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Les Chroniques de Malback
#2
Paris, 14 août 2007.


Au commencement, car il faut un commencement, il y eut un geek. Les archives laissent peu de trace de cette histoire mais je vais m'efforcer de vous la compter avec le plus d'objectivité et de réalisme possible. Il y eut un geek donc. Von Phalène.

Un appartement, quelques pièces, des bonnes centaines de livres et de DVD, et encore plus de bordels. Mais dans le genre dégueulasse, hein. Sachets de hamburger dégoulinant de sauce, cadavres de bières dont certaines contenant l'inévitable "fond de bière éventée et vomitif", rouleaux de papiers toilettes pendouillant sur les fleurs fannées et comble du comble, Von Phalène lui-même qui constituait la clé de voûte de cette écosystème.

Von Phalène donc. Egal à lui même. Deux détails venaient pertuber la monotonie de cette scène. Tout d'abord, il était en train de coder. Ce qui était étrange car normalement, l'homme qu'on surnommait "le Feignant" ne s'aventurer pas à ce genre d'exploits. Qui ne connaît pas aujourd'hui la légende de "l'informaticien incapable", petite légende qui eu son succès auprès des employés de microsoft et autres génies talentueux. La deuxième chose étrange et peu naturelle de ce tableau, était la paire de chaussures qui trônait sur l'épaule de Von Phalène. Dans ces chaussures, des pieds, et au bout de ces pieds, un type allongé dans un chaise pliante. Dans le genre cool. Mais super cool. Aucune chance pour que ce soit le narrateur de cette histoire et qu'il ait un point de vue subjectif et un égo surdimensionné, ça non, pas de ça chez nous. Il affichait son éternel sourire énigmatique, et malgré son jeune âge, on ne pouvait s'empêcher de le considerer comme un homme mur à la force tranquille et au charisme certain. On raconte aussi que toute personne posant son regard sur ses rides de la quarantaine ornant son front, (malgré son entrée fraîche dans la vingtaine) était aussitôt charmée et séduite par ce symbole de toute beauté.

Bref, le type nommé Rimelda se tenait derrière Von phalène, s'en servant comme repose-jambe. Ce dernier se faisait étrangement petit tout à coup, bien que dans sa propriété. Il était rabaissé à sa plus simple expression.


"Tu sais Vonphy, tu permets que je t'appelle Vonphy ? Et bien tu sais, j'ai souvent vu des branle-couilles de ma vie. Tu leur donnes un peu de pouvoirs, de responsabilités, et pouf, ils deviennent les pires loqueteux qu'on ait jamais vu. Regarde Benko, il s'est servi de ces pouvoirs pour pouvoir travailler de chez lui. Je te raconte pas les tonnes de cacahuètes qu'il s'enfile et les litres de pastis qui coulent dans son sang. Mais bon, il est sympa et il finit son boulot à temps malgré son défaut si tu vois ce que je veux dire."

Devant le regard appeuré et peu compréhensif de l'informaticien, Rimelda se sentit obligé de mimer un fanion de supporter qu'on agite, ainsi que de souffler à voix basse "Les lettres qu'on ne doit pas prononcer. L'OM ducon."

"Bref, on passe le balai pour ça, on est humain après tout. Qui n'a jamais eu de défauts ?"

Joignant le geste à la parole, il sort alors un cigare de la poche de sa veste, gratte une allumette sur le menton de Vonphy et allume son havane.

"Tu comprends ? Mais toi.... non. Il a fallu que tu fasses ta forte tête, que tu ignores les remarques de tes supérieurs et que tu dénigres une communauté de joueurs qui t'aimait pourtant bien au début. Car oui, je te le dis. Les joueurs sont amours, ils sont joie et bonheur, ils sont la part de vie que nous avons tous besoin dans nos petit coeur tout sec."

Rimelda tend alors son index et l'appuie sur la poitrine de l'informaticien.

"Je sais que tu as un coeur tout sec et qu'il a besoin d'amour..."

.........


.........



.........


"MAIS C'EST PAS UNE RAISON POUR PAS FAIRE TON PUTAIN DE BOULOT CONNARD."

Cette simple phrase exerça alors une force invisible sur le corps de Vonphy, l'obligeant à se retourner vers son PC et lui faisant tapoter son clavier toujours plus vite, codant toujours plus.

"Je vois que nous sommes d'accord."

