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Conférence de presse : l'attaché à la culture
#1
Après sa nomination, Philippe avait mis le paquet pour que sa conférence de presse soit rapidement sur pied. Et puis pas n'importe quoi non plus : estrade, pupitre, projos, bouquets de fleur, il ne manque en fait que les deux mariés.
Tout le monde a trouvé un siège, il y a là un assez grand nombre de journalistes. Ça feuillette des calepins, ça taille des crayons, ça suce des bics.

Il a fait patienter son auditoire cinq petites minutes de plus pour se faire désirer, et le voici qui monte deux marches pour rejoindre son pupitre. Il a quelques feuilles en main, trame de discours, documents officiels .... ce sont des imprimés, de toute manière. Le micro couine un peu, il le règle, jetant un oeil à tous les hauts parleurs de la salle.

On a à peine eu le temps de contempler son complet Armani noir, mais on peut toujours admirer ses belles lunettes de soleil et son chapeau de feutre. Classe et distingué jusque dans le vissage du pied du micro, il fait ici la démonstration d'une attitude détendue, volontaire et motivée.

Ce détail technique réglé, il baisse un regard vers ses notes et se met en position de faire son discours : les mains déposées sur les rebords du pupitre, le visage fièrement redressé, le sourire coquin, le torse soigneusement bombé pour tendre le col.


"Mesdemoiselles, mesdames, messieurs, bonjour !

Je remercie chacun d'entre vous pour s'être déplacé aussi vite."


Une main délicatement orientée vers la poche de sa veste.

"Je suis touché, sincèrement"

Ceci fait, il reprend.

"Voilà ... monsieur le Maire, ici présent, ainsi que le conseil municipal, ici représenté, ont rendu leur verdict. Me voici donc officiellement nommé au poste d'Attaché à la culture et à la jeunesse de la ville d'Immac-sur-Sable, et en cela je les remercie, encore une fois, pour leur discernement et la confiance qu'ils m'accordent. Nous pouvons tous applaudir leur choix, je pense."

Il lance un court applaudissement avec un sourire, saluant à nouveau de la tête monsieur le Maire, assis en marge du reste, au premier rang.

"Que signife donc pour moi, pour la ville et donc pour vous, citoyens, cette nomination ? Eh bien, c'est synonyme ... de changement !"

Il a pointé ses index vers le bas, devant lui, appuyant fermement sur ce dernier mot : "changement".

"Prenons l'actualité, et les gros titres, si mon auditoire me permet, l'espace d'un instant, de le plagier un peu."

Il sourit sur cette petite ironie, rien de bien méchant : demander à la presse si l'on peut la citer à elle-même ...

"Meurtre à Immac-sur-Sable ! Troisième viol pour le dangereux récidiviste ! Bagarre massive aux portes des docks ! Fusillade sur le pont : un mort, cinq blessés graves ! C'est ce qui est écrit, c'est ce que VOUS avez écrit, et c'est bien malheureusement la triste réalité.
Depuis plus de deux ans, la ville d'Immac-sur-Sable voit sa criminalité bousculer les statistiques nationales. Il a fallu judicieusement, monsieur le Maire, faire appel aux services de la Gendarmerie nationale, donc de l'armée, pour être en mesure de combattre au nom de la justice et de la paix, et en cela, vous méritez tous les honneurs."


Avec quelques claquements de paume, il relance un petit applaudissement, pour la forme.

"Mais la bataille n'est pas terminée. Maintenant que notre cher Capitaine Roumert est sur les lieux et que ses hommes mènent leur vaillante tâche contre l'injustice, il faut suivre cette dynamique et prendre les devants de la reconstruction, de la réhabilitation.
Le crime est partout, mais plus particulièrement, il est là où nos jeunes, nos enfants, vont. Il est maintenant de notoriété publique que la boite de nuit d'Immac-sur-Sable reste un lieu peu fréquentable. Mais encore, les docks, la banlieue résidentielle sud-ouest. Si les rues sont maintenant sûres, le crime, lui, est toujours présent.
Il est enracinné dans la ville, il obsède nos jeunes qui peuvent y voir une manière d'exprimer leur souffrance. Rappelons-nous encore que l'adolescence est une période cruciale de la vie, mais difficile à traverser. Les jeunes sont sont faibles, ils sont fragilisés et ont un certain besoin d'extérioriser leur problèmes.
Jusqu'à présent, une voie toute désignée leur était offerte : celle du crime, de l'injustice, ... celle du MAL !"


