08-02-2007, 02:05 PM
2 Aout 2007. Brno, Tcheky.
Malback venait de poster l'un de ses tous derniers messages, et il en était pas mal fier. Un petit post d'adieu, bien sympathique, rempli de bon-dieuserie afin que tout le monde se souvienne du joueur sympa et plein d'humour qu'il était. Tout ça pour faire oublier sa corruption, sa cruauté gratuite, son alter ego surdimensionné, et pire que tout, sa désastreuse incapacité à être un animateur correct.
Tout ça l'avait mis de bonne humeur. Il descendit alors de sa chambre luxueuse, pour parcourir les couloirs remplis de toiles de maître, de tapisseries brodées mains au fil d'or, de sculptures antiques et des inévitables vases ming. Arrivé dans le salon principal, il salua les demi-douzaine de prostituées roumaines de luxe qui attendaient lascivement qu'on les contente dans un orgie sans nom.
- "Désolé les filles, mais j'ai pas le temps, faut que j'aille bosser."
Il se dirigea alors vers la cuisine, où l'attendait sa femme. Celle-ci était alors en train de diriger un bataillon des plus célèbres cuisiniers et restaurateurs du monde, afin de préparer le modeste et frugal repas du soir.
- "Bonjour chérie, je vois que tout le monde travaille bien. Ca fait plaisir à voir, tout ce bénévolat."
Sa femme se retourna vers lui, souriante. Malback attendit quelques secondes avant de lui donner la bonne nouvelle.
- "Tu sais, j'ai arrêté INS/MV à l'instant. Tu te souviens, mon jeu de rôle ? Je trouvais que ça me prenait pas mal de temps alors...et puis j'ai des projets pour nous deux, qui n'inclue ni modem, ni ordinateurs."
Il attendit la réaction de joie de sa femme, sous forme d'un baiser langoureux ou peut être encore mieux. Il attendit. Pas mal de temps en fait. Il réalise que sa douce et tendre avait pris alors un air sombre et sortit son portable pour s'isoler dans un coin de la pièce. Apparement un coup de fil urgent, puisqu'elle semblait énervée, et que même les cuisiniers avaient arrêté leurs offices, dévisageant Malback d'un air hautain. Celui-ci n'eut pas le temps de comprendre, alors que d'immenses colosses enfoncèrent la porte de la villa, et vinrent jusqu'à lui et sa femme. Malback fut rapidement entouré par pas moins de dix géants, qui s'immobilisèrent, à l'affut de toute réaction.
- "Hum....tu me déçois beaucoup, fils."
La voix qui venait de parler se rapprocha lentement, accompagnée de bruits de pas qui donnaient un certain ton grave et une atmosphère suffocante à la cérémonie. Un homme de petite taille apparut alors entre deux armoires à glace. Malback lui adresse alors la parole :
- "Bonjour, bonjour, tu voudrais bien m'expliquer ce qu'il se passe là, parcequ..."
La chose qui venait de lui couper la parole était en fait un monstreux coup de poing, distribué par un garde-du-corps ressemblant étrangement à Barry White. Mais lui, n'était apparement pas aveugle. Ce dernier invectiva Malback :
- "Tu ne t'ad'esses pas au Ba'on Vigo comme celà. Mont'e un peu de 'espect."
Le Baron Vigo. Dit le "Grand ponte de la mafia de l'Est", ou "Source des milles richesses", "Boucher de Volgograde", "Pontif divin du luxe absolu", "Equarrisseur des Putes" et détenteurs d'encore pleins de surnoms et appelations encore plus mélioratives, mais vraies. L'homme était celui qui avait permis à Malback de devenir un homme riche et heureux. Il avait même, ironie de l'histoire, était une grande source d'inspiration pour un personnage de son jeu de rôle. Mais maintenant, tout s'enchaînait d'une manière qui échappait à Malback. Vigo prit la parole.
- "Je te faisais pourtant confiance. Je t'ai considéré comme mon fils, et je t'ai donné la main de ma fille. Et toi tu veux tout arrêter ? On ne me quitte pas moi. Allé les gars, mettez le moi dehors."
Les colosses se jetterent sur lui. Coups de poings, coups de genoux, coups de barre à mine. Sa vision se troubla rapidement.
2 Aout 2010. Durrës, Albanie.
Au tout début, Malback avait réellement pensé pouvoir se débrouiller par lui même. Mais vous savez, les plus grands mensonges sont ceux qu'on se fait à soi. Et qu'on croit plus qu'aucune vérité en ce monde. Il se repetait que sa barbe non rasée lui donnait un petit air important, que son corps mis à l'epreuve était une bonne occasion de se tester, que se passer du luxe lui permettrait de vivre plus sainement à présent. Mais ça n'avait évidemment pas duré.
