06-28-2004, 01:05 PM
Dring drriinnnnnngggg ! ! !
Décidement, il était vraiment pénible ce truc. Cette sonnerie stridente lui rappelait le cor de ce grand corniaud de Roland qui ne pouvait pas s'empêcher de brâmer comme un âne en rut lorsqu'il avait des problèmes... Décidément, tout se perdait et les jeunes d'aujourd'hui c'était vraiment plus les mêmes qu'avant, les hommes, les vrais, les couillus qu'avaient pas peur de casser du démon et du païen pour faire triompher la cause du Bien avec un grand « B ». Maitenant ça cause politique, ça discute, ça pinaille et avec tout ça, le boulot est mal fait. Triste époque moi j'vous'l'dit et d'ailleurs si on m'écoutait je...
DDRRRIINNNGGGGGG ! ! ! ! !
- OUAIS, QUOI ? ! ? QU'EST-CE QU'IL Y A ? ! ?
- Salut Georges, c'est moi.
L'interpelé se calma tout de suite et un sourire nostalgique. Regardant autour de lui, il vérifia que personne ne pouvait l'entendre. Juste après il hausse les épaules. Personne ne passait jamais par ici, qui pourrait bien l'entendre ? Coinçant le combiné du téléphone sous son menton, Georges regarda le numéro matricule écrit sur le tiroir juste en dessous du voyant clignotant qui venait de s'allumer.
- Salut vieux crouton, comment ça va ?
Georges entendit un rire rauque de l'autre côté du fil, suivi d'un toussotement signifiant que l'allusion au grand âge de son interlocuteur n'était pas une parole ne l'air. Il sourit encore, puis grimaça. Ses rhumatismes le faisaient vraiment souffrir ces temps-ci. Il lui fallait vraiment de l'exercice. En attendant la réponse, Georges s'était lentement dirigé vers les casiers métalliques situés au fond de son bureau de son bureau et cherchait celui qui correspondait au numéro d'appel.
- Pas trop mal, vieux débris, pas trop mal. Toujours concierge ?
Georges grommela une vague réponse tout en retirant un pistolet automatique argenté de gros calibre du casier. On trouvait vraiment n'importe quoi comme armes bénites de nos jours. Ah c'était bien fini le temps de la grande épée à double tranchant dont la lame étincelante émplissait de terreur les démons ignobles qui avaient osé croire qu'ils pouvaient vaincre un véritable serviteur de Dieu. Maintenant, c'était boum-boum pan-pan et ces p'tits machins avaient même pas besoin d'être rechargés puisqu'ils étaient bénis. Vraiment, quel manque de fair-play... Continuant à maugréer sur la décadence des temps modernes par rapport aux temps des vrais combats du Bien contre le Mal et tenant toujours le combiné contre son menton, il retourna jusqu'au voyant en trainant ses savattes sur le sol de lino bleu clair et ouvrit le tiroir en grand.
- Au moins, moi je suis pas obligé de passer l'éternité à classer de la paperasse pour le compte d'un p'tit con d'à peine vingt siècles !
- Urkh, urkh, urkh ! ! !
Tandis que son interlocuteur s'étouffait à moitié à force de rire, Georges enfourna l'arme bénite dans le tiroir et repoussa ce cernier à fond, dans un grand claquement métallique.
-Urkh... Je vois que tu continues à bosser...
Quelque part sur Terre, l'arme apparaissait entre les mains de l'ange l'ayant invoqué et un « combat » commençait. Enfin, un combat... Vite dit. Enfin bref. Jamais un remerciement en tous cas, jamais un p'tit mot gentil pour celui qui s'échinait depuis des siècles à ranger et expédier le matériel de travail des bons p'tits ouvriers angéliques. Mais s'il se mettait en grève hein ? Comme ces salauds de communistes ? Ah ça rirait moins en bas...
- Bon qu'est-ce que tu veux, crevure de cornu ? Parce que t'es bon pour critiquer mais j'suis sûr que la poussière s'accumule entre tes griffes, hein mon grand. Et ça doit faire bien longtemps que t'as pas été massacrer une vierge ou violer un quelconque chevalier qui s'y croit trop...
- Tu deviens sénile, Georges, tu confonds tout. C'était pour violer les vierges et massacrer les chevaliers vertueux.
Georges entendit distinctement le soupir nostalgique de son vieil ennemi mais il n'aimait pas être repris. Comme tous les vieux, il aimait avoir raison. Même quand il avait tort. Le problème c'est qu'avec Mephistophélès, il ne pouvait pas lui asséner l'argument massue du type « tais-toi t'y connais rien, t'es trop jeune » vu que ce vieux briscard avait le même âge que lui et qu'ils s'étaient foutus sur la gueule pendant presque trois millénaires. Avec ce brin de malice que tous les vieux cons possèdent, Georges résolut de tourmenter un peu son adversaire de toujours et de retourner le couteau dans la plaie.
-Ouais ben t'as pas du en voir beaucoup des vierges ces temps-ci. Parce que en enfer, c'est pas courant, les vierges. Enfin bref, qu'est-ce que tu voulais ?
