Mrs Robinson existe, son prénom est Iris. Comme l'héroïne du film «Le Lauréat» (1967), elle a été séduite par un homme bien plus jeune qu'elle. Petit problème: Iris Robinson est l'épouse du Premier ministre nord-irlandais, Peter Robinson. Lequel a dû abandonner provisoirement son poste ce lundi pour tenter de prouver son innocence dans un scandale politico-sexuel qui menace désormais le processus de paix dans la région.
Jeudi, la BBC révèle dans un documentaire qu'Iris Robinson, une chrétienne dévote de 60 ans qui avait déjà qualifié l'homosexualité d'«abomination», a vécu il y a deux ans une courte idylle avec Kirk McCambley, alors âgé de 19 ans.
Pire, la BBC accuse Mrs Robinson, également députée unioniste, d'avoir commis des malversations en obtenant une aide financière à son jeune amant: elle aurait ainsi obtenu de deux promoteurs qu'ils investissent 50.000 livres (55.000 euros) pour l'ouverture d'un restaurant en 2008.
Depuis, le scandale Robinson ne cesse de prendre de l'ampleur. Iris, qui devrait démissionner cette semaine de ses postes de députée au parlement de Londres et de membre de l'assemblée régionale nord-irlandaise, entraîne dans sa chute son mari, soupçonné de n'avoir pas informé les autorités compétentes de ce conflit d'intérêt.
Appels à la démission
Peter Robinson, qui a lui-même diligenté la semaine dernière une enquête sur son comportement, s'est défendu d'être au courant des engagements financiers pris par son épouse en faveur de son jeune amant. En abandonnant son poste pour six semaines lundi, il a promis de prouver son innocence face à «des allégations malveillantes et infondées».«En tant que père et que mari, je dois consacrer du temps à régler des affaires familiales»</em>, a-t-il dit.
Sa remplaçante par intérim, Arlene Foster, a affirmé devant les députés régionaux que Peter Robinson allait «blanchir son nom». «Je n'ai aucun doute sur le fait... que ma présence ici sera vraiment temporaire», a-t-elle assuré, alors que les appels à la démission pure et simple du Premier ministre se sont multipliés ces derniers jours.
Cette affaire, d'abord privée, a rapidement débouché sur une crise politique en Irlande du Nord, où protestants unionistes du DUP et catholiques séparatistes du Sinn Fein se partagent le pouvoir au sein d'un exécutif semi-autonome depuis mai 2007, dans le cadre des accords de 1998. La mise en oeuvre de ces accords achoppe toujours sur la délicate question de la dévolution des pouvoirs de police et de justice de Londres vers Belfast.
Le processus de paix est de plus menacé par un regain de violence sur le terrain, observé en 2009 après les meurtres par balle de deux soldats britanniques et d'un policier en mars. Ces attaques ont été revendiquées par deux groupes dissidents de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), l'IRA-véritable et l'IRA-continuité, opposés au partage du pouvoir entre catholiques et protestants.
Vendredi dernier, au moment même où éclatait le scandale Robinson, un policier a été grièvement blessé dans l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture. Les enquêteurs soupçonnent là aussi les groupes républicains dissidents.
Bonus: Mrs Robinson, de Simon & Garfunkel
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(Source AFP)
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