Lorsque il entra dans la ruelle délabrée, les clochards présents se tournèrent vers lui. Ils le suivirent du regard, à l'affût. Conscient de l'attention qu'on lui portait, Malback ne pût qu'adresser des bonjours polis et des salutations faites en opinant du chef. Pas de réponse. Après tout, c'était pour la plupart des mendiants et des sans-abris, alors il en conclut qu'il y avait bien longtemps qu'ils avaient abandonnés les notions de politesse et d'étiquette, pour ne pas perdre de temps afin de s'entraider au maximum dans ce monde hostile et sans pitié. Malheureusement, ce que Malback ne sut pas tout de suite, c'est que seul la moitié de sa pensée était vraie. Il s'empressa de trouver un carton assez grand pour son corps devenu maigre et fluet, marqué par la vérole et endoloris par les gelures. Il ne faisait pas bon d'être sans argent, en plein hiver dans un pays de l'Est. Le carton en main, il entama alors la récupération minutieuse de vieux journaux. Dieu lui accorda alors un moment de bonheur dans la mer de troubles et d'angoisse qu'il traversait. Il trouva un petit coin pas trop humide et s'y installa. Il n'eut pas le temps de voir les sourires des clochards, alors qu'il déposait ses affaires sur le sol et qu'une ombre massive et puante se rapprochait dans son dos.
5 Aout 2010. Prizren, Kosovo.
Malback se reveilla. Il ne se souvenait que d'une chose : sa joie d'avoir trouvé un emplacement correcte dans cette ruelle. Il ne savait pas ce qu'il lui était arrivé, et quel jour on était. Il se leva. L'horrible douleur qui sillonna son corps lui ôta toute ces dernières forces, et son utlime espoir. Il se mit à pleurer.
- "Pourquoi je...comment...qu'est ce que...ne me dites pas que. Oh mon dieu, mon rectum !"
Pour une fois, il avait vite compris quelquechose. La cause de son mal n'était pas dû au fait d'avoir dormi dans une mauvaise position, mais bien une vingtaine de clochard qui s'était activés en lui pendant près de trois jours, faisant atterir son cadavre puant jusqu'ici.
- "Si seulement...si seulement je n'avais pas quitté INS...si seulement..."
Malback ferma les yeux. Les litres de sang qu'il avait perdu venait d'achever son état de santé fragile, mis à mal par la malnutrition, les parasites et le froid. Il était mort, et personne le saurait jamais. De toute manière, tout le monde s'en foutait. Il avait quitté INS après tout.
Malback venait de poster l'un de ses tous derniers messages, et il en était pas mal fier. Un petit post d'adieu, bien sympathique, rempli de bon-dieuserie afin que tout le monde se souvienne du joueur sympa et plein d'humour qu'il était. Tout ça pour faire oublier sa corruption, sa cruauté gratuite, son alter ego surdimensionné, et pire que tout, sa désastreuse incapacité à être un animateur correct.
Tout ça l'avait mis de bonne humeur. Il descendit alors de sa chambre luxueuse, pour parcourir les couloirs remplis de toiles de maître, de tapisseries brodées mains au fil d'or, de sculptures antiques et des inévitables vases ming. Arrivé dans le salon principal, il salua les demi-douzaine de prostituées roumaines de luxe qui attendaient lascivement qu'on les contente dans un orgie sans nom.
- "Désolé les filles, mais j'ai pas le temps, faut que j'aille bosser."
Il se dirigea alors vers la cuisine, où l'attendait sa femme. Celle-ci était alors en train de diriger un bataillon des plus célèbres cuisiniers et restaurateurs du monde, afin de préparer le modeste et frugal repas du soir.
- "Bonjour chérie, je vois que tout le monde travaille bien. Ca fait plaisir à voir, tout ce bénévolat."
Sa femme se retourna vers lui, souriante. Malback attendit quelques secondes avant de lui donner la bonne nouvelle.
- "Tu sais, j'ai arrêté INS/MV à l'instant. Tu te souviens, mon jeu de rôle ? Je trouvais que ça me prenait pas mal de temps alors...et puis j'ai des projets pour nous deux, qui n'inclue ni modem, ni ordinateurs."
Il attendit la réaction de joie de sa femme, sous forme d'un baiser langoureux ou peut être encore mieux. Il attendit. Pas mal de temps en fait. Il réalise que sa douce et tendre avait pris alors un air sombre et sortit son portable pour s'isoler dans un coin de la pièce. Apparement un coup de fil urgent, puisqu'elle semblait énervée, et que même les cuisiniers avaient arrêté leurs offices, dévisageant Malback d'un air hautain. Celui-ci n'eut pas le temps de comprendre, alors que d'immenses colosses enfoncèrent la porte de la villa, et vinrent jusqu'à lui et sa femme. Malback fut rapidement entouré par pas moins de dix géants, qui s'immobilisèrent, à l'affut de toute réaction.
