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La ou tout commence ...
#5
La nouvelle lui arriva au château sous la forme d’un pigeon voyageur sans tête. Celui ci se posa sur le rebord de sa fenêtre avant de tomber raide mort. Sans s’attarder sur le sort de l’animal, Danator détacha le message de la patte du pigeon pour le lire. Il le savait d’instinct, ou plutôt par les talents des serviteurs de Baalbérith, ceci était un message officiel.

Danator lu le message assis dans luxueux fauteuil bien confortable. En ce triste début de l’année 1917, il avait ordre de protéger un soldat allemand, un gamin d’à peine 19 ans, le temps que les services de Beleth prennent le temps de vérifier sa mémoire. Le démon soupira. Depuis 80 ans qu’il occupait ce château, on ne lui confiait que des missions sans réels enjeux. Il devait réunir une équipe de démon capable de s’acquitter de cette tâche et les faire ramener en parfait état le pauvre bougre. Il sélectionna dans sa liste deux démons de Baal particulièrement efficace et un démon de Caym pour percer la ligne des tranchées, et un démon d’Asmodée pour les superviser. L’esprit tactique du démon du jeu permettrait peut être de coordonner suffisamment les brutes pour ramener l’humain vivant même si Danator haïssait profondément les représentants du prince du jeu. Le reste de l’unité n’avait pas d’importance à ses yeux et il avait permis aux guerriers de disposer à leur manière des éventuels gêneurs.

Trois jours après, les deux démons survivants déposaient le corps abîmé aux pieds de leur supérieur.


- Il me semblait avoir demander à l’avoir en parfait état …

- Sauf vot’ respect, pénétrer les lignes ennemies sous les éclats d’obus et le gaz moutarde, c’est pas vraiment de la tarte. C’est d’jà pas mal joué de pas l’avoir perdu entre temps.

- Et vos camarades ?

- L’Caym à r’çut un obus directement sur la tronche. Quand a mon pote de chez Baal, il a été trop taquiné l’camp d’en face. Mais v’la vot’ homme en état d’marche. C’est d’jà ça non ?

Danator congédia les deux démons et fit emmener l’humain inconscient dans une chambre à part par son familier majordome. La pièce était bien pourvue et fort luxueuse, mais située au quatrième étage, elle ne possédait qu’une solide porte pour sortie. Danator attendit dans la chambre que l’homme se réveille. Quand celui ci se mit à bouger enfin, il diminua la volonté de celui ci afin qu’il n’ait pas l ‘idée de se rebeller. Danator s’exprima dans un allemand impeccable

- Bonjour, Herr Mauer !! Bienvenue dans mon antre.

Le jeune allemand fit un bond surpris, mais son manque de force mentale le força à rester assis sur le lit.

- Ne tentez pas de vous enfuir, même si vous arriviez à m’échapper directement, vous seriez surpris de ce qui se cache en ce château. De plus, mon majordome est particulièrement doué pour assurer mon intégrité physique.

- Que .. ? Que fais je ici ?

- Vous êtes ici pour être interrogé, Herr Mauer. Vous semblez avoir été témoin d’évènements intéressants mes supérieurs au plus haut point.

Le jeune allemand fut soudain pris de panique et commença à chercher dans ses poches. Il trouva visiblement des doigts ce qu’il cherchait et se calme aussitôt en soupirant de soulagement.

- Me feriez vous des cachotteries ? Que cachez vous dans votre poche ?

- Moi ? Mais rien … Qu’est il arrivé à mes camarades ? Nous étions attaqués par deux immenses hommes avec des baïonnettes et par un chien monstrueux qui égorgeait les miens…

- Ne vous formalisez plus pour eux. Il est fort probable que vous les rejoigniez plus ou moins rapidement et plus ou moins douloureusement. Tout dépend de vous maintenant.

- Ils … Ils sont morts ?

Les yeux du gamin s’écarquillèrent et des larmes coulèrent sur sa joue.