Philippe pose un poig fermé sur le bout de ses phalanges. Le *toc* sonne creux, mais le mot est appuyé. Son regard se fait mauvais, derrière ses luxueuses lunettes de soleil et sa voix enrobe le tout d'un effet dramatique certain.

"Mais tout ça va changer. La politique culturelle de la ville va changer, notre regard sur l'action jeune va changer et nous allons changer !
C'est un pas nouveau que monsieur le Maire et son conseil municipal m'ont chargé de faire pour Immac-sur-Sable. Ce sera un pas non pas en retrait, mais bien un grand pas en avant ! Mais pas vers n'importe quoi ou n'importe qui, ce pas, nous le feront vers nos enfants !

Nos enfants ont besoin qu'on les écoute, ils ont besoin qu'on les aide, qu'on les pousse. Ils ont besoin de nos salles, de nos moyens, de nos subventions. Oui, nos enfants ont besoin de ça pour s'épanouir et trouver leur voie.
Regardez un graffiti, qu'est-ce que c'est ? Une saloperie ? Une saleté qui été vilainement plaquée sur un mur ? Non, c'est l'oeuvre d'un artiste à qui l'on n'a jamais voulu donner de salle d'exposition, ni d'aide financière pour acheter les toiles et encore moins de la reconnaissance pour sa production. Sa réponse à notre immobilisme ? Une sanction par l'expression plastique ! Et voilà un nouveau tag sur nos murs.
Voyez-vous ces jeunes qui s'entrainent en pleine après midi au porche de l'église, sur les trottoirs des rues, à exécuter leurs exercices d'arts martiaux ? Les bagarres éclatent partout, en veux-tu en voilà des coups et du sang. Mais une salle, trois heures par jour le soir, ce sont des dizaines de blessés qu'on épargne !

Il faut accompagner les jeunes, ils sont débordants d'énergie. Nous devons le faire, parce que le crime, lui, il sait abuser de cette effervescence, de ce pétillant, de cette hargne qu'ils ont en eux. Et il n'attendra pas pour les pervertir ! Regardez : les rues sont déjà pleines de malfras !

Voilà donc ce qui va changer ! Le crime n'aura pas plus longtemps le monopole de l'exploitation des jeunes. Un numéro vert va être tout spécialement mis en place à ce but bien précis : inviter les jeunes au sommet du podium de l'expression culturelle. Un coup de fil, qui débouchera dans mon bureau personnel, rien qu'un coup de fil et tout sera en marche ! Nous assurons la logistique et les jeunes, eux, assurent la création, la matière, l'événement. Tout est possible à partir du moment où l'on s'en donne les moyens !
Et quand je dis "tout", je veux parler de concerts, d'expositions, de fêtes municipales, de défilés, de publications, d'ateliers, de compétitions ou de sports ... tout type d'événement est recevable.
Ce numéro vert est le 0 800 666 111, l'appel est, je tiens à le rappeler ici, absolument et totalement gratuit. N'hésitez pas !

Si la jeunesse a naturellement un talent caché, il est de notre devoir, en tant que parent, en tant que citoyen, mais aussi en tant que corps politique, de révéler tout ça au grand jour !

Merci à tous de votre attention !"


Terminant avec le visage confiant et charmeur, les applaudissements envahissent la salle. Il rassemble les papiers qu'il avait quelque peu éparpillés au gré de ses humeurs et l'ovation s'atténue alors qu'il fait mine de reprendre la parole. Il aggripe le pupitre de ses deux mains et s'adresse à l'assemblée.

