08-06-2007, 05:21 PM
Teruel, Espagne, 24 février 1938
Oui Capitán, j’vais vous l’expliquer comme qu’ça s’est passé.
J’sais pas trop par où qu’j’dois commencer. J’vous d’mande d’excuser pour mon langage Capitán, mais l’Sargento Alejandro Ortega, c’tait un beau fils d’salauds. Et j’vous d’mande d’me croire, pour ça j’en ai connu des beaux fils d’salauds. J’les r’nifle rapidement, j’sais pas pourquoi, j’ai l’nez pour ça.
L’problème des fils d’salauds, si vous m’permettez, c’est quand y z’ont du pouvoir. Pasqu’un fils d’salauds tout seul dans sa ferme, y va torturer son clébard et claquer l’beignet d’sa femme, mais l’Sargento Ortega, l’était Sargento.
Dites, j’peux m’en griller une ? N’a pas souvent l’occasion d’fumer sans pétocher en s’demandant si un gars s’rait pas en train d’viser droit dans vot’caboche avec son putain de fusil. Merci Capitán.
Pour bien qu’vous compreniez, faut qu’j’vous raconte un peu. Y’avait c’gamin qui nous avait r’joint récemment. J’crois ben qu’j’ai jamais su l’nom qu’sa mère lui avait donné. Ou alors, j’l’ai oublié. On l’appelait Pequeño avec les zots gars. Au départ, l’était pas content l’Pequeño, mais finalement y s’est habitué. C’tait pas méchant pis on l’aimait bien. L’avait pas c’regard que nous on a tous. Mais j’peux vous jurer Capitán, qu’c’gamin là, l’aurait jamais du êt’ dans l’armée.
L’Sargento Alejandro Ortega, l’a tout d’suite repéré ça. L’a voulu l’punir. Pourquoi ? Ça j’saurais pas l’dire. Les fils d’salauds, z’aiment bien s’en prendre aux faibles.
‘scusez moi, c’te carafe et c’verre d’eau, c’est pour moi ? C’est qu’j’ai l’gosier sec à jacter comme ça. Merci Capitán.
L’Pequeño, y’s’tapait tous les boulots d’merde. Chaque fois qu’y’avait un truc qu’personne voulait faire, l’Sargento Ortega lui r’filait à lui. Parfois, on lui proposait d’l’aider quand même, comme ça. Mais fallait pas s’faire prendre, pasque c’est pas not’peau qu’le Sargento voulait, c’était celle de Pequeño.
L’arrêtait pas d’le rabaisser. J’suis pas dans la tête des gens, mais j’crois bien qu’c’est pour ça qu’le Pequeño il a voulu l’faire le héros l’ot’jour. Pis il a pris une balle, pasqu’y’a pas de héros dans une guerre.
C’est là qu’j’ai vu l’Sargento Ortega s’approcher et cracher su’l’cadavre du Pequeño. J’ai pas pu m’ret’nir, j’y ai tiré dans l’dos et j’me suis bien assuré qu’il était mort.
« Alejandro, qu’j’disais, Alejandro t’es qu’un fils d’salauds ! ». Et j’cognais son crâne avec la crosse d’mon fusil. Et j'cognais ! Et j'cognais ! J’pouvais pas m’arrêter alors c’est les gars qui l’ont fait. Y m’ont assommé j’crois bien.
Pis c’est tout. J’vais être exécuté maint’nant, je l’sais. Mais Capitán, entre nous, ce Sargento Alejandro Ortega, c’t’ait un fils de salauds quand même, non ? Merci Capitán.
Oui Capitán, j’vais vous l’expliquer comme qu’ça s’est passé.
J’sais pas trop par où qu’j’dois commencer. J’vous d’mande d’excuser pour mon langage Capitán, mais l’Sargento Alejandro Ortega, c’tait un beau fils d’salauds. Et j’vous d’mande d’me croire, pour ça j’en ai connu des beaux fils d’salauds. J’les r’nifle rapidement, j’sais pas pourquoi, j’ai l’nez pour ça.
L’problème des fils d’salauds, si vous m’permettez, c’est quand y z’ont du pouvoir. Pasqu’un fils d’salauds tout seul dans sa ferme, y va torturer son clébard et claquer l’beignet d’sa femme, mais l’Sargento Ortega, l’était Sargento.
Dites, j’peux m’en griller une ? N’a pas souvent l’occasion d’fumer sans pétocher en s’demandant si un gars s’rait pas en train d’viser droit dans vot’caboche avec son putain de fusil. Merci Capitán.
Pour bien qu’vous compreniez, faut qu’j’vous raconte un peu. Y’avait c’gamin qui nous avait r’joint récemment. J’crois ben qu’j’ai jamais su l’nom qu’sa mère lui avait donné. Ou alors, j’l’ai oublié. On l’appelait Pequeño avec les zots gars. Au départ, l’était pas content l’Pequeño, mais finalement y s’est habitué. C’tait pas méchant pis on l’aimait bien. L’avait pas c’regard que nous on a tous. Mais j’peux vous jurer Capitán, qu’c’gamin là, l’aurait jamais du êt’ dans l’armée.
L’Sargento Alejandro Ortega, l’a tout d’suite repéré ça. L’a voulu l’punir. Pourquoi ? Ça j’saurais pas l’dire. Les fils d’salauds, z’aiment bien s’en prendre aux faibles.
‘scusez moi, c’te carafe et c’verre d’eau, c’est pour moi ? C’est qu’j’ai l’gosier sec à jacter comme ça. Merci Capitán.
L’Pequeño, y’s’tapait tous les boulots d’merde. Chaque fois qu’y’avait un truc qu’personne voulait faire, l’Sargento Ortega lui r’filait à lui. Parfois, on lui proposait d’l’aider quand même, comme ça. Mais fallait pas s’faire prendre, pasque c’est pas not’peau qu’le Sargento voulait, c’était celle de Pequeño.
L’arrêtait pas d’le rabaisser. J’suis pas dans la tête des gens, mais j’crois bien qu’c’est pour ça qu’le Pequeño il a voulu l’faire le héros l’ot’jour. Pis il a pris une balle, pasqu’y’a pas de héros dans une guerre.
C’est là qu’j’ai vu l’Sargento Ortega s’approcher et cracher su’l’cadavre du Pequeño. J’ai pas pu m’ret’nir, j’y ai tiré dans l’dos et j’me suis bien assuré qu’il était mort.
« Alejandro, qu’j’disais, Alejandro t’es qu’un fils d’salauds ! ». Et j’cognais son crâne avec la crosse d’mon fusil. Et j'cognais ! Et j'cognais ! J’pouvais pas m’arrêter alors c’est les gars qui l’ont fait. Y m’ont assommé j’crois bien.
Pis c’est tout. J’vais être exécuté maint’nant, je l’sais. Mais Capitán, entre nous, ce Sargento Alejandro Ortega, c’t’ait un fils de salauds quand même, non ? Merci Capitán.