- "Hum....tu me déçois beaucoup, fils."
La voix qui venait de parler se rapprocha lentement, accompagnée de bruits de pas qui donnaient un certain ton grave et une atmosphère suffocante à la cérémonie. Un homme de petite taille apparut alors entre deux armoires à glace. Malback lui adresse alors la parole :
- "Bonjour, bonjour, tu voudrais bien m'expliquer ce qu'il se passe là, parcequ..."
La chose qui venait de lui couper la parole était en fait un monstreux coup de poing, distribué par un garde-du-corps ressemblant étrangement à Barry White. Mais lui, n'était apparement pas aveugle. Ce dernier invectiva Malback :
- "Tu ne t'ad'esses pas au Ba'on Vigo comme celà. Mont'e un peu de 'espect."
Le Baron Vigo. Dit le "Grand ponte de la mafia de l'Est", ou "Source des milles richesses", "Boucher de Volgograde", "Pontif divin du luxe absolu", "Equarrisseur des Putes" et détenteurs d'encore pleins de surnoms et appelations encore plus mélioratives, mais vraies. L'homme était celui qui avait permis à Malback de devenir un homme riche et heureux. Il avait même, ironie de l'histoire, était une grande source d'inspiration pour un personnage de son jeu de rôle. Mais maintenant, tout s'enchaînait d'une manière qui échappait à Malback. Vigo prit la parole.
- "Je te faisais pourtant confiance. Je t'ai considéré comme mon fils, et je t'ai donné la main de ma fille. Et toi tu veux tout arrêter ? On ne me quitte pas moi. Allé les gars, mettez le moi dehors."
Les colosses se jetterent sur lui. Coups de poings, coups de genoux, coups de barre à mine. Sa vision se troubla rapidement.
2 Aout 2010. Durrës, Albanie.
Au tout début, Malback avait réellement pensé pouvoir se débrouiller par lui même. Mais vous savez, les plus grands mensonges sont ceux qu'on se fait à soi. Et qu'on croit plus qu'aucune vérité en ce monde. Il se repetait que sa barbe non rasée lui donnait un petit air important, que son corps mis à l'epreuve était une bonne occasion de se tester, que se passer du luxe lui permettrait de vivre plus sainement à présent. Mais ça n'avait évidemment pas duré.
Lorsque il entra dans la ruelle délabrée, les clochards présents se tournèrent vers lui. Ils le suivirent du regard, à l'affût. Conscient de l'attention qu'on lui portait, Malback ne pût qu'adresser des bonjours polis et des salutations faites en opinant du chef. Pas de réponse. Après tout, c'était pour la plupart des mendiants et des sans-abris, alors il en conclut qu'il y avait bien longtemps qu'ils avaient abandonnés les notions de politesse et d'étiquette, pour ne pas perdre de temps afin de s'entraider au maximum dans ce monde hostile et sans pitié. Malheureusement, ce que Malback ne sut pas tout de suite, c'est que seul la moitié de sa pensée était vraie. Il s'empressa de trouver un carton assez grand pour son corps devenu maigre et fluet, marqué par la vérole et endoloris par les gelures. Il ne faisait pas bon d'être sans argent, en plein hiver dans un pays de l'Est. Le carton en main, il entama alors la récupération minutieuse de vieux journaux. Dieu lui accorda alors un moment de bonheur dans la mer de troubles et d'angoisse qu'il traversait. Il trouva un petit coin pas trop humide et s'y installa. Il n'eut pas le temps de voir les sourires des clochards, alors qu'il déposait ses affaires sur le sol et qu'une ombre massive et puante se rapprochait dans son dos.
5 Aout 2010. Prizren, Kosovo.
Malback se reveilla. Il ne se souvenait que d'une chose : sa joie d'avoir trouvé un emplacement correcte dans cette ruelle. Il ne savait pas ce qu'il lui était arrivé, et quel jour on était. Il se leva. L'horrible douleur qui sillonna son corps lui ôta toute ces dernières forces, et son utlime espoir. Il se mit à pleurer.
- "Pourquoi je...comment...qu'est ce que...ne me dites pas que. Oh mon dieu, mon rectum !"
Pour une fois, il avait vite compris quelquechose. La cause de son mal n'était pas dû au fait d'avoir dormi dans une mauvaise position, mais bien une vingtaine de clochard qui s'était activés en lui pendant près de trois jours, faisant atterir son cadavre puant jusqu'ici.
- "Si seulement...si seulement je n'avais pas quitté INS...si seulement..."
Malback ferma les yeux. Les litres de sang qu'il avait perdu venait d'achever son état de santé fragile, mis à mal par la malnutrition, les parasites et le froid. Il était mort, et personne le saurait jamais. De toute manière, tout le monde s'en foutait. Il avait quitté INS après tout.