- Je ne suis pas vraiment un être patient, Herr Mauer. Il vous serait moins pénible de cesser vos mascarades et de m’écouter attentivement. Les miens et moi cherchons un homme qui ne s’oublie pas vraiment. Malheureusement, il nous cache merveilleusement bien son identité et nous avons de fortes raisons de penser que vous avez été le dernier à le voir.

- un homme ?

- Plus ou moins, en fait. Un guerrier hors pair. Celui ci aurait été le deuxième survivant de votre première escouade. Un véritable « miracle » que d’être sorti intact de cette embuscade, non ? C’est du moins ce que vous avez déclaré à votre état major avant d’être réaffecté. Mais, nous avons de fortes chances de penser que Dieu n’était pas vraiment responsable de tout ça. L’homme qui vous a aidé fut anciennement des nôtres et mes supérieurs prennent très mal la désertion. Le sentimentalisme n’est pas bien vu chez nous.

Le jeune garçon baissa la tête dans dire un mot

- A quoi servirait de le protéger ? Seule votre vie est en jeu. Cela est dans votre intérêt, je vous le répète. Et comme je n’aime pas que menacer …

Danator se concentra et le gamin se mit à pousser un cri … En quelques secondes il venait de prendre 5 ans.

- Nous pouvons aller très loin comme ça, Herr Mauer.

Le jeune allemand était terrifié. Il attrapa dans sa poche une photo qu’il serra contre lui et se mit à prier . Danator soupira et fit un signe a son majordome. Celui ci attrapa le jeune homme et lui confisqua sa photo avec facilité. Le garçon n’eut même pas la force de résister face à ce colosse visiblement bien plus fort que lui. Danator récupéra la photo. Elle représentait le soldat en costume militaire posant au garde à vous

- C’est accorder beaucoup d’importance à la violence que de s’adonner à ce genre d’auto suffisance, Herr Mauer … Etre crédule au point de se soutenir avec une propre photo de soi … C’est pathétique

- Rendez la moi !! Ce n’est pas moi … C’est mon frère …

Danator perdit d’un coup son air sarcastique. Ce n’était pas tant le mot en lui-même qui le choquait, mais la façon dont la phrase avait été prononcée. Ce n’était pas un ordre mais une supplique désespérée. Et le mot frère … Il ressentait de la souffrance par derrière …

- Votre frère ? Un jumeau alors ? Peut être pourrez vous espérer le revoir si vous vous montrez coopératif.

Le jeune homme baissa la tête et Danator ressenti soudainement toute la détresse du soldat. Pendant une seconde, il eut pitié.

- Je crois que nous remettrons cette discussion à demain. Il est tard et j’ai à faire. Mon majordome vous apportera à manger d’ici une petite heure. Je vous conseille de vous reposer, nous reprendrons cette conversation dès le lever du soleil.

Danator posa la photo sur le lit et sortit de la salle sans dire un mot. Le majordome le suivit et ferma la lourde porte avec trois énormes cadenas. Danator alla s’enfermer seul dans sa bibliothèque ou il passa la nuit a la recherche d’une explication à son soudain excès de pitié.

Quand le soleil se leva le lendemain, Danator était toujours dans sa bibliothèque. Sa curiosité insatiable l’avait empêché de dormir et son esprit avait passé la nuit à chercher ce qui avait cloché la veille. S’apercevant que la matinée avançait à grand pas, il se dirigea vers la chambre du soldat, non sans avoir convoqué à ses cotés son majordome.

La chambre ou était le soldat n’avais pas bougé depuis la veille. Le repas maintenant froid était posé sur le sol et visiblement, il n’avait attiré l’attention que de quelques souris dans la nuit. Le jeune homme était prostré dans la même position que la veille et serrait toujours la photo contre lui.


- Avez vous pris une décision, Herr Mauer ?