"Bien, il est maintenant temps pour moi d'écouter vos questions ; allez-y, c'est à vous."



HRP : seuls les journalistes et les membres de la municipalité sont invités à cette conférence de presse. Faites-vous passer le mot, tous les journalistes n'ont pas un compte forum ici (donc pas de messagerie officielle par laquelle j'aurais pu les joindre). Si d'autres veulent intervenir, il faudra trouver une excellente excuse pour être au courant de ce dont vous n'êtes pas au courant.
Quant à ce discours, il sera plus ou moins retranscrit dans les journaux (enfin je me doute). Soit vous attendez leur version, soit vous partez du principe que vous avez eu droit à des retours. En bref, toute la ville est susceptible de connaitre le programme de Philippe Ruvéron.

Journalistes : intervenez sur ce topic, je répondrai quand je passerai.

... j'oubliais ! Pour les petits malins qui tentent d'appeler le numéro 0 800 666 111, pour le fun, vous allez tomber au service recrutement de Xerox france. Vous voilà renseigné Smile
De rien, c'est un plaisir.
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#2
Une voix simple posée et très calme tranchant complètement avec le lyrisme précédent s'élève au fond de l'assemblée
C'est très joli, mais pouvez vous etre plus précis sur les moyens dont vous disposez ?
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#3
Il tourne la tête vers la question. Interpelé, il tend le doigt vers la journaliste.

"Merci chère citoyenne, je prends cette question !

La Mairie dispose de plusieurs locaux, dont une salle située dans la mairie même. Elles sont à disposition après étude du projet concerné sous forme d'un dossier à déposer à l'accueil. Notre charmante secrétaire reste rès claire vis à vis de la démarche à suivre.
La Mairie possède des terrains de sport, elle possède les rues et les murs ... la Mairie a totu de même beaucoup de possessions vous savez.

Mais c'est aussi elle qui gouverne cette ville, elle est donc la seule habilitée à donner des autorisations exceptionnelles pour des spectacles urbains, pour des concerts qui, normalement, seraient interdit pour tapage intensif ou nocturne.

Et bien évidemment, nous offrons une aide logistique, laquelle ne doit évidemment pas dispenser les gens de réfléchir, on s'entend bien, une aide morale, c'est important, et une aide financière, qui est libre et très variable d'un projet à un autre.

Nous noterons ici une chose : dans le cadre de la nouvelle économie européenne, il n'est pas à exclure, pour des projets de plus grande envergure l'aide expresse de l'union européenne. On note, dans d'autres communes avoisinantes, des subventions importantes pour des projets d'utilité publique. Je pense à la centrale d'énergie de Monterplein ou bien entendu à notre propre centre commercial, pour lequel on attendrait quelques dizaines de milliers d'euros des caisses européennes.

Nous pouvons mettre tout ça à votre disposition si nous le jugeons nécessaire. Ma priorité est à l'épanouissement des jeunes, je ne vous le cache pas.


Une autre question ?"
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#4
La jeune femme située approximativement au centre de la salle lève une main fine pour attirer son attention.

Occuper les jeunes c'est parfait, mais pourquoi uniquement eux ? Que faites-vous des personnes âgées seules chez elles ?
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#5
Philippe se retourne à l'appel au centre de la salle.

"Alors effectivement, oui, on est en droit de se poser la question.

Je pourrais vous répondre très sèchement et très professionnellement, si je puis dire, que ce n'est pas mon travail. Effectivement, je suis Attaché à la culture et à la jeunesse. Me voilà bien embetté"


Il lache un petit rire pour faire passer le supo

"Mais quelque part, il y a de ça. Je suis venu pour consacrer tout mon temps de travail à l'épanouissement de la jeunesse. J'agis pour la préservation des jeunes du crime, parce que nos jeunes en ont besoin.
Si nos chers parents, et autres personnes âgées, étaient une souche de problèmes notable, je serais probablement sur ce front, également. Malheureusement je vais beaucoup avoir à en faire, rien que pour les jeunes. Donc en ce qui me concerne, ce n'est pas un problème auquel j'ai été rattaché.

