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L'administration ne fait pas d'erreur
#3
S'éloigner, s'éloigner de tout, de tout le monde. Respirer un peu d'air que proposaient les abords luxuriants d'Immac-sur-Sable. Il courut à travers champs, comme un enfant qui redécouvre ce que le temps lui a enlevé. Une vie de fou, sans un instant de répit, jamais... Il fallait que cela cesse. Il laissa le zéphyr agiter ses cheveux et effleurer son épiderme. Les herbes hautes de cette vaste prairie lui chatouillaient les jambes. Il se mit à rire, à gorge déployée, comme un fou. Il jeta un regard circulaire sur cet infini de verdure et rien ne vint perturber l'horizon. Rassuré, il s'assit. Il posa à terre son pistolet et la malette. Cette malette au regard agressif, aux contours saillants, à la terne couleur, qui ne le ramenait qu'un peu plus à une réalité de conflits et de frustrations. Il leva les yeux vers le ciel. Une buse, à la fière stature et au vol grâcile, tournoyait dans l'azur matinal. La rosée avait depuis longtemps trempé ses vêtement, mais il n'en avait strictement rien à faire. Rien à foutre même. Il s'allongea progressivement sur son lit de verdure et ferma peu à peu les yeux, les cumulus célestes laissant place aux brûmes de ses pensées.

Il traînait depuis dejà des heures dans le terrain de jeu de Kronos lorsque l'impossible se produisit. Son corps fut brusquement balloté, frappé même. Il ouvrit les yeux. 4 silhouettes menacantes étaient devant lui. Il sentit que son gilet pare-balles avait été entamé. Heureusement, il n'avait rien... Rien, c'est le mot. Rien? Oh non! Il serra sa main gauche mais aucune poignée de malette ne le retint.
Son esprit ne fit qu'un tour : tout ça pour rien. Non, jamais! Il voulut se précipiter comme un forcené sur ses assaillants, mais un flash le retint. Une seconde qui lui parut une éternité et qui lui sauva la mise : il se rappella les cours de Kronos, qu'il avait suivi assidûment étant jeune. "On a toujours le temps lorque l'on a la volonté" lui avait dit le mystérieux Prince-Démon à l'intercours. Cette phrase résonna dans son esprit, vidé instantanément de tout blocage substantiel.
Il rassembla en un quart de seconde ses pulsions psychiques et il lanca son pouvoir de prédilection : le déplacement temporel. Il se sentit glisser dans les fibres temporelles de cet univers qui, pendant un instant, n'était plus le sien. Il fouilla avidement les poches de son premier adversaire : il n'aurait eu le temps de les tuer tous les 4, sans compter que leurs renforts ne devraient pas tarder... Il ne réussit à saisir que du matériel de pacotille. Ce sera toujours ça qu'ils n'auront pas. La répétition engendrerait-elle pour une fois la réussite assurée? Il s'enquit de la réponse en les fouillant un à un. Mais ses forces s'épuisaient dans ces sauts temporels qui ne faisaient que l'avancer vers sa perte. Fallait-il abandonner? Quelles en seraient les conséquences? Non. Jamais... Il jeta ses dernières forces sur le dernier suspect. Miracle! Il agrippa fermement ses doigts sur la poignée salvatrice et une seule pensée lui vint alors à l'esprit : courir, comme toujours. Il se trouvait dans les champs au Sud de l'Eglise qui apparaissait comme son seul salut. Le salut de son âme dans une Eglise? L'idée le fit sourire intérieurement alors qu'il avalait les mètres, distancant irrémédiablement ses poursuivants.

Les herbes s'écartaient violemment sous ses pas comme les eaux obéirent à Moïse. La silhouette massive de l'édifice clérical se faisait de plus en plus nette. Il y était. Enfin... Il quitta sans remords son Eden verdoyant qui ne lui était plus profitable pour les graviers du parvis de sa destination. "Destination finale"? Ce n'était pas le titre d'un navet "cinématographique" qui avait occupé un de ses soirs de débauche?
Il sourit et s'appuya sur les murs froids de l'immense refuge de pierre pour reprendre son souffle. Sauvé. Andromalius allait payer de n'avoir su surveiller toutes ses brebis. Le loup n'était point bon berger...
Plongé dans ses pensées, il n'aperçut pas l'esquisse d'une épée gigantesque d'1m80 se dessiner derrière son dos. Même les cris des passants apeurés ne le dérangèrent point de sa méditation. Il gravit sans broncher les marches du perron et passa l'arche tant attendue. Le spectre létal d'une mort aussi certaine que métallique qui fondait sur lui fut, elle, obligée de s'y arrêter. C'était fini. Il s'était ouvert les portes de la rédemption aussi facilement que celles d'une église. Et ils allaient tous payer...

[Image: Fuite.jpg]

Illustration : Kevlar
Intro : Sachiel
Milieu : Cadrach
Conclu : Kiouioui
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L'administration ne fait pas d'erreur - by Evènement - 10-05-2004, 10:07 AM

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