01-19-2006, 02:04 AM
Il paraît qu'ajouter la voix des sciences sociales au concert des historiens est chose courante, tant les deux traditions de recherche s'imbriquent et se complètent, mais je voudrais ici prendre la liberté de ne pas suivre le courant naturel, et en particulier, de ne pas me satisfaire de citer quelques exemples de rumeurs récentes pour les ajouter à quelque autre tableau de chasse de rumeurs anciennes…
Car il y a en effet un problème à exposer ainsi de telles histoires : d'abord, c'est le meilleur moyen de les disséminer - ce qui, même sous couvert d'activité scientifique, engage la responsabilité de celui qui en commet l'imprudence. Ensuite, à moins d'en entreprendre une étude de type ethnographique, on ne peut guère échapper aux dichotomies vrai / faux, vérifié / non vérifié, intentionnel / non intentionnel… qui, sans être dénuées d'intérêt social ou policier, sont stériles du seul point de vue des sciences sociales.
Non, ces dernières ne peuvent pas - et ne doivent pas - se contenter du seul "fait": «S'il n'y a pas de problème, il n'y a que du néant »*. Elles ont mieux à faire que suivre le quotidien et l'urgence éditoriale. Au lieu donc de jouer au journaliste, au juge ou au Sherlock Holmes de la rumeur, il faut quitter le plan du discours pour aller explorer le métadiscours. C'est-à-dire qu'il est plus fécond de laisser les rumeurs à ceux que la véracité et l'exactitude passionnent pour s'intéresser aux "théories sur la rumeur" qui, prises pour elles-mêmes, demeurent un objet peu exploré.
C’est du moins mon point de vue, et je souhaiterais vivement connaître le votre afin de pouvoir développer plus avant mon éblouissante démonstration.
* L. Febvre, cité par p. Leuilliot, « Lucien Febvre », Encyclopedia Universalis, Paris, Encyclopedia Universalis, 2000.
Car il y a en effet un problème à exposer ainsi de telles histoires : d'abord, c'est le meilleur moyen de les disséminer - ce qui, même sous couvert d'activité scientifique, engage la responsabilité de celui qui en commet l'imprudence. Ensuite, à moins d'en entreprendre une étude de type ethnographique, on ne peut guère échapper aux dichotomies vrai / faux, vérifié / non vérifié, intentionnel / non intentionnel… qui, sans être dénuées d'intérêt social ou policier, sont stériles du seul point de vue des sciences sociales.
Non, ces dernières ne peuvent pas - et ne doivent pas - se contenter du seul "fait": «S'il n'y a pas de problème, il n'y a que du néant »*. Elles ont mieux à faire que suivre le quotidien et l'urgence éditoriale. Au lieu donc de jouer au journaliste, au juge ou au Sherlock Holmes de la rumeur, il faut quitter le plan du discours pour aller explorer le métadiscours. C'est-à-dire qu'il est plus fécond de laisser les rumeurs à ceux que la véracité et l'exactitude passionnent pour s'intéresser aux "théories sur la rumeur" qui, prises pour elles-mêmes, demeurent un objet peu exploré.
C’est du moins mon point de vue, et je souhaiterais vivement connaître le votre afin de pouvoir développer plus avant mon éblouissante démonstration.
* L. Febvre, cité par p. Leuilliot, « Lucien Febvre », Encyclopedia Universalis, Paris, Encyclopedia Universalis, 2000.