- Ja … Je vous dirais tout sur cet homme…

Le jeune homme raconta alors tout à Danator. Comment le renégat avait rejoint la section en tant qu’engagé volontaire. Comment il les impressionnait tous, tant par son imposante force physique que par son sens tactique. Comment ils étaient tombés dans une embuscade ou presque tous ses camarades sont tombés en quelques secondes. Comment l’homme l’avait protégé en s’interposant entre les balles et lui, recouvert d’une sorte de pellicule sombre. Comment il avait tué à lui seul l’escouade qui les avait pris au piège avec une rapidité fulgurante et se riant de ses blessures pourtant mortelles. Comment il avait achevé l’un d’eux en le noyant sous des flammes venues de sa bouche et le bruit affreux que fit le corps en se volatilisant comme par magie. Et enfin, comment il lui fit promettre de ne jamais rien révéler avant de disparaître de nouveau dans la nature.

Danator écoutait attentivement les paroles du soldat, notant tous les détails, mais son regard n’arrêtait pas de se poser sur la photo dans les mains du jeune homme. Sa curiosité le titillait et une fois assuré que le garçon avait bien vu son renégat, il lui posa alors la question qui lui brûlait les lèvres .


- J’ai vu à votre réaction hier que le sujet de votre frère vous peinait… Que lui est il arrivé ?

Le soldat sembla surpris de la question qui venait à la suite des autres sans logique apparente.

- Mais… ? Mais… ? Pourquoi cette question ?

- C’est moi ici qui pose les questions. Que lui est il arrivé ?

Le soldat baissa la tête une fois de plus.

- Il … il est mort …

- La guerre ?

- Indirectement oui …

Danator hésita à pousser plus loin sa curiosité. Il avait envie de demander comment mais sans réellement comprendre pourquoi, il lui demanda autre chose

- Parlez moi de lui …

Le jeune homme le regarda de plus en plus interloqué. La question du démon n’avait pas de logique. Il bégaya.

- Hein ? Mais je … je … je ne peux pas …

- L’aimiez vous ?

Le ton du jeune homme se fit presque colérique

- Bien sur que je l’aimais !! Je n’avais que lui au monde !! Nos parents sont morts alors que nous n’avions que six ans.

- je vous prierais de ne pas hausser le ton avec moi si vous ne voulez pas prendre des années supplémentaires … Ne cherchez pas a comprendre .. Mais j’ai besoin de savoir … Quelles attaches pouvaient bien vous lier à cet être.

- …

- Qu’est ce qui vous unissait plus à lui qu’a un autre ?

- …

- D’ou vient ce stupide comportement qui consiste à se rapprocher de personne sans que la reproduction ou le respect du à l’expérience ne soit en cause ?
- … S’il vous plait …

- Pourquoi garder sa photo si son enveloppe physique est maintenant décomposée ?

- TAISEZ VOUS !!!

Le jeune homme lança la photo et se mit en boule au fond de son lit. Danator, d’abord surpris de cette réaction, résista à l’envie de projeter le morveux , mais quelque chose le tenaillait dans la poitrine. Il n’avait pas les infos qu’il voulait et cela l’énervait au plus haut point, mais il ne pouvait se résoudre à continuer plus avant l’interrogatoire du soldat .

- La colère est mauvaise conseillère quand on est dans votre situation. Je vais donc être clément et vous laissez vous calmer petit à petit. Quand vous serez disposé à parler, je reviendrais.

Danator sorti de la salle une nouvelle fois frustré par ses propres réactions et par l’incompréhension de celles ci. Il alla une nouvelle fois s’installer dans sa bibliothèque et n’en sortit pas pendant deux jours …

Quand Danator revient dans la chambre, le jeune homme avait recommencé à se nourrir. Il eut un frisson quand le Capitane entra, et eut le réflexe de se remettre sur le lit en boule. Des livres traînaient sur le sol. Visiblement, le majordome avait ramené de la lecture au jeune garçon.


- Tiens ? Vous lisez le Français ?

- Je .. J’ai appris le français très jeune.

- Parents ouverts ?

- Non .. Apres la mort de nos parents, nous avons vécu chez de la famille de ma mère Dans les Vosges. Une tante qui ne nous remarquait même pas …

- Vous avez donc vécu en France ? Toujours avec votre frère ?

- Oui … pendant huit autres années. Puis nous sommes revenus en Allemagne … Il n’y tenait pas beaucoup, mais il m’a suivi quand même.

