart aussi vite en courant, pour s’engouffrer dans l’une des armureries qui pullulent dans cette ville.
Je reste statique, pensif, je suis certain d’avoir déjà vu ce visage …

Fouillant péniblement ma mémoire, les images me reviennent peu a peu. Des souvenirs de voluptés … oui … j’ai passé de longues soirées prés d’elle autrefois, ou vicieuse, elle me caressait avec douceur … quel souvenir agréable … je range ma queue et m’assoit a même le trottoir tout en me laissant porté par ces flashs tellement lointain du passé.

Oui je me rappelle de cette rencontre, j’étais caché non loin de ce bâtiment en croix ou je ne peut rentrer, elle … elle en sortait, et dès qu’elle m’as remarqué je l’ai séduite en me dandinant quelque peu, faisant magistralement rouler mon postérieur en ne la quittant pas des yeux. Elle est alors venue vers moi, m’as serrée dans ses bras maigres et sans force, et nous sommes partis ensemble chez elle, dans son appartement vieillot a odeur de naphtaline, où nous sommes resté prés d’une semaine ensemble. J’ai connu les délices de posséder quelqu’un qui s’occupai de moi, sans rien demander d’autre en retour que des câlins affectueux … ha un véritable bonheur.


*Grouuuuu*

Ah oui … manger … j’avais déjà oublié !

Regardant a plusieurs reprises de chaque coté de la route bitumée, je traverse d’un trait jusqu’au trottoir d’en face. On n’est jamais trop prudent à Immac et même en plein centre-ville ou le commun des mortels tient en voiture une allure réduite, d’autres foncent comme des fous, faisant ronfler leur moteur, et ne s’inquiétant pas de nous renverser si on a le malheur de traverser à ce moment-là. Certains font même exprès de faire un écart pour nous faucher lorsqu’ils nous voient !

Le doux fumet du repas non loin me redonne du courage et m’extirpe de ces vilaines pensées. Je me rappelle du chemin comme si c’était hier, bien que cela fasse bien une semaine que je n’ai pas manger à ce râtelier.

Première rue a droite, on longe la banque, première a gauche, encore première a droite, les habitations de ce quartier se succèdent et se ressemble. Je profite de leurs ombres étalées dû au soleil couchant, pour me faufiler discrètement loin des problèmes de ma vie de tous les jours. Sixième a droite, c’est là ! J’oblique a l’angle et me terre immédiatement contre el mur et dans la pénombre du bâtiment … il y a déjà quelqu’un … l’homme est en train de grignoter, a genoux devant le cadavre il tend ses doigts tremblants, non sans un regard suspicieux de part et d’autres, arrache un gros morceaux de chair d’un geste empreint de l’habitude, et le porte a ses lèvres pour mordre dedans.
Il mâche longuement tandis que la satisfaction se peint sur son visage, essuie le sang qui coule sur son menton, et suçote ses doigts uns a uns. J’en salive et m’en léche les babines mais je me retient de le rejoindre, j ne sais qui il est et ce pourrait être dangereux !



Son encas terminé, il part au pas de course et je le vois disparaître, tournant au coin de la rue. Soulagé je me précipite en quelques bonds auprès de mon plateau repas, sort mes griffes, entaille le ventre du corps froid et rongé par d’autres charognards comme moi, et rentrant mes griffes je penche la tête et arrache un morceau pour me délecter de ce sordide casse-dalle.
Goulûment je mange par petites portions, en prenant garde de ne pas me faire voir. Il me faut plus d’un quart d’heure pour être totalement rassasié, et nettoyant très rapidement ma moustache maculée de sang, je file tel un voleur, rasant les murs des bâtiments.



Le ventre plein je m’interroge sur ce que je vais bien pouvoir faire maintenant … la nuit est mon domaine, le moment ou mes pires méfaits sont couvert du voile protecteur de l’obscurité. Je pense que je vais flâner comme à mon habitude, observant avec ma désinvolture habituelle cette ville qui ne dort jamais.


*PAN *

Un coup de feu claque dans l’air. Je me faufile du plus vite que je peut derrière la dépouille d’un véhicule détruit, dont les innombrables pièces sont disséminés sur la route.

… plus un bruit … c’est déjà fini !