Mais bordel de Lui, c'était pas possible, le casier clignotait de nouveau. Ce p'tit con avait déjà fini sa baston et il renvoyait l'arme dans les vestiaires. Geroges pesta derechef. De son temps, on était fier de porter une arme bénite, un cadeau de Dieu en personne ! Il n'était pas question de la renvoyer si vite, sans parader un minimum deavnt les copains mais maintenant avec tous ces principes de discrétion, d'efficacité optimale des lignes de front et tout ça, ben la guerre ça devenait compliqué. Il avait bien essayé de rester au courant mais ces p'tits jeunes bougeaient trop vite et ils étaient jamais d'accord sur les stratégies à adopter. Parfois, Georges se demandait en riant si son successeur, ce brave petit couillon de Michel, n'avait pas hérité de la plus mauvaise part du marché après son licenciement. Les paroles du vieux démon poussiéreux qu'il avait au bout du fil le ramenèrent à la réalité.
- Quoi ? Répète ?
- Je te dis que j'ai trouvé des laissez-passer inutilisés dans les archives. Et je me demandais si ça te dirait pas de venir faire un p'tit tour sur Terre pour qu'on se mette sur la gueule encore une fois avant d'être définitivement bons pour la casse. Sauf bien sûr si t'as peur de te faire taper sur les doigts, pétochard d'emplumé...
Georges sentit la moutarde lui monter au nez. Même s'ils se connaissaient depuis la Création, ça ne permettait pas à ce vieux poivrot bigleux de remettre en question le courage de celui qui avait mené les armées angéliques à travers les marches intermédiaires à l'assaut des pays féériques, exterminant toutes ces créatures païennes jusqu'au dernier dragon, jusqu'au dernier lutin !
- Je vois pas trop ce qu'ils pourraient me faire de pire ! Et puisque tu tiens absolument à te rendre ridicule, je m'en vais te pourfendre du chef au bas-ventre, mécréant !
- Je vais te mettre ta race bien profond, gros naze ! On se retrouve en centre-ville et je te nique ta face dans les grandes largeurs !
Songeant que son vieil adversaire semblait avoir réussi à comrpendre le « parlé jeune », Georges salua l'exploit en silence et raccrocha. Il se pencha alors et sortit de dessous son bureau un gros carton recouvert de papiert craft sur lequel il souffla pour enlever la poussière. Arrachant le papier et coupant à le hâte les cordons ceignant le carton, il sortit au grand air une redoutable épée à deux mains et la regarda en souriant.
-Nous partons pour une dernière quête, ma vieille amie...
Merci à Sachiel pour ce texte magnifique
Décidement, il était vraiment pénible ce truc. Cette sonnerie stridente lui rappelait le cor de ce grand corniaud de Roland qui ne pouvait pas s'empêcher de brâmer comme un âne en rut lorsqu'il avait des problèmes... Décidément, tout se perdait et les jeunes d'aujourd'hui c'était vraiment plus les mêmes qu'avant, les hommes, les vrais, les couillus qu'avaient pas peur de casser du démon et du païen pour faire triompher la cause du Bien avec un grand « B ». Maitenant ça cause politique, ça discute, ça pinaille et avec tout ça, le boulot est mal fait. Triste époque moi j'vous'l'dit et d'ailleurs si on m'écoutait je...
DDRRRIINNNGGGGGG ! ! ! ! !
- OUAIS, QUOI ? ! ? QU'EST-CE QU'IL Y A ? ! ?
- Salut Georges, c'est moi.
L'interpelé se calma tout de suite et un sourire nostalgique. Regardant autour de lui, il vérifia que personne ne pouvait l'entendre. Juste après il hausse les épaules. Personne ne passait jamais par ici, qui pourrait bien l'entendre ? Coinçant le combiné du téléphone sous son menton, Georges regarda le numéro matricule écrit sur le tiroir juste en dessous du voyant clignotant qui venait de s'allumer.
- Salut vieux crouton, comment ça va ?
Georges entendit un rire rauque de l'autre côté du fil, suivi d'un toussotement signifiant que l'allusion au grand âge de son interlocuteur n'était pas une parole ne l'air. Il sourit encore, puis grimaça. Ses rhumatismes le faisaient vraiment souffrir ces temps-ci. Il lui fallait vraiment de l'exercice. En attendant la réponse, Georges s'était lentement dirigé vers les casiers métalliques situés au fond de son bureau de son bureau et cherchait celui qui correspondait au numéro d'appel.
- Pas trop mal, vieux débris, pas trop mal. Toujours concierge ?
Georges grommela une vague réponse tout en retirant un pistolet automatique argenté de gros calibre du casier. On trouvait vraiment n'importe quoi comme armes bénites de nos jours. Ah c'était bien fini le temps de la grande épée à double tranchant dont la lame étincelante émplissait de terreur les démons ignobles qui avaient osé croire qu'ils pouvaient vaincre un véritable serviteur de Dieu. Maintenant, c'était boum-boum pan-pan et ces p'tits machins avaient même pas besoin d'être rechargés puisqu'ils étaient bénis. Vraiment, quel manque de fair-play... Continuant à maugréer sur la décadence des temps modernes par rapport aux temps des vrais combats du Bien contre le Mal et tenant toujours le combiné contre son menton, il retourna jusqu'au voyant en trainant ses savattes sur le sol de lino bleu clair et ouvrit le tiroir en grand.