Ceci dit, j'ai aussi une famille, et je suis encore un être humain. Ce problème existe bel et bien, moi-même, je suis de tout coeur avec les associations et les établissements qui se battent pour aider les personnes âgées.
De mémoire, il me semble que la Mairie, plus généralement j'entends, est aussi sur ce dossier. Je ne serais pas celui qui vous renseignerait le mieux, après tout ce n'est pas le sujet de cette conférence, mais si vous vouliez bien vous donner la peine de reformuler cette question à qui s'y prête mieux que moi, il me semble que la réponse ne se ferait pas attendre.

C'est un peu comme si vous me demandiez ce que je comptais faire pour améliorer l'état des chemins communaux et de la voirie de campagne : ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, mais croyez bien que ca ne m'indiffère pas.

Voilà, d'autres questions ?"
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#6
Elle sourit, griffonnant quelques lignes avant de lever à nouveau la main.

C'est un programme ambitieux, aurez-vous des collaborateurs ou allez-vous travailler seul ?
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#7
"Encore ? hé hé, décidément ... non non mais je vais répondre ! Pas de problème.

Bien évidemment, j'ai avec moi, toute la municipalité. Nous sommes une équipe forte, présidée par un grand homme, assis sur une solide conviction de faire changer les choses.

J'ai conservé tous mes contacts professionnels ainsi que mes relations dans le milieu du spectacle. j'ai des amis dans le sport, l'organisation de soirée, et je sais que tout ce beau monde peut m'obtenir des adresses et des coups de fil rapidement.
J'ai tout ce qu'il faut ! Moi, je suis le moteur et la tête de proue."


Dit-il en se désignant fièrement du pouce.

"Aucun soucis à ce niveau. D'autres questions ?"
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#8
Tout d'abord permettez moi de vous dire que je suis absolument ravi de savoir que la Mairie a la volonté d'agir. Je me permettrais cependant de vous mettre en garde contre les "on dit" et surtout d'éviter le fatalisme, notamment concernant les bas fonds et la discothèque l'Usine. Elle comporte certes quelques membres peu fréquentables mais il ne faut pas pour autant la déclarer "zone sinistrée", car cela ne ferait que renforcer le processus de Ghettoisation dont elle est actuellement victime. C'est en effet l'un des seuls lieux d'animation à Immac. Je pense notamment qu'une rallonge de budget afin par exemple d'y ajouter du personnel permettrait peut être de meilleures conditions. Quant au problème des drogues et de la violence, vous l'avez vous même souligné, il vient en partie du manque d'activités à Immac. Mais cela n'explique pas tout. Il existe des bandes rivales et ces dernières s'amusent à se rencontrer de manière parfois un peu violente, notamment dans leurs quartiers respectifs. Toutefois je suis persuadé que cette lutte physique pourrait devenir une lutte amicale grâce à votre intervention. J'ai hâte de voir vos premières réalisations.
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#9
Surpris, certes, mais c'est le dernier moment où il doit perdre la face. De la patience ... il probablement fini de parler. Ah ! Ca y est

"Cher monsieur ... euh ... merci de ce pertinent témoignage, qui ... je l'espère ... va combler les ... attentes de tout le monde. Mais avez-vous donc une question à me poser ?"
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#10
Edouard remarque sans peine le gêne manifeste du conférencier.

Oui oui bien entendu. Déformation journalistique ...

Savez vous déja où sera construit la salle de sports ? Je connais un certain nombre de personnes qui ont hâte de s'essayer dans de tels locaux. Connaissez vous quel est budget peut allouer le maire pour cette salle ? J'ai des chiffres, et me suis entendu dire qu'il fallait au moins 500 000 E pour mettre en place une structure décente, surtout si l'on souhaite mettre en place suffisemment de disciplines.
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