Méfiant de par ma nature, je reste longtemps en observation, tapi dans l’ombre … toujours rien … il est temps de partir, avant que les hommes en bleu n’arrivent …

Je traverse, galope prudemment jusqu’au centre-ville ou je sais que l’activité reste importante même la nuit. Un autre cadavre de voiture, je rentre à l’intérieur, ce sera un endroit propice à l’observation passive.

Posé sur mon séant je ne perd pas une miette de ce qu’il se passe au travers de la vitre arrière. Souriant intérieurement car cela me fait penser a la télé que cette vieille dame laissait constamment allumé chez elle, et devant la quelle elle se plantait comme un robot, après avoir répété sa phrase rituelle.


"C’est l’heure de Derrick chaton ! Je n’en loupe pas un seul !"

Et soupirant, je m’installais contre elle, m’endormant rapidement car nullement intéressé par tel spectacle.

*Ho tiens … qu’est ce qu’il se passe ?*

Intrigué je penche la tête de coté sans m’en rendre compte. Deux jeunes femmes qui discutaient paisiblement, viennent d’être interrompu dans leur échange, lorsque l’une d’elle est tombé au sol, tremblante comme en proie à une violente crise.

Mince, mon angle de vue est trop restreint et je ne peux voir tout le spectacle. Curieux comme pas deux, un autre défaut propre a notre race particulière, je me glisse hors du cocon métallique pour jeter un œil de plus prés à l’action qui se déroule.
La femme restée debout, et qui as de long cheveux noirs, sort une sorte de couteau de son sac, comme j’en ai vu souvent en passant devant la boucherie Sanzot, et lui plante en plein thorax d’une main que je sais inexpérimentée pour en avoir vu d’autre du même acabit. Brusquement, elle lâche un petit cri étouffé et semble fuir un peu plus loin, comme terrorisé par quelque chose qui m’aurait échappée. Techniquement rien ne m’échappe contrairement aux humains que je croise chaque jour … bizarre … non … elle semble se reprendre , revient sur ses pas et ferme les yeux, se tenant droite devant la blessée au sol que le couteau ne semble pas gêner dans sa crise. A peine deux secondes après la femme allongée sur le trottoir et toujours convulsionné, disparaît purement et simplement, avec un bruit ressemblant vaguement a une goutte d’eau tombée de haut dans une flaque.

*encore une !* pensais-je *que je ne pourrais pas manger !*

Peu de gens autour semblent s’en émouvoir, certainement qu’ils n’ont rien vu. Ces humains sont tellement aveugles et bêtes parfois !
Bon … j’en ais assez vu, et je suis fatigué, je vais aller me rendormir dans un coin.

Regard a gauche, a droite, puis je travers. Je suis déjà mort deux ou trois fois en ne faisant pas attention et je me souviens sans peine que ce n’est pas du tout agréable ! De plus, cette fois-ci je n’aurais pas d’autres chances ! Déjà mort huit fois … pas une de plus … c’est la règle des miens … mais j’ai un énorme avantage comparé à d’autres ! …. Je suis noir, et le noir dans la nuit a toujours de plus grandes chances de survie.



J’entends un bruit de moteur au loin, mais j’ai le temps ! Je m’élance, et passe sans encombre sur le trottoir d’en face ou je réfléchis posément a l’endroit parfait pour passer la nuit.

Tout d’un coup une lumière vive me sort de ma rêverie alors qu’il commence à pleuvoir … je le savais qu’il allait pleuvoir, j’ai un don pour ça ! Effrayé mais paralysé de terreur, je tourne les yeux vers la lumière qui m’aveugle … un bruit sourd de moteur qui rugit, le claquement d’une roue qui monte sur le trottoir pour me faucher, je crie…


"MIAAAAAOOOUUUU "*SPROOTCH*







Le démon dans la voiture exulte en ramenant d’un coup sec le vibrant monstre de métal sur la route.

"WAHOUUUU T’AS VU CA ?!? … PUTAIN J’AI VRAIMENT FAILLI LE MANQUER !!!

UN CHAT NOIR BORDEL !!! ON PEUT DIRE QUE C’EST MON JOUR DE CHANCE !!
"


La 4L dans laquelle sont installés Freeman et sa succube disparaît rapidement au cœur de la sombre nuit d’Immac.



Quand le chat est plat … les souris dansent !
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Une nuit à plat ... - by freeman - 10-07-2007, 12:59 AM
Une nuit à plat ... - by freeman - 10-08-2007, 02:17 PM

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