- Au moins, moi je suis pas obligé de passer l'éternité à classer de la paperasse pour le compte d'un p'tit con d'à peine vingt siècles !
- Urkh, urkh, urkh ! ! !
Tandis que son interlocuteur s'étouffait à moitié à force de rire, Georges enfourna l'arme bénite dans le tiroir et repoussa ce cernier à fond, dans un grand claquement métallique.
-Urkh... Je vois que tu continues à bosser...
Quelque part sur Terre, l'arme apparaissait entre les mains de l'ange l'ayant invoqué et un « combat » commençait. Enfin, un combat... Vite dit. Enfin bref. Jamais un remerciement en tous cas, jamais un p'tit mot gentil pour celui qui s'échinait depuis des siècles à ranger et expédier le matériel de travail des bons p'tits ouvriers angéliques. Mais s'il se mettait en grève hein ? Comme ces salauds de communistes ? Ah ça rirait moins en bas...
- Bon qu'est-ce que tu veux, crevure de cornu ? Parce que t'es bon pour critiquer mais j'suis sûr que la poussière s'accumule entre tes griffes, hein mon grand. Et ça doit faire bien longtemps que t'as pas été massacrer une vierge ou violer un quelconque chevalier qui s'y croit trop...
- Tu deviens sénile, Georges, tu confonds tout. C'était pour violer les vierges et massacrer les chevaliers vertueux.
Georges entendit distinctement le soupir nostalgique de son vieil ennemi mais il n'aimait pas être repris. Comme tous les vieux, il aimait avoir raison. Même quand il avait tort. Le problème c'est qu'avec Mephistophélès, il ne pouvait pas lui asséner l'argument massue du type « tais-toi t'y connais rien, t'es trop jeune » vu que ce vieux briscard avait le même âge que lui et qu'ils s'étaient foutus sur la gueule pendant presque trois millénaires. Avec ce brin de malice que tous les vieux cons possèdent, Georges résolut de tourmenter un peu son adversaire de toujours et de retourner le couteau dans la plaie.
-Ouais ben t'as pas du en voir beaucoup des vierges ces temps-ci. Parce que en enfer, c'est pas courant, les vierges. Enfin bref, qu'est-ce que tu voulais ?
Mais bordel de Lui, c'était pas possible, le casier clignotait de nouveau. Ce p'tit con avait déjà fini sa baston et il renvoyait l'arme dans les vestiaires. Geroges pesta derechef. De son temps, on était fier de porter une arme bénite, un cadeau de Dieu en personne ! Il n'était pas question de la renvoyer si vite, sans parader un minimum deavnt les copains mais maintenant avec tous ces principes de discrétion, d'efficacité optimale des lignes de front et tout ça, ben la guerre ça devenait compliqué. Il avait bien essayé de rester au courant mais ces p'tits jeunes bougeaient trop vite et ils étaient jamais d'accord sur les stratégies à adopter. Parfois, Georges se demandait en riant si son successeur, ce brave petit couillon de Michel, n'avait pas hérité de la plus mauvaise part du marché après son licenciement. Les paroles du vieux démon poussiéreux qu'il avait au bout du fil le ramenèrent à la réalité.
- Quoi ? Répète ?
- Je te dis que j'ai trouvé des laissez-passer inutilisés dans les archives. Et je me demandais si ça te dirait pas de venir faire un p'tit tour sur Terre pour qu'on se mette sur la gueule encore une fois avant d'être définitivement bons pour la casse. Sauf bien sûr si t'as peur de te faire taper sur les doigts, pétochard d'emplumé...
Georges sentit la moutarde lui monter au nez. Même s'ils se connaissaient depuis la Création, ça ne permettait pas à ce vieux poivrot bigleux de remettre en question le courage de celui qui avait mené les armées angéliques à travers les marches intermédiaires à l'assaut des pays féériques, exterminant toutes ces créatures païennes jusqu'au dernier dragon, jusqu'au dernier lutin !
- Je vois pas trop ce qu'ils pourraient me faire de pire ! Et puisque tu tiens absolument à te rendre ridicule, je m'en vais te pourfendre du chef au bas-ventre, mécréant !
- Je vais te mettre ta race bien profond, gros naze ! On se retrouve en centre-ville et je te nique ta face dans les grandes largeurs !
Songeant que son vieil adversaire semblait avoir réussi à comrpendre le « parlé jeune », Georges salua l'exploit en silence et raccrocha. Il se pencha alors et sortit de dessous son bureau un gros carton recouvert de papiert craft sur lequel il souffla pour enlever la poussière. Arrachant le papier et coupant à le hâte les cordons ceignant le carton, il sortit au grand air une redoutable épée à deux mains et la regarda en souriant.
-Nous partons pour une dernière quête, ma vieille amie...
Merci à Sachiel pour ce texte magnifique