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Prélude : La jeune fille et la mort
#2
Londres, 1883.

Croire que l’on a tout perdu revient à se soulager du fardeau de l’existence.
Mais prendre conscience au milieu du désarroi qu’on a encore d’avantage a abandonné est une sentence que nul être ne souhaite, même à son pire ennemi.

Catherine pensait avoir tout perdu, il y a plus de deux ans. À son âge, c’est au fond de son cœur que « tout » se trouve. Et bien sûr, ce qui ravage sa vie en cette matinée obscure de l’hiver londonien, c’est l’idée, comme chaque matin, que lorsqu’elle se lèvera pour aller le voir, sa chambre sera vide. Vide de lui et de sens.

Une femme souffre d’amour. Perdre son amant, l’être chéri est une chose terrible.
Mais figurez-vous un instant que ce dernier soit votre propre frère.
Inceste. Sacrilège, amoral et vicieux !
Rien ne lui fut épargné, et aujourd’hui elle ne vit que pour offrir un héritier à des parents acariâtres, qui ne trouveront la paix que dans l’oubli ou la disparition. Le premier ne venant pas faute de rumeurs incessantes…
S’il peut sembler peu naturel qu’un frère embrasse une sœur qui s’offrirait à lui en retour, pensez donc aux moeurs de l’époque et à la façon dont Catherine fut le jouet de la morale grossière et d’un protectionnisme tyrannique.

Quel homme, si ce n’est celui qu’elle côtoyait depuis l’enfance, pouvait-elle prendre le soin de connaître puis de chérir ? La logique et les bonnes moeurs deviennent cyniques devant le forfait qui n’est que la conséquence de la prison bâtie autour de deux adolescents éprouvant les besoins les plus élémentaires de l’humanité. Des tabous levés comme des boucliers mais qui sont autant de chaînes que la lime du quotidien et des regards échangés ont fini par briser.

La question n’était plus de savoir si ils avaient le droit de s’aimer. Mais plutôt quand et comment exprimer cet amour ?
Leur manque de maturité à l’égard de ce sentiment les conduisit vers un jeu fait de complicité et d’imprudence.
Chaque couloir un peu trop sombre, chaque heure écoulée loin de leurs parents. Chaque seconde où ils se crurent seuls, ils échangèrent autant de mots que de caresses.

Chaque fois plus passionnément que la dernière.
Chaque fois plus intensément que la précédente.
Chaque jour devint plus beau…
Chaque nuit devint trop longue.

De cette période faites de rendez vous secrets et d’effronteries, Catherine ne garde que le souvenir d’un homme élégant et courtois. D’un amant ardent et amoureux.
De la chaleur d’une couche que beaucoup de femmes pouvaient envier. Mais tous ses souvenirs palissaient devant sa propre passion.

Le cauchemar commença un jour de printemps.
Trop audacieux, ils furent découverts par une soubrette. Qui s’empressa de tout raconter.
Les embruns du caractère déjà emporté d’un père, militaire de carrière, devinrent véritable tempête et l’aîné du couple fut vite chassé de la maison au profit d’un soi-disant voyage vers une école pour homme où il apprendrait à devenir vertueux.

L’histoire d’un ange commença ce jour de Mai où la gifle cinglante d’un patriarche cerné par les affres d’un désespoir haineux emporta le peu de respect d’une jeune fille pour son père et mua son admiration en crainte justifiée.
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