Un léger nuage de fumée bleuâtre vient alors englober l'homme dans la chaise pliante. Un rictus vint alors troubler la sérénité de son visage.

"Et penses à réparer cette putain de chaise, ça nuit à mes siestes. Et mets aussi une peau de daim tant que tu y es. J'adore les daims. Pas toi ?"

Vonphy n'eut malheuresement pas le temps de répondre, car il fut alors coupé dans son élan par un bruit provenant de l'autre bout de la pièce. L'entrée. La porte. Quelqu'un.

"Putain combien de fois je t'ai dis d'amener personne ici ? Je te le repète une dernière fois. Des gens normaux, et vlan, tu oublies ton côté geek et voilà tu oublies ton travail. Et tu sais ce qu'il se passe quand tu ne travailles pas ? Et bien on m'envoie moi te rappeler à l'ordre. Ce qui n'est pas forcément amusant....enfin pour toi."

Rimelda se leva alors de sa chaise, qui couina un grincement de mécontentement. Il se dirigea vers la porte et n'eut jamais le temps de l'atteindre. En effet le bout de bois épais de un mètre quatre vingt dix de longs fut propulsé de façon à applatir celui ci contre le mur d'en face. Rimelda se souvient de la terrible bagarre qui s'ensuivit alors, malgré la vitesse des échanges et la dureté des coups. Il faut avouer que cette partie de l'histoire qu'aime raconter Rimelda est un mensonge. Une porte projetée à une vitesse approchante les cent kilometres à l'heure laisse peu de temps - et de santé - à un homme pour se battre. L'homme qui baignait dans une marre de sang, son cigare à la bouche, n'eut que le temps de murmurer pour lui même.

"Putain, fanny..."

Après un crachat, mélange de sang et de molaires, il articula alors :

"Mais merde Vonphy, je t'ai pourtant dis que les geeks n'avait pas de petite amie..."

Et puis plus rien.



Paris, 15 août 2007.



"Salut ma couille, bien dormi ? Je sais qu'aujourd'hui c'est ferié, mais c'est pas le moment de se reposer."

Rimelda connaissait cette voix. Il ouvrit les yeux. Vous vous souvenez de Star Wars ? Vous vous rappelez des hologrammes pourris representant des personnages distordus et peu élégants ? Et bien c'était ça que Rimelda voyait. Mais le jedi avait une sale gueule dans l'hallucination qu'il vivait.

"Quoi, qu'est ce qu'y a ? J'ai un poil de cul entre les dents ?"

Rimelda n'en revenait pas :


"Putain Malback, qu'est ce que tu fous là ?"

"Oh. Je vois. On n'a pas digéré mon départ ? On croit que je suis parti pour toujours t on a peur d'être fou au point d'avoir des hallu ? Bon, trêve de conneries. Je suis là pour te charger d'une mission. Je suis en fait le malback du futur. Tu peux m'appeler Malback Connors d'ailleurs. Tu saisis ? Malback ! John Connors ! Je te parle de Terminator enculé, et toi tu trouves rien de mieux que me regarder avec tes yeux de mérous et de te vider de ton sang. Et c'est quoi cette odeur merde ! Tu t'es lavé avec de la fiente de rat crevé ou quoi ?"

Rimelda voulut émettre un gémissement de protestation, mais l'hologramme l'en empêcha, levant la main.


"Bref. Tu dois me faire revenir tu comprends ? J'ai quitté le jeu, toussa. Mais je dois revenir, question de vie ou de mort. Donc tu vas faire ce que je te dis. Je vais te raconter mes aventures, tu vas les écrire et ensuite tu vas me les faire lire. Au Malback du présent. Enfin du passé. Enfin tu me comprends. Bon, je vais te chercher de quoi écrire."



Brest, 17 août 2007.


Les mots que je couche sur le papier ne sont pas le fruit de mon imagination, mais bien la vie et les péripéties d'un homme qui existe. Que dieu m'entende et lui permette de lire ces quelques lignes, afin de changer la destinée funeste du monde.
Cette hologramme me rend fou et je ne pense pas que je .....trop tard, il est temps pour moi de retrouver mon travail, de recommencer à écrire les lignes qu'il va me dicter, il revient à l'instant de chez l'arabe du quartier, les bras chargés de bières et de pains français comme il aime le dire. Il me raconte que de son temps, ces choses là n'existent plus. Ni la France d'ailleurs. Je frémis. Il commence son histoire :
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