Le jeune homme se tut comme pour oublier la suite . Mais dans la tête de Danator, une seule question lui occupait l’esprit.

- Et ? Ne vous arrêtez pas la … Qu’est devenu votre frère ?

- Quand la guerre fut sur le point de se faire … Mon frère me dit qu’il ne voulait pas se battre pour notre pays … Il avait vécu en France, et même s’il n’y avait pas été très heureux, il avait rencontré la bas des gens qui l’avait touché.

Danator semblait soudainement intéressé

- Continuez …
- Mais nos parents était allemands … Nous étions allemands … Je lui ai dit que je voulais combattre pour l’Allemagne. Nous nous sommes fâchés …

Danator resta comme secoué. Le visage qu’il avait toujours vu s’imposait de nouveau dans sa tête. Il était toujours aussi clair . Il en voyait les moindres détails … Les moindres rides dues ont son sourire … Il se leva et se rapprocha de la fenêtre. Son visage était pâle .

- Il est parti en colère de la maison. J’étais effrayé, car il m’avait dit qu’il préférait combattre pour la France que pour l’Allemagne dans ces conditions … Je savais qu’il voulait me faire de la peine.. Je ne l’ai pas retenu …

Un Flash .. Une chambre blanche et pure. L’homme est devant lui, il joue de la harpe. Ses lèvres bougent mais Danator n’entend pas ses paroles. Il y a juste des bruits de guerre. Des épées qui s’entrechoquent. Des cris de terreur et d’autre de joie. Mais Danator ne voit que l’homme qui le regarde avec tendresse .. puis tristesse …

- Mon voisin est venu me voir juste après. Il nous avait entendu et il avait compris que je n’allais pas bien. Je lui ai dit que mon frère voulait combattre pour la France et que je ne le comprenais pas … J’ai fait la une terrible erreur …

Une douleur sourde … Les paroles deviennent de plus en plus claires … Danator posa sa main sur sa tempe. Il sentait son pouls s’affoler. La sueur commençait à apparaître sur son front …

- Quand mon frère est rentré … mon voisin l’attendait … Il l’a poignardé au moment ou je venais lui ouvrir la porte … Au nom de cette patrie pour laquelle je voulais combattre.

La douleur s’amplifie. Danator pose la main sur son torse. Du sang en coule et une lame en dépasse de plusieurs centimètres. Une voix venant de derrière s’adresse à lui mais il ne l’écoute pas.


….. L’homme devant lui se met soudain à sourire

Et soudain la rage … Danator s’arrache de la lame plantée en lui et fonce sur cet inconnu. Attrapant la harpe, il en assène un grand coup sur le visage de l’inconnu qui tombe à terre en continuant à sourire. Danator lève la harpe et l’abat sur le visage une fois … Deux fois … Trois fois, en hurlant sa colère et sa haine. Le sourire diminue à chaque coup alors Danator continue à frapper de toutes ses forces. Il ne sent même plus la blessure sur son torse. Il n’est que rage et haine et il écrase ce sourire avec les yeux d’un fou. La harpe se brise et il continue alors avec les poings. Des petits morceaux d’os se plantent dans ses doigts mais il oublie la douleur et frappe ... encore et encore … Soudain la douleur au torse se fait plus forte et Danator se sent tomber …

C’est à ce moment la que Danator reprit connaissance. De la tête du jeune homme, ne restait qu’une sorte de bouillie infâme, bouillie qui se retrouvait sur ses mains, sur son veston, .. Jusque sur son visage. Le majordome se tenait debout devant la porte, complètement décontenancé. Danator regarda ses mains ou son sang se mêlait à celui du jeune homme par toutes les plaies causées par la mise à mort. Il avait l'information qu'on lui demandait, il expliquerait donc aux serviteurs de Beleth que celui ci s'était suicidé.

Un nom s’imposait à son esprit …






… Gayde
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La ou tout commence ... - by Danator - 06-06-2006, 04:21 PM
La ou tout commence ... - by Danator - 06-08-2006, 